Bobby Kennedy, Israël et l’hypocrisie de « la Paix et la Diplomatie »

 

Scott Ritter – I.C.H. – 25.10.2023

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

Bobby Kennedy prononce son discours sur la paix et la diplomatie dans le New Hampshire, le 21 juin 2023.

 

 

Robert F. Kennedy Jr. (RFK Jr. ou Bobby) est un homme de vision, un anticonformiste qui a osé remettre en question la pensée conventionnelle sur un large éventail de questions, s’attirant au passage les foudres de l’establishment. Bobby est un Démocrate déclaré et lorsque, en mai dernier, il a jeté son dévolu sur l’élection présidentielle de 2024, j’ai dû réprimer mon enthousiasme, sachant pertinemment que l’élite du parti démocrate qui a volé l’investiture à Bernie Sanders en 2016 et qui a truqué les chiffres pour Biden en 2020, ne donnerait jamais au neveu de John Fitzgerald Kennedy une chance de remporter l’investiture du parti démocrate en vue de l’élection de 2024. Pour être franc, ce que je pensais de Bobby n’avait pas d’importance, parce qu’en tant que Républicain enregistré dans l’État de New York, je n’étais pas concerné par les questions relatives à la primaire démocrate..

Ceci ne veut pas dire, bien entendu, que j’étais devenu sourd, muet et aveugle au phénomène Kennedy. En février, j’avais eu le temps de passer un bon moment dans un bar de Washington avec Dennis Kucinich, l’homme qui allait être nommé directeur de campagne de Bobby lorsque l’aîné des Kennedy vivants avait annoncé en mai sa candidature au poste suprême de l’Amérique. Dennis était très enthousiaste à l’idée d’une candidature de Kennedy et, ce soir-là, nous avons dressé la liste de ce que nous estimions être les points positifs d’une candidature de Bobby. La liste était longue et, bien que nourrie à la bière et aux bretzels, rationnelle. Bobby était l’anti-candidat, l’antidote parfait à l’arrogance ignorante de Donald Trump et à l’ignorance incompétente du sortant Joe Biden. Si Bobby pouvait trouver le juste milieu entre les deux candidats, d’après la stratégie élaborée par Dennis et moi, il avait de bonnes chances de remporter le grand prix : la présidence des États-Unis.

J’avais eu, au début, du mal à accepter la candidature de Bobby en raison de sa position sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, et sur la Russie en général. Il semble que cette position ait été influencée par les expériences de son fils, Conor, étudiant en droit à l’université de Georgetown, qui avait renoncé à un stage dans un prestigieux cabinet d’avocats pour passer l’été 2022 à se porter volontaire pour aller se battre avec l’armée ukrainienne contre la Russie. Conor, qui n’avait aucune expérience militaire préalable, a d’abord été formé comme opérateur de drones et, plus tard, comme mitrailleur, dans une unité qui comprenait d’autres soldats de fortune US. Après deux mois et demi en Ukraine [pas très long pour « des expériences », NdT], Conor est rentré aux États-Unis, où il termine actuellement ses études de droit à Georgetown.

Bobby a déclaré qu’il « savai[t] que les opinions de [Conor] sur la guerre n’étaient pas les mêmes que les miennes ». Notant que Conor n’était pas naïf au sujet de l’Ukraine (« L’Ukraine a des problèmes… il y a de la corruption »), Bobby a dit de son fils : « Il n’aime pas Poutine. Il pense que c’est un gangster et une brute, et il n’aime pas les brutes ».

Oubliez que nous parlons d’un étudiant en droit de Georgetown dont l’esprit devrait être suffisamment développé pour ne pas avancer un argument aussi simpliste que « Poutine est une brute ». Oubliez un instant qu’un rejeton de la famille Kennedy – une institution américaine – a choisi de porter les armes non pas pour l’Amérique, mais pour un pays étranger. Oubliez un instant que ce même rejeton a combattu pour un pays dont le héros national – Stepan Bandera – dirigeait une organisation de nationalistes ukrainiens responsables du meurtre de centaines de milliers de civils pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’ils étaient alliés à l’Allemagne nazie.

L’histoire regorge d’exemples de fils prodigues retournant dans les bras d’un père indulgent, et ils devraient tous deux s’estimer heureux que Conor n’ait pas été tué, blessé ou capturé par les Russes au cours de son expérience estivale ès tourisme de conflit.

Certains des sentiments infantiles de Conor semblaient avoir déteint sur Bobby quand il s’est exprimé sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais dans l’ensemble, Bobby a adopté la bonne position, en s’appuyant solidement sur les faits et en tirant les conclusions qui s’imposaient

 

 

 

Scott Ritter a discuté de cet article dans l’ épisode. 109 de l’émission Ask the Inspector.

 

 

La preuve en est donnée par les mots qu’a prononcés Bobby dans ce qui a été, à ce jour, son principal discours public au peuple américain : le « Discours sur la Paix et la Diplomatie » prononcé au Saint Anselm College, à Goffstown, dans le New Hampshire, le 21 juin 2023, soixante ans après le célèbre discours de son oncle « à l’Université américaine » qui avait contribué à tracer une nouvelle voie dans les relations américano-soviétiques.

