Roger Waters (Pink Floyd) et l’ex-président Rafael Correa démontent l’emballement médiatique contre la démocratie vénézuélienne
Thierry Deronne – Le Grand Soir – 19.2.2019
Ce 18 février Roger Waters, fondateur des Pink Floyd, a posté ce message vidéo urgent :
« On est à quatre jours du 22 février 2019, date à laquelle Richard Branson prétend qu’il veut organiser un « Concert live » à la frontière de la Colombie avec le Venezuela « pour rassembler une aide humanitaire pour le peuple du Venezuela ». Je l’ai lu dans le Daily Mail et j’ai vu un vidéoclip de Branson avec son coeur saignant et son tee-shirt de Virgin. L’important à comprendre, si vous entendez ce truc comique, c’est que tout ça n’a rien à voir avec l’aide humanitaire. Cela regarde l’adhésion de Richard Branson (ce qui ne m’étonne pas de sa part) à la décision états-unienne de s’emparer du Venezuela. Tout cela n’a rien à voir avec les besoins du peuple du Venezuela. Ce concert n’a rien à voir avec la démocratie. Rien à voir avec la liberté. Rien à voir avec une « aide ». J’ai des amis à Caracas. Il n’y a pas de guerre civile, pas de violence, pas de meurtres, pas de dictature apparente, pas d’emprisonnement massif d’opposants, pas de suppression de la presse, non, rien de tout cela n’a lieu, même si c’est le storytelling qu’on vend au reste des États-Unis. Il faut s’éloigner de tout ça, et en particulier de Richard Branson. Et, Peter Gabriel, mon ami, appelle-moi. Je veux te parler. Car il est très facile d’être emmené par le bout du nez vers un « changement de régime ». Voulons-nous vraiment que le Venezuela devienne un autre Irak ? Ou Syrie ? Ou Libye ? Pas moi. Le peuple vénézuélien non plus. Maintenant j’arrête. Jusqu’à demain. »
C’est aussi l’avis de Rafael Correa, ex-président de l’Équateur, qui s’exprimait hier sur les ondes de la Radio-Télévision Publique Belge. Il y a démonté la vulgate médiatique de la « crise humanitaire », comme l’a déjà fait l’expert de l’ONU envoyé sur place, Alfred de Zayas, et a pointé la guerre économique contre le Venezuela. Il a rappelé que le président Maduro a été élu démocratiquement et il a accusé les États-Unis de manipulation.
« Quel plus grand attentat contre les droits de l’Homme que le blocus de la part des États-Unis ? Qui peut croire que Donald Trump défend les droits de l’Homme ? » .
Notons le rôle des « questions » des journalistes dans ce type d’interviews : recycler le « sens commun » qu’ils ont eux-mêmes sédimenté depuis des années. Dans ce cas, répéter que le gouvernement élu du Venezuela est un « régime » et que celui-ci « bloque l’aide humanitaire » (1). Ce qui contribue à neutraliser l’opinion et à justifier une intervention ou un coup d’État contre une démocratie électorale et participative.
Face à l’arrivée en Colombie de militaires états-uniens et du sénateur Marco Rubio dans le cadre de l’« aide humanitaire », l’ex-candidat présidentiel Gustavo Petro s’est exprimé via son compte twitter :
« Bien que nos médias n’aiment pas le dire, le sénateur Rubio est l’expression des secteurs les plus rétrogrades de la politique états-unienne et a aidé à construire une politique extérieure violente. Cette politique a assassiné des millions de personnes au vingt-et-unième siècle »
ajoutant dans un autre message :
« Le sénateur américain Marco Rubio était également allé apporter la démocratie en Libye. Ce pays est aujourd’hui un État failli avec des dizaines de milliers de morts et est devenu un marché d’esclaves noirs ».
Thierry Deronne, Caracas, le 18 février 2019
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Note (1) : la télévision canadienne vient d’admettre que l’image du « pont bloqué par le Venezuela » était une fake news : https://www.cbc.ca/news/world/venezuela-bridge-aid-pompeo-1.5018432
Source d’origine : Venezuelainfos
le 24 février 2019
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