Andrea CAMILLERI
Riccardino
Langue : italien
Sellerio editore Palermo – 15 juillet 2020
288 pages
15 €
L’ultima avventura del commissario Montalbano.
Anno 2005: Camilleri ha appena pubblicato La luna di carta. Sta lavorando alla successiva avventura della serie, ma in estate consegna a Elvira Sellerio un altro romanzo con protagonista il commissario Montalbano. Si intitola Riccardino. L’accordo è che verrà pubblicato poi, un domani indefinito, si sa solo che sarà l’ultimo romanzo della saga Montalbano.
Anno 2016. Sono passati 11 anni durante i quali sono usciti 15 libri di Montalbano. Andrea Camilleri sente l’urgenza di riprendere quel romanzo, che è venuta l’ora di «sistemarlo. Nulla cambia nella trama ma solo nella lingua che nel frattempo si è evoluta. Né muta il titolo che allora considerava provvisorio ma al quale ormai si è affezionato e che nel 2016 decide essere definitivo. Un titolo così diverso da quelli essenziali ed evocativi e pieni di significato ai quali siamo abituati, in cui risuonano echi letterari : La forma dell’acqua, Il giro di boa, Il ladro di merendine, L’altro capo del filo. Ma Riccardino segna quasi una cesura, una fine, ed è giusto marcare la differenza sin dal titolo. Ma come è nata l’idea, e soprattutto perché ? Racconta Andrea Camilleri in una vecchia intervista che a un certo punto si era posto il problema della « serialità » dei suoi romanzi, dilemma comune a molti scrittori di noir, che aveva risolto decidendo di fare invecchiare il suo commissario insieme al calendario, con tutti i mutamenti che ciò avrebbe comportato, del personaggio e dei tempi che man mano avrebbe vissuto. Ma poi, aggiunge, « mi sono pure posto un problema scaramantico ». I suoi due amici scrittori di gialli, Izzo e Manuel Vázquez Montálban, che volevano liberarsi dei loro personaggi, alla fine erano morti prima di loro. Allora « mi sono fatto venire un’altra idea trovando in un certo senso la soluzione ». Ecco: la soluzione la scopriranno i suoi tantissimi affezionati lettori di questo Riccardino che pubblichiamo ricordando Andrea Camilleri con gratitudine grandissima.
On vous explique en gros :
Ce livre a une histoire.
En 2004, Camilleri, qui atteignait ses 80 ans et qui ne se portait pas bien, pensait qu’il n’allait pas tarder à mourir. D’une part, il tenait à mettre lui-même un terme à la carrière de Montalbano. D’autre part, il avait très envie de consacrer le plus possible du temps qui lui restait à écrire des romans d’« histoire civile » comme L’Opéra de Vigata ou La prise de Makalé.
Il écrivit donc ce qui devait constituer l’adieu du commissaire, sous le titre provisoire de Riccardino et le mit de côté « pour plus tard ».
Le temps passa. Il ne mourut que quinze ans plus tard – en 2019 – après avoir écrit encore bien d’autres livres, dont une douzaine au moins de Montalbano. attendait toujours.
En 2016, devenu aveugle, il se le fit relire et en corrigea la langue – sa fameuse langue inventée – qui avait évolué au cours de ces années, pour la mettre au niveau de ce qu’elle était devenue. Mais il ne changea rien d’autre, ni aux personnages ni à l’action.
En 2020 – un an après sa mort – les éditions Sellerio ont enfin publié Riccardino, dédié dès l’origine à Elvira Sellerio, « amie du cœur ».
Qu’y a-t-il dans ce 32e Montalbano qui justifiât une publication « en fin de série », et même, finalement, post mortem ?
Il présente deux caractéristiques particulières. D’abord, le commissaire ne fait pas que s’écrire des lettres (il l’a fait ailleurs), il en écrit à son auteur, et même, ils se téléphonent. Il ne se dédouble pas, il se détriple : le commissaire du roman, l’auteur du roman, le commissaire de la télévision. Ensuite, il règle ses comptes avec son auteur et, peut-on dire, à ce qu’est devenue son époque, en mettant lui-même fin à son existence.
Il a été dit que les trois grands auteurs siciliens du XXe siècle (Lampedusa est du XIXe) étaient Luigi Pirandello, Leonardo Sciascia et Andrea Camilleri. Il est évident qu’avec ce détriplement de personnalité, le père de Montalbano a entendu (se) prouver qu’il n’était pas inférieur au père de Six personnages en quête d’auteur. Il y réussit parfaitement. On peut même dire que, d’une certaine façon, cette voix polyphonique d’un seul commissaire n’est pas sans quelque ressemblance – par-dessus la différence des langues et des cultures – avec le Porius de John Cowper Powys, dont les personnages peuvent agir et penser et sentir simultanément, sur plusieurs plans différents.