Certes, Bobby a mal commencé son discours (« J’abhorre l’invasion brutale et sanglante de cette nation [l’Ukraine] par la Russie », a-t-il déclaré, peut-être à l’imitation de Conor), mais il s’est rapidement repris. « Cependant, nous devons comprendre que notre gouvernement a également contribué à cette situation par des provocations délibérées et répétées à l’encontre de la Russie depuis les années 1990. Les administrations démocrates et républicaines ont poussé l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, violant ainsi la promesse solennelle que nous avions faite au début des années 90 : si la Russie faisait cette terrible concession de retirer 400.000 soldats d’Allemagne de l’Est et de permettre l’unification de l’Allemagne sous l’égide d’une armée de l’OTAN, une armée hostile, nous nous engagions à ne pas déplacer l’OTAN d’un pouce vers l’Est ».

James Baker a donné cette assurance, de même que les représentants du gouvernement britannique et bien d’autres encore. Et pourtant, aujourd’hui, nous avons encerclé la Russie. Nous avons déplacé l’OTAN non pas d’un pouce vers l’est, mais de mille kilomètres et de quatorze nations. Nous avons entouré la Russie de missiles et de bases militaires, ce que nous ne tolérerions jamais si les Russes nous faisaient le même coup. Les déclarations de nos responsables gouvernementaux et de nos think tanks exposent clairement les objectifs de la guerre en Ukraine : un changement de régime en Russie et le renversement de Vladimir Poutine. C’est bien ce que le président Biden a déclaré être notre objectif en Ukraine : la mise hors service et l’épuisement de l’armée russe, et le démembrement de la Fédération de Russie.

 « Aucun de ces objectifs n’a rien à voir avec une quelconque aide à l’Ukraine, (qui a évidemment servi dle prétexte à notre implication dans la guerre, au moment où nos dirigeants nous ont dit que nous étions là pour une mission humanitaire). Mais ils ont depuis lors admis qu’il y a un ordre du jour géopolitique plus large et que l’Ukraine n’est qu’un pion dans une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie. »

Les paroles de Bobby ont ébranlé l’establishment. Certains médias régionaux, comme le Boston Man Magazine, les ont reconnues pour ce qu’elles étaient (« J’ai entendu les voix de JFK et de RFK dans celle de Robert Fitzgerald Kennedy, Jr, neveu et fils des susmentionnés », a noté son éditeur dans une introduction au texte du discours publié dans le magazine. « Dans son Discours sur la Paix et la Diplomatie, ce soir-là, j’ai entendu l’espoir d’une Pax Americana ») ; les médias dominants, quant à eux, ont soit ignoré le discours, soit l’ont passé sous silence en qualifiant Bobby d’instrument de la propagande russe.

Le fait que tant les establishments Démocrates que les Républicains se soient mobilisés contre l’approche de bon sens de Bobby pour définir le conflit russo-ukrainien signifie que Bobby se démarquait des deux partis – une condition sine qua non s’il voulait être capable de recueillir suffisamment de voix lors d’une élection générale et en sortir vainqueur. En outre, partant du principe que l’on ne peut résoudre un problème sans l’avoir d’abord correctement défini (sinon, quelle que soit la solution trouvée, elle ne répondra pas à la véritable nature du problème et ne résoudra donc rien), Bobby prenait la position de seul candidat ayant fait ses preuves sur la question de l’Ukraine et étant donc en mesure de concevoir et de mettre en œuvre des politiques susceptibles d’aider à trouver une solution à long terme à la question globale de la sécurité européenne.

Bobby a dit, à propos du Discours à l’Université Americaine de son oncle : « C’est un des discours les plus importants de l’histoire américaine », estimant que l’importance historique de ce discours est due au fait que son oncle « s’est adressé au peuple américain et lui a demandé de se mettre à la place des Russes. Tous les autres faisaient le contraire à l’époque. Ils diabolisaient et vilipendaient les Russes. Et il a dit, non, nous devons nous mettre à leur place, à la place de nos adversaires. Si nous voulons la paix, nous devons le faire. Cela devrait être une discipline régulière ».

Ces mots ont sonné comme de la musique à mes oreilles. Je venais de rentrer d’une tournée de 26 jours dans 12 villes de Russie pour promouvoir mon livre Désarmement au temps de la Perestroika, qui a été publié en langue russe par Komsomolskaya Pravda, une des maisons d’édition les plus anciennes et les plus respectées de Russie. Cette visite était bien autre chose qu’une simple opération de marketing pour un livre. Parce qu’il s’agissait d’un voyage personnel de découverte, au cours duquel j’ai cherché non seulement à me mettre à la place du peuple russe, mais aussi à pénétrer dans son âme collective pour essayer de mieux comprendre sa vision de la vie. Le discours de JFK à l’Université Américaine a été un facteur de motivation dans mon voyage, en ce qu’il avait déclenché des événements relatifs au contrôle des armes, qui ont fini par se manifester dans le traité sur les forces nucléaires intermédiaires de 1987, que j’ai aidé à mettre en œuvre en tant qu’inspecteur en armement (et dont les expériences ont constitué la base de mon livre).

Bobby s’est inspiré de son oncle dans les termes de son discours sur la paix et la diplomatie, déclarant à propos des Russes qu’« ils ont, tout comme nous, des préoccupations légitimes en matière de sécurité, et [que] nous devons le comprendre. Il [JFK] a rappelé aux Américains les souffrances que les Russes ont endurées pendant la guerre – des souffrances inimaginables ».

