Le désormais légendaire USS Harry Truman, qui perd ses avions en route
Aller au Cachemire… pour trouver Alice au Pays des Merveilles
[ Going to Kashmir…just to find Alice in Wonderland ]
Pepe Escobar – The Unz Review – 30.4.2025
(Repris de Strategic Culture Foundation avec autorisation de l’auteur ou de son représentant)
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Bienvenue dans Le « Maître du monde » s’en va-t-au Pays des merveilles, au son du riff hypnotique de Cachemire
Deux tabous primordiaux règnent sur l’Occident collectif, aujourd’hui en pièces :
- Interdiction d’appeler nazi le régime ukrainien..
- Interdiction de condamner le génocide psychopathologique israélien à Gaza.
Ces tabous sont inextricablement liés aux guerres perpétuelles déployées sans relâche par l’axe « Empire du chaos / Sionistes ».
En revanche, des guerres hybrides de moindre importance – même si elles présentent l’horrible perspective de devenir nucléaires – sont autorisées à aller et venir. Surtout si elles font partie de la guerre en cours contre les BRICS, sous-section de la guerre des factions de l’Occident contre la majorité mondiale.
Allons-nous en donc au Cachemire, au son du riff hypnotique de Jimmy Page [Led Zeppelin : Cachemire, 2012. NdT]. L’Inde et le Pakistan sont en train de pousser à l’escalade dans la guerre des décibels. La Turquie offre des armes : au Pakistan. L’Iran se propose dans le rôle de médiateur : pas d’amateurs.
Le motif de la guerre est aussi suspect que possible. Un bus touristique exclusivement masculin, transportant une bande de joyeux lurons, caracole au Cachemire, qui est sous contrôle indien. Au nombre des passagers, un lieutenant de 26 ans de la marine indienne qui vient juste de se marier, mais sans sa femme (quel genre de voyage de noces est-ce là ?). Un autre passager est népalais. Le bus est attaqué par des hommes de main louches, plus ou moins affiliés à l’organisation salafiste jihadiste Lashkar-e-Taiba.
L’Empire est omniprésent sur le front indien. L’actuelle directrice du Renseignement National des USA (DNI), Tulsi Gabbard, était auparavant entièrement soutenue financièrement par les cercles du Premier ministre Modi. Le vice-président J.D. Vance, aux yeux maquillés, [dans la presse de caniveau anglaise qui prend ses longs cils pour du maquillage; NdT] a récemment visité l’Inde : avec une séance de photos de famille au Taj Mahal. Modi s’est ensuite rendu en Arabie Saoudite, invité par MbS. Après l’attentat terroriste contre le bus au Cachemire, les fanatiques de l’Hindutva se sont lancés dans une frénésie de cyberattaques.
Ces tactiques grossières s’inscrivent dans la logique immuable du « diviser pour régner ». Double coup tordu : une nouvelle militarisation de l’Inde et la déstabilisation d’un front-clé de l’Initiative Belt and Road (BRI) de la Chine, le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Un coup de toute beauté : diviser les BRICS de l’intérieur.
Rien de tout cela, bien sûr, ne rend légitimes les affreux militaires pakistanais, qui ont jeté en prison, sous de fausses accusations, l’homme qui tentait de ramener le Pakistan à la respectabilité : Imran Khan.
Il revient une fois de plus aux adultes présents dans la pièce, (n’importe quelle pièce) – la Russie – de désamorcer la situation. L’idéal serait de le faire au sein de l’OCS, dont l’Inde et le Pakistan sont membres, aux côtés de l’Iran. Moscou a choisi de prendre en solo l’initiative.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Andreï Rudenko a rencontré l’ambassadeur de l’Inde en Russie, Vinay Kumar, et l’ambassadeur du Pakistan en Russie, Muhammad Khalid Jamali.
La terminologie russe est essentielle ici : non seulement les deux parties ont été appelées à « s’engager dans un dialogue constructif », mais Moscou a souligné que « nous sommes prêts à lutter ensemble contre la menace terroriste mondiale ». Le mot-clé est « mondiale ». Delhi et Islamabad ne semblent pas… – pour l’instant – avoir compris le message.
