Vous avez dit Révolution Culturelle ?
I/II
Théroigne – L.G.O. – Mai-Juin 2019
Parlant un jour à votre servante de Révolution Culturelle chinoise, M. Henri Guillemin lui confia : « Mon fils Philippe [attaché d’ambassade à Pékin pendant ces événements, nda] m’a dit que ce qu’il a vu lui avait fait penser à l’An II en France ».
Influencée par tout ce qu’on en savait et surtout par les images dont nous avions été submergés, j’avoue m’être demandé alors : « Mais que sait M. Philippe Guillemin de l’An II ? » tant il me semblait qu’il y avait entre les deux périodes, une différence à mes yeux capitale : l’An II avait été agité, certes, et riche en débordements, tous ses acteurs ayant tiré à hue et à dia dans des directions différentes en fonction de leurs intérêts ou de leurs convictions, mais ce qui était sûr, c’est qu’aucun n’avait obéi à un « mot d’ordre », qu’aucune poigne de fer n’avait dirigé d’en haut le chaos, qu’il fût constructif ou destructeur. Or, c’est bien ce qui avait paru être le cas en Chine : la Révolution Culturelle était quand même bien née d’une injonction du président Mao, oui ou non ?
À lire ce qui va suivre, je me dis qu’à propos de la Chine, j’avais peut-être tout faux…
[Incidemment, M. Philippe Guillemin étant toujours parmi nous, il serait peut-être opportun et en tout cas intéressant de lui demander quels souvenirs il a gardés de ce qu’il a vu il y a un peu plus d’un demi-siècle.]
Pour apprécier les événements historiques, il faut juste avoir assez de temps – de recul ? – et ne sauter aucun témoignage, aucune analyse.
Dans cet ordre d’idées, on ne perd jamais son temps à se promener sur le site du Saker, où s’expriment bien d’autres que lui, correspondants privilégiés d’un peu partout dans le monde. Dans le cadre du Saker’s Blog par exemple, qui devient de plus en plus riche.
C’est donc sur le Saker’s Blog que je suis tombée sur M. Ramin Mazaheri, un Iranien qui vit à Paris, où il est le chef-correspondant de Press-TV. Inutile de dire qu’il s’intéresse – et très fort – aux Gilets Jaunes et qu’il a bien des choses à en dire. Mais, tout récemment, il s’est embarqué dans une série d’articles (huit en tout) consacrés à cette fameuse Révolution Culturelle chinoise de 1966 à 1976.
À l’origine, un livre de l’auteur chinois Dongping Han, qui vit et enseigne aujourd’hui aux États-Unis, mais qui, lorsqu’il parle de Révolution Culturelle, parle de ce qu’il connaît car il l’a vécue.
S’inspirant du livre de son ami Han, Ramin Mazaheri vient à son tour de faire paraître un ouvrage de son cru.
Les voilà tous les deux (encore inédits en français) :
DONGPING Han
The Unknown Cultural Revolution : Life and Change in a Chinese Village
[La Révolution Culturelle inconnue – Vie et changement dans un village chinois]
En anglais.
Édit. Monthly Review Press,U.S. (24 mars 2009)
192 pages
Présentation de l’éditeur :
The Unknown Cultural Revolution challenges the established narrative of China’s Cultural Revolution, which assumes that this period of great social upheaval led to economic disaster, the persecution of intellectuals, and senseless violence. Dongping Han offers a powerful account of the dramatic improvements in the living conditions, infrastructure, and agricultural practices of China’s rural population that emerged in this period. Drawing on extensive local interviews and records in rural Jimo County, in Shandong Province, Han shows that the Cultural Revolution helped overthrow local hierarchies, establish participatory democracy and economic planning in the communes, and expand education and public services, especially for the elderly. Han lucidly illustrates how these changes fostered dramatic economic development in rural China.
The Unknown Cultural Revolution documents a neglected side of China’s Cultural Revolution, demonstrating the potential of mass education and empowerment for radical political and economic transformation. It is a bold and provocative work, which demands the attention not only of students of contemporary Chinese history but of all who are concerned with poverty and inequality in the world today.
