JOUR 2 DE LA GUERRE
USA-RUSSIE
Tout cela va sans dire,
mais mieux encore en le disant
New START déchiré, le retour des Dr Strangelove.
Régis de Castelnau – Vu du Droit – 3.6.2025
L’insondable bêtise des politiques et des médias français, leur futilité et l’incroyable désinvolture avec laquelle ils abordent la crise internationale générée par l’opération « ukrainienne » sur les bases des bombardiers stratégiques russes, sont une fois de plus le symptôme de notre irréversible effondrement. En transformant, avec le soutien des États-Unis le traité New START, en chiffon de papier, Zelensky et ses souteneurs viennent de nous rapprocher un peu plus de la catastrophe. Sur le plan militaire le raid n’aura aucune conséquence. Sur le plan géostratégique, c’est une autre paire de manches.
Les premières images satellite de la base aérienne de Belaya, dans la région d’Irkoutsk, après l’attaque du drone FPV ukrainien sont arrivées. Quatre Tu-95MS ont été touchés (détruits ou endommagés) et quatre Tu-22M3 ont été touchés (détruits ou endommagés). Au total, jusqu’à huit bombardiers stratégiques équipés de missiles nucléaires ont été touchés et je pense que 4 sont perdus par les Russes sur une seule base aérienne.
Malgré son âge, le Tu-95MS a été constamment modernisé et il n’est pas nécessaire pour lui de pénétrer dans la zone de défense antiaérienne ennemie pour frapper, car c’est l’une des plateformes de lancement de missiles de croisière Kh-101 équipés d’une ogive nucléaire, d’une portée allant jusqu’à 5.000 km. Si le Tu-95MS ne représentait pas une menace avérée, les partenaires occidentaux de l’Ukraine ne les auraient pas incités à le détruire en attaquant des aérodromes.
Des photos des autres bases aériennes attaquées ont été publiées. Les drones FPV n’ont pas atteint les avions stationnés, seule l’herbe a été brûlée. Il est probable que les drones abattus étaient ceux qui étaient en feu. Pour le moment aucune autre perte n’est à signaler.
Le traité New START, renouvelé sous l’administration Obama, était toujours en vigueur et devait être réexaminé en février 2026. « Était » car il semble bien que les États-Unis viennent de le déchirer.
Dans le cadre de ce traité, tous les bombardiers stratégiques porteurs d’armes nucléaires, enregistrés sous des numéros d’immatriculation et connus des deux parties, sont stationnés à l’air libre, afin de permettre une vérification mutuelle par satellite. Grâce à ce traité, les États-Unis garantissaient à la Russie que ces bombardiers non protégés ne seraient pas attaqués par ses armes ou celles de ses partenaires. Et réciproquement bien sûr.
Voilà pourquoi la Russie ne protégeait pas ses bombardiers stratégiques dans des hangars. La Chine par exemple, qui n’est pas liée par les traités de réduction des armes nucléaires, maintient ses bombardiers dans des hangars en béton.
Officiellement depuis 2014, l’Ukraine est équipée, entraînée et financée par les États-Unis pour mener ses actions militaires. Par conséquent, la responsabilité des opérations de Zelensky à des milliers de kilomètres des frontières américaines engage la responsabilité des USA. En effet comme tous les spécialistes le confirment une telle opération sophistiquée dont la préparation aurait pris 18 mois n’a pas pu se préparer et se dérouler sans que les États-Unis en soient informés et fournissent la couverture informationnelle indispensable. Et en particulier en ce qui concerne les emplacements de stockage des bombardiers stratégiques. Le plus important est que le jour de l’attaque de drones ukrainiens contre des bases aériennes russes, Pete Hegseth (secrétaire à la Défense des États-Unis) a été régulièrement informé de l’avancement des opérations de sabotage, alors qu’il se rendait à la base aérienne d’Andrews, rapporte CNN, citant une source au sein du ministère américain de la Défense. Hegseth « n’a pas encore parlé à ses homologues ukrainiens ». Ce fait seul démontre l’irresponsabilité de Pete Hegseth, un journaliste nommé par Trump à la tête du Pentagone, puisqu’il ne dément pas CNN et donc valide que l’administration Trump était au courant de cette attaque et que ce sont alors les USA qui ont transmis les coordonnées des bombardiers russes.