Le Cachemire comme laboratoire de guerre volatile.
Comme on pouvait s’y attendre, une machine infernale est en marche. Tout se passe comme si l’axe anglo-sioniste utilisait le Cachemire en guise de laboratoire explosif, pour une série de tests en direct, y compris en poussant deux puissances nucléaires au bord de la confrontation. Le tout étant traité avec une insouciance désinvolte, pratiquement comme un spectacle secondaire.
Rien de ce qui vient du sultan Erdogan et de son appareil de renseignement ne peut être considéré comme digne de confiance. En Syrie, les actifs du MIT – la Coupeurs de Têtes Inc. rassemblée dans le Grand Idlibistan – ont fini par être installés au pouvoir à Damas, leur chef de bande ami des sionistes se faisant désormais passer pour le président.
La junte compradore yankee d’Islamabad, pour sa part, pourrait bien se retrouver face à l’abîme – ce qui, en soi, constitue une nouvelle de bon augure. Parallèlement, le suspense augmente quant à savoir si Modi se rendra à la parade du Jour de la Victoire, le 9 mai à Moscou, et ce qu’il racontera à ses hôtes russes.
La Russie et l’Iran, membres des BRICS, souhaitent que le Corridor International de Transport Nord-Sud (INSTC) roule sans encombre vers l’Inde le plus tôt possible. Le jeu devient encore plus complexe quand on constate que l’enquête iranienne commence enfin à envisager que l’horrible explosion du port de Shahid Rajaee ait pu être un acte de sabotage ou une frappe par drone FPV.
La volonté d’exercer une pression supplémentaire sur la Chine peut être considérée comme la motivation véritable pour la mise en place de ce laboratoire de guerre. Pékin ne doit donc pas, désormais, s’inquiéter seulement d’une reprise explosive du front indo-pakistanais, mais aussi d’une nouvelle manœuvre de la CIA et du MI6 visant à établir un lien entre le Pakistan et les salafistes-djihadistes ouïgours.
Il n’y a pas la moindre chance au monde pour que Delhi comprenne vraiment les problèmes géopolitiques de Pékin. Scénario parfait pour le gang de la guerre hybride.
Pendant ce temps, sur le front des BRICS, il y a au moins quelques signes de rationalité : en provenance, une fois de plus, du grand-maître Lavrov.
Avant même la réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS en début de semaine à Rio, Lavrov est allé droit au but sur le front financier et géoéconomique. Il a souligné que les BRICS travaillent d’arrache-pied sur l’« initiative de paiement transfrontalier » – approuvée lors du sommet de Kazan en 2024 – sur une « infrastructure de paiement et de compensation », sur une « société de réassurance » et sur une nouvelle plateforme d’investissement.
Il lui a fallu une fois de plus expliquer aux médias occidentaux – des USA au Brésil – qu’« il serait prématuré de discuter d’une transition vers une monnaie unique pour les BRICS. Nous travaillons ensemble à la création d’une infrastructure de paiement et de règlement pour effectuer des règlements transfrontaliers entre les pays des BRICS. En particulier, comme je l’ai déjà dit, cela inclut l’augmentation de la part des monnaies nationales dans nos transactions ».
Une monnaie commune des BRICS – LE spectre qui plane sur Trump bis – ne reviendra sur la table que « lorsque les conditions financières et économiques nécessaires seront en place ». D’ici là, la guerre contre les BRICS, de formes hybrides et autres, sera implacable.
Trumpty Dumpty
En passant de la réalité à l’imaginaire, j’ai eu un sacré plaisir à trouver le lien entre le Cachemire et Alice au pays des merveilles… dans un essai chinois.
Il fallait la suprême finesse chinoise – subversion de la sagesse taoïste avec une touche de post-modernisme – pour reconnaître le « maître du monde » (sa propre terminologie), dans celui qui jette tout le monde, pratiquement toute la planète, dans le trou du lapin.