Un Russe sur sept avait été tué pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il demandait aux Américains d’imaginer que toutes les terres, toutes les villes, toutes les localités de la côte Est à Chicago aient été réduites en cendres, que les forêts et les champs aient été brûlés. Et il disait que c’était ce qui est arrivé à la Russie pendant la guerre. C’est ce qu’ils ont sacrifié pour nous. Et ils ont des préoccupations légitimes en matière de sécurité pour s’assurer que cela ne se reproduise jamais. Ce discours avait retourné le peuple américain, et il avait fini par soutenir le traité. Ce fut un des traités les plus rapidement ratifiés de l’histoire américaine.

Après ce discours, il n’y a plus eu aucun doute : je faisais partie de l’ « équipe Bobby ».

J’avais trouvé rafraîchissantes la franchise et la curiosité intellectuelle de Bobby lorsqu’il a contesté les ordonnances sur le COVID, vaccinations incluses. J’appréciais aussi son écologisme. Mais surtout, en homme convaincu que la menace d’une guerre nucléaire avec la Russie représente la plus grande menace pour la sécurité des États-Unis et du reste du monde, j’ai vu en Bobby une lueur d’espoir, à savoir que la folie de la guerre nucléaire et la russophobie qui existe aux États-Unis et qui a rendu cette folie possible pouvaient être vaincues.

Certes, il y avait des choses, chez Bobby, qui me mettaient mal à l’aise, mais rien ne l’a fait autant que sa position sur Israël et la question palestinienne.

Ayant pris le temps de me documenter sur lui avant de l’interviewer le 9 avril sur « le coût de la guerre », j’avais trouvé un article qu’il avait écrit pour Politico en 2016 – « Pourquoi les Arabes ne veulent pas de nous en Syrie », –particulièrement éclairant.

 « Il est temps pour les Américains de détourner l’Amérique de ce nouvel impérialisme et de revenir à la voie de l’idéalisme et de la démocratie », avait écrit Bobby, en évoquant la présence américaine au Moyen-Orient, motivée par le pétrole. « Nous devrions laisser les Arabes gouverner l’Arabie et consacrer notre énergie à la grande entreprise de construction d’une nation chez nous. Nous devons entamer ce processus, non pas en envahissant la Syrie, mais en mettant fin à la dépendance ruineuse au pétrole, qui a faussé la politique étrangère des USA pendant un demi-siècle. »

Ces mots aussi avaient sonné comme de la musique à mes oreilles. Et pourtant, il y avait une note qui ne sonnait pas juste. Vers la fin du long texte de Bobby, il y avait une seule référence à Israël et j’étais frappé par le fait qu’Israël n’occupait pas une place plus importante dans son récit. « Nous devons », écrivait Bobby, « réduire considérablement notre présence militaire au Moyen-Orient et laisser les Arabes gérer l’Arabie. Mises à part l’aide humanitaire et la garantie de la sécurité des frontières d’Israël, les USA n’ont aucun rôle légitime à jouer dans ce conflit ».

La sécurité des frontières d’Israël était un sujet sensible, du fait qu’Israël était précisément en train d’étendre ses frontières en volant des terres palestiniennes par le biais de colonies illégales, en occupant du territoire libanais (les fermes de Chebaa) et en annexant illégalement le plateau du Golan, j’étais forcé de me demander quelle frontière israélienne Bobby tenait tant à sécuriser au prix de vies américaines.

La question d’Israël et de l’allégeance de Bobby à ce pays a été soulevée peu après que le fils de RFK ait annoncé qu’il se lançait dans la course à la présidence. Ce fut lorsque Roger Waters, membre fondateur de Pink Floyd, ait été critiqué en Allemagne pour son interprétation en direct de « The Wall » au début du mois de mai (Roger portait des vêtements évoquant l’Allemagne nazie, une caractéristique constante de son spectacle lorsqu’il interprétait cette chanson de l’album éponyme, très critique à l’égard du fascisme et, par extension, une expression artistique hostile à l’Allemagne nazie), Bobby est monté au créneau pour prendre sa défense. « Roger », a tweeté Bobby, « vous êtes le héros mondial qu’Orwell avait à l’esprit lorsqu’il a dit : “À une époque de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire”. Les grands prêtres de l’orthodoxie totalitaire tentent de vous réduire au silence par la censure »,

Presqu’aussitôt, Kennedy a fait l’objet d’attaques vociférentes de la part d’organisations juives. Selon elles, Roger Waters était antisémite. L’accusation n’était pas nouvelle. En juin 2020, l’Anti-Defamation League (ADL) avait déjà critiqué Roger Waters pour être « l’un des partisans les plus éminents et les plus déclarés du mouvement BDS ». Le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) est une organisation pro-palestinienne qui s’efforce de mettre fin au soutien international à l’oppression des Palestiniens par Israël et de faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international, en ciblant l’économie israélienne et les entreprises qui font des affaires avec Israël. Selon l’ADL, Rogers « a refusé de se produire en Israël et a incité d’autres artistes à agir de même, et a souvent utilisé une rhétorique incendiaire à l’encontre du pays ».