La violation du traité New START par l’Ukraine avec l’appui des États-Unis pose deux questions d’importance considérable.
D’abord, en droit international cette violation constitue ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre des États-Unis à la Russie. Les USA ne se sont pas retirés de ce traité, comme ils l’ont fait pour d’autres, en avisant l’autre partie signataire. C’est une violation brutale, puisque la remise en cause soudaine porte précisément sur le fond de ce que le traité devait garantir. « Nous nous donnons réciproquement les informations nécessaires sur nos bombardiers stratégiques, informations qui vous garantissent qu’ils ne sont pas en train de préparer une attaque nucléaire ». Les USA viennent par conséquent, par quelque bout que l’on prenne l’affaire, de déclarer la guerre à la Russie.
Il faut rappeler qu’en parallèle de celle des États-Unis, la doctrine nucléaire russe a été mise à jour à plusieurs reprises et la dernière fois en 2024. L’agression contre les éléments de sa triade nucléaire, comme cela vient de se produire, est considérée comme mettant en cause les intérêts essentiels et fondamentaux de la Russie.
Ensuite, se pose une question finalement assez vertigineuse. Donald Trump était-il au courant et a-t-il donné son feu vert ? Cette question est fondamentale pour la direction russe, mais quelle que soit la réponse, elle va créer une situation particulièrement dangereuse. Ou Donald Trump était au courant et a donné son feu vert, auquel cas le Kremlin pourra considérer que toute voie vers l’apaisement à laquelle ils avaient accepté de participer est désormais anéantie. Aucun compromis ne sera possible. Ou Donald Trump n’était pas au courant, et dans ce cas démonstration est faite qu’il n’est pas capable de s’opposer à l’état profond toujours sous la coupe des néoconservateurs. Et là aussi, il n’est plus possible d’accorder aux États-Unis la moindre parcelle de confiance, puisque le président récemment élu n’est pas capable d’imposer à l’État qu’il dirige la politique qu’il souhaite.
Outre-Atlantique, la presse commence quand même à se poser des questions et on sent sourdre quelques lourdes inquiétudes. En rentrant la tête dans les épaules le New York Times avance les que États-Unis s’attendent à ce que la Russie riposte fortement à l’attaque de Kiev. Ce qui serait un moindre mal.
D’autres sont plus pessimistes : « Quoi qu’il en soit, pour l’instant, les Russes nous considèrent comme totalement indignes de confiance. Cela signifie que votre vie et la mienne ne valent pas un centime à leurs yeux. Ça ne me plaît pas. Non. Ça ne me plaît pas du tout. » (Hal Turner)
Source : https://www.vududroit.com/2025/06/new-start-dechire-le-retour-des-dr-strangelove/
Est-il de mauvais goût de rappeler que, le 31 juillet 1914, ni le kaiser d’Allemagne, ni l’empereur d’Autriche ne croyaient à la guerre ni d’ailleurs, paraît-il, ne la voulaient ?
Mis en ligne le 4 juin 2025
par Les Grosses Orchades
One Responses
C’est gentil de dire que si Trump avait été au courant des machinations Ukros et aurait laissé faire, ce serait « très grave ». Donc certains lui accordent le bénéfice du doute. Je pense que de doute, il ne peut pas y en avoir. Il suffit de rappeler les menaces non voilées « d’évènements très graves » et « très désagréables » qui allaient atteindre Poutine et la Russie et qu’il évoquait quelques jours auparavant.
Depuis mille jours, le monde subit les conséquences de son inconstance et de son irresponsabilité, mâtinées de perversité, d’ignorance, de bêtise juvénile et de brutalité. Les Iraniens en savent également quelque chose. Quelqu’un lui a forcément dit que l’opération allait avoir lieu, et l’a appâté en ajoutant que l’affaire serait « fantastique » et allait conduire un « Poutine » terrorisé à modifier son attitude au sujet des négociations, mais sans lui expliquer les conséquences de ce qui se tramait, et c’était plié, le traité Start, connais pas. La position de repli devant l’indignation en dehors des Occidentaux: le « déni vraisemblable », il ne savait pas. Un incapable plutôt qu’un imbécile pervers.