« Courage du lion » contre « Vraie promesse 3 »
Israël a attaqué l’Iran, en prenant pour prétexte le désarmement du programme nucléaire iranien. Mais cette attaque n’a rien à voir avec l’enrichissement. Il s’agit d’une volonté de changement de régime. Et il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur.
Scott Ritter – 13 juin, 2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Téhéran sous le feu des attaques israéliennes, 13 juin 2025
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé le lancement de l’opération « Courage du lion », dont l’objectif est d’éliminer les infrastructures d’enrichissement et d’armement nucléaires de l’Iran. Netanyahu et ses hauts responsables militaires ont indiqué que cette opération prendrait plusieurs semaines.
Une partie essentielle de l’attaque semble avoir eu pour but de tuer les hauts responsables iraniens de l’armée et de l’industrie militaire liés au programme nucléaire, Israël affirmant disposer de nouvelles informations selon lesquelles l’Iran s’apprêtait à mettre au point une capacité nucléaire militaire [Il l’affirme depuis 1984, pour le lendemain ou les jours suivants. NdT]. Selon Israël, ces renseignements ont motivé la décision de frapper maintenant, alors même que les États-Unis étaient engagés dans des négociations avec l’Iran sur la manière de calmer les inquiétudes quant au potentiel nucléaire de ce pays, tout en permettant la poursuite des opérations d’enrichissement d’uranium..
De plus amples détails sur les cibles exactes visées par Israël lors de cette première vague d’attaques seront sans aucun doute prochainement rendus publics. Les premiers rapports donnent à penser qu’outre les frappes visant à décapiter le régime, Israël a également frappé des installations de défense aérienne et de communication, des installations d’enrichissement nucléaire à Natanz et Firdos, des installations de production de missiles balistiques à Parchin, une base opérationnelle de missiles balistiques à Piranshahr, ainsi que d’autres installations de nature similaire.
L’Iran est son propre pire ennemi.
Tout au long de ces derniers mois, l’Iran s’est présenté comme un État au seuil du nucléaire. Si l’Iran a tout à fait le droit, en sa qualité de signataire du Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP), de posséder la capacité d’enrichir de l’uranium dans le cadre d’un programme nucléaire pacifique contrôlé par l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA), il n’a cependant aucun droit légal de se doter d’une capacité nucléaire militaire tant qu’il reste signataire du TNP. L’accumulation par l’Iran d’uranium enrichi à 60%, sans aucun objectif légitime lié à ses activités nucléaires déclarées, était un acte délibéré visant à se positionner dans un cycle d’enrichissement proche de la possession d’uranium enrichi à ± 92 %, qui est le stade utilisable dans une arme à fission.
Iranian IR-6 centrifuges
L’Iran a également installé des cascades de centrifugeuses IR-6 avancées, qui sont beaucoup plus efficaces pour l’enrichissement de l’uranium, dans son installation souterraine d’enrichissement de Firdos. Ces cascades seraient capables de convertir en quelques jours l’uranium enrichi à 60 % en uranium de qualité militaire, fournissant ainsi à l’Iran suffisamment de matières fissiles pour fabriquer 3 à 5 armes nucléaires.
Au cours de la dernière décennie, l’industrie militaire iranienne a maîtrisé toutes les technologies nécessaires à la fabrication d’une ogive dotée d’électronique de pointe et d’autres propriétés thermosensibles capables de résister à la chaleur d’une rentrée hypersonique. Ces caractéristiques de conception des ogives sont un élément essentiel de toute capacité viable de livraison d’armes nucléaires : il ne suffit pas de produire un dispositif à fission, il faut également être capable de lui faire atteindre une cible.
La seule chose qui a freiné l’Iran a été la décision officielle prise par les dirigeants iraniens d’interdire les armes nucléaires en vertu de la jurisprudence islamique existante, à savoir une fatwa, ou édit, émise par le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, qui jugeait les armes nucléaires incompatibles avec les principes de la République islamique d’Iran.
Mais l’Iran aurait rendu caduque, ces derniers mois, cette position de principe, si on en croit les déclarations de hauts responsables, conseillers et politiciens irakiens, qui ont clairement affirmé que cette fatwa interdisant les armes nucléaires pourrait être annulée si la République islamique était confrontée à une menace existentielle de la part d’un Israël doté pour sa part de l’arme nucléaire.
En bref, l’Iran s’est positionné comme un État au seuil du nucléaire militaire.
Et cela ne sera jamais toléré, une réalité que les frappes en cours d’Israël viennent de clairement rappeler.