Par la suite, l’ADL a estimé que « les opinions anti-israéliennes de Waters pouvaient être teintées d’antisémitisme », notant que l’ancien leader de Pink Floyd considérait le sionisme (décrit par l’ADL comme « des juifs qui cherchent à incorporer un lien avec Israël dans leur identité religieuse, culturelle ou sociale ») comme « une vilaine tache qu’il faut ôter gentiment ».

L’ADL n’a pas jugé bon de mentionner la philosophie adoptée par le « père du sionisme politique moderne », Théodore Herzl, qui a contribué à créer la notion de « Grand Israël », utilisée depuis des décennies par les colons juifs, opérant ouvertement avec le soutien du gouvernement israélien, pour voler les maisons et les terres des Palestiniens. C’est ainsi que l’ADL et d’autres groupes juifs, se sont positionnés en qualifiant quiconque ose critiquer le sionisme – Roger Waters par exemple – comme engagé dans « une attaque implicite contre des millions de Juifs qui intègrent un lien avec Israël dans leur identité religieuse, culturelle ou sociale » et, de ce chef, antisémite.

La Conférence Juive Européenne a attaqué le spectacle de Roger en Allemagne en diffusant sur Twitter deux images du concert : l’une de lui dans son costume de scène [d’allure fachote, NdT] et l’autre du nom « Anne Frank » projeté sur un écran sur la scène. « Il n’y a rien de plus antisémite que d’utiliser Anne Frank comme accessoire sur une scène allemande en se pavanant dans un uniforme nazi et en attaquant des juifs », a posté la Conférence Juive Européenne sur X.

La baronne Katharina von Schnurbein, une politicienne allemande de carrière qui occupe actuellement le poste de « coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme et la promotion de la vie juive » (n’étant elle-même pas juive), a pris le train en marche contre Roger Waters, en postant sur X : « Je suis malade et dégoûtée par l’obsession de Roger Waters à rabaisser et à banaliser la Shoah et par la façon sarcastique dont il se réjouit de piétiner les victimes systématiquement assassinées par les nazis. En Allemagne. Trop c’est trop. La banalisation de l’Holocauste est criminalisée dans toute l’UE ».

Entrée en scène des États-Unis : « Je suis tout à fait d’accord avec la condamnation de Roger Waters par Schnurbein », a déclaré Deborah Lipstadt, envoyée spéciale des USA pour la surveillance et la lutte contre l’antisémitisme, sur le site X, « et sa déformation méprisable de l’Holocauste »..

Selon Forward, un magazine juif indépendant, « les spectateurs qui ont vu Waters se produire à Berlin en mai ont tweeté des photos des noms d’Abu Akleh [la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée par les troupes israéliennes alors qu’elle faisait son travail] et de Frank projetés sur des écrans géants. Sous le nom d’Abu Akleh, le lieu de sa mort est indiqué comme étant « Jenine, Palestine », son crime « être Palestinienne » et sa peine « la mort ». Sous le nom de Frank, le lieu de sa mort est indiqué comme étant le camp de concentration de Bergen-Belsen, son crime « être juive » et la sentence comme étant aussi la mort. Waters a défendu le concert en déclarant sur les réseaux sociaux qu’il s’agissait « très clairement d’une déclaration d’opposition au fascisme, à l’injustice et au sectarisme sous toutes ses formes », rapporte l’article du Forward.

En effet, lorsque le Anne Frank Trust a publié une critique de Roger Waters sur X, il a aussitôt reçu  une volée de bois vert en forme de note contextuelle, de la communauté des twitteurs, soulignait à quel point le Trust et les autres critiques de Roger Waters avaient grand tort de s’en prendre à son concert. « Il est clair que Roger Waters a besoin qu’on l’éduque sur les préjugés et l’antisémitisme », a posté l’Anne Frank Trust. « Il est tout à fait inapproprié d’abuser de l’héritage d’Anne Frank ».

La note de contexte de la communauté avait un point de vue différent. « Le nom de Frank la présente comme l’une des nombreuses victimes de la police ou de forces gouvernementales pour dénoncer le monétarisme et l’oppression », expliquait la note, « qui sont des thèmes abordés dans Radio KAOS, l’album dont la chanson est tirée.  Frank y est citée comme ayant été tuée pour le “crime” d’être juive ».

Il n’y a rien d’antisémite là-dedans.

Toute personne ayant la tête un tant soit peu sur les épaules avait compris les absurdités des « défenseurs » d’Israël, qui s’offusquaient surtout de voir Roger Waters révéler leur hypocrisie. Personne de bon sens n’a donc avalé ce que l’« establishment » pro-sioniste essayait vendre. Personne, sauf Bobby Kennedy.

 « Dans mes remarques sur Roger Waters », a posté Bobby sur X dès que la controverse a commencé à tourbillonner, « je voulais parler de son désaccord sur le COVID et sur la guerre en Ukraine. Je viens seulement d’apprendre certaines de ses autres opinions, que je ne partage pas ». Kennedy a ensuite ajouté : « Je soutiens le droit d’Israël à exister à l’intérieur de frontières sûres et je soutiens également les aspirations légitimes du peuple palestinien. »

Ce que Bobby admettait là, c’est qu’il était aussi ignorant que les politiciens creux dont il essayait de se démarquer, gens qui, armés d’une connaissance superficielle d’un sujet, se mêlent d’une question à laquelle ils ne connaissent rien en supposant qu’elle pourrait améliorer leur profil, pour ensuite faire brusquement volte-face lorsqu’ils se retrouvent confrontés à une controverse qu’ils ne comprennent pas et où ils n’ont pas le courage de défendre leurs convictions.