Pour sa dernière révérence, Montalbano passe d’une virtuosité jubilatoire, qui fait éclater le lecteur de rire un certain nombre de fois, à un tragique si parfait qu’il est sans phrases.
Contrairement à Sherlock Holmes, tué par son créateur, c’est ici la créature qui divorce d’avec son créateur en se supprimant elle-même. C’est que le commissaire de papier a des principes et qu’il reproche à son auteur de n’en avoir pas assez.
Pour abréger : Riccardino est l’un de quatre amis d’enfance restés très proches à l’âge mûr au point qu’on les a surnommés « les trois mousquetaires ». Quand il est tué, tout porte à croire qu’il s’agit d’une vengeance de mari cocu, au singulier ou au pluriel puisqu’il était l’amant des femmes des trois autres. Mais Montalbano découvre bien autre chose, de beaucoup plus noir et désespérant. Certes, ils l’ont peut-être tué, mais pas pour une histoire de cornes.
Or, ne voilà-t-il pas que son auteur se met à lui téléphoner de Rome pour qu’il cesse de chercher la petite bête et qu’il termine son histoire d’une façon qui satisfasse tout le monde. C’est-à-dire, s’indigne le commissaire, surtout les spectateurs de la télévision. Il comprend qu’entre lui et son double du petit écran, son créateur a choisi l’autre, parce que l’autre a des millions de téléspectateurs alors que lui n’a que « quelques dizaines de milliers de lecteurs ».
Et les engueulades téléphoniques de se multiplier : « Est-ce qu’il t’arrive de lire ce que tu écris ? » lance-t-il, exaspéré, à celui qui l’a créé, tout en comprenant qu’il est devenu pour lui un poids mort. Mais l’autre en est arrivé à lui faire des crocs-en-jambe : pour l’empêcher d’aller jusqu’à la conclusion logique de son enquête, parce que « le public en a marre des histoires de petits mafieux siciliens, de corruption et de combines louches », il use de ses prérogatives d’auteur pour lui faire couper l’herbe sous le pied par le questeur dont Montalbano dépend. Lequel décide alors d’aller jusqu’au bout, et ensuite d’en finir, autrement dit de se supprimer.
Et c’est la dernière page, parfaitement désespérée. Ce n’est pas sa faute, si « le petit mafieux sicilien» qu’il poursuit est devenu ministre de la justice à Rome. Et ce n’est pas la peine de faire semblant de ne pas voir ce qui devrait crever les yeux à un auteur digne de ce nom : à savoir que les mafieux n’ont plus besoin, pour se débarrasser d’un homme qui les gêne, de le cramer au fond d’une voiture, troussé comme un poulet. Il leur suffit de légiférer, au coup par coup, au jour le jour : pour se débarrasser de l’emmerdeur, il va avancer l’âge de mise à la retraite des commissaires de police et Montalbano sera baisé. Puisque son auteur ne veut plus de lui tel qu’il est, il s’en ira. Il s’effacera de ses livres.
« … il n’alla pas au lit. Il resta assis sur le banc dans la véranda, à regarder changer les couleurs de la mer, à mesure qu’avançaient les couleurs du jour. De temps en temps, il devait cracher.
Il avait dans la bouche, un goût de beurre rance et de poisson avarié.
“C’est peut-être ça, le goût de la défaite”, pensa-t-il.
[…]
Il finit par comprendre qu’il avait de la fièvre, mais il ne s’en soucia pas. Cette altération était due à quelque chose qui regardait le corps mais qui naissait de tout ce qui lui passait par la tête pour l’amener à une seule conclusion possible.
Il pensa à Livia, à Fazio, à Mimi Augello, à Catarella, et il lui vint un nœud dans la gorge. Alors il se permit le luxe d’une larme.
[…]
Puis il s’essuya les yeux de la main. Et avec la même main, en la faisant aller de gauche à droite, il essaya d’effacer le paysage, comme il l’aurait fait sur un tableau noir.
Et il s’aperçut que le dessin de l’horizon n’était plus tout à fait là. Il avait l’air d’une feuille mal arrachée à un cahier.
D’un bateau de pêche au large, on ne voyait plus que la moitié, la proue n’était plus là, et au fur et à mesure qu’il avançait, il dépassait le bord déchiré de la feuille et disparaissait, se dissolvait.
Il continua tout doucement d’effacer.
Ce paysage, il voulait l’emmener avec lui, il ne pouvait pas permettre à d’autres d’en jouir.
Et ainsi, petit à petit, disparurent la plage, la mer, le ciel.
À la fin, il n’eut plus devant lui qu’une page blanche.
Alors, il comprit ce qu’il lui restait à faire.
Vous êtes au secrétariat téléphonique de l’Auteur. Je ne suis pas à la maison. Laissez un message et votre numéro de téléphone après le bip sonore. Je vous rappellerai.