Ramin MAZAHERI
I’ll Ruin Everything You Are – Ending Western Propaganda on Red China
[Je détruirai tout ce que vous êtes – Pour mettre fin à la propagande occidentale sur la Chine rouge]
En anglais
Édit. PT. Badak Merah Semesta (12 mars 2019)
312 pages
Extrait de la Préface de DONGPIN Han :
“I’LL RUIN EVERYTHING YOU ARE: Ending Western Propaganda on Red China” is a compilation of serialised articles published by The Saker and The Greanville Post. Ramin Mazaheri challenges the Western academics on their bad scholarship/propaganda on China. “It is time that the public in the US and the West wake up to modern reality. I recommend Mr. Mazaheri’s book to readers in China and the rest of the world because it is a refreshingly new perspective, and one which we urgently need right now. At this critical moment of our world, we need critical views like Mr. Ramin Mazaheri’s.” ~ Dongping Han (Author of The Unknown Cultural Revolution: Life and Change in a Chinese Village)
J’ai d’abord découvert la 2e Partie…
Histoire d’un martyre subi POUR et non PAR la Révolution Culturelle de Chine
(2 de 8)
Ramin Mazaheri – The Saker’s Blog – 4.4.2019
Adressez-vous à des paysans chinois, et vous entendrez certainement parler de gens qui ont souffert le martyre POUR la Révolution Culturelle ; adressez-vous à des élites déshonorées du Parti, à des patrons d’usine abusifs, à des enseignants tyranniques, à des technocrates suffisants, à des médecins charlatans ou à des moines parasites, et vous entendrez des histoires de gens martyrisés PAR la Révolution Culturelle.
Bon retour à votre lointain premier jour à l’école du journalisme ! « Le terroriste de l’un est le combattant de la liberté de l’autre ». Je ne suis pas en train de vous débiter des sottises du genre « toute vérité est relative », je vous dis simplement que le point de vue détermine l’opinion (il ne contrôle pas le fait).
Le fait est que vous n’avez probablement jamais entendu l’histoire d’une personne chinoise morte en soutenant la Révolution Culturelle (R.C.).
Et sans doute n’avez-vous jamais entendu parler non plus des bénéficiaires de la RC, probablement vous imaginez-vous même qu’il n’y en a pas eu, en dehors d’un Mao Tse Toung assoiffé de pouvoir.
Source : https://thesaker.is/the-story-of-a-martyr-for-and-not-by-chinas-cultural-revolution-2-8/
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/histoire-dun-martyre-subi-pour-et-non-par-la-revolution-culturelle-de-chine/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
DONGPING Han enseigne l’histoire et la science politique au Warren Wilson College (Caroline du Nord). Il est originaire du district agricole de Jimo, en Chine.
Ramin MAZAHERI est le correspondant en chef à Paris de PressTV et il vit en France depuis 2009. Il a été reporter pour un quotidien US en Iran, à Cuba, en Égypte, en Tunisie, en Corée du Sud et ailleurs. Ses articles sont publiés dans divers journaux, magazines et sites web, et il s’exprime aussi à la radio et à la télévision.
Ce 2e article nous a incités à traduire aussi le premier. Vous pouvez les lire dans l’ordre que vous voulez.
Une révolution si nécessaire : la Révolution Culturelle de Chine
Discussion en huit parties
(1 de 8)
Ramin Mazaheri – The Saker’s Blog – 26.3.2019
Peut-être la plus importante dichotomie encore irrésolue en Occident n’est-elle pas la fracture mâle/femelle mais le clivage urbain/rural. Le mouvement Me-Too accomplit des avancées [?!! ndt] vers une plus grande égalité entre les sexes – résultat direct de l’élection du président US Donald Trump – mais la ville et la campagne restent bloquées dans un combat qui paraît sans issue.
Aux USA, c’est ce qui est connu comme la guerre socio-politique entre les Red States & Blue States, qui, pour l’essentiel, oppose les zones urbaines aux zones rurales plus conservatrices et réputées arriérées ; au Royaume-Uni, ce sont les Brexiters qui réclament leur souveraineté contre les anti-Brexiters ; en France, c’est le mouvement des Gilets Jaunes qui s’engage dans la désobéissance civile sur les Champs-Élysées, en réponse à la négligence méprisante et au snobisme glacé de ceux qui ont les moyens de vivre dans les principaux centre-villes*
Tout cela explique pourquoi je sens qu’étudier la Révolution Culturelle de Chine (CR) est plus important que jamais, vu qu’il n’existe aucun pays moderne qui ait fait jusqu’ici des efforts aussi radicaux pour corriger ce déséquilibre entre les villes et les campagnes, déséquilibre qu’on retrouve dans toutes les nations et qui est aussi fondamental à l’existence humaine que les oppositions féminin/masculin ou Yin/Yang
Cependant, et en particulier pour les pays en voie de développement, dans des endroits comme l’Inde, l’Afrique et l’Amérique Latine, où le travail agricole se fait toujours comme dans la Chine d’avant le XXIe siècle, les incroyables bénéfices pour la ruralité – économiques, politiques et culturels – qui furent l’objectif explicite de la RC, ne sont pas qu’importants, ils sont aussi une extraordinaire source d’inspiration. Cet article va rapidement prouver que tout ceci n’est pas de l’hyperbole, parce que les faits, en ce qui concerne « les incroyables bénéfices » qu’elle a entraînés pour le monde agricole, vont être dévoilés, en lieu et place d’un Nième entassement d’inventions propagandistes de l’impérialisme capitaliste destinées à les occulter.
