Gagnants et perdants de feu la globalisation – Article complet (1)
Un voyage dans l’inconnu
Aleks – BMA – 5.6.2024
Traduction : L.G.O
Note de la rédaction (Piquet) : Voici l’article complet sur ce sujet, dont la première moitié a été publiée la semaine dernière (j’ai tardé à éditer cette version complète – c’est ma faute). Pour les lecteurs qui ne veulent lire que la deuxième partie, passer à « Hégémon des Balkans ».
Introduction
Récemment, un lecteur a écrit quelque chose de remarquable dans la section des commentaires de l’un de mes articles. Il s’est moqué de mes affirmations constantes selon lesquelles l’économie européenne est finie. Alors que dans le même temps, les marchés boursiers européens ne cessent de monter.
Je dois admettre qu’il a raison.
C’était une erreur d’affirmer cela sans expliquer la situation actuelle. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire cet article.
Pour bien comprendre la situation, je dirais tout d’abord qu’il faut faire la distinction entre les considérations à court terme et celles à long terme. Je vais vous expliquer ce que j’en pense..
Néanmoins, je vais profiter de cette occasion pour vous faire part de plusieurs autres réflexions.
Ressources
J’ai beaucoup écrit sur ce que je vais développer maintenant. Pour mieux comprendre mon point de vue, je vous conseille vivement de lire d’abord les articles suivants :
- Économie et empires 1 : le tableau d’ensemble
- Économie et empires 2 : L’Allemagne
- Économie et empires 4 : Considérations sur l’Asie
Économie européenne
Terminologie
Tout d’abord, qu’est-ce que l’Europe ?
Est-ce l’Union européenne ? Est-ce le continent européen ?
Je vais aborder ces deux questions séparément.
Quoi qu’il en soit, l’Europe est le continent européen et non la dictature en gestation appelée « Union des républiques socialistes européennes » (UESR), qui contient également des éléments de fascisme. Oh, pardon… je voulais dire « Union européenne », j’ai confondu les mots.
Le continent européen est constitué de tous ces beaux États-nations (autrefois indépendants). Et j’aime mon Europe (indépendante et libre) ! Sauf qu’elle n’est actuellement PAS indépendante et libre.
Valeur de l’UE
Je vais maintenant écrire certaines choses que certains, en particulier mes lecteurs allemands, pourraient désapprouver à première vue. Je pense que les choses deviendront plus claires plus tard, lorsque nous approfondirons le sujet.
Au départ, l’UE était une bonne idée car elle présentait de nombreux avantages :
- Libre circulation (Schengen) et droit de séjour
- Pas de droits de douane entre les États de l’Union
Était-ce vraiment une bonne idée ?
Comme je l’ai dit, il est très probable qu’au départ, c’était une bonne idée. Il s’agissait d’une union entre des industries et des nations comparables. Donc, essentiellement, ces points étaient avantageux pour tout le monde. Et je pense qu’elle a continué à être bénéfique, dans une certaine mesure, même si ce n’était pas au même degré pour tous, jusqu’à l’effondrement du socialisme en Europe de l’Est.
Après que tous les petits pays slaves aient eu ouvert leurs marchés et commencé à privatiser conformément aux recommandations de leurs « conseillers » occidentaux, les choses ont changé. L’UE est devenue de plus en plus un bloc politique et a évolué, année après année, vers quelque chose qui ressemble au comité central de planification de certaines anciennes nations socialistes. Même si nous n’en sommes pas encore là. Elle concentre toujours plus de pouvoir politique et cherche maintenant à concentrer les compétences militaires à Bruxelles.
- Pas de droits de douane
Cela s’est avéré être une bénédiction pour les nations productrices (dans le pays ou à l’étranger, peu importe) et exportatrices. Principalement l’Allemagne.
Cela s’est avéré être un désastre pour la plupart des anciens pays socialistes, mais pas tous. Ils disposaient d’une chaîne d’approvisionnement et de vente bien établie au sein de l’ancien bloc socialiste. Lorsque le socialisme s’est effondré en Europe, la plupart de ces entreprises et chaînes d’approvisionnement qui fonctionnaient bien se sont effondrées et sont rapidement devenues non compétitives sur les marchés internationaux. En particulier sur le marché de l’UE, puisqu’il n’y avait pas de droits de douane.
La plupart de ces pays se sont transformés de pays producteurs et consommateurs en pays importateurs et consommateurs, ce qui est un désastre.
La plupart des anciens travailleurs se sont retrouvés au chômage et, au fil du temps, n’ont trouvé que des emplois de service moins bien rémunérés, tels que serveurs ou vendeurs.
Ne vous méprenez pas. Je n’ai pas dit qu’il était dommage qu’ils aient abandonné le socialisme. Ou que le socialisme était meilleur. C’est aux individus de décider ce qui est/était mieux dans leur propre situation. Ce sont les personnes concernées qui doivent décider, pas des observateurs extérieurs.
