En Amérique, une deuxième guerre civile pourrait être en train de tranquillement se déployer.
CGTN – Information Clearing House. – 1.9.2022
Traduction : c.l. L.G.O
Entre l’administration Biden et Donald Trump, entre la « gauche » [les guillemets sont de nous, NdT] et la droite politiques américaines, les tensions n’ont jamais été aussi fortes.
Le récent raid sur la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago a rendu furieux les législateurs républicains des États-Unis, qui l’ont qualifié d’« escalade dans la militarisation armée des agences fédérales » et ont promis d’ouvrir des enquêtes sur l’incident. En attendant, il a suscité des réactions plus extrêmes de la part des partisans de Trump et des personnalités d’extrême droite qui, depuis, diffusent une rhétorique violente en ligne, appelant même à une guerre civile avec le gouvernement fédéral.
Après avoir appris la nouvelle du raid, Ricky Shiffer, 42 ans, a mis cet appel en action en attaquant le bureau local du FBI à Cincinnati, dans l’Ohio. Armé d’un pistolet à clous et d’un fusil d’assaut, Shiffer a tenté de franchir une barrière pare-balles à l’entrée, avant de mourir dans une fusillade avec la police.
Shiffer n’est pas le seul à avoir déclenché ou tenté de déclencher la violence contre le gouvernement américain. Adam Bies, 46 ans, de Mercer, en Pennsylvanie, a été arrêté le 12 août après avoir proféré une série de menaces de mort contre le FBI.
Dans une diatribe haineuse publiée sur Gab, une plateforme de médias sociaux d’extrême droite, Bies a écrit « nous, le peuple, sommes impatients d’arroser les arbres de la liberté avec votre sang », s’adressant à « chaque merde qui travaille pour le FBI, à quelque titre que ce soit, du directeur au concierge qui nettoie leurs putains de toilettes », selon une plainte pénale déposée auprès du tribunal fédéral de Pittsburgh.
La rage générale, la méfiance et la belligérance envers les autorités fédérales sont peut-être exprimées de manière plus éloquente par Kari Lake, un candidat républicain au poste de gouverneur de l’Arizona de la mouvance Trump.
« Ce Régime illégitime et corrompu hait l’Amérique et a militarement armé l’ensemble du Gouvernement fédéral pour faire tomber le Président Donald Trump », a écrit Lake dans une déclaration publiée après le raid. « Notre gouvernement est pourri jusqu’à la moelle. Ces tyrans ne reculeront devant rien pour réduire au silence les patriotes qui travaillent dur pour sauver l’Amérique. C’est un abus de pouvoir incroyablement horrible. Si nous l’acceptons, l’Amérique est morte. »
Depuis que Trump est devenu le 45e président des États-Unis en 2016, des discussions actives sur la possibilité d’une deuxième guerre civile ont fait leur entrée dans le courant dominant et parmi les élites américaines, alors que la gauche et la droite politiques se sont retrouvées à dériver vers des positions aussi opposées que les pôles, sur un large éventail de questions sociales.
De nombreux conservateurs en sont venus à considérer les mouvements progressistes tels que les droits LGBT et Black Lives Matter comme des menaces existentielles pour les valeurs chrétiennes traditionnelles sur lesquelles l’Amérique a été construite. Pendant ce temps, les démocrates et les progressistes considèrent que Trump et son mouvement MAGA sont réactionnaires et pensent qu’ils représentent une idéologie d’extrême droite, raciste et autocratique.
Combinée au taux croissant des ventes d’armes à feu et des décès par armes à feu, la polarisation politique se transforme en violence politique.
Une possibilité réelle
Selon une enquête publiée par le California Firearm Violence Research Center, la moitié des Américains croient qu’il y aura une guerre civile aux États-Unis dans les prochaines années. S’ils se retrouvent dans une situation où ils pensent que la violence est justifiée pour faire avancer un objectif politique important, environ un répondant sur cinq est persuadé qu’ils seront probablement armés d’une arme à feu. Environ 7% des participants – ce qui correspondrait à environ 18 millions d’adultes américains – ont déclaré qu’ils seraient prêts à tuer quelqu’un dans une telle situation.
« Associés à des recherches antérieures, ces résultats suggèrent une aliénation et une méfiance continues à l’égard de la société démocratique américaine et de ses institutions. Des minorités substantielles de la population approuvent la violence, y compris la violence mortelle, pour atteindre des objectifs politiques », conclut le rapport.
Barbara F. Walter, professeur de sciences politiques à l’université de Californie à San Diego et spécialiste de la violence politique, a averti dans une tribune publiée en avril dans la New Republic qu’au cours des six dernières années, « tous les signes avant-coureurs d’une guerre civile sont apparus aux États-Unis, et ce à un rythme étonnamment rapide ».
De la fumée remplit la passerelle à l’extérieur de la Chambre du Sénat tandis que de violents émeutiers fidèles au président Donald Trump sont confrontés à des agents de la police du Capitole des États-Unis à l’intérieur du Capitole à Washington, le 6 janvier 2021. /AP
Mme Walter, qui a effectué des recherches approfondies sur les guerres civiles, a développé ce point dans une interview accordée au Washington Post le mois dernier. À l’instar d’autres chercheurs qui se penchent sur ces questions, Mme Walter affirme que les États-Unis ne se dirigent pas vers un conflit semblable à celui qui a opposé le Nord et le Sud.
« Quand les gens pensent “guerre civile”, ils pensent à la première guerre civile. Et dans leur esprit, c’est à cela que ressemblerait une deuxième guerre civile. Et, bien sûr, ce n’est pas du tout le cas », a déclaré Mme Walter au Post. « Ce vers quoi nous nous dirigeons, c’est une insurrection, qui est une forme de guerre civile. C’est la version XXIe siècle d’une guerre civile, en particulier dans les pays dotés de gouvernements puissants et de puissantes armées, ce que sont les États-Unis. »
Les Turner diaries
Depuis sa publication en 1978, The Turner Diaries a servi de guide spirituel et a été l’un des textes les plus influents pour les groupes militants et d’extrême droite américains. Le roman décrit l’attaque du apitole par un groupe de suprémacistes blancs, dans le but de renverser le gouvernement américain, ce qui conduit à une guerre nucléaire et finalement à une guerre raciale qui extermine les non-Blancs.
Dans les jours qui ont suivi, sur les médias sociaux et sur des sites de bavardages militants comme 4chan, certains utilisateurs ont célébré la violence et l’ont comparée au « jour de la corde », une pendaison collective qui se produit dans Les journaux de Turner, selon le New York Times.
« La valeur véritable de toutes nos attaques d’aujourd’hui réside dans l’impact psychologique, et non dans les pertes immédiates », écrit l’auteur du roman, Earl Turner, dans son livre. « Ils ont appris cet après-midi qu’aucun d’entre eux n’est hors de notre portée ».
Source : In America, a civil war 2.0 could be quietly unfolding (informationclearinghouse.info)
Source d’origine : In America, a civil war 2.0 could be quietly unfolding – CGTN
On espère qu’il y a, en Chine, des gens pour qui les mots « gauche » et « droite » signifient autre chose que pour les États-Uniens…
Et on se demande aussi si l’analyse des Chinois reste la même, depuis le discours « présidentiel » de jeudi.
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Septembre 2022
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