Ainsi, dans cette étendue sauvage de miroirs narratifs, Trump devrait-il être perçu comme tous les personnages réunis : le Lapin blanc, Humpty Dumpty (« Quand j’utilise un mot, il signifie ce que j’ai choisi de signifier, ni plus ni moins »), le Chapelier fou, la Reine de Cœur (« Qu’on leur coupe la tête ! »).
Cela illustre bien l’intersection entre la guerre commerciale (lancée par le « maître du monde ») et la guerre génocidaire (entièrement légitimée par le « maître du monde »). Avec un petit quelque chose en plus : car la réalité a le chic pour dépasser Lewis Carroll lui-même.
Et voici qu’arrive le cas curieux de l’USS Truman, un porte-avions géant, qui, se retrouvant possédé par l’esprit d’Ayrton Senna, décide de se payer un virage en épingle à cheveux, comme s’il était une Maserati Gran Turismo Stradale, au milieu de la mer Rouge : juste pour qu’un F-18E Super Hornet proteste contre la manœuvre en plongeant tête baissée au fond de l’océan.
C’est du moins la fable que le CENTCOM a vendue à l’opinion publique mondiale. Et au diable ces maudits tirs de missiles des Houthis !
À vrai dire, le CENTCOM n’en finit pas de se faire humilier par les Forces Armées Yéménites – 21 MQ9-Reapers descendus, et ce n’est pas fini – alors qu’il n’a atteint aucun objectif militaire. Le Pentagone n’a pas non plus « défait les Houthis » et n’a pas « assuré la liberté de navigation en mer Rouge » pour les navires à destination d’Israël. Leur revanche : bombarder sans relâche des cibles civiles yéménites.
Tout cela parce que le « maître du monde » a lancé une guerre illégale – contre des gens guidés par la seule clarté morale et spirituelle – pour protéger le génocide perpétré par le régime psychopathologique de ses petits copains. Bienvenue dans Le « maître du monde » s’en va-t-au Pays des merveilles au son du riff hypnotique de Cachemire.
Source : https://www.unz.com/pescobar/going-to-kashmirjust-to-find-alice-in-wonderland/
Interview écrite du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par le journal brésilien O Globo
sur les BRICS
Karl Sanchez – karlof1.substack.com – 29.4.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
J’aime bien cette photo de dossier fournie par l’AMF.
En contraste avec l’interview très conflictuelle de CBS, le journal brésilien O Globo a soumis une série de questions écrites pour que Lavrov y réponde et qui sont principalement axées sur les BRICS, bien que la dernière porte sur l’O.M.S. J’ai trouvé rafraîchissant de lire, pour une fois, des informations sur les BRICS, au lieu du cirque incessant qui entoure les négociations avec l’équipe Trump. Bonne lecture :
Question : L’expansion du commerce entre les pays des BRICS est l’un des objectifs de la présidence brésilienne de ce groupe en 2025. Quelles opportunités la Russie voit-elle en termes d’augmentation de la part des transactions commerciales dans les monnaies nationales ?
Sergueï Lavrov : Nous assistons à une accélération de la tendance à la fragmentation de l’économie mondiale. Dans ce contexte, il est tout à fait naturel que les pays du Sud et de l’Est réduisent la part des monnaies occidentales dans leurs règlements mutuels. Personne n’aime souffrir des sanctions que l’Occident a imposées aux pays qu’il juge indésirables en exploitant son monopole sur les marchés financiers. L’utilisation des monnaies de réserve comme outil de concurrence est inacceptable. Les transactions de paiement peuvent être bloquées pour des raisons politiques, même quand il s’agit de fournir des biens socialement importants.
URL de cet article : : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/interview-ecrite-du-ministre-des-affaires-etrangeres-serguei-lavrov-par-le-journal-bresilien-o-globo-sur-les-brics/
Mis en ligne le 2 mai 2025
par Les Grosses Orchades
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