Bruxelles montre sa peur des Eurosceptiques
Expulser Orban du PPE ne fera que le renforcer. Cela ne fera que fournir aux Eurosceptiques davantage de munitions.
Tom Luongo – Strategic Culture Foundation – 10.3.2019
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est, depuis des années, sous un feu nourri de l’Union Européenne pour son opposition à la politique d’immigration sauvage de la chancelière allemande Angela Merkel.
Une politique sur laquelle elle-même a dû reculer. Et il importe peu de savoir dans quelle mesure Merkel a modifié sa position et pris en compte la réalité des dégâts que sa politique a causés, Orban reste coupable du péché de non-conformité.
En fait, il est coupable de bien plus que cela. Parce qu’Orban n’a pas seulement mis le pied sur le troisième rail de la politique européenne, il n’arrête pas de sauter dessus à pieds joints.
Piétiner le troisième rail, évidemment, c’est appeler les choses et les gens par leur nom. C’est nommer clairement la personne qui contrôle en réalité la politique européenne en cooptant de si grandes quantités du Parlement européen
Cette personne, bien sûr, c’est George Soros.
On assiste en ce moment, en vue des élections au Parlement européen de mai prochain, à une poussée visant à exclure le parti Fidesz-Union civique hoingroise d’Orban du Parti Populaire Européen, coalition nominale de centre-droit, qui est aussi le plus grand parti représenté au Parlement européen.
Et, avec chacune de ses victoires sur Soros, Orban devient plus audacieux. Après une campagne de réélection victorieuse, conduite sur le thème « Ne laissez pas gagner Soros ! », Orban a expulsé du pays la principale ONG de Soros, Open Society Foundation, ainsi d’ailleurs que son « Université Centrale Européenne ».
Mais son péché capital a été d’assimiler le président sortant de la Commission Européenne, Jean-Claude « quand les choses vont mal il faut mentir » Juncker aux tentatives faites par Soros pour affaiblir les frontières de la Hongrie.
Sa punition, pour cela et pour avoir construit une barrière douanière à l’intérieur des frontières de son pays, qui déjoue la tactique de Soros et Merkel de fixation des immigrants pour des années dans les limbes juridiques sans fin des pays d’accueil, a été l’ouverture d’une procédure « Article 7 » contre la Hongrie, accusée de n’avoir pas respecté la position de l’Union Européenne sur les droits humains.
La Pologne a des ennuis du même ordre avec Merkel, mais, grâce à une des rares dispositions raisonnables de la structure de l’UE, chaque pays peut en utiliser un autre pour opposer son veto à une censure effective et au retrait concomitant de son droit de vote à l’intérieur de l’Union qu’entraîne la pleine application de l’Article 7.
Mais le présent papier n’a pas réellement pour sujet les derniers ennuis d’Orban avec les faux démocrates de l’UE. Mon vrai sujet est la terreur que provoque, chez ces gens, la montée des Eurosceptiques à la Orban dans tout le continent, à mesure que les élections de mai approchent.
L’expulsion potentielle d’Orban du PPE n’est qu’un des symptômes de cette peur. Récemment, la Française Marine Le Pen a découvert qu’un procès qui lui est intenté « pour avoir tweeté des décapitations d’ISIS en 2015 » va vraiment avoir lieu, et peut l’envoyer en prison pour trois ans.
Ce n’est pas très différent des accusations de kidnapping formulées par des procureurs siciliens contre le Vice-Premier ministre italien, leader de la Lega et mauvais garçon en chef Matteo Salvini. Autre piteux essai de faire éclater la coalition eurosceptique italienne en la forçant à se concentrer sur des futilités intérieures, faute d’oser affronter le vrai défi qu’elle apporte aux élections de mai.
Il en va de même à présent pour Marine Le Pen. Les sondages montrent que son parti Rassemblement National grignotent la marge d’erreur du parti En Marche du président Emmanuel Macron, avec une bonne chance d’envoyer un certain nombre d’Eurosceptiques français siéger au Parlement européen d’ici une paire de mois.
