Ce que le président Poutine a vraiment dit d’Anatoli Tchoubaïs, pourquoi et pourquoi maintenant
John Helmer – Dances with bears – Moscou – 12.9.2023
Traduction : c.l. pour L.G.O.
À g. Vladimir Poutine , à dr. Anatoli Tchoubaïs
Ce doit être l’air marin de Vladivostok qui a provoqué les maladresses et erreurs d’expression passagères du président Vladimir Poutine, lors de la séance de questions-réponses pourtant soigneusement préparée qui a eu lieu dans le cadre du Forum économique annuel de l’Extrême-Orient.
Lors du forum de septembre 2018, alors qu’on l’interrogeait sur les informations diffusées par le gouvernement britannique et les médias dominants selon lesquelles deux soldats du renseignement militaire russe auraient utilisé du Novichok pour attaquer Sergueï et Ioulia Skripal à Salisbury, M. Poutine avait déclaré qu’il connaissait leurs noms et nié qu’il se soit agi d’agents du GRU. « Bien sûr, ce sont des civils », avait-il dit alors.
De nouveau à Vladivostok mardi dernier, interrogé sur Anatoli Tchoubaïs, l’ancien chef de cabinet du Kremlin et responsable des privatisations sous l’administration Eltsine qui s’est installé en Israël, M. Poutine l’a appelé « Moshe Israelevich ». en ajoutant : « le fait est qu’Anatoli Borisovich se cache là-bas [en Israël] pour l’une ou l’autre raison… On m’a montré une sorte de photo sur Internet, où il n’est plus Anatoli Borisovich Tchoubaïs, mais un certain Moshe Israelevich, qui vit là-bas quelque part… Je ne comprends pas pourquoi il fait cela, je ne comprends pas pourquoi il s’est enfui ».
L’agence de propagande du gouvernement U.S. et l’opposition russe ont traité Poutine d’antisémite pour avoir fait référence à Israël et appelé Tchoubaïs « Moshe Israelevich ».
Ils ont délibérément ignoré le contexte et les remarques élogieuses de Poutine à propos d’autres Russes en fuite vers Israël, avant qu’il n’en vienne à Chubais.
Alors, Poutine s’est-il mal exprimé ou était-il juste en train de lancer sa campagne de réélection présidentielle en faisant son possible pour rassurer deux blocs opposés de Russes : la majorité des électeurs qui considèrent depuis longtemps Tchoubaïs comme un des hommes politiques les plus exécrables du pays et les oligarques russes pour qui l’enquête en cours sur Tchoubaïs – pour vol de milliards de dollars de fonds publics – est un signe avant-coureur du sort qui leur est réservé ?
Le 12 septembre 2018, Poutine a dirigé la session plénière du forum de Vladivostok avec, pour invités d’État, les présidents de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de la Mongolie. Le modérateur de la session était le journaliste Sergei Brilyov, qui travaillait à l’époque pour la chaîne de télévision nationale Rossiya.
À g. Shinzo Abe et Xi Jinpingt. Le président mongol, Khaltmaagiin Battulga, se trouve à dr., juste après Poutine, mais, sur la photo, il est masqué par le président sud-coréen Lee Nak-yeon. Source : http://en.kremlin.ru/
Le texte verbatim du Kremlin rapporte cet échange d’il y a cinq ans :
Sergueï Brilyov : Au cours des trois ou quatre derniers jours, deux théories au moins ont été avancées sur ce qui a pu arriver à ces deux jeunes hommes photographiés au Royaume-Uni dans le cadre de l’affaire Skripal. Soit ils ont délibérément tourné leur visage vers l’appareil afin d’être photographiés, soit ce ne sont absolument pas des professionnels pour que leurs images soient aussi facilement capturées par tous les appareils photo. Peut-être auriez-vous une troisième théorie ?
Vladimir Poutine : En fait, nous avons, évidemment, bien regardé ces gens. Nous savons déjà qui ils sont et nous savons où ils se trouvent. J’espère qu’ils se montreront et se feront connaître à tout le monde. Ça vaudrait mieux pour tout le monde. Je vous assure qu’il n’y a rien ici de spécial ou de criminel. Nous le verrons d’ici peu.
Sergueï Brilyov : Sont-ce des civils ?
Vladimir Poutine : Bien sûr, ce sont des civils.
Sergei Brilyov : Très bien, nous attendrons.
Vladimir Poutine : Je voudrais m’adresser à eux et qu’ils nous entendent aujourd’hui. Qu’ils prennent contact avec un média et qu’ils racontent tout.
Les médias britanniques avaient désigné Alexander Petrov et Ruslan Boshirov comme des agents du GRU présents à Londres, puis à Salisbury au moment de l’attaque au Novichok contre Sergue*i et Yulia Skripal. L’affirmation de Poutine selon laquelle il s’agissait de civils n’était pas vraie. Le lendemain, les deux hommes – le colonel Alexander Mishkin et le colonel Anatoly Chepiga du GRU – sont apparus à la télévision nationale pour raconter leur voyage à Salisbury en mars de cette année-là.
Source : Agence de propagande U.S. Radio Free Europe/Radio Liberty. Lire la véritable histoire à partir d’ici
Cette semaine à Vladivostok, lors du même forum, les invités d’État étaient le vice-premier ministre du Conseil d’État chinois, Zhang Guoqing, et le vice-président de la République lao, Pany Yathotou. Seul le Laotien est apparu à la tribune pendant le discours de Poutine. Le modérateur était le journaliste Ilya Doronov, directeur général de la chaîne de télévision RBC.
De g. à dr. : Ilya Doronov, le president Poutine et Pany Yathotou.
Source: http://en.kremlin.ru
Le site web du Kremlin a publié la vidéo et la transcription de la séance d’hier, y compris sa traduction officielle en anglais.
Doronov a débuté ses questions en disantt qu’il souhaitait discuter des « relations entre l’État et les milieux d’affaires, y compris ceux qui reviennent ici… J’ai interviewé Andreï Belousov [premier Vice-Premier ministre] avant le Forum économique international de Saint-Pétersbourg [14-17 juin 2023], et je lui ai demandé comment l’État et le monde des affaires devraient interagir. Il m’a répondu qu’ils doivent collaborer en partenaires, l’État étant le partenaire principal et les entreprises des partenaires secondaires ». [Senior and junior partners, NdT]
Poutine a répondu : A-t-il dit ça ?
Ilya Doronov : Oui, c’est ce qu’il a dit.
Vladimir Poutine : Il parle comme un ancien fonctionnaire du Comité de Planification de l’État. Nous devrions être des partenaires égaux.
Ilya Doronov : Oui, vous avez déjà dit qu’ils devraient être des partenaires égaux. En principe, avez-vous l’impression que la présence de l’État dans l’économie et dans les affaires devient excessive ?
Vladimir Poutine : On entend parler de ça et ils parlent de ça tout le temps. Oui, l’État a de grandes entreprises, surtout dans le secteur de l’énergie, mais les entreprises privées se développent rapidement et l’État les soutient, y compris ici dans l’Est extrême du pays.
Doronov a continué en interrogeant Poutine à propos des restrictions imposées par la Banque centrale sur les flux de trésorerie des entreprises, les taux d’intérêt sur les prêts et les contrôles sur le taux de change du rouble et les exportations de capitaux proposés par certains représentants du gouvernement.
Poutine a répondu : Qu’est-ce qu’ils font ? Ils essaient juste de faire peur aux gens en leur proposant de coopérer dans des conditions pacifiques et d’entreprendre des actions spécifiques, faute de quoi, disent-ils, nous imposerons des restrictions et vous obligerons à rapatrier vos revenus, etc. Mais, personne ne fera rien de brusque à cet égard.
Doronov a alors interrogé Poutine sur Alexeï Koudrine, qui a quitté la Chambre des Comptes en novembre 2022 et n’a pas été remplacé.
Ilya Doronov : J’ai une question concernant la Chambre des Comptes : elle est sans chef depuis novembre de l’année dernière. Quelle en est la raison ? Alexeï Koudrine était si bon qu’ils n’arrivent pas à lui trouver de remplaçant ? Si c’est le cas, pourquoi l’ont-ils laissé aller chez Yandex pour commencer ?
Vladimir Poutine : Pour commencer, la Russie n’a pas de système d’esclavage. S’il voulait aller travailler dans le monde des affaires, nous ne pouvions pas le forcer à rester. Même s’il était en effet le meilleur pour ce poste. Il a d’ailleurs été aussi un bon ministre des Finances.
Koudrine est le plus ancien candidat à la présidence en vue d’un changement de régime au Kremlin qui ne soit pas en prison ou à l’étranger. Cliquez ici pour ouvrir les archives correspondantes.
« Je m’en vais, mais je reviendrai » – « De qui se fout-il ? »
Source: https://johnhelmer.net/
Doronov a ensuite interrogé Poutine sur Arkadi Voloj, l’actionnaire majoritaire de Yandex qui s’est installé en Israël, d’où, il a attaqué, le mois dernier, la politique de guerre russe. « L’invasion de l’Ukraine par la Russie est barbare et je m’y oppose catégoriquement », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Je suis horrifié par le sort des habitants de l’Ukraine, dont beaucoup sont des amis et des parents, et dont les maisons sont bombardées tous les jours. » Voloj et Koudrine collaborent à la restructuration de Yandex et se sont souvent rencontrés en Israël : Voloj emploie Koudrine. Pour en savoir plus sur les transactions de Yandex, cliquez ici et consultez les archives sur Voloj..
Poutine n’a pas fait état des conditions encore secrètes de la réorganisation qu’il a approuvée pour les actifs de Yandex et les pots-de-vin versés à Voloj et à Koudrine. Mais le président s’est montré catégoriquement positif à l’égard de Voloj personnellement.
Ilya Doronov : J’ai mentionné Yandex pour une raison précise. Récemment, Arkadi Volozh a créé son propre site web officiel, où il dit – je le cite mot pour mot – qu’il est « un entrepreneur technologique israélien né au Kazakhstan », qui « a cofondé Yandex N.V., cotée au NASDAQ, l’une des plus grandes sociétés Internet d’Europe ». Je vous rappelle que Voloj est né en 1964, à l’époque où le Kazakhstan faisait partie de l’URSS, mais l’URSS n’est mentionnée nulle part sur sa page biographique. D’autres hommes d’affaires expriment publiquement leurs opinions, y compris sur l’Opération Militaire Spéciale. Quelle est, selon vous, la limite à ne pas franchir ? Une ligne que même ceux qui ont apporté autant de valeur à la nation que Yandex ne devraient pas franchir ?
Vladimir Poutine : Ecoutez, ce n’est pas à moi de tracer cette ligne. Elle devrait être présente à l’esprit et à la conscience de ceux qui font certaines déclarations. Je voudrais souligner que dans la plupart des cas, les gens font ce genre de déclarations dans le souci de préserver leurs affaires, de préserver leurs biens, surtout quand ils ont déménagé et décidé de lier leur vie à un autre pays. Il vit en Israël et je peux imaginer que, pour y mener une vie agréable et prospère, il y avoir de bonnes relations avec les autorités. Il faut qu’il fasse certaines déclarations. Il est resté aéssez longtemps silencieux avant de se décider à en faire une. Que Dieu lui accorde la santé et qu’il vive bien là-bas. Franchement, nous ne sommes pas particulièrement gênés par ce qu’il a dit. Mais en général, si quelqu’un a grandi sur notre sol, y a reçu une éducation et y a réussi, il devrait faire montre d’un certain respect pour le pays qui lui a tout donné. Je ne parle pas de Voloj – c’est un homme doué qui a fondé une très bonne entreprise et qui a su trier sur le volet son équipe – je ne parle pas de lui, mais en général. Oui, on peut imaginer que quelqu’un ne soit pas d’accord avec ce que font les autorités actuelles. A-t-il le droit d’exprimer son point de vue ? Oui, bien sûr. Mais il y a ici quelques points délicats.
Nous pouvons nous ranger du côté de nos adversaires géopolitiques et jouer avec eux, même si nous nuisons par là aux intérêts de notre pays, ou bien nous pouvons nous conduire autrement. Il y a pas mal de nuances. Ce sont les gens qui doivent eux-mêmes décider de ce qu’ils veulent être. – Éprouvent-ils un sentiment d’identité nationale ? Ou préfèrent-ils mimer d’autres gens et se sentir des leurs, plutôt que comme un Russe né en Union Soviétique ? Chacun fait ses propres choix. Mais soyez assuré que les citoyens ordinaires de Russie, notre peuple, comprennent parfaitement tout et qu’il n’y a pas moyen de les induire en erreur. Si quelqu’un s’est choisi un nouveau destin, essaie de se faire connaître et de réussir ailleurs, ce qu’ils sont et ce qu’ils accomplissent importe peu : c’est ici qu’ils l’ont accompli pour commencer, et il n’est pas sûr du tout qu’il en sera de même ailleurs. Mais c’est leur choix.
Voloj (à g.) rencontrant Poutine au siège de Yandex à Moscou le 21 septembre 2018 ; Voloj était revenu d’Israël pour l’occasion. Source : http://en.kremlin.ru/
Doronov a alors interrogé Poutine sur Tchoubaïs.
Igor Doronov : À propos de nouveau destin, encore une autre question : en juillet, l’article d’un expert indépendant de Glasgow a été publié dans le magazine russe Questions économiques. Glasgow, c’est en Écosse.
Vladimir Poutine : Je suis au courant.
Igor Doronov : Je parle pour le public. Je ne doute pas que vous soyez au courant. L’article s’intitule « Les impayés dans l’économie russe des années 90 : une institution imprévue ». Savez-vous qui en est l’auteur ? Anatoli Tchoubaïs. De fait, c’est lui qui est présenté dans cet article comme un « scientifique britannique indépendant »..
Publié en Russie en juillet 2023 : https://www.vopreco.ru/
Je voudrais vous poser une question : Faites-vous si peu que ce soit confiance aux scientifiques britanniques ?
Vladimir Poutine : Vous savez, je fais confiance aux scientifiques, quelle que soit leur nationalité. Si ce sont des gens sérieux, des chercheurs sérieux, je ne me contente pas de leur faire confiance, j’admire leur travail, leur vie, les résultats de leur travail, parce qu’un vrai scientifique est immergé dans le sujet qu’il traite, parce que ces gens consacrent toute leur existence à la cause à laquelle ils se sont voués, ils ne mégotent pas leur vie. Les exemples sont innombrables, tant dans notre pays qu’à l’étranger. S’ils passent leur temps à s’amuser, bien sûr, ce ne sont pas des scientifiques, ce sont des quasi-scientifiques, des amuseurs. Ce n’est pas mal non plus, laissons-les s’amuser. On peut même aller au cirque, il y a des tas de choses à voir au cirque.
… Le fait qu’Anatoli Borisovich se cache là, pour quelque raison que ce soit… On m’a montré une espèce de photo sur Internet, où il n’est plus Anatoli Borisovich Tchoubaïs, mais un certain Moshe Israelevich qui vit quelque part par là… Pourquoi il fait ça…, je ne comprends pas pourquoi il s’est enfui. Vous voyez, c’est peut-être dû au fait que des choses sont en train de se produire dans cette structure de nanotechnologie, qu’il a dirigée pendant tant d’années, et qu’il y a un grand trou, un énorme trou financier en réalité. Je ne vais pas me mettre à citer des chiffres, de gros chiffres. Mais là, Dieu merci, il n’y a pas d’affaire pénale ni de poursuites en cours. C’est peut-être dû au fait qu’il craint que tout cela ne finisse par déboucher sur des affaires pénale s… qui seraient la raison pour laquelle il est passé en Israël… qu’il se soit mis, même, dans une situation illégale. Qu’est-ce qu’il lui faut ? Franchement, je ne comprends pas.
Igor Doronov : L’opinion d’un homme qui a travaillé à Dresde, non ? [référence à l’affectation de Poutine au KGB, de 1985 à 1990],
Vladimir Poutine : Eh bien, c’est vraiment n’importe quoi. Il écrit toujours… Quelqu’un d’intelligent… je n’ai pas lu cet article, il a peut-être écrit quelque chose d’utile. Cependant, apparemment, après une telle activité à la tête d’une grande entreprise créée pour le développement des nanotechnologies – au moins d’un point de vue économique, d’un point de vue financier – il semble qu’il ait clairement failli.
Igor Doronov : La question, curieusement, porte sur la privatisation et la privation [confiscation]. On parle maintenant d’une vague de privatisations en Russie, mais le sujet qui préoccupe beaucoup les entreprises et qui fait l’objet de discussions ici, en marge du WEF [World Economic Forum, Davos], et à Moscou, c’est la privation [la confiscation], où l’État, s’approprie en quelque sorte des actifs privés. Il y a déjà plusieurs cas de ce genre. Les hommes d’affaires disent que nous ne comprenons pas : les règles ont-elles changé ou comment envisage-t-on l’avenir dans cette situation ? Le sujet est d’une grande acuité. Quel est votre commentaire à ce sujet ?
Vladimir Poutine : Non, aucune privation [c. à d. confiscation] n’est prévue, il n’y aura pas de privation. Je peux vous l’assurer. Le fait que le bureau du procureur travaille activement dans certains domaines, pour des entreprises individuelles – les organismes chargés de l’application de la loi ont le droit de vérifier ce qui se passe dans l’économie, dans des cas spécifiques, mais ça n’a rien à voir avec une quelconque décision de confiscation. Cela n’arrivera pas et [le procureur général] Igor Viktorovich [Krasnov] connaît ma position. Igor Viktorovich ?
Les médias U.S. et israéliens ont fait leurs gros titres sur Poutine tenant des propos antisémites. Voici comment l’agence de propagande du gouvernement US a rapporté ses remarques. « Le président Vladimir Poutine a suggéré qu’Anatoli Tchoubaïs, un ancien haut fonctionnaire du gouvernement qui a fui après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, pourrait être parti en raison d’irrégularités financières au sein de l’entreprise d’État qu’il supervisait. Les commentaires de Poutine, faits le 12 septembre lors d’un forum économique à Vladivostok, étaient les premiers qu’il faisait au sujet de Tcohubaïs, depuis que celui-ci a brusquement démissionné de son poste en mars dernier et fui la Russie… Interrogé par le modérateur de l’événement au sujet d’informations selon lesquelles Tchoubaïs vit en Israël, Poutine a répondu en utilisant ce qui ressemblait à une remarque antisémite. ».
« Poutine suggère que l’ex-haut fonctionnaire s’est enfui de Russie pour cause d’irrégularités dans l’entreprise d’État »
Source: https://www.rferl.org/
Sous-entendus antisémites : Poutine se moque d’ex-hauts fonctionnaires qui ont déménagé en Israë
Source: https://www.haaretz.com/
L’agence de presse russe Tass a rapporté une partie des remarques de Poutine sur Tchoubaïs, mais en sautant le commentaire « Moshe Israelevich ». RT l’a inclus mais a titré son reportage sur l’enquête des procureurs sur l’enrichissement personnel de Tchoubaïs à Rusnano.
« Poutine fustige le magnat qui s’est enfui en Israël »
RT a rapporté la référence à Tchoubaïs en incluant l’allusion à « Moshe Israelevitch »
Meduza, la plateforme russe de changement de régime basée en Lettonie, a rapporté que Tchoubaïs aurait répondu à Poutine en annonçant : « Je ne tiens pas à commenter ce qui a été dit ». C’est en tout cas ce que Tchoubaïs a déclaré à Tass, selon la note de Tass parue sur Telegram mardi après-midi.
Mais… tant RT, que Tass, Meduza et les journaux économiques de Moscou : tous ont omis de signaler que Poutine a déclaré qu’il n’y aurait pas de poursuites contre Tchoubaïs pour les vols commis au détriment de Rusnano.
Aucun commentateur ou journaliste russe ou occidental n’a encore interprété les remarques de Poutine dans le contexte de la renationalisation du producteur de méthanol Metrafax, qui a eu lieu en août, après que des fonctionnaires aient obtenu du tribunal de Perm une ordonnance annulant la privatisation de l’entreprise en raison de violations initiales de la loi en vigueur. Et ce, malgré l’avertissement explicite de Poutine au procureur général Igor Krasnov : « il n’y aura pas » de renationalisation.
Le président ne s’était pas exprimé aussi clairement lors de sa rencontre avec Krasnov au Kremlin en janvier dernier. Krasnov avait alors déclaré à Poutine :
« Nous avons constamment tenu à protéger les intérêts patrimoniaux de l’État, principalement lorsque des tiers ont tenté d’en tirer profit, sur la base de leurs intérêts égoïstes et prémédités. Plus de 16.000 plaintes portant sur des biens de l’État et des municipalités ont été déposées devant les tribunaux ».
« En outre, nous continuons à rétablir le contrôle de l’État sur des entreprises stratégiques importantes pour la sécurité et la défense de notre pays, contrôle qui a été illégalement saisi par des tiers, y compris même au bénéfice d’agences étrangères, et dont la détention par l’État a été illégalement abolie. »
Poutine a semblé alors approuver la position de Krasnov, en lui répondant : « Je constate que vous avez récemment renforcé le contrôle de la protection des intérêts économiques de l’État, notamment en ce qui concerne les projets nationaux et les fonds importants que l’État alloue aux domaines prioritaires du développement économique du pays… Une autre priorité est la supervision des enquêtes et des interrogatoires, un aspect important lié aux intérêts de l’État et des citoyens. Il s’agit bien sûr d’une question complexe et d’une mission particulière pour le ministère public. Je suis certain que vous continuerez à y travailler…. J’espère que les organes de poursuite et l’ensemble du personnel resteront tenaces et productifs à court terme et, bien sûr, à moyen terme. Je vous remercie. Maintenant, abordons certaines questions de plus près ». .
À g. : Rencontre de Poutine et Krasnov au Kremlin le 31 janvier 2023.
À dr., Aleksandr Chokhine chef de l’Union russe des industriels et des entrepreneurs, à Vladivostok cette semaine.
Le communiqué du Kremlin est muet sur la discussion qui a suivi. Krasnov a par la suite saisi le tribunal de Perm contre les actionnaires privés de Metrafax. À Vladivostok, mardi matin, Poutine a laissé entendre qu’il n’approuvait pas.
Poutine répondait aussi à un appel public lancé dans le cadre du forum par Aleksandr Chokhine le principal lobbyiste des oligarques à Moscou, qui demandait au président d’empêcher les procureurs d’État de renationaliser les entreprises dont les propriétaires étrangers ont quitté le pays ou dont les propriétaires russes les ont illégalement reprises. M. Shokhin a déclaré à RBC que « les cas de nationalisation d’actifs privés inquiètent le monde des affaires. Personne ne sait qui sera le prochain sur la liste… l’entreprise peut changer de propriétaire à partir du moment où elle est privatisée et le propriétaire final peut se retrouver dans une position plus défavorable. Par conséquent, les décisions doivent être prises en fonction du type d’actifs dont il s’agit et de l’importance des investissements réalisés. La stabilité dans les conditions actuelles est plus importante que des motifs secondaires de reprise d’actifs à leurs propriétaires propriétaires actuels.
À Vladivostok également, Oleg Deripaska, l’oligarque qui a volé les actifs de Russian Aluminium (Rusal) à Mikhaïl Tchernoï (comme l’attestent les preuves déposées devant les tribunaux britanniques) a conseillé à Poutine de ne pas risquer sa réélection en procédant à des rachats médiatisés d’actions privées, comme dans l’affaire Metrafax. « Je dois dire franchement que, bien sûr, des tentatives sont en cours. Mais cela dépendra de nous tous. Il y aura des cas ponctuels, ou alors cela deviendra une tendance. Nous comprenons ce qui s’est passé : il y a eu une perturbation mondiale, puis nous avons été confrontés à notre choix institutionnel, qui y a ajouté des défis difficiles, et il y a eu une petite phase de stabilisation. Aujourd’hui, il y a un ajustement – nous essayons de trouver un modèle qui nous permettra de nous développer au cours des 10 à 15 prochaines années. »
Deripaska (à dr.) a poursuivi en adressant à Poutine son avertissement électoral. « Il est trop tôt pour dire que le gouvernement et les entreprises ont atteint, disons un niveau compris de part et d’autre. C’est naturel. Nous devons comprendre que le gouvernement a lui aussi des problèmes à résoudre en fonction de la crise. Son paradigme est légèrement différent du nôtre. Il suffit de leur donner du temps. Aujourd’hui, sa situation s’est améliorée et ils a davantage de temps. Il a commencé à analyser tous les autres processus. La campagne électorale va commencer et, bien sûr, il y aura un nouveau dialogue entre le gouvernement et la société, entre le gouvernement et les entreprises, entre les entreprises et la société. Je l’espère et j’y crois, car ce serait une profonde erreur d’abandonner les acquis qui ont été si difficiles à obtenir : l’économie de marché, l’institution du droit, la compétitivité, la propriété privée, qui nous ont permis de passer si rapidement du déclin à la croissance. Mais je pense qu’il faudra plus d’un dialogue, et les autorités ont souligné aujourd’hui [dans le discours de Poutine] qu’elles étaient prêtes pour ce dialogue ».
Une source moscovite bien informée, qui soutient le président et la guerre, a eu cette réaction : « Poutine prend ses distances, prétendant qu’il ne s’est jamais soucié de Tchhoubaïs. Qu’il s’agisse ou non d’un scénario : il tente de s’attirer les faveurs du vote patriotique. C’est politiquement peu coûteux. C’est une cascade. »
Source : https://johnhelmer.net/what-president-putin-really-said-about-anatoly-chubais-why-and-why-now/
On aura reconnu là l’équation sempiternelle :
« Seuls les biens privés sont sacrés et intouchables. Les biens publics sont à qui veut les prendre. »
C’est cette maxime – véritable socle de la Constitution US – qui a fait si fort se cabrer Robespierre, quand le parti girondin a voulu en doter la France.
Le parti des néocons russes n’a fait et ne veut rien faire d’autre que ce que Macron a fait à la France : brader à ses maîtres de l’étranger en passant par ses propres poches les biens volés au public en en faisant des biens privés. Sacrés ! (Selon la formule si explicite de Danton, leur ancêtre à tous). C’est ainsi qu’on détruit un pays de fond en comble et pour très longtemps.
Vladimir Poutine doit se faire réélire. Il lui faut, d’une manière ou d’une autre, rassurer les hyènes et les vautours en leur assurant croix de bois croix de fer qu’il n’y aura jamais la moindre nationalisation (= réappropriation par le public de ce qu’on lui a volé), sous peine de devoir céder la place à Alexeï Koudrine qui n’a jamais caché vouloir se débarrasser de lui. Et de Medvedev. Et de Glazyev.
Il doit aussi penser, quand il a des insomnies, au sort de Khadafi, vu qu’il voit en face de lui claquer les mêmes mâchoires.
Simultanément, il y a les rats qui quittent le navire. Pour s’en aller où ? En Israël. D’où, sous des noms nouveaux, ils se posent en vertueux petits frères saignants de compassion de l’Ukraine abominablement attaquée.
Tous les pions sont en place.
Krasnov, président !
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Septembre 2023
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