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/une-revolution-si-necessaire-la-revolution-culturelle-de-chine-1-de-8/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Puisqu’on en est à revisiter l’histoire de la Chine…
À la mémoire de Domenico Losurdo, qui en est l’auteur, ce texte de 2009.
Tien an Men, c’était il y a 30 ans maintenant.
L’échec de la première « révolution colorée »
Tienanmen, 20 ans après
par Domenico Losurdo
traduction : Marie-Ange Patrizio
Réseau Voltaire | Urbin (Italie) | 9 juin 2009
Il y a 20 ans, Zhao Ziyang tentait de prendre le pouvoir en Chine avec l’appui de la CIA. Ce qui devait être la première « révolution colorée » de l’Histoire échoua. Dans une présentation totalement tronquée, la propagande atlantiste a imposé l’image d’un soulèvement populaire écrasé dans le sang par la cruelle dictature communiste. La presse occidentale en célèbre aujourd’hui l’anniversaire en grande pompe pour mieux dénigrer la Chine populaire, devenue seconde puissance économique du monde. Domenico Losurdo revient sur cette grande manipulation.
Cette photo symbolise les événements de Tienanmen. Pour la presse atlantiste, elle représente un homme défiant les chars de la dictature communiste. Pour les Chinois, elle illustre la maîtrise des forces de l’ordre qui réussirent à empêcher le coup d’État pro-US de Zhao Ziyang en évitant un bain de sang.
Ces jours-ci la grande presse d’ « information » s’emploie à rappeler le vingtième anniversaire du « massacre » de la place Tienanmen. Les évocations « émues » des événements, les interviews des « dissidents » et les éditoriaux « indignés », les multiples articles qui se succèdent et se préparent visent à recouvrir d’infamie perpétuelle la République Populaire de Chine, et à rendre un hommage solennel à la civilisation supérieure de l’Occident libéral. Mais qu’est-il réellement advenu il y a vingt ans ?
Sources : http://domenicolosurdoblogtienanmen.blogspot.com/
https://www.voltairenet.org/article160446.html
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/a-la-memoire-de-domenico-losurdo-tien-an-men-cetait-il-y-a-30-ans/
Aujourd’hui en France
Malgré la promesse de Macron, 400 écoles primaires rurales devraient fermer à la rentrée 2019
RT –3.7.2019
Selon un document du ministère de l’Education nationale consulté par Le Parisien, 400 écoles devraient fermer dans les zones rurales. Au terme du grand débat, Emmanuel Macron s’était engagé à n’en fermer aucune… sans l’accord du maire.
C’était l’une des annonces phares d’apaisement d’Emmanuel Macron au terme du Grand débat, destiné à répondre aux attentes des Gilets jaunes : pas de fermetures d’écoles et d’hôpitaux jusqu’en 2022… mais il existait pourtant une nuance importante : sans l’accord du maire de la commune. Du moins « d’ici à la fin du quinquennat », avait-il promis lors de la conférence de presse de restitution du débat, le 25 avril dernier.
Mais l’engagement, pourtant confirmé par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer deux jours plus tard, le 27 avril, sur France Info, serait caduque. Enquête du ministère de l’Éducation nationale à l’appui, Le Parisien daté de ce 2 juillet révèle que 400 écoles pourraient fermer pour la rentrée 2019. Car les maires des communes concernées auraient donné leur accord. 150 fermetures sur les 400 dépendraient de l’administration. 250 seraient le résultat de fusions ou de regroupements d’établissements scolaires, les Regroupements pédagogiques concentrés (RPC).
De quoi hérisser encore un peu plus la « France périphérique » (selon le terme consacré par le géographe français Christophe Guilluy dans le livre du même nom) où l’éloignement des services publics et le coût des transports restent des questions cruciales. Le Parisien rapporte le cas de la Somme, département particulièrement touché, avec 30 fermetures d’écoles qui fonctionnaient sur le principe, faute d’élèves en nombre suffisant, de la classe unique.