Je tiens à dire que la façon dont les choses se sont déroulées a été un désastre. Ils auraient dû gérer eux-mêmes la transition vers l’économie de marché au lieu d’ouvrir grand leurs portes et de laisser des dizaines de milliers de « conseillers » occidentaux leur dire comment se convertir à l’économie de marché « en quelques jours ».
Ils auraient dû le faire eux-mêmes au fil du temps et à leurs propres conditions. S’ouvrir lentement, un pas après l’autre, puis s’adapter.
Ce qui s’est passé au lieu de cela, c’est un viol épique de nous, les Slaves.
Et un coup de pouce économique pour les grandes économies de l’UE, principalement l’Allemagne, pendant les deux décennies suivantes. L’essence de ces pays (pas tous) a été littéralement dévorée.
Je pense également que cette tendance s’inversera lentement et que les choses s’amélioreront. Mais pendant une certaine période, cette conversion forcée de l’Europe de l’Est en une économie de marché a été essentiellement une période où l’Europe occidentale et centrale a pillé l’essence de l’Europe de l’Est. Encore une fois, les choses s’améliorent et s’amélioreront, non pas grâce à l’UE, mais grâce à d’« autres » facteurs.
- Libre circulation et droit de séjour
La libre circulation est presque toujours une très bonne idée. Peut-être pas en temps de guerre ou lorsqu’un État ennemi tente de vous infiltrer, mais je pense que c’est une bonne chose dans tous les autres cas. Il est enrichissant pour les personnes et les pays de voyager et d’apprendre à connaître d’autres cultures, d’essayer de les comprendre et de travailler avec elles. Il n’y a pas beaucoup de cas où l’on pourrait qualifier cela de mauvais.
C’est tout à fait différent du droit de séjour dans l’UE. Entre égaux, cela n’a pas d’importance. Quelques personnes se déplaceront toujours d’un pays X vers un pays Y et vice versa. Mais le droit de séjour entre une grande nation puissante et un pays plutôt pauvre avec de gros problèmes de chômage (dus à l’effondrement du système économique socialiste) est une toute autre histoire.
Pour la grande nation, c’est une bénédiction. Elle dispose d’une main-d’œuvre adulte, éduquée, qualifiée et bon marché pour ses industries. Elle n’a pas besoin d’investir des centaines de milliers d’euros pour les élever et les éduquer.
D’autre part, les petits pays pauvres ont investi tout cet argent et ont élevé et éduqué ces personnes. Pour qu’ils soient ensuite « aspirés » par un pays puissant et riche. Chose particulièrement facile avec le droit de séjour.
Un argument pourrait être, sans aucun doute, que ces pays ne sont tout simplement pas assez compétitifs. S’ils l’étaient, les gens ne seraient pas incités à en partir. C’est vrai. C’est là qu’intervient l’« économie d’échelle », que j’ai décrite en détail dans Economics and Empires 6. Elle conclut qu’il est impossible pour un petit pays avec une faible population et des ressources naturelles limitées de rivaliser avec un pays plus riche.
Lorsque le bloc socialiste était en place, ces problèmes n’existaient pas, puisque l’économie d’échelle s’y appliquait également. Il s’agissait d’un marché très vaste, commun et coordonné. Et puis tout cela a disparu, et tous les pays, pris individuellement, sont devenus instantanément non compétitifs.
Cela signifie-t-il que les petits pays qui sont naturellement incapables de rivaliser avec les grands pays puissants devraient perdre leur statut d’État et simplement être incorporés à un pays plus grand ? Cela signifie-t-il que ces pays n’ont pas besoin de leur population puisqu’ils ne sont pas compétitifs et qu’ils peuvent donc « faire don » de leurs citoyens valides à un pays plus grand qui a besoin d’une main-d’œuvre bon marché ?
Je ne le pense pas.
Je pense que ces pays devraient se protéger et agir en conséquence, en fonction de leurs intérêts nationaux. Et, donc, s’ouvrir à un rythme qui leur permette de s’adapter aux nouvelles réalités. Et fermer leur marché, si nécessaire.
En Republique Srpska, en Serbie et au Monténégro, nous ne faisons pas partie de l’UE. Mais nous sommes lentement et sûrement dépeuplés par le processus décrit ci-dessus.
C’est la différence entre les considérations à court terme et les considérations à long terme.
Si on considère le court terme, certains hommes politiques pourraient voir l’avantage d’un grand nombre de chômeurs qui quitteraient le pays. Il y aurait moins de problèmes avec eux.
À long terme, il s’agit d’une catastrophe démographique et sociale qui, au fil des décennies ou des siècles, ne pourra qu’entraîner la disparition pure et simple de ces pays.