 

 

 

Bobby Kennedy avec Shmuley Boteach et son épouse, juin 2023

 

 

Bobby s’est alors mis en devoir d’en rajouter sur sa nouvelle position d’« ami inconditionnel d’Israël », en rencontrant pendant plus de deux heures le rabbin Shmuley Boteach pour discuter, selon un message publié sur X par Boteach, « d’Israël, de la montée de l’antisémitisme et du récent tweet de Kennedy dans lequel il soutenait Roger Waters ». Boteach, ardent défenseur d’Israël et du sionisme, a poursuivi en déclarant : « C’était courageux de la part de Bobby de venir me rencontrer et de réaffirmer son soutien de toujours à Israël et au peuple juif, poursuivant ainsi l’héritage de son grand père qui a été assassiné par le tireur palestinien Sirhan Sirhan en raison de son propre soutien à Israël en 1968 ».

Ce qu’il y a  de curieux dans ce passage, c’est que Boteach mentionne Sirhan Sirhan, l’homme condamné pour le meurtre de Robert F. Kennedy en 1968. Parce que… Bobby a déclaré publiquement qu’il ne croyait pas que Sirhan Sirhan fût le tireur assassin de son père. Selon lui, ce titre appartient de droit à Eugene Thane Cesar, homme que Bobby décrit comme un agent de la CIA et un ennemi de la famille Kennedy. « Il [Cesar] tenait le bras de mon père », a-t-il déclaré à l’humoriste Bill Maher au cours d’une récente interview. « Il a sorti son arme et mon père a été abattu de quatre balles par derrière ».

On pourrait imaginer que ce détail de l’histoire de sa famille signifie réellement quelque chose pour Bobby – c’est quand même ainsi que son père est mort ! –Bobby s’était engagé dans un récit qui s’écarte nettement de l’histoire officielle, démarche audacieuse, surtout si on croit en l’exactitude de sa position. Et voilà qu’à cause de son besoin d’être perçu comme un ferme soutien d’Israël, il a permis au rabbin Boteach de réimaginer autrement ce meurtre pour pouvoir salir les Palestiniens en leur collant l »assassinat de RFK sur le dos et de rattacher tout cela direcdtement à la défense d’Israël. Que Bobby ait laissé faire une chose pareille sans interrompre ni rectifier est, en toute franchise, sidérant.

 

 

Bobby défile aux côtés de Shmuley Boteach à New York, le 4 juin 2023.

 

 

Bobby est également resté silencieux lorsque Boteach s’est intéressé à Roger Waters, transformant le « héros mondial » de Bobby en quelque chose de très différent. Bobby, observe Boteach, « a expliqué que son tweet sur Waters était une réponse à quelqu’un qui lui avait fait part d’une photo de Kennedy que Waters avait montrée lors d’un de ses concerts, saluant la volonté du candidat de nager à contre-courant de la société. Bobby m’a dit qu’il n’avait aucune idée que Waters fût un vicieux antisémite et que lorsqu’il a étudié la question et vérifié les faits, il a immédiatement supprimé son tweet. Je crois Bobby et je le remercie d’avoir répudié Waters. Il est tragique pour Waters de voir ses activités d’antisémite prendre le pas sur son oeuvre d’artiste accompli ».

Si Bobby a vraiment dit ces choses, il a perdu toute crédibilité en tant qu’homme méritant d’occuper le poste de président des États-Unis. Pour commencer, Roger Waters n’est pas un « vicieux antisémite », et le fait que Bobby l’attaque en tant que tel (à supposer que Boteach ait fidèlement rapporté ses paroles) relève à la fois de la lâcheté intellectuelle et de la lâcheté morale. Les choses ne prennent pas meilleure tournure pour Bobby si Boteach a fabriqué de toutes pièces cet aspect de leur conversation, puisque Bobby a permis que les paroles de Boteach ne soient pas démenties.

Dans le cadre du rituel de « purification » du rabbin Boteach, Bobby a dû accepter de défiler avec le leader juif lors de la « Parade “Célébrons Israel” » de la ville de New York, le 4 juin.

Que ce soit de l’une ou l’autre manière, Bobby n’estt pas arrivé à se débarrasser de la controverse israélo-antisémite. Le 11 juillet 2023, lors d’une collecte de fonds privée organisée au restaurant Tony’s Di Napoli sur la 63e rue Est, Bobby a une fois de plus remué un nid de frelons d’angst juive. « Le COVID-19 », a-t-il déclaré à la foule… « On dit qu’il est ethniquement ciblé. Le COVID-19 s’attaque à certaines races de manière disproportionnée »… « Le COVID-19 est ciblé pour attaquer les Caucasiens et les Noirs. Les personnes les plus immunisées sont les juifs ashkénazes et les Chinois. Nous ne savons pas s’il a été fabriqué pour cibler délibérément ou non, mais il existe des documents qui montrent la différence et l’impact racial ou ethnique. » [Ses propos sous-entendent que le virus Covid 19 a été délibérément fabriqué et programmé pour cibler certaines ethnies tout en épargant les juifs. C’est du moins ainsi que les juifs du lobby les ont interprétées, D’où leur colère, vraie ou feinte.NdT]