Merkel se débat avec un problème identique. Et même si le soutien au parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a faibli dans les récents sondages en descendant à 13% des intentions de vote, il ne faut pas sous-estimer le désir des électeurs d’envoyer un message fort à Bruxelles en allant voter en plus grands nombres pour des partis nouveaux ou alternatifs, auxquels ils n’apporteraient pas leurs voix sur le plan intérieur.
Alice Weidel qui, avec Alexander Gauland, est à la tête de l’AfD
On a assisté à ce phénbomène dans le passé, lorsque UKIP a stupéfait tout le monde avec les résultats qu’il a obtenus lors des élections européennes de 2014. Ils ne se sont jamais répétés sur le plan intérieur, parce que c’est le « dilemme du prisonnier » qui prévaut en Grande Bretagne, du fait de son système au scrutin majoritaire.
Nigel Farage célébrant préventivement la future indépendance anglaise
Mais pour le Parlement européen, où le système à deux partis n’a pas d’emprise, et où il est plus difficile aux électeurs d’opter pour les bénéfices directs de leur vote, il est plus probable qu’ils desserreront un peu les boulons et apporteront leur soutien à un parti plus petit, moins traditionnel.
Et cela, s’ajoutant à de sérieuses erreurs de calcul sur le Brexit, dont je vais vous parler dans deux minutes, réussit à faire vraiment très peur aux « élites » des cercles politiques européens. Si peur qu’ils sont prêts à engloutir de sérieuses ressources dans des initiatives chimériques de valeur douteuse.
Expulser Orban du PPE ne fera que le renforcer. Cela ne fera que fournir aux Eurosceptiques davantage de munitions. Orban, comme Salvini, adore jouer les exclus. Il s’en servira pour rallier d’autres Européens à sa cause et attirer quelques sièges de plus dans son orbite.
D’après les résultats des derniers sondages, dont vous pouvez trouver les derniers pointages mis à jour ici, les partis eurosceptiques se partageront entre 215 et 225 sièges sur les 705 à pourvoir, en supposant que la Grande Bretagne quitte vraiment l’Union et ne participe donc pas aux élections pour le Parlement, ce qui, à ce stade, ne semble pas probable.
S’il est exact, comme on le rapporte, que le Premier ministre Theresa May a fait un marché avec Merkel en juillet dernier portant sur un accord de retrait, et si cet accord a été fabriqué de façon telle que le Royaume Uni puisse réintégrer l’UE plus tard, alors, il est hors de question que Mrs May puisse, à ce stade, prévenir le BREXIT aux conditions de l’OMC, même avec 90 jours de plus pour le faire.
Un rapport du Bruges Group, supprimé depuis, en donnait les détails (les voir ici). Et nous saurons que c’est exact si Theresa May accepte brusquement de se démettre de ses fonctions de Premier ministre aussitôt après le 29 mars, que la Grande Bretagne sorte de l’Europe ou pas.
Parce que soit elle n’aura pas réussi à faire échouer le Brexit et sera sacrifiée pour sauver les Tories, soit elle se démettra en faveur d’un vrai partisan du Brexit, dans le cas où le Parlement voterait une extension.
Nous saurons que ceci était vrai si elle le fait.
Voilà bien des « si », je sais, mais à l’heure actuelle, tout le monde danse le Juncker Two-Steps, mentant et faisant assaut de cajoleries pour maintenir le statu quo et continuer d’aller de l’avant dans toujours plus d’intégration européenne.
Mario Draghi, à la Banque Centrale Européenne, a joué son rôle, louvoyant à qui mieux mieux pour empêcher les marchés d’imploser.
Et si le BREXIT se fait aux conditions de l’OMC, cela ouvre la voie au développement de leur pire cauchemar
Regardez alors Viktor Orban sourire du sourire du juste.
Source : http://theduran.com/brussels-shows-its-fear-of-euroskeptics/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
16 mars 2019
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