Qui veut la guerre avec la Russie ?

 

 

Les neocons et leurs alliés pourraient bien la faire arriver.

 

 

Philip Giraldi – The UNZ Review – 8.3.2022

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

 

 

Oui, le génie est bel et bien sorti de la bouteille et il n’y a aucun moyen facile de l’encourager à y rentrer. Grâce à un flot incessant de propagande, le public américain est de plus en plus convaincu que les États-Unis « paraissent faibles » et doivent s’opposer à Vladimir Poutine. Richard Haass, du Council on Foreign Relations, appelle désormais à un « changement de régime » en Russie, tandis que le sénateur Roger Wicker et le membre du Congrès Adam Kinzinger, ainsi que plusieurs anciens généraux de l’état-major interarmées exigent que les États-Unis établissent une « zone d’exclusion aérienne » au-dessus de l’Ukraine, ce qui nécessiterait, entre autres choses, la destruction, par les États-Unis, des capacités de défense aérienne de la Russie et l’abattage des avions russes. Si cela devait se produire, la guerre pourrait rapidement devenir nucléaire. D’autres « experts » des médias et du gouvernement spéculent sur la « folie » du président russe Vladimir Poutine, la plupart des autres désinformations provenant de personnes qui détestent viscéralement la Russie comme Bill Browder et l’ancien ambassadeur Michael McFaul. Mais le commentateur de FOX News Sean Hannity remporte peut-être la course à la haine, en appelant à l’assassinat de Poutine, qui a selon lui « perdu son droit de vivre », point de vue partagé par le sénateur Lindsey Graham.

 

L’ancien vice-président du GOP, Mike Pence, a demandé que toute personne soutenant la Russie soit expulsée du parti, ce qui entraînera sans aucun doute une purge des membres qui sont un peu réticents à l’idée d’entrer en guerre au nom d’un pays étranger et même pas allié, l’Ukraine. Pendant ce temps, le sénateur Mitt Romney, qu’on sait complètement dérangé, a qualifié de « presque traître » quiconque prendrait, rien qu’en paroles, la défense de la Russie, ce qui suggère que Romney aurait intérêt à vérifier la définition du mot « trahison » dans la Constitution américaine. Pour sa part, le télévangéliste Pat Robertson, encore plus complètement fou si possible, nous fait savoir que la Russie a attaqué l’Ukraine mais que sa cible véritable est Israël, ce qui ne peut qu’entraîner une grande guerre et l’Armageddon dont on sait qu’il doit déboucher sur la « Fin des temps », qui verra le monde prendre fin et tous les vrais croyants monter au ciel.

 

Mais d’autres personnes plus stables avancent deux arguments de base pour justifier l’engagement croissant de Washington dans les combats. Le premier est la vague affirmation selon laquelle l’enjeu de l’opposition entre l’Ukraine et la Russie serait le maintien de « la liberté et la démocratie » en Europe. C’est généralement ainsi que le président Joe Biden et d’autres politiciens décrivent la situation, ce qui a l’avantage de ne nécessiter aucune explication ou discussion supplémentaire. L’autre argument est plutôt un développement de celui-là, affirmant qu’il y a eu à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, une espèce d’accord sur le fait qu’une guerre d’agression pour s’emparer du territoire de quelqu’un d’autre devrait être condamnée par toutes les nations et que des mesures devraient être prises pour empêcher ou réprimer toute activité de ce type. C’est, disent-ils, ce qui a conduit à la création des Nations Unies.

 

Le problème est qu’aucune des deux justifications d’une implication des États-Unis dans un conflit où ils ne sont pas réellement menacés n’exige quelque chose de plus substantiel, étant donné surtout le danger d’une escalade des combats au point où les deux principales puissances nucléaires du monde se retrouveraient nez à nez. Il faut aussi tenir compte de l’Histoire, qui nous dit que rien de ce qui se passe en ce moment ne peut être réduit à des termes aussi simplistes pour justifier un passage aux actes. Le statu quo en Europe de l’Est est une conséquence de l’éclatement de l’Union soviétique en 1991-2 et, au-delà, de la configuration de l’Empire russe des Tsars qui a précédé le communisme. L’Ukraine elle-même a vu ses frontières modifiées à de nombreuses reprises.