Montalbano je suis. Vu que notre collaboration de plus de dix ans est partie en couilles, s’est détériorée au point que tu t’es arrangé pour qu’un autre personnage, le questeur, m’empêche de résoudre l’affaire comme je l’entendais, j’ai pris une décision. Si tu te substitues à moi dans mes enquêtes, ça revient à dire que je suis devenu un poids mort.
Dans ce cas, je m’en vais. Spontanément. Je ne te donnerai pas la satisfaction de m’éliminer d’une manière ou d’une autre. C’est moi qui veux disparaître. J’ai découvert que c’était facile. Dès cet instant même, je commence à m’effacer. Ce sera l’affaire d’un moment. Je commence déjà à ne plus être là, je sens que je perds rap….dement du po.. ds et du vol…me. Les mots com…..cent à me fa …e déf…t.
Je ne sais pas si je p… enc..re d…re quel….e ch…e.
Ad..u
Je ne…
Je…»
Collection des 32 enquêtes de Montalbano publiées par Sellerio, à Palerme
Nicolas MACHIAVEL
Le Prince
Bordas 1993
2,98 €
Nicolas MACHIAVEL
Le Prince
suivi de
L’art de régner
d’Agostino Nifo
Les Belles Lettres – 2008
Édition critique bilingue
803 pages
35,50 €
Note de l’éditeur :
Nicolas Machiavel : Homme d’État, diplomate, la carrière chaotique de Machiavel (tour à tour serviteur de la république de Florence puis du régime des Médicis) l’a mené à révolutionner la pensée politique.
Paul Larivaille est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur la civilisation et la littérature de la Renaissance italienne. Il a récemment réuni neuf de ses travaux sur l’Arioste dans un volume intitulé L’Érotisme discret de l’Arioste et autres essais sur le « Roland furieux », 2010.
Yves Hersant, directeur d’études à l’EHESS, chargé du Groupe de recherches sur l’Europe, a étudié la Renaissance sous des aspects aussi divers que la mélancolie, l’allégorie, la notion de beauté, le mythe de l’âge d’or, le rire, le rêve, l’émerveillement. Il est membre du comité de rédaction de Critique et codirige également aux Belles Lettres, avec Nuccio Ordine, l’édition française des œuvres de Giordano Bruno.
Nuccio Ordine est professeur de litérature italienne à l’université de Calabre. Il a consacré à Giordano Bruno trois ouvrages qui ont été traduits en neuf langues, dont le chinois, le japonais et le russe: Le Mystère de l’âne (trad. fr. 2005 ), Le Seuil de l’ombre (trad. fr. 2003) et Giordano Bruno, Ronsard et la religion (2004). Il a également publié Le Rendez-vous des savoirs (trad. fr. 2009 ), Trois couronnes pour un roi (trad. fr. 2011), Les portraits de Gabriel García Márquez (trad. fr. 2012). Fellow de l’Harvard University Center for Italian Renaissance Studies et de l’Alexander von Humboldt Stfung, il a été invité en qualité de Visitng Professor dans divers insttuts de recherche et diverses universités aux Etats-Unis et en Europe. Il est membre d’honneur de l’Insttut de Philosophie de l’Académie des Sciences de Russie (2010) et est docteur honoris causa de l’Universidade Federal do Rio Grande do Sul di Porto Alegre (2012). Il a reçu les Palmes académiques (avec le ttre de Commandeur, en 2014) et la Légion d’honneur. En Italie, le président de la République l’a nommé Commendatore dell’Ordine al Merito della Repubblica Italiana (2010). Il dirige avec Yves Hersant trois collectons de classiques (aux éditons Les Belles Letres) et la collecton «Classici della leteratura europea» (aux éditons Bompiani). Enfn, il collabore au Corriere della Sera et à Sette, son supplément hebdomadaire.
Raoul VANEIGEM
Contribution à l’émergence de territoires libérés de l’emprise étatique et marchande
Réflexions sur l’autogestion de la vie quotidienne
Payot Rivages – 2018
184 pages
15,90 €
D’HOLBACH
avec la contribution de Raoul VANEIGEM
Théologie portative
ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne
Payot Rivages Poche
300 pages
9,60 €
Steven SAYLOR
Les sept merveilles
(voyage initiatique du futur héros d’une série)
10/18 Poche – 2016
408 pages
7,50 €
Steven SAYLOR
L’énigme de Catilina
(les débuts du populisme)
10/18 – Poche
446 pages
8,10 €
Du même auteur :
Du sang sur Rome (la dictature de Sylla)
Sous l’aile des Furies (les guerres moyen-orientales de l’Empire)
Le jugement de César
Le triomphe de César
Un Égyptien dans la ville
Les pilleurs du Nil
Etc.
Plus contemporain que la Rome de Gordien, tu meurs !
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Novembre 2020
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