« Iranian shadow fleet »
N’ayez pas peur, ils ne vont pas attaquer Ostende.
Pas trop tôt !
C’est l’histoire d’un livre qui a été victime d’une cabale en 1994 et qui renaît de ses cendres
Jean-Louis Lippert
Mamiwata
Edern Editions – 15 février 2025
1.526 pages
32 € relié
23 € broché
Ici les acteurs effacent l’auteur. Ici les créatures, niant leur créateur, accèdent à la création. Une histoire ici se dit dans le regard de ses protagonistes. Leurs voix surgissent, éclairées l’une par l’autre. Ici la scène est une planète, animée d’autant d’univers qu’elle contient d’êtres, et le cosmos de chaque lecteur gravite autour comme un satellite Panoptic. Ici l’héroïne est une chimère et l’histoire – l’Histoire ! – n’est peut-être qu’une hallucination née du chant de cette sirène. Comme la musique est vibration du silence entre deux notes, la voix de Mamiwata se fait entendre dans le vide entre les mots de tous les personnages. Car l’hypnose programmée ne peut imposer silence au chant d’une sirène sur le fleuve Congo. Elle est le négatif, la face cachée, la bouche d’ombre oubliée de Dieu. (Anatole Atlas) Jean-Louis Lippert (né en 1951) serait une figure majeure de la littérature belge de langue française s’il en faisait partie. Refusant les stratégies et les discours du microcosme littéraire, il tire de son histoire personnelle, qui l’a fait naître en Afrique une décennie avant l’indépendance du Congo et l’assassinat de Lumumba, une partie de la matière de ses récits, sur laquelle se greffe une critique radicale de la société de consommation et du monde postmoderne. Partagé entre deux continents et deux cultures, il replace la problématique belge dans une perspective critique et historique longtemps occultée. Il écrit aussi sous les hétéronymes d’Anatole Atlas et de Juan Luis de Loyola.
Quand fut mis au point l’assassinat de Patrice Lumumba, dans la résidence de ses parents fonctionnaires, l’auteur n’avait pas dix ans. Sur les genoux de sa nourrice congolaise, il a vu passer du beau monde… Baudouin 1er, Paul-Henri Spaak, des galonnés belgeois, Mobutu, qui n’était encore que caporal mais plus pour longtemps, et quelques humanistes venus des USA.
Plus tard, il a choisi son camp, appris à combattre avec les mots – dans la jeunesse estudiantine qui allait tant cafouiller, la plupart de bonne foi, en 1968 – et plus tard écrit ce livre sur et pour son pays de naissance. Un livre qui aurait dû être couronné d’un « Prix Rossel », version belge du Goncourt français.
Il aurait dû, mais cela ne convenait pas aux gens-z-en-place-et-de-pouvoir que l’on pût parler, dans un livre, de l’Ennemi Public N°1 sans le traîner dans la boue. Le livre fut donc copieusement et très efficacement boycotté et le jury se coucha, ce qui n’est vraiment pas rare dans les jurys de n’importe où (Chhhht ! n’écoutez pas, les Nobel…). Mais l’hostilité ne s’arrêta pas là : lorsque celle qu’il appelle « la baronne Amélie » fut reçue à l’Académie Royale de Langue et de Littéraure françaises de Belgique (au fauteuil de Georges Simenon !!!!!!!!!), la dame ne dédaigna pas de consacrer une partie de son discours de réception à traîner à son tour dans la boue un auteur bâillonné depuis des années, par conséquent ignoré du grand public, car à quoi bon lésiner.
Quand un auteur chilien consacra un livre à une de ses « frasques » révolutionnaires de jeunesse et qu’il fut invité par deux universités à Santiago du Chili, l’auteur maudit ne put trouver la somme nécessaire à un billet d’avion, qui lui fut fastueusement refusé par le ministère dont les écrivains relèvent. Pas vraiment refusé d’ailleurs, soyons justes, puisque sa lettre de demande n’obtint aucune réponse, et il fallut quelques Belges résidant en France et s’occupant de choses culturelles pour se cotiser et lui permettre un inoubliable contact avec le Chili, dont il revint porteur « en souvenir » d’un drapeau offert par les Indiens Mapuche, en lutte contre tout le monde sait ou devrait savoir quoi.