Et ensuite ?
Malheureusement, le génie de l’escalade est sorti de la bouteille..
L’Iran se trouve désormais dans une situation où il lui faut impérativement « utiliser ou perdre » ce dont il dispose : soit il convertit rapidement la capacité nucléaire qu’il a acquise en une capacité nucléaire militaire viable, soit celle-ci sera réduite et/ou éliminée par les frappes israéliennes en cours.
Ayant promis de se retirer du TNP si ses installations nucléaires étaient attaquées, l’Iran n’a plus d’autre choix que de mettre sa menace à exécution..
Ne pas le faire serait considéré comme un acte de capitulation du régime iranien, ce qui pourrait servir à « justifier » un changement de régime.
La question est donc de savoir si les attaques israéliennes ont réussi à causer suffisamment de dégâts pour pouvoir empêcher l’Iran d’acquérir rapidement des armes nucléaires. À ce stade, l’objectif principal d’Israël est de pousser l’Iran à se retirer du TNP et à entamer le processus d’acquisition d’une capacité nucléaire militaire. Mais un tel acte, par l’Iran, incitera les États-Unis, qui se sont distanciés des frappes aériennes initiales d’Israël, et l’Europe, dont les principales nations (Allemagne, Allemagne et Allemagne) ont clairement indiqué qu’elles ne permettraient jamais à l’Iran de posséder d’armes nucléaires, à s’impliquer dans les frappes militaires actuelles contre l’Iran.
Pour ce faire, Israël doit retarder les efforts de l’Iran visant à fabriquer une bombe. Cela ne passe pas par la destruction des installations d’enrichissement profondément enfouies, tâche qui dépasse les capacités conventionnelles d’Israël et des États-Unis, mais plutôt par l’élimination physique des hauts dirigeants et des responsables de l’armée et de l’industrie militaire iraniennes, ainsi que par la destruction des infrastructures critiques utilisées par l’Iran pour fabriquer les différents composants essentiels à la fabrication d’une arme nucléaire et de ses systèmes de lancement de missiles balistiques.
L’installation d’enrichissement de Natanz
La combinaison de telles attaques aurait logiquement été conçue pour semer le chaos et l’incertitude dans un programme d’armement nucléaire iranien qui, en raison du climat politique qui régnait avant les attaques israéliennes, n’avait pas encore pris la forme d’une entité viable et officielle. Si Israël avait attendu une semaine de plus, les Iraniens auraient probablement pu rassembler les différentes parties de leur programme d’armement nucléaire embryonnaire au sein d’une structure officielle résiliente, redondante et fiable
Il semble qu’Israël ait pris pour cible et tué de nombreux hauts responsables iraniens qui auraient été au cœur des efforts nécessaires pour mener à bien un programme d’armement nucléaire. L’Iran devra donc se réorganiser d’un point de vue technique, en même temps que ses dirigeants s’attelleront à créer les bases politiques nécessaires à la mise en place officielle d’un programme d’armement nucléaire.
Si Israël a obtenu les résultats escomptés de son attaque contre l’Iran, ce regroupement prendra du temps, et le temps ne joue pas en faveur de l’Iran.
L’Iran a promis des représailles massives à Israël et à tout pays ayant soutenu une attaque israélienne contre ses infrastructures nucléaires.
Lancement de missiles iranien « Vraie promesse 2 » – 2 octobre 2024
Si l’Iran ne parvient pas à lancer une telle attaque, pour quelque raison que ce soit (manque de capacités, manque de volonté politique ou les deux), cela créera une occasion pour la diplomatie de montrer son hideux visage et d’imposer un cessez-le-feu qui consolidera les gains israéliens tout en ouvrant l’Iran aux inspections internationales de ses infrastructures d’enrichissement nucléaire et de production de missiles balistiques — en bref, une victoire israélienne écrasante et une défaite iranienne dévastatrice.
Si l’Iran cherche à finaliser un programme d’armement nucléaire, il invite les États-Unis et l’Europe à entrer dans la danse.
Et ceci peut bien avoir été, dès le départ, l’objectif d’Israël.
De plus, alors que le président Trump et le secrétaire d’État Marco Rubio ont tenté de prendre leurs distances par rapport à cet acte d’agression militaire israélien, certains membres de l’administration Trump et du Congrès américain (dont le sénateur Lyndsey Graham) soutiennent ouvertement les actions israéliennes contre l’Iran.
