Coulé cette semaine par les Yéménites.
Le vieux monde
se meurt
« Il vecchio mondo sta morendo. Quello nuovo tarda a comparire. E in questo chiaroscuro nascono i mostri. »
[Le vieux monde se meurt. Le nouveau tarde à apparaître. Et dans ce clair-obscur naissent les monstres.]
Antonio Gramsci – Fin des années 1920
Le vieux monde se meurt
et le nouveau monde peine à naître
Transcription : Pangambam S – SingjuPost – 12.7.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Ce qui suit est la transcription d’un échange d’idées entre deux hommes remarquables, l’ex-ambassadeur US Chas Freeman et le professeur norvégien Glenn Diesen, tel que l’ont relevé les valeureux transcripteurs du singjupost. (qui sont en Inde).
En vidéo, et bien sûr en anglais, l’échange se trouve ici :
Lisez la transcription intégrale de la conversation entre l’ambassadeur Chas Freeman et l’écrivain et militant politique norvégien Glenn Diesen sur le thème « Le vieux monde est en train de mourir, et le nouveau monde peine à naître », le 11 juillet 2025.
Remarques préliminaires
PROF. GLENN DIESEN : Bonjour à tous et bienvenue. Nous sommes aujourd’hui en compagnie de l’excellent Chas Freeman, ancien ambassadeur en Arabie saoudite et ancien secrétaire adjoint à la Défense chargé des affaires de sécurité internationale.Re-bienvenue dans notre émission. C’est toujours un plaisir de vous voir.
AMBASSADEUR CHAS FREEMAN : Oui, et je suis ravi d’être ici.
La fin de la domination occidentale
PROF. GLENN DIESEN : On dit souvent que nous arrivons à la fin d’une ère où le monde était centré sur l’Occident. Je veux dire par là qu’on observe un déclin dans l’ensemble du monde occidental, sur le plan politique, économique, technologique, social, politique, entre autres indicateurs. Je ne veux pas dire que ce sera un monde sans l’Occident, mais un monde où l’Occident ne sera plus nécessairement dominant, du moins pas dans tous les domaines.
Et nous constatons également que d’autres grandes puissances se préparent à un monde moins centré sur l’Occident. De nouveaux liens économiques, politiques et militaires se tissent, notamment avec de nouvelles institutions telles que les BRICS. Je ne sais pas trop quoi penser de la réunion qui vient de se tenir au Brésil. Il semble qu’ils aient endossé le rôle d’opposants plutôt que celui de guides vers un monde nouveau. Mais peut-être s’agit-il d’un pas en arrière avant d’aller trop vite en avant. Je ne sais pas trop.
Mais je pense qu’un bon point de départ serait de déterminer où se situent, selon vous, les excès et le déclin de l’Amérique et de l’Europe, et dans quelle mesure.
Un monde sans leadership clair
Nous vivons donc dans un monde dépourvu de leadership clair. Et cette direction ne va certainement pas venir de l’Europe, qui continue d’avoir un appareil de politique étrangère divisé et inefficace et qui poursuit essentiellement des rivalités périphériques dans presque tous les domaines, dont le résultat ne représente donc jamais la somme de ses parties.
Cette direction ne viendra pas de la Chine, qui est réticente à prendre les devants. La Russie n’est pas compétente pour diriger, compte tenu de l’état de ses relations avec de nombreux autres pays et blocs. Nous sommes donc pratiquement sans gouvernail et à la dérive.
Et dans ce contexte, pour en venir à la dernière partie de votre question, l’Occident a clairement vu la fin de sa domination de 500 ans sur les affaires mondiales. Le siècle des Lumières européen, qui a donné naissance à divers systèmes politiques il y a deux siècles ou plus – peut-être 250 ans – a clairement fait son temps. [??? NdT]
Je dirais que de nombreuses sociétés occidentales, y compris la mienne, se trouvent dans une situation prérévolutionnaire. Autrement dit, le niveau d’insatisfaction de la population à l’égard de son gouvernement, son incrédulité face à ses déclarations et son sentiment que le gouvernement ne tient pas compte de son opinion, même lors des élections, lui confèrent une certaine illégitimité et nécessitent un changement, si ce n’est par les urnes, alors par la force.