Oui, bon, nul n’est prophète en son pays. Au temps de Baudelaire, les décrétés mal-pensants se voyaient traîner en justice. De nos jours, ceux que le père Guillemin appelait « les gens de biens » s’y prennent autrement, par le biais des petites manœuvres un peu mafieuses chères à Capitotal.
Et voilà qu’au pire moment de notre histoire, quelqu’un s’avise de republier le livre si bien tué jadis qu’il n’en reste pas même, sur Internet, une photo de couverture !
Qui que soit cet Edern Editions, saluons son courage et souhaitons-lui bon vent, avec ce livre-là et beaucoup d’autres.
Quant à vous, lecteurs, vous pouvez retrouver l’auteur et quelques autres qui ne se résignent pas à vivre sous la loi de Capitotal et de sa Tour Panoptic – moins que jamais depuis qu’elle se dit en IA – dans un endroit où il est impossible de mourir idiot :
Mais en plus,
En septembre dernier,
Ayo, grande artiste, a enregistré un chant en l’honneur de cette déesse nigériane de la mer
Mami Wata
Restons en Afrique :
Puisque aussi bien Sputnik Afrique vient de publier, dans « Identités africaines », deux interviews… de deux membres de la famille De’Gaulle, dont le premier s’exprime, justement, sur ce qui nous pend au nez.
France, Europe, conflit ukrainien : un regard sans filtre de Pierre de Gaulle
Maxime Mardoukhaev – Identités africaines – 19.3.2025
Dans cet épisode d’Identités Africaines, Pierre de Gaulle, économiste et petit-fils de Charles de Gaulle, critique l’illusion d’une armée européenne indépendante, la perte d’autonomie politique de la France et les sanctions contre la Russie.
Tout comme son grand-père, Pierre de Gaulle assure ne pas croire en l’armée européenne. Au micro d’Identités Africaines, il a rejeté la proposition de Macron de déployer des forces de l’UE sur le territoire ukrainien.
L’idée de faire une armée européenne qui serait indépendante, qui jouerait un rôle indépendant en Ukraine est une supercherie. C’est faux. C’est encore une utilisation et une manipulation des Européens et des pays membres, quels qu’ils soient. C’est une manipulation des Français de faire croire que l’armée européenne, qui est une utopie, est autonome avec des décisions autonomes pour défendre leurs propres intérêts. C’est faux, c’est un mensonge », affirme-t-il.
Revenant sur la politique extérieure de la France, il estime que le pays a perdu son rôle d’arbitre dans les crises mondiales et dénonce une absence de vision cohérente.
La France a perdu sa capacité d’être un arbitre dans le règlement des crises internationales. Elle n’a plus sa propre politique », déplore M.de Gaulle.
Concernant les sanctions contre la Russie, il critique leur impact sur l’Europe et pointe du doigt un manque de pragmatisme des dirigeants européens face aux décisions américaines.
L’Europe est perdante. Elle a voté 20.000 sanctions. Les Américains ont dit tout de suite… Monsieur Rubio a dit qu’il fallait considérer, envisager une levée des sanctions vis-à-vis de la Russie et l’Europe. Madame von der Leyen en tête, Monsieur Macron aussi, Monsieur Starmer disent: ‘Il faut maintenir ces sanctions et en plus il faut imposer une présence militaire en Ukraine’. Eh bien, l’Europe va continuer à se tirer une balle dans le pied, à se punir, à souffrir totalement inutilement puisque les Américains vont lever les sanctions », avance-t-il.