Le fait est que les États-Unis ont donné à Israël leur accord tacite pour frapper l’Iran, à la fois en contribuant à façonner la réalité géopolitique nécessaire pour donner à l’action israélienne l’apparence du raisonnable (en unissant les pays arabes du Golfe contre une agression iranienne prétendue et en obtenant du Conseil des gouverneurs de l’AIEA qu’il adopte une résolution accusant l’Iran de violer ses obligations de sauvegarde au titre du TNP), le tout en faisant gagner du temps à Israël pour lui permetre de perfectionner le repérage de ses cibles en même temps qu’ils embarquaient l’Iran dans des négociations nucléaires à n’en plus finir.. Ces négociations ont été présentées comme légitimes, mais n’ont pas été grand-chose d’autre qu’un effort de la part des États-Unis pour provoquer un comportement iranien à faire surveiller par les services de renseignement US et UE/OTAN, de manière à générer des cibles qu’Israël puisse frapper.
Changement de régime, pas désarmement.
Les informations actuelles font penser que l’Iran pourrait déclarer la guerre à Israël.
Une telle déclaration transformerait ce conflit pour en faire une lutte existentielle entre une nation, Israël, qui a été vendue au public américain comme un allié fidèle des USA, et une autre, l’Iran, qui, depuis la création de la République islamique, a été décrétée ennemi mortel.
Il n’y a aucun doute quant au camp pour lequel opteront les États-Unis.
Cela signifie que tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, les États-Unis joindront leur puissance militaire à celle d’Israël pour obtenir la défaite stratégique de l’Iran.
« Défaite stratégique » est un euphémisme pour changement de régime0
L’Iran a eu une possibilité d’empêcher ce résultat inévitable et prévisible : négocier un nouvel accord nucléaire avec les États-Unis qui eût éliminé de manière vérifiable le statut de l’Iran en tant qu’État au seuil de l’armement nucléaire.
Au lieu d’obliger les États-Unis à conclure un accord, cependant, l’Iran a laissé traîner les choses, se laissant ainsi piéger par un jeu de dupes qui n’a jamais eu pour but d’aboutir à un accord définitif, mais encore et toujours de faire gagner du temps à Israël, jusqu’à ce qu’il soit en état d’asséner son coup d’assommoir.
Aujourd’hui, l’Iran n’a qu’une chance de survie.
Il faut qu’il soit bien compris que l’Iran ne sera jamais autorisé à posséder une arme nucléaire.
S’il cherche à le faire, l’Iran sera physiquement détruit.
La solution au programme nucléaire iranien ne peut toutefois pas passer par une intervention militaire d’Israël et/ou des États-Unis.
Au lieu de cela, l’Iran doit porter des coups extrêmement durs à l’État d’Israël, des coups si dévastateurs qu’Israël n’ait d’autre choix que d’implorer les États-Unis d’intervenir pour négocier un accord de paix.
Missiles iraniens atteignant Israël – 2 octobre 2024
Et le fondement de cet accord de paix doit être la normalisation du programme nucléaire iranien dans le cadre du TNP.
Le fondement de cet accord de paix doit être la normalisation des relations entre l’Iran et les États-Unis. Une telle solution est-elle possible ?
Oui.
Mais elle exigera la quasi destruction d’Israël par l’Iran.
Vraie promesse 3, l’assaut balistique iranien tant attendu contre Israël, est annoncé par l’Iran depuis de nombreux mois.
L’Iran doit à présent exécuter cette opération de manière parfaite et avec détermination s’il veut survivre.
Toute autre issue signifiera la fin de la République islamique d’Iran.
Source : https ://scottritter.substack.com/p/lions-courage-versus-true-promise
On ne discute pas l’honnêteté et la bonne foi de Scott Ritter.
Néanmoins…
En vertu de quelle révélation divine inédite l’entité cancéreuse d’Israël, qui s’est dotée de l’arme atomique en la volant aux États-Unis puis en assassinant plus que probablement John Fitzgerald Kennedy qui s’y opposait, a-t-elle le droit, non seulement de posséder cette arme, mais d’unilatéralement décider de qui au monde peut ou ne peut pas s’en inventer une ?
Et pendant qu’on y est…
D’où tient-elle le droit de se soustraire, elle et elle seule, à toute forme de supervision internationale ?
Parce qu’elle a su acheter suffisamment de consciences corrompues américaines et celles de l’AIEA en sus ?
Il sort d’où ce droit archi-mafieux ? Et comment ose-t-on l’invoquer sérieusement n’importe où comme s’il était admissible ?
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/25488-2/
Juin 2025
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