URL de cet article : https://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/le-vieux-monde-se-meurt-et-le-nouveau-monde-peine-a-naitre/
Un point de vue très différent sur les BRICS au Brésil
Trump terrifié par la menace stratégique des BRICS
Pepe Escobar – The Unz Review – 12.7.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Nous y voilà. Les classes dirigeantes de l’Empire du Chaos, et aussi l’actuel directeur du grand Cirque des clowns, ont enfin compris que les BRICS représentent une menace stratégique sérieuse – et un défi existentiel – pour leur domination unilatérale du système actuel des relations internationales.
Ils ne sont pas arrivés à cette conclusion en suivant avec attention le sommet annuel des BRICS à Rio – ni d’ailleurs le sommet révolutionnaire de l’année dernière à Kazan : cde sont des écoliers qui ne sont tout simplement pas capables de faire leurs devoirs.
C’est plutôt comme s’ils avaient été tirés de leur torpeur en sentant sur leur peau dans quelle direction s’est mis à souffler le vent – mondial –toutes sortes de modèles étant de plus en plus testés pour contourner le dollar US et le contrôle de fer des institutions de Bretton Woods.
La conclusion était inévitable : les BRICS ont franchi la ligne rouge ultime. Fini les discours conciliants. La déclaration de Rio, formulée en plus de 130 points, publiée le premier jour du sommet, l’énonce clairement, poliment mais fermement : voilà ce que nous sommes, une alternative systémique, et nous allons rédiger les règles du nouveau système comme nous l’entendons.
Construire la géopolitique de la souveraineté
Le sommet des BRICS 2025 à Rio a été une surprise totale. Les attentes n’étaient initialement pas terribles, si on comparait la présidence brésilienne plutôt hésitante aux mois d’énorme travail qui avaient précédé le sommet russe de Kazan en 2024.
Mais finalement, Rio a fait fusionner et a confirmé ce que Kazan avait annoncé : le nouveau système émergent est bien axé sur la souveraineté, l’égalité et la probité, et met bien l’accent sur une intégration économique à l’échelle des continents, le commerce se faisant dans les monnaies nationales, avec un rôle accru pour les nouvelles institutions financières mondiales telles que la NDB (la banque des BRICS) et une multitude de plateformes pour le développement durable.
Une géopolitique de la souveraineté doit être construite de manière structurelle : l’acier et le ciment pour le nouveau système proviendront d’une nouvelle interconnexion entre le commerce dans les devises nationales, les systèmes de paiement/règlement indépendants et les nouvelles plateformes d’investissement.
Géoéconomiquement, les BRICS ont déjà le vent en poupe. Il suffit de jeter un coup d’œil à une carte de l’Eurasie et de l’Afro-Eurasie pour se rendre compte des interconnexions existantes et émergentes en matière de connectivité, de logistique et de corridors de la chaîne d’approvisionnement. À travers les territoires des BRICS, celles-ci relient les sources d’énergie, les gisements de terres rares et une multitude de produits agricoles.
Pour citer le parrain de la soul James Brown, « Papa a un tout nouveau sac (BRICS) ».
Il n’est donc pas étonnant qu’une incarnation vulgaire du « fardeau de l’homme blanc », en la personne du chef de piste du Cirque, ait déclenché une guerre totale contre les BRICS et leurs partenaires – allant des menaces aux droits de douane pour compléter un un certificat de décès antérieur (à l’époque, il était encore plus ignorant de ce que sont les BRICS).
La série des Toquades Tarifaires de Trump (TTT) est bien sûr une autre manifestation de la stratégie « je divise pour régner », qui s’efforce de faire éclater les BRICS de l’intérieur. Et voilà que plusieurs paliers viennent encore d’être franchis, avec la menace infantile d’imposer des droits de douane de 50% sur tous les produits fabriqués au Brésil exportés vers les USA, agrémentés de quelques droits de douane « sectoriels » supplémentaires, car à quoi bon lésiner.
Inutile de dire que tout cela n’a rien à voir avec le commerce. Au cours des 15 dernières années, l’excédent commercial des USA vers le Brésil a dépassé les 400 milliards de dollars. Un vague subalterne de Trump bis aurait quand même pu glisser ce chiffre dans l’oreille du grand chef.
Mais même si c’était le cas, cela n’aurait aucune importance. Parce que cette dernière manœuvre n’est rien d’autre en réalité qu’une ingérence flagrante dans la politique intérieure d’un autre pays et dans la course à sa présidence à venir, ce qui est illégal et, comme il fallait s’y attendre, bafoue une fois de plus le droit international.