Le New York Post a publié les propos de Bobby (Bobby prétend que sa présentation n’était pas enregistrée, une affirmation qu’au moins deux participants contestent), et la communauté juive a explosé de colère, obligeant Bobby – une fois de plus – à se tourner vers X pour publier une mise au point. « Les États-Unis et d’autres gouvernements développent des armes biologiques ciblées sur des groupes ethniques et une étude de 2021 sur le virus COVID-19 montre que ce virus semble affecter de manière disproportionnée certaines races », a écrit Kennedy. « Le site d’ancrage clivé de la furine est le plus compatible avec les Noirs et les Caucasiens et le moins compatible avec les Chinois, les Finlandais et les Juifs ashkénazes. En ce sens, il sert d’une sorte de preuve de concept pour les armes biologiques ciblées sur l’ethnie. Je ne crois pas et je n’ai jamais suggéré que l’effet ethnique avait été délibérément recherché ».

La controverse a poursuivi Bobby au Congrès US, où il était prévu qu’il donne un témoignage de haut niveau sur la censure gouvernementale, mais il a passé la majeure partie de son temps à défendre ses commentaires sur le COVID et les juifs. La représentante Debbie Wasserman Schultz, démocrate de Floride, a rappelé un faux pas antérieur de Kennedy survenu lors d’un rassemblement contre le vaccin COVID à Washington, DC, en janvier 2022, au cours duquel il avait fustigé les ordonnances sur le COVID décrétées par le gouvernement américain. « Même dans l’Allemagne hitlérienne », a déclaré Kennedy, « vous pouviez traverser les Alpes pour aller en Suisse. Vous pouviez vous cacher dans un grenier comme l’a fait Anne Frank ».

Même si Kennedy s’est excusé (via un tweet) pour ses remarques (« Je fais mes excuses pour avoir invoqué Anne Frank, en particulier aux familles qui ont souffert des horreurs de l’Holocauste. Mon intention était d’utiliser des exemples de barbarie passée pour montrer les dangers des nouvelles technologies de contrôle. Dans la mesure où mes remarques ont blessé, je suis vraiment et profondément désolé »), Wasserman Schultz a tancé Bobby en déclarant : « Vous avez pris à la légère le génocide contre le peuple juif ». et Kennedy a été contraint de s’excuser une nouvelle fois.

 

 

Bobby témoigne devant le Congrès, juillet 2023

 

 

Kennedy a dû à nouveau se tourner vers le rabbin Boteach pour être lavé de l’accusation d’antisémitisme découlant de ses commentaires du 11 juillet. Boteach a conduit un entretien de 35 minutes avec Kennedy. Après l’entretien, le rabbin bien connu a déclaré : « Bobby Kennedy et moi sommes amis, et je l’aime bien ». « Kennedy » avait dit Broteach, « est le seul des principaux démocrates qui se soit prononcé contre cet accord avec l’Iran. Bobby Kennedy est l’un des seuls démocrates à s’être exprimé avec audace pour protéger Israël lors de son récent assaut de Jénine contre les terroristes. Il a défendu Israël.».

Il y a encore eu un acte de contrition auquel Kennedy a dû se soumettre, avant de pouvoir se débarrasser de l’accusation d’anti-sémitisme : une autre interview avec le Jewish News Syndicate (JNS), fortement pro-israélien. C’est là que Bobby – pour la première fois avec autant de détails – a exposé la profondeur de son soutien à Israël, en particulier son importance « en tant que seule démocratie du Moyen-Orient » et « l’importance de son alliance militaire avec les États-Unis ».

Bobby a déclaré qu’il ne connaissait aucun autre pays qui ait la discipline militaire d’Israël, qu’il a appelée son « approche morale unique » de la guerre. Selon l’interview de JNS, Bobby a noté qu’« Israël essaie de traiter les Palestiniens moralement et avec justice et a vraiment cherché une solution à deux États malgré le refus abject de négocier des dirigeants palestiniens  et les aspirations génocidaires de l’Autorité palestinienne ». Israël, a ajouté Bobby, n’attaque que des cibles militaires, « endurant les pertes des forces de l’IDF dans un effort délibéré et intentionnel pour protéger les civils. Je ne pense pas qu’aucun autre pays au monde le fasse aussi bien et avec autant d’engagement qu’Israël ».

Bobby a déclaré qu’il était le seul démocrate à défendre les actions d’Israël. « Je vais non seulement défendre ce bilan », a-t-il déclaré, « mais je vais aussi me faire le champion de l’argument moral en faveur d’Israël et utiliser ma campagne comme une tribune pour le faire ».

Et il a tenu parole. Le 1er août, lors d’une interview avec l’humoriste politique Jimmy Dore, Kennedy a défendu la conduite militaire d’Israël contre les Palestiniens, critiquant au passage Max Blumenthal de The Grayzone : « J’aime Max Blumenthal », a déclaré Bobby à Jimmy, « mais je ne pense pas qu’il soit objectif en ce qui concerne Israël. Ses reportages sur Israël doivent être remis en question ». Lorsque Dore a mis Bobby au défi de participer à une interview avec Max, Bobby a accepté, mais son équipe a ensuite fait machine arrière et annoncé qu’une telle interview n’aurait pas lieu.