Source : https://francais.rt.com/france/63589-malgre-promesse-macron-400-ecoles
On ne va pas se mettre à reprendre ici point par point ce que préconise Ramin Mazaheri pour mettre la France à l’heure de la Révolution Culturelle Chinoise [voir nos deux prochains posts]. C’est un débat pour les enseigants et les enseignés, et nous ne sommes pas les uns et plus les autres. Mais il nous semble qu’on ne peut pas passer sous silence ceux qui ont eu des idées là-dessus et même qui se sont battus pour ce qu’ils préconisaient. Exemple : Liliane Lurçat, qui vient de mourir à 90 ans.
Hommage à Liliane Lurçat, pour son combat contre l’école totalitaire
Evelyne Tschirhart – 23.5.2019
(On notera avec intérêt qu’Évelyne Tschirhart a enseigné le français en Chine pendant la Révolution Culturelle.)
Liliane Lurçat vient de nous quitter. Insuffisamment connue du grand public, bien qu’elle ait publié de nombreux ouvrages, elle eut cependant un vrai succès d’estime auprès de ceux qui se sont intéressés à l’école et à sa lente destruction depuis bientôt cinquante ans. Son dernier livre, co-signé avec Laurent Lafforgue, des enseignants et philosophes : « La débâcle de l’école, une tragédie incomprise » sonnait le tocsin afin de susciter un sursaut des autorités de l’Éducation nationale, sursaut qui ne s’est pas produit mais l’Institution s’est enlisée un plus avant dans une vision de l’école égalitariste et déstructurante, qui ne pouvait que déboucher sur des résultats catastrophiques et une inégalité toujours plus grande.
Docteur en psychologie et docteur ès lettres, elle a été directrice de recherche au CNRS. Ses investigations l’ont menée à enquêter dans les écoles maternelles et primaires de Paris et de la région parisienne pendant toute sa carrière.
Enseignante, j’avais pris connaissance des œuvres de Liliane Lurçat dans les années 1990 quand j’ai été confrontée à la destruction programmée de l’école de Jules Ferry, imposée par les « penseurs » de l’éducation qui sévissent, hélas, encore aujourd’hui.
Source : https://ripostelaique.com/hommage-a-liliane-lurcat-pour-son-combat-contre-lecole-totalitaire.html
À paraître :
Vous avez dit Révolution Culturelle ? II/II
- Ce que l’Occident peut apprendre – Les Gilets Jaunes réclament une Révolution Culturelle – Ramin Mazaheri
- Commentaire et réflexions sur les articles de Ramin Mazaheri, principalement le 8e – LGO.
Justin Raimondo est mort
On savait qu’il se battait depuis des mois avec une chimio sans doute aussi pire que le mal, sinon pire. On n’a donc pas été surpris de l’issue. Mais l’annonce de sa mort sur ICH, où il était précisé que « son mari » avait été jusqu’au bout à, ses côtés, nous avait hérissés au point que nous n’avons pas relayé, assurés que nous étions que cet homme intrépide et discret n’eût jamais employé ce genre de langage et n’eût pas supporté, surtout, que sa vie privée fût étalée sur la place publique.
Philippe Grasset y va aujourd’hui de son eulogie et de son salut. On ne peut que s’y associer. LGO.
L’adieu aux armes
Philippe Grasset – R.I. – 1.7.2019
Dans notre époque si étrange, les mots, les phrases, les analyses, les recherches acharnées des vérités-de-situation, le système de la communication sont plus que jamais les armes des hommes plongés dans cette ultime bataille de notre-Armageddon postmoderniste. Le “lynchage médiatique”, qui passe par les mots et le système de la communication, est une pratique courante de la guerre d’aujourd’hui. L’internet est, pour nous les combattants, un fantastique champ de bataille où vous savez pourquoi vous vous battez. Nous savons tous, d’une façon ou d’une autre, avec des mots différents, des perceptions dissemblables, nous savons tous que nous menons la bataille suprême face au Système.
Je parle pour ceux qui savent. Pour ceux-là, il y a dans ces quelques jours, dans un instant ou pour un moment, une grande tristesse qui passe son chemin et qu’il faut éprouver dans toute sa force. Je ne connaissais pas Justin Raimondo et il m’étonnerait beaucoup qu’il ait jamais entendu parler de moi. Mais, comme moi, comme nous, comme vous qui nous lisez, c’était un guerrier engagé dans cette guerre, et sa mort est une triste nouvelle. Elle n’est nullement une surprise puisqu’il avait informé ses lecteurs de son état (un cancer de la gorge), mais pour moi c’est comme s’il était mort au combat. Il lutta héroïquement durant ces derniers mois, donnant épisodiquement un texte à sa chronique d’Antiwar.com dont il était le co-fondateur.
Source : https://reseauinternational.net/ladieu-aux-armes/
Mis en ligne le 6 juillet 2019
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