Comment les unipolaires vont-ils réagir à la ligne rouge de Poutine ? Une table ronde d’experts
Matthew Ehret – CovertAction Magazine – 1.1.2022
Alors que les tensions montent en flèche en Ukraine et que Poutine a annoncé des lignes rouges concernant une frénésie insensée d’absorption de l’Ukraine par l’OTAN, le Dr Edward Lozansky, président de l’Université américaine de Moscou, a organisé une table ronde réunissant huit experts qui ont donné leur avis sur les causes, la trajectoire et les solutions du désordre géopolitique actuel. […]
Les participants étaient :
Martin Sieff : « La situation est désespérée mais pas sérieuse ».
Glenn Diesen : Sécurité indivisible contre hégémonie unipolaire de l’OTAN.
Peter Kuznick : Comment faire confiance à ceux qui ne sont pas dignes de confiance ?
Matthew Ehret : La supériorité de l’Alliance Multipolaire.
Alex Krainer : Surveillez les maîtres du jeu, pas les marionnettes.
Jeremy Kuzmarov : La crise du MICIMATT et la perte de la raison.
Mila Melnichuk : Perceptions et réalité.
Jim Jatras : Il est temps de prier.
Addendum : Contribution écrite à la table ronde par le professeur Herbert Reginbogin de l’Université catholique d’Amérique.
De cette très copieuse table ronde, nous avons extrait pour vous les contributions d’Alex Krainer et de Jeremy Kuzmarov
Surveillez les maîtres du jeu, pas les marionnettes
Alex Krainer
Alex Krainer a commencé sa présentation en avertissant que la folie omniprésente dans l’ordre libéral occidental est surtout celle des marionnettes, mais qu’à un niveau plus élevé (c’est-à-dire là où la politique importante est faite au-dessus des gouvernements nationaux fantoches par un cartel bancaire et des élites financières), il y a une rime et une raison très claires qui animent la stratégie mondiale. Cette stratégie est dans la coulisse des efforts incessants déployés pour provoquer une réaction violente de la Russie et de la Chine en Ukraine et à Taiwan.
Krainer a de nouveau souligné qu’à ce niveau supérieur (là où se rejoignent les affaires bancaires, l’espionnage et les affaires militaires), la logique froide et dure de l’empire se dresse comme une barre d’acier trempé, dépourvue d’humilité, de flexibilité ou de moralité. Ce système est sans relâche animé par la volonté d’éliminer les rivaux, exclut toute possibilité de coopération avec quiconque, ne recherche que la domination et exerce un vaste contrôle sur les côtés nominalement « droit » et « gauche » des systèmes de partis en Occident.
C’est pourquoi Krainer pense qu’aucune solution à la crise d’aujourd’hui ne peut être trouvée au sein des forces politiques actuellement aux affaires dans les gouvernements occidentaux. Et puisqu’aucun changement qualitatif n’est possible dans les conditions actuelles, Alex pense que la décision de Poutine, de se maintenir fermement et résolument sur une ligne rouge et une liste d’exigences bien claires, crée le type de pression extérieure dont le système occidental en faillite a besoin, vu qu’il ne peut pas être changé de l’intérieur.
On espère que la nouvelle stratégie de Poutine fera sortir de l’ombre les fanatiques occidentaux les plus détraqués, pour qu’ils deviennent enfin visibles au grand jour, ce qui pourrait éventuellement permettre que des fissures entre éléments radicaux et modérés de l’establishment politique permettent à ceux-ci de se polariser, et provoquent des batailles politiques qui n’auraient aucune chance de se produire autrement. En tant qu’économiste, Krainer a insisté sur le fait que les cartels financiers occidentaux sont actuellement affamés de garanties après s’être surendettés pendant des décennies dans une frénésie spéculative basée sur la dette, sans aucun réel système de valeur pour soutenir les taux de croissance hyperboliques d’un capital fictif. C’est ce qui explique leur désir si violent de prendre le contrôle du collatéral eurasien, étant donné le niveau de la dette russe : le taux d’endettement de la Russie, par rapport à son PIB, n’est que de 16 %, alors qu’il est de plus de 180 % pour les États-Unis, où la totalité du PIB est requise pour amorcer un autre cycle de création de crédit.
[Source: learningfromchina.net]
La crise du MICIMAT et la perte de la raison
Jeremy Kuzmarov
Jeremy Kuzmarov a souligné une fois encore l’importance qu’il y a à ne pas perdre de vue les agendas cachés qui opèrent par-dessus les marionnettes qu’on voit gesticuler sur le devant de la scène. Il a notamment évoqué le rôle du complexe militaro-industriel, qui avait un besoin si désespéré de quelque nouveau méchant après la débâcle afghane, d’où la nécessité de claironner à tous vents la « menace russe » pour justifier le budget de défense record réclamé à la fois par Biden et par le Congrès. M. Kuzmarov a aussi mis en garde contre la vaste chape de silence et d’obscurité jetée par les médias et par l’université sur les voix dissidentes qui s’opposent à la politique de guerre actuelle. Il a ainsi évoqué le cas de l’ancien analyste de la CIA Ray McGovern, complètement réduit au silence par les médias dominants, en dépit de son illustre carrière de conseiller des présidents pendant des décennies.
Ray McGovern : Une voix de bon sens et de vérité qui a été réduite au silence. [Source: covertactionmagazine.com]
Kuzmarov a fait référence au terme MICIMATT (Military-Industrial-Corporate-Intelligence-Media-Academic-Think-Tank Complex) de McGovern comme une mutation moderne qui a parasité toutes les branches influentes de la société, ce qui fait que même les soi-disant libéraux progressistes comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez soutiennent sans ciller des mesures de guerre contre la Russie, et promeuvent à l’intérieur des programmes totalitaires.
Bernie et AOC apparaissent comme les faux révolutionnaires et progressistes qu’ils sont, quand on considère leurs positions sur la Russie, l’Ukraine, l’OTAN et la nouvelle guerre froide. [Source: abcnews.go.com]
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Janvier 2022
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