La position de Bobby est un désastre. Je peux personnellement témoigner que plusieurs personnalités politiques de premier plan étaient prêtes à s’engager à ses côtés, mais que sa position sur Israël les a amenées à revenir sur leur décision. Comme moi, ils étaient attirés par la position anti-guerre de Bobby et par son adhésion à la diplomatie comme outil idéal pour résoudre les relations américano-russes. Mais le soutien sans réserve de Bobby au militarisme d’Israël l’a fait apparaître sous un jour nouveau, qui n’augurait rien de bon de la part du candidat « anti-guerre », surtout si on considère ses prises de positions intransigeantes à l’égard de l’Iran et de la Chine.

Bobby s’est mis à perdre des voix à un moment où il ne pouvait pas se le permettre.

J’ai persisté à soutenir Bobby pendant cette période difficile, convaincu que la sagesse et la perspicacité dont il avait fait preuve dans son discours sur la paix et la diplomatie étaient celles du vrai Bobby, et que Bobby le belliciste pourrait être géré une fois qu’il aurait obtenu l’investiture. Mais il restait un démocrate et, en tant que tel, je craignais qu’il ne survive jamais dans un système où le peuple a été supplanté par des « super délégués » qui adjugeraient l’élection au candidat sortant Joe Biden, quel que soit le vote du peuple. J’avais du mal à trop miser sur quelqu’un dont je ne pensais pas qu’il allait même franchir le portillon de départ.

Heureusement, Bobby et son équipe étaient parvenus à une conclusion similaire, accusant le Comité National Démocrate d’avoir stratégiquement déplacé la primaire de l’Iowa et d’avoir mis en place des règles qui pénalisaient les candidats faisant campagne dans certains États. De plus, Bobby estime que le contrôle exercé par le Comité National Démocrate sur les super-délégués et les délégués automatiques rend pratiquement impossible l’obtention de l’investiture par un autre candidat que Joe Biden. Il aurait fallu que Bobby remporte près de 80% de tous les États pour devancer Biden, à supposer que ce dernier ne remporte que 20 % des voix.

« Il est clair que le NDC ne veut pas de primaires », a déclaré Bobby. « Ils privent de fait les électeurs démocrates du droit de choisir qui deviendra président ou qui sera le candidat démocrate. »

Bobby a alors fait le seul choix possible s’il voulait être un candidat viable à la présidence en 2024 : il s’est déclaré indépendant.

Cela aurait dû être un événement majeur, l’acte même qui l’aurait séparé des démocrates et des républicains, lui permettant ainsi de devenir un troisième centre de gravité qui, grâce à la force de la personnalité et de l’intégrité de Bobby, pourrait commencer à arracher des électeurs aux orbites des deux grands partis. L’annonce était prévue pour le 9 octobre, à Philadelphie.

Le 7 octobre, le Hamas a lancé son attaque contre Israël.

 « Cette attaque ignominieuse, non provoquée et barbare contre Israël doit faire l’objet d’une condamnation mondiale et d’un soutien sans équivoque au droit à l’autodéfense de l’État juif », a posté Bobby sur X le même jour. « Nous devons fournir à Israël tout ce dont il a besoin pour se défendre – maintenant. En tant que président, je veillerai à ce que notre politique soit sans ambiguïté afin que les ennemis d’Israël réfléchissent longuement avant de tenter une quelconque agression. J’applaudis les fermes déclarations de soutien de la Maison-Blanche de M. Biden à l’égard d’Israël en ces temps difficiles. Toutefois, l’ampleur de ces attaques signifie qu’Israël devra probablement mener une campagne militaire soutenue pour protéger ses citoyens. Les déclarations de soutien sont une bonne chose, mais elles doivent être suivies d’une action inébranlable, résolue et concrète. L’Amérique doit soutenir son allié tout au long de cette opération et au-delà, alors qu’il exerce son droit souverain à l’autodéfense ».

 

 

Bobby Kennedy annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 en tant qu’indépendant.

 

 

Le candidat anti-guerre, dont la position sur la paix et la diplomatie constituait la différence essentielle avec ses concurrents démocrates et républicains, venait de se définir comme un leader pro-guerre.

Je l’ai souligné dans une réponse à l’article de Bobby. « J’aime bien RFKJr », ai-je écrit. « Je pense qu’il est le meilleur choix pour le POTUS. Il s’est positionné comme le candidat de la paix. Et voici le tweet par lequel je crains qu’il ait réduit ses chances à néant. La politique d’Israël à l’égard de la Palestine est indéfendable. Bobby devrait promouvoir un accord de paix équitable. Pas la guerre ».

Bobby avait une dernière chance de sauver sa candidature : son annonce sûre d’être très médiatisée du 9 octobre.

Il l’a fichue en l’air..

Le rabbin Shmuley Boteach a présenté Bobby en demandant une minute de silence pour les victimes israéliennes. Puis, Bobby a commencé par ne rien dire – rien – sur la question la plus urgente de la journée. C’était l’occasion pour lui de se placer du côté de la paix, de promouvoir le message de paix et de diplomatie qu’il avait formulé en juin dernier.

Il s’est tu, laissant le rabbin Boteach parler à sa place après l’annonce.

Et pour ce qui est de parler, on peut dire qu’il l’a fait.

