La guerre au « Chef Boyardee » :
L’opposition inepte du Venezuela
Justin Raimondo – Antiwar.com – 26.2.2019
Mon opinion à contre-courant sur le changement de régime au Venezuela – que c’est une pièce de théâtre montée par le président Trump pour des raisons purement intérieures – s’est vue confirmer le grand jour où le conflit était supposé éclater et que la confrontation imminente a tourné aux… concerts rivaux ! Le changement de régime en guise de divertissement – il y a quelque chose de si américain là-dedans.
Que diable ! Un peu de musique est juste ce dont a besoin toute opération de changement de régime qui se respecte, mais le leit-motiv de celle-ci ressemble plus à du John Cage qu’à du John Philip Souza. Au lieu de voir le « président » Guaido ralliant ses forces et les menant à la bataille, on l’a vu en train d’essayer de traverser un pont jamais utilisé avec 1.000 boîtes de Chef Boyardee, 500 cartons de Bigs Macs au fromage et assez de « nourriture » pour lignes aériennes (générosité de Richard Branson) pour expédier ad patres un certain nombre de Chavistes.
Fiasco retentissant, avec les camions qui transportaient le cheval de Troie culinaire en proie aux flammes et tout l’incident dégénérant en une querelle sur la question de savoir qui avait gratté l’allumette.
À quoi s’attendaient les néo-cons ? Ont-ils vraiment cru que l’armée vénézuélienne, à ce moment dramatique, allait déposer les armes et passer à l’opposition ? Toute cette affaire n’a été qu’une farce, et je veux dire littéralement – au sens où il n’a jamais été question que cette cascade réussisse, ni ne soit même prise au sérieux . Il n’y a eu qu’un spectacle, produit et dirigé par cet expert en effets théâtraux Donald J. Trump.
Comme je l’ai dit dans un article précédent, cette « fake » campagne de changement de régime était un stratagème de Trump pour bien engluer les néo-cons dans un échec largement médiatisé. Après tout, son envoyé spécial tout nouvellement nommé, Elliott Abrams, a bien déclaré Trump « inapte » à être président : le reste du réseau néo-con défile à présent à la tête de la « Résistance ».
Il faut dire que c’est jouissif de voir Trump détruire ses ennemis. Plus jouissif encore a été de voir la gauche hystérique péter les plombs lorsque j’ai osé dire qu’il y avait vraiment peu de chances pour que le conflit au Venezuela tourne à la guerre civile en bonne et due forme, avec participation pleine et entière des USA. Oh, non, il faut que ça finisse en carnage !
Mince alors, qu’est-il arrivé à leur « Give peace a chance » ?
Les guerres et les menaces de guerre exposent invariablement l’hypocrisie et les vraies allégeances des deux bords, et ce brouhaha vénézuélien en produit d’excellents exemples. À gauche, nous avons les idéologues en plein déni lorsque le gouvernement emprisonne les opposants et réprime violemment les manifestations de rues de l’opposition. À droite, vous avez les conservateurs « anti-communistes » qui ont déjà oublié la leçon de l’Irak. « Envoyez les marines ! » braillent-ils. À quoi on ne peut que répondre : « Et ensuite ? ».
C’est une question qu’ils évitent avec assiduité. Pour la même raison, c’est la première chose que les généraux veulent savoir. Et c’est la raison essentielle qui fait que je pense qu’il n’y aura pas de conflit militaire impliquant les USA : le Pentagone ne le permettra jamais. Avec nos armées si terriblement surmenées – certains soldats se voyant déployer quatre ou cinq fois de suite sans la moindre pause – et notre liste d’ennemis en constante expansion, un nouveau front dans notre politique extérieure de guerres sans fin est la dernière chose que souhaitent les militaires.
À mesure que l’opposition sent qu’elle faiblit, elle multiplie ses appels à l’intervention extérieure : une force multilatérale OAS [Organization of American States, ndt], avec les USA pour se charger du gros boulot.
Ce qui, encore une fois, prouve à quel point ils sont nuls. On assiste en ce moment à une rébellion mondiale contre les dirigeants non-élus, autoproclamés, et leurs « experts », et les néo-cons veulent nous entraîner dans une guerre au bénéfice d’un type appelé Juan qui n’a pas plus de droit que moi à la présidence du Venezuela.
Trump adore demander aux supporters qui viennent à ses rallies « N’êtes-vous pas fatigués de gagner ? » Dans le cas des néocons de l’aventure vénézuélienne, vous pouvez compter sur nous, Messieurs-Dames, pour leur crier, du poulailler : « N’êtes-vous pas fatigués de perdre ? »
Source : http://www.informationclearinghouse.info/51169.htm
Source d’origine : Antiwar
Traduction : c.l. pour les Grosses Orchades
La véritable aide humanitaire : Sur les marchés communaux subventionnés par l’État du Venezuela
2 mars 2019
One Responses
L’article de Raimondo donne la pêche. Il est bien clair que les US ne se confronteront jamais à une véritable armée, bien équipée et qui défend sa patrie. Le tohu bohu militaire est une pure fantaisie, c’est acquis.
Mais, car il y a un mais…
La politique US est venimeuse. Ils utiliseront , c »est leur habitude, l’arme du boycott et ce qu’ils appellent des « sanctions financières », c’est-à-dire la politique de gangsters qu’ils sont demeurés et qui consiste à voler ceux sur lesquels ils jettent leur dévolu.
Il ne faut pas sous-estimer cette perfidie qu’il ont utilisée contre la vaillante Cuba depuis des décennies… et qui se poursuit.