Laurent de Gaulle : « On ne peut pas se construire sans histoire »
Maxime Mardoukhaev – Identités africaines – 19.3.2025
Dans cet épisode d’Identités Africaines, Laurent de Gaulle, écrivain et photographe, explore la mémoire, l’histoire et la quête de vérité. Petit-neveu du général, il partage son parcours personnel et sa vision du monde contemporain, marquée par une réflexion sur l’héritage, la transmission et le rôle de la France aujourd’hui
Laurent de Gaulle livre son analyse sur l’état actuel de la France, soulignant les transformations économiques et sociales qui ont affecté le pays ces dernières décennies.
L’organisme France en tant que corps, est malade de beaucoup de choses et donc il faut soigner et y compris pas simplement les symptômes, mais aussi les causes du problème. Et moi je crois que le général de Gaulle, il se trouverait bien seul s’il était là aujourd’hui parmi les dirigeants du monde. Parce qu’il y a peu de gens qui ont cette conscience, peu de gens qui ont cette volonté de ne pas être dans le mensonge, d’être dans un rapport direct avec loyauté, avec conviction pour défendre des choses qui méritent de l’être », avance l’écrivain.
Mais hélas, c’est bien en Europe qu’on est…
Quand l’Europe nazie d’aujourd’hui veut dépasser l’Allemagne des années 1930.
Nous avons bien dit « au pire moment de notre histoire » et ce n’est pas exagéré. Ceux qui en doutent ont beaucoup de trains de retard. Sans nous attarder davantage à tenter de mettre un peu de plomb dans des cervelles trop légères ou trop molles, nous nous contenterons de vous traduire ce que racontait, ce 19 mars, avant-veille du printemps, Pepe Escobar sur le site de Ron Unz.
Une dure pluie va tomber
d’Occident en Orient
Pepe Escobar– The Unz Review – 19.3.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Dans cette incandescente conjoncture, ce qui compte n’est pas public
Commençons par cet appel téléphonique. Le compte rendu du Kremlin est assez sobre, mais il laisse apparaître quelques pépites. Il n’y a pas encore d’accord global entre Moscou et Washington. Loin de là : nous n’en sommes qu’à la phase initiale de discussions et d’échanges sur plusieurs dossiers interconnectés.
Le président Poutine n’a absolument rien révélé. La pause convenue sur les attaques contre les infrastructures énergétiques – et non les infrastructures et les infrastructures énergétiques (et en italiques) – doit se comprendre comme une imposition par Poutine d’un arrêt des dangereuses frappes ukrainiennes sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.
Cela peut être perdu au milieu de toute l’hystérie occidentale, mais il y a deux conditions absolues exprimées par Moscou pour que tout ce qui concerne ce casse-tête commence à se conformer à la réalité objective – et non à s’embrouiller comme un désastre narratif dans un reality show :
URL de cet article : https://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/une-dure-pluie-va-tomber/
Source : https://www.unz.com/pescobar/a-hard-rains-a-gonna-fall-from-the-west-down-to-the-east/
Comme le dit Pepe, c’était en 1962, Dylan avait 21 ans, et l’agent orange pleuvait depuis plusieurs mois sur les forêts du Vietnam. Une pluie qui allait durer dix ans.
Bob Dylan : A Hard Rain’s A Gonna Fall
Les paroles sont ici
https://www.bobdylan.com/songs/hard-rains-gonna-fall/
WAR IS HELL
Il faisait partie d’un bataillon de la 173e brigade aéroportée US. C’était à Phouc Vinh, Vietnam du Sud, le 18 juin 1965.
Il s’appelait Harry Wayne Chaffin et il avait 19 ans.
Il a pu rentrer vivant chez lui,… pour y mourir, à 39 ans, d’une maladie contractée par exposition à l’agent orange.
Mais Bayer, Monsanto, Dow Chemicals et quelques autres ont gagné assez d’argent pour décider qui a le droit d’être président des États-Unis.
Mis en ligne le 23 mars 2025
par Les Grosses Orchades
0 Comments