Rejetant les critiques de certains groupes juifs selon lesquels Bobby n’avait pas abordé le conflit Hamas-Israël, Boteach a déclaré que sa participation à l’événement du 9 octobre définissait la position de Kennedy à l’égard d’Israël. « Je pense que cela a été très courageux de sa part et qu’il a fait preuve d’une grande solidarité en demandant la présence d’un rabbin qui est son ami proche. Vous savez, il s’est éloigné des personnalités politiques qui auraient pu le présenter et se porter garantes pour lui. Le fait que ce soit moi qui l’aie présenté, je pense que cela dit tout. »

 

 

L’ex-officier de la CIA devenue directrice de campagne de Kennedy, Amarillys Fox Kennedy

 

 

Cinq jours plus tard, le 14 octobre, Bobby a démis Dennis Kucinich de ses fonctions de directeur de campagne, remplaçant ce vétéran de la politique par une néophyte : Amaryllis Fox Kennedy, la belle-fille de Bobby, et un ancien officier clandestin de la CIA

Je considère Dennis comme un ami. Nous nous connaissons depuis des décennies, depuis qu’il m’a invité à témoigner devant le Congrès au sujet des affirmations erronées du président George W. Bush concernant l’existence d’armes de destruction massive en Irak. J’ai soutenu Dennis dans sa propre candidature à la présidence, en 2000, et j’ai eu l’honneur, ces dernières années, de siéger avec lui au sein d’un prestigieux conseil consultatif où nous donnons notre avis sur des questions géopolitiques. On pouvait sentir la main de Dennis dans le puissant discours de Bobby sur la paix et la diplomatie. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la position de Bobby sur Israël.  Dennis a passé sa vie politique à défendre les droits des Palestiniens face à l’oppression israélienne. Bien que Dennis et la campagne Kennedy soient restés silencieux sur les raisons de ce licenciement précipité, il y a fort à parier que la question israélienne a joué un rôle majeur dans la prise de décision.

 « Ça ne prend pas belle tournure », ai-je posté sur X. « Au moment où l’Amérique devrait se réjouir de la candidature indépendante de Kennedy, son soutien indéfendable à Israël est en train de couler sa campagne. Non seulement il ne parvient pas à gagner du terrain, mais il perd également le soutien d’une base critique de partisans potentiels : les Américains qui adhéraient à sa rhétorique de la paix ».

 

 

Les résultats des bombardements israéliens sur Gaza, octobre 2023

 

 

L’engagement de Bobby en faveur de la paix et de la diplomatie est ce qui le rendait viable en tant que candidat à la présidence, tandis que ses deux adversaires probables soutenaient Israël sans conteste.

Bobby aurait pu suivre la voie tracée par son oncle, en préconisant que tous les Américains se mettent à la place du peuple palestinien afin de mieux comprendre ses griefs et, ce faisant, soit mieux à même de parvenir à une paix juste et équitable fondée sur la diplomatie, non sur la guerre.

Bobby ne l’a pas fait. Sa nomination d’Amaryllis Fox Kennedy n’augure rien de bon pour l’avenir. Je continuerai à applaudir Bobby pour sa position sur la Russie et le désarmement. Mais tant qu’il n’aura pas fondamentalement changé de cap sur Israël, je ne pourrai pas, de bonne foi, prétendre soutenir sa candidature. Si son nom figure sur le bulletin de vote, je finirai peut-être par voter pour lui en tant que moindre mal, mais ce ne sera pas un grand éloge.

L’Amérique mérite mieux.

Le monde mérite mieux.

Le peuple palestinien mérite mieux.

 

Source : https://informationclearinghouse.blog/2023/10/25/bobby-kennedy-israel-and-the-hypocrisy-of-peace-and-diplomacy/

 

 

 

 

Les Grosses Orchades qui feraient mieux de la boucler :

À notre humble avis le petit Conor est un jeune con, ignare et présomptueux, même après des études de droit (chez les Clinton ?), qui a atteint l’âge d’homme sans avoir eu jamais avec l’auteur de ses jours la moindre discussion sérieuse sur un certain nombre de principes moraux, discussion à laquelle il semble avoir préféré la consommation de ragots merdiateux.

Quant au père insuffisant…

Si on osait se risquer à mettre nos pas dans ceux du ministre de la Défense d’Iran, on  dirait que le candidat Kennedy s’est politiquement suicidé en fanfare. Un suicide, c’est définitif.

Quand on est un homme de 69 ans, père de six enfants, qui a enterré trois femmes, vécu des choses, pris des positions courageuses en matière de santé des gens, écrit des livres et vu assassiner plusieurs membres de sa famille, on est plus ou moins censé avoir réfléchi aux principes élémentaires en matière de morale publique. À plus forte raison si on veut devenir le berger du troupeau…

Robert F. Kennedy Jr n’a dû dire à aucune de ses épouses « Tu es digne d’être la mère des Gracques ». Dommage.

 

 

 

 

Il y a très longtemps qu’on le pense :

 

 

Kucinich président !

 

 

Il n’a aucune chance : il n’est pas assez riche et pas assez lié à ceux qui le sont.

Et Robespierre avait raison : un pays qui inscrit la sacralité de la propriété privée en tête de sa constitution est sûr de finir mal. Comme l’Histoire est en train de le démontrer.

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/bobby-kennedy-israel-et-lhypocrisie-de-la-paix-et-la-diplomatie/

 

 

Octobre 2023

 

 

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