Le chef de piste du cirque a commencé par clamer haut et fort dans ses réseaux sociaux préférés que le gouvernement Lula – et le système judiciaire indépendant du Brésil – s’étaient livrés à une chasse aux sorcières contre son ami, l’ex-président Jair Bolsonaro, qui fait actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour avoir organisé un coup d’État visant à renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2022 pour empêcher Lula d’accéder au pouvoir.
Il n’a pas fallu moins que le peu diplomate Steve Bannon pour dévoiler en quoi consistait réellement ce petit jeu sordide : « Si vous abandonnez les poursuites contre Bolsonaro, nous abandonnons les droits de douane de 50 % ».
La réponse du président Lula a été mesurée, mais ferme : « Le commerce du Brésil avec les USA ne représente que 1,7% de notre PIB. On ne peut pas qualifier ce chiffre de vital (…) Nous chercherons d’autres partenaires ».
Bien sûr, ce sera très difficile. Un droit de douane de 50 % équivaut à un ouragan dévastateur. Par exemple : le Brésil est le plus grand exportateur mondial de jus d’orange. 95% de la production nationale est exportée, dont près de la moitié vers les USA. Il faudra du temps et beaucoup d’efforts pour trouver d’« autres partenaires ». La solution pourrait se trouver dans les pays des BRICS. À terme, il devrait même y avoir de nombreux candidats pour les principales exportations brésiliennes telles que le pétrole, l’acier, le fer, les avions et les pièces détachées, le café, le bois, la viande et le soja.
Syndiquer tous les exportateurs du monde contre les importateurs US.
Parallèlement, les deux principaux acteurs des BRICS, la Chine et la Russie – déjà soumis à des sanctions (Russie) et à des droits de douane (Chine) – voient dans le TTT de Trump une occasion spectaculaire d’affaiblir encore plus rapidement l’emprise unilatérale des USA sur les systèmes commerciaux et monétaires.
La guerre contre les BRICS est passée à la vitesse supérieure, maintenant que la Russie, la Chine, l’Iran et le Brésil sont tous des cibles (illégitimes) confirmées. C’est à ce point de vue sri-lankais qu’il revient de délicieusement résumer les enjeux :
« Trump a effectivement réussi à syndiquer tous les exportateurs du monde contre les importateurs US. » Cela se résume en une équation très simple : « Si vous imposez des droits de douane à une seule personne, vous augmentez votre pouvoir. Mais si vous en imposez à tout le monde, c’est notre pouvoir qui augmente. »
Vous voulez la guerre ? O.K., allez-y.
(Source : Strategic Culture Foundation avec la permission de l’auteur ou de ses représentants.)
Notre source : https://www.unz.com/pescobar/trump-terrified-by-brics-strategic-threat/
Ce que disent les Sri Lankais dans leur langue :
« Les tarifs de Trump sont pires que haïs.
Ils sont ignorés »
Si vous habitez en France, vous ne pourrez pas l’ouvrir :
Donald Trump menace les pays « s’alignant » sur les BRICS
Sputnik Afrique – 14 juillet 2025
Pour ces nations, les droits de douane seront augmentés de 10% supplémentaires, a fait savoir le 6 juillet le Président américain dans un post sur son réseau Truth Social.
« Aucune exception à cette règle ne sera tolérée », a-t-il écrit, sans plus de précisions.
Le timing n’est pas anodin: cette charge intervient peu après l’ouverture du sommet des #BRICS 2025 à Rio de Janeiro. Le groupe est fort de près de la moitié de la population mondiale et de 40 % du PIB planétaire.
Dans leur déclaration finale, les BRICS ont exprimé leurs « sérieuses préoccupations » face aux « mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce ». Ni les États-Unis, ni Donald Trump n’ont été mentionnés.
De telles mesures « affectent les perspectives de développement économique mondial », selon le communiqué.
Source : https://fr.sputniknews.africa/20250707/1075160134.html?rcmd_alg=collaboration2 Interdit aux Internautes français.
On se re-croirait pendant la guerre, quand on écoutait la BBC en cachette des patrouilles de la Wehrmacht et que ses émissions étaient brouillées. Aujourd’hui, la BBC fait partie des patrouilles de la Wehrmacht, et Sputnik Afrique a remplacé la BBC des années 1940. Chic, ça nous rajeunit. On croit réentendre Pierre Dac nous dire de Londres : « les Français parlent aux Français ».
Et le nouveau monde peine à naître.
Mis en ligne le 15 juillet 2025
par Les Grosses Orchades
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