Vous avez des problèmes de chômage ? Pourquoi importer de l’étranger tout ce qui est nécessaire ? Si vous avez un taux de chômage élevé, il est CRIMINEL d’importer des marchandises que vous pourriez produire vous-même avec la main-d’œuvre disponible et des investissements raisonnables.
Pourquoi ne pas placer le soutien aux startups au premier rang de vos priorités ? Soutenir l’esprit d’entreprise ? Élaborer des plans concernant les produits de base qui doivent être produits dans le pays et accorder des allégements fiscaux et des subventions aux start-ups et autres entreprises nationales qui produisent ou innovent dans ce secteur ?
Bien sûr, les « conseillers » occidentaux conseillent d’ouvrir les marchés, de tout privatiser et de vendre le pays. Mais ; bien sûr, aucun de ces « conseillers » n’a indiqué comment vous auriez pu promouvoir l’esprit d’entreprise et l’esprit de démarrage dans le pays, dans les universités, dans les écoles. etc.
Dans les Balkans, la plupart des adolescents vont à l’école et étudient. Et finissent par devenir serveurs ou vendeurs, après avoir obtenu leur diplôme avec félicitations. Ou partent à l’étranger.
Mais non, notre Hégémon (???) ne veut pas que nous réussissions sur le plan national. Il veut que nous achetions ses marchandises et nous prendre notre peuple. Le meilleur exemple actuel est l’Ukraine. Il faut s’attendre à ce que des millions d’Ukrainiens jeunes et éduqués (des Russes, en fait) lui soient « volés » pour toujours.
- L’euro
L’euro a été une mauvaise idée dès le départ.
Si vous voulez réussir sur les marchés internationaux, vous devez être en mesure d’adapter votre monnaie aux fluctuations de la demande intérieure et extérieure. Surtout si vous dépendez fortement du commerce extérieur, qu’il s’agisse d’importations, d’exportations ou des deux.
Si vous avez une Union de pays, c’est impossible. Chaque pays a des exigences et des besoins particuliers. Certains pays ont besoin d’un euro plus fort pour être prospères. D’autres ont besoin d’un euro plus faible. En théorie, la valeur de l’euro ne correspondra pas aux exigences de N’IMPORTE QUEL pays.
En théorie.
En réalité, elle correspond absolument aux exigences d’un pays : l’Allemagne.
L’Allemagne est un grand exportateur. Dans le cadre de son modèle économique actuel, elle bénéficie largement de l’Union européenne. À leur tour, de nombreux autres pays de l’UE profitent de la vigueur de l’économie allemande.
Il est donc avantageux pour l’UE d’aligner la valeur de sa monnaie sur les besoins de l’Allemagne. Si l’Allemagne prospère grâce à son modèle basé sur les exportations, la plupart des autres pays « industriels » de l’UE vont également prospérer.
Mais si on considère les besoins et les exigences de chaque État de l’UE pris séparément, on peut conclure que, pour certains de ces États, l’euro est un poison. Ils pourraient prospérer bien mieux sans avoir à se sacrifier pour le « bien commun » de l’UE s’ils avaient des monnaies nationales. Ils pourraient mieux placer leurs produits sur les marchés internationaux, ce qui rendrait plus difficile l’importation de marchandises par les entreprises nationales. Cela permettrait de créer une demande intérieure et de promouvoir l’esprit d’entreprise et les jeunes sociétés et autres startups dans les cas les meilleurs.
J’ai écrit une très longue introduction pour finalement arriver à une de mes premières conclusions (parmi beaucoup d’autres).
L’Allemagne est dirigée par une certaine hiérarchie. Et au sein de cette hiérarchie, la démocratie joue un rôle très faible, comme dans le reste de l’Occident.
Voici la pyramide du pouvoir en Allemagne. Remarque : la majeure partie du pouvoir se trouve au sommet.
En commençant par le haut : Oligarques occidentaux. Oligarques allemands. Politiciens allemands. Le peuple.
Ainsi, pour ménager les oligarques allemands (quelques très riches familles industrielles) et s’assurer par là le contrôle de l’Allemagne, cette dernière a été autorisée à devenir l’hégémon de l’UE. En d’autres termes, l’UE a été pendant très longtemps construite autour de l’Allemagne, pour répondre à ses propres besoins.
Après l’effondrement du bloc socialiste, l’Allemagne a été non seulement autorisée à devenir un hégémon au sein de l’UE, elle a en outre été autorisée à devenir le maître colonial/impérial des Balkans (nous y reviendrons).
Tout cela a été fait pour pouvoir intégrer rapidement les pays d’Europe de l’Est dans les économies occidentales (en les dévorant), et pour, plus tard, maintenir tous les pays de l’UE sous un seul et même point d’influence. Cela vient de prendre fin : l’UE a réussi à concentrer tellement de pouvoirs que l’Allemagne ne lui est plus nécