Discours du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi à l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’établissement des relations sino-françaises
(Faut-il rappeler qu’on les doit à Charles de Gaulle et à Mao Tse Toung ?)
Wang Yi –– LGS – 19.3.2019
Wang YI
Le 24 janvier 2019, le conseiller d’État chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi (photo) et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont participé à la cérémonie de lancement des activités célébrant le 55e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises.
Discours du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Tout d’abord, au nom du gouvernement chinois, je tiens à exprimer mes chaleureuses félicitations à l’occasion du 55e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Je remercie sincèrement les amis de tous horizons qui se sont engagés avec ténacité à promouvoir l’amitié et la coopération entre les deux pays depuis 55 ans !
Il y a cinq ans, le président Xi Jinping a prononcé un éminent discours à la cérémonie en commémoration du cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises. Plaçant les faits dans une perspective historique large, il a résumé en quatre points l’esprit de ces relations : indépendance et autonomie, compréhension mutuelle, regard visionnaire et profit partagé. Ce résumé illustre parfaitement le glorieux parcours qu’ont suivi les relations sino-françaises depuis plusieurs décennies.
C’est précisément parce que les deux pays appliquent une politique étrangère indépendante que, dès le début, les relations sino-françaises ont osé se mettre au premier plan des relations internationales et jouer un rôle de précurseur. Il y a 55 ans, au plus fort de la guerre froide, le président Mao Zedong et le général de Gaulle ont pris la ferme décision historique de nouer des relations diplomatiques entre leur pays respectif. La France est alors devenue la première puissance occidentale à avoir établi des relations officielles avec la Chine nouvelle. Un événement qui a ouvert la porte aux interactions entre l’Orient et l’Occident.
C’est précisément parce que nos échanges sont basés sur la compréhension mutuelle que les relations sino-françaises trouvent toujours un terrain d’entente par-delà les divergences. Au fil des 55 dernières années, les relations bilatérales, au lieu de suivre un long fleuve tranquille, ont connu des hauts et des bas. Mais le temps a démontré que rien ne peut nous empêcher d’avancer main dans la main tant que nous mettons l’accent sur la compréhension mutuelle et le respect réciproque.
C’est précisément parce que nous cultivons tous deux une pensée stratégique visionnaire que les relations sino-françaises parviennent à marcher continuellement vers l’avenir, avec clairvoyance, malgré des nuages flottants. Depuis 55 ans, nonobstant les changements brusques intervenus dans le paysage international, les relations sino-françaises gardent toujours leur position de premier rang parmi les relations entre la Chine et l’Europe, et même entre la Chine et l’Occident. La France est la première puissance occidentale à avoir mis en place un partenariat stratégique global avec la Chine et à avoir entrepris un dialogue stratégique avec elle. De par leurs caractères stratégique et pionnier, les relations sino-françaises ont apporté une contribution importante et unique à la paix, à la stabilité et au développement du monde.
C’est précisément parce que nous tenons tous deux en estime le juste concept des avantages mutuels et du profit partagé que les relations sino-françaises demeurent dynamiques et avancent à pas de géant. Ces dernières années, la Chine et la France ont atteint de nouveaux sommets dans leur coopération pragmatique, et ce dans divers domaines. En 2018, pour la toute première fois, le volume des échanges bilatéraux a dépassé la barre des 60 milliards de dollars. En outre, plus de 2,3 millions de touristes chinois se sont rendus en France cette même année. Cette coopération Chine-France, construite sur les principes du bénéfice mutuel et du modèle gagnant-gagnant, a déjà apporté des résultats concrets aux deux pays et aux deux peuples. Il s’agit d’une force motrice inépuisable, gage du développement durable des relations sino-françaises.
À l’heure actuelle, le monde aborde un tournant historique, inédit depuis un siècle, où les systèmes et règles internationaux établis sont constamment remis en question, et où les consensus existants tels que le multilatéralisme et la libéralisation des échanges sont de plus en plus ébranlés. On peut dire que l’humanité se trouve, une nouvelle fois, à un carrefour, mais quel chemin à prendre ? À un moment aussi décisif, la Chine et la France ont un rôle à jouer. En tant que grands représentants des brillantes civilisations orientale et occidentale, ainsi qu’en tant que grandes puissances endossant des responsabilités majeures vis-à-vis de la paix et du développement dans le monde, les deux pays devraient remplir la mission historique qui leur incombe et continuer de travailler ensemble en accord avec la belle tradition instituée au travers de leurs contacts, afin de préparer un terrain plus étendu aux 55 prochaines années de leurs relations bilatérales. Par là même, elles ouvriront de brillantes perspectives d’avenir, pour notre monde et l’humanité tout entière. Pour ce faire, les tâches suivantes s’imposent :
Nous devons hisser haut la bannière du multilatéralisme. Il convient pour la Chine et la France de renforcer leur coopération et leur coordination dans les enceintes multilatérales, comme les Nations Unies, le G20 et l’OMC. Ainsi, elles pourront défendre conjointement un système international centré sur les objectifs de la Charte des Nations Unies, maintenir le système de libre-échange fondé sur les règles concernées, ainsi que soutenir l’Accord de Paris et la coopération internationale pour la lutte contre le changement climatique, l’objectif étant d’orienter les dialogues multilatéraux vers la coopération, la tolérance et le modèle gagnant-gagnant.
Wang Yi et son homologue russe Serguei Lavrov
Nous devons hisser haut la bannière de la coopération ouverte. Il est primordial que la Chine et la France œuvrent en commun pour constituer une économie mondiale ouverte. La Chine persévérera dans l’approfondissement de la réforme et l’élargissement de l’ouverture, ce qui multipliera les possibilités de coopération avec tous les pays, y compris la France. Nous sommes disposés à faire progresser une coopération tous azimuts avec la partie française, au grand profit des deux peuples. Nous espérons également que la France réservera aux entreprises chinoises un environnement commercial ouvert, équitable et transparent.
Nous devons hisser haut la bannière du dialogue entre les civilisations. Les peuples chinois et français ont, chacun de son côté, forgé une civilisation au prestige international. Il faut que les deux parties fassent toujours figure de modèles dans les échanges et dialogues entre les civilisations, en promouvant le respect et l’appréciation mutuels ainsi que l’inspiration et l’assimilation réciproques entre les différentes civilisations. La sagesse qu’elles apporteront contribuera à la résolution des enjeux auxquels est confrontée la société, tout en encourageant les civilisations aux quatre coins du monde à mieux s’épanouir.
Nous devons hisser haut la bannière de la communauté de destin pour l’humanité. Il est nécessaire de laisser son égo de côté et de renoncer à tous les jeux à somme nulle, en vue de cibler le bien-être commun et les intérêts à long terme de toutes les nations et de toute l’humanité. La finalité consiste à préconiser des relations internationales novatrices caractérisées par le respect mutuel, l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant, afin d’apporter de nouvelles contributions à la paix et au développement dans le monde.
Wang YI
Source d’origine : http://www.chinatoday.com.cn/ctfrench/2018/sd/201903/t20190306_800159862.html
23 mars 2019
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