 

Actuellement, le gouvernement ukrainien du président Volodymir Zelenskyy cherche à élargir le conflit avec la Russie en tentant d’adhérer à l’Union européenne tout en demandant des armes ainsi qu’une intervention militaire directe de l’OTAN. Il a appelé des volontaires à rejoindre le combat en tant que « légion étrangère » et a également contacté le Premier ministre israélien Naftali Bennett pour lui suggérer de persuader Poutine de participer à des pourparlers de paix à Jérusalem. Un appel moins conciliant a également été lancé aux juifs du monde entier pour qu’ils participent à l’attaque dirigée contre l’économie de Moscou. Dans une vidéo diffusée auprès des organisations internationales juives, Zelenskyy a déclaré : « Ne voyez-vous pas ce qui se passe ? C’est pourquoi il est très important que des millions de Juifs dans le monde ne restent pas silencieux en ce moment. Le nazisme naît dans le silence ».

 

Il y a également plus qu’un peu d’hypocrisie dans le fait que l’administration Biden veuille prendre la tête d’une campagne destinée à « punir la Russie pour son agression ». Les États-Unis sont entrés en guerre contre un Vietnam qui ne les menaçait pas, ils ont détruit des gouvernements et se sont engagés dans des occupations militaires totalement illégales en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en Libye et en Syrie. Ils ont assassiné de hauts responsables iraniens. Ils n’ont été punis pour aucune de ces actions. Leur allié Israël bombarde la Syrie presque quotidiennement, se livre à des assassinats, tue des enfants palestiniens et annexe des terres arabes arrachées par la force sur le plateau du Golan et en Cisjordanie, volées aux habitants d’origine. Lorsque cela se produit, le Congrès américain et la Maison Blanche détournent le regard. Tous les crimes de guerre israéliens, ainsi que ceux commis par les Saoudiens contre les Houthis du Yémen, ont été approuvés par les administrations successives de Bush, Obama, Trump et maintenant Biden.

 

En outre, l’Ukraine n’est pas une démocratie. Le gouvernement actuel du pays est arrivé au pouvoir après le coup d’État de 2014 organisé par le département d’État du président Barack Obama, au coût estimé de 5 milliards de dollars. Le changement de régime a été piloté par la russophobe Victoria Nuland du Département d’État, avec un peu d’aide du mondialiste international George Soros. Il a destitué le président démocratiquement élu Viktor Ianoukovitch, qui était malheureusement pour lui un ami de la Russie. L’Ukraine est réputée pour être à la fois le pays le plus pauvre et le plus corrompu d’Europe, comme en témoigne la saga Hunter Biden. Zelenskyy, qui est juif et prétend avoir des victimes de l’holocauste dans son arbre généalogique, est un ancien comédien qui a été élu en 2019. Il a remplacé un autre président juif, Petro Porochenko, après avoir été fortement financé et promu par encore un autre collègue juif et oligarque le plus riche d’Ukraine, Ihor Kolomoyskyi, qui est également citoyen israélien et vit en Israël. En tant qu’artiste, l’un des numéros musicaux de Zelenskyy consistait à jouer du piano avec son pénis, ce qui suggère que l’humour ukrainien présente des caractéristiques uniques.

 

Après l’élection du gouvernement ukrainien nouveau modèle post-coup d’État en 2014, les partis d’opposition ont été déclarés illégaux et certains dirigeants ont été arrêtés pour « trahison », les médias ont été censurés et le parlement a proscrit le russe, langue d’un tiers de la population, comme langue officielle. Puis le gouvernement a déclaré la guerre aux provinces orientales majoritairement russes et, depuis huit ans, y a tué 14.000 personnes.

 

Je n’arrête pas de me demander pourquoi les décideurs politiques de Washington et les médias, qui devraient pourtant savoir mieux, se préoccupent à ce point-là de l’Ukraine. Elle n’a aucune valeur stratégique pour les États-Unis et les demandes russes étaient à la fois raisonnables et négociables. Ainsi, les affirmations selon lesquelles la défense de l’Ukraine vise à préserver la démocratie et la liberté en Europe ne sont que de la poudre aux yeux pour justifier une guerre économique contre la Russie. Et, de toute façon, l’hypocrisie américaine est clairement visible en ce qui concerne l’intention éventuelle du Kremlin d’annexer quelques régions ukrainiennes fortement russes. Ce ne pourrait être en aucun cas pire que ce qu’Israël a fait à Jérusalem, en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, le tout approuvé par les administrations américaines successives. Alors, de quoi est-il question au juste ?

 

Après avoir examiné les parallèles avec Israël, il m’est apparu qu’il y avait peut-être l’angle habituel, c’est-à-dire qu’il s’agissait de « protéger » les Juifs, argument qui réussit à Washington là où tout le reste échoue et qui fait se lever et saluer les Bidens, Blinkens, Pelosis et Schumers. Même un Donald Trump légèrement confus a vu lui aussi la lumière : il appelle maintenant l’intervention russe un « holocauste » et plaisante sur la possibilité d’un false flag où des chasseurs bombardiers F-22 U.S. se faisant passer pour des Chinois, iraient « bombarder la Russie ». Les médias juifs ne tarissent pas d’éloges à l’égard de Zelenskyy, le présentant comme un véritable « héros juif », un Maccabee moderne résistant à l’oppression, un David contre Goliath. Des T-shirts à son effigie sont vendus, sur lesquels on peut lire « Résiste aux tyrans depuis Pharaon », tandis que la communauté juive de New York collecte des millions de dollars pour l’aide à l’Ukraine.

 

La Jewish Telegraphic Agency rapporte qu‘une « enquête démographique de 2020 a estimé qu’outre un “noyau” de 43.000 Juifs, environ 200.000 Ukrainiens sont techniquement éligibles à la citoyenneté israélienne, ce qui signifie qu’ils ont une ascendance juive identifiable. Le Congrès juif européen affirme que ce nombre pourrait atteindre 400.000 ». Si cela est vrai, il s’agit de l’une des plus grandes communautés juives du monde et elle comprend au moins 8.000 Israéliens, dont beaucoup tentent de retourner en Israël. D’autres Juifs ukrainiens fuient également le pays.

 

Israël, qui entretient des liens étroits avec les deux nations par le biais de la diaspora juive, a tenté de jouer sur les deux tableaux, offrant son soutien à l’Ukraine sans pour autant condamner la Russie. Son Premier ministre Naftali Bennett joue de plus en plus le rôle de médiateur entre les deux adversaires, ayant rencontré Poutine et parlé plusieurs fois avec Zelenskyy. Les Juifs, dont certains ont la citoyenneté israélienne, sont en fait représentés de manière disproportionnée parmi les « oligarques » des deux pays, qui contrôlent des secteurs clés de leurs économies respectives. Plusieurs oligarques juifs russes ont déjà fui sur leurs superyachts vers des ports de non-extradition pour tenter de préserver leurs actifs des sanctions américaines et européennes dirigées contre l’économie de Moscou.

 

Il semble donc qu’une histoire juive/israélienne fasse partie intégrante de ce qui se passe en Ukraine. Nombreux sont ceux qui reconnaissent depuis longtemps qu’une antipathie particulière envers la Russie imprègne la vision du monde des néocons. La plupart des néoconservateurs sont juifs et un certain nombre d’entre eux dirigent le département d’État tout en occupant des postes de haut niveau dans l’administration Biden, ainsi que dans les groupes de réflexion sur la politique étrangère, notamment Haass au sein de l’influent Council on Foreign Relations. De même, les médias et les sites de réseaux sociaux américains et occidentaux, qui sont extrêmement russophobes, comptent un nombre disproportionné de Juifs parmi leurs propriétaires et leur personnel. Les négociations américano-russes qui ont conduit aux combats actuels ayant été clairement conçues par l’administration Biden pour échouer, on peut se demander si cette guerre n’est pas en grande partie le produit d’une haine ethno-religieuse de longue date. Je spécule bien sûr, mais il y a même des preuves historiques qui soutiennent une telle opinion dans l’invasion de l’Irak et l’hostilité envers l’Iran, qui ont toutes deux été et continuent d’être motivées par des intérêts israéliens, et non par ceux des États-Unis. L’ennemi russe est-il une invention similaire ? Il faut l’envisager…

 

 

Philip M. Giraldi, Ph.D., est le directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation éducative qui cherche à mettre en place une politique étrangère américaine au Moyen-Orient davantage axée sur les véritables intérêts U.S. Son site Web est https://councilforthenationalinterest.org/, dont l’adresse est P.O. Box 2157, Purcellville VA 20134 et l’adresse électronique inform@cnionline.org .

 

Source : https://www.unz.com/pgiraldi/who-wants-war-with-russia/

 

 

 

 

 

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Mars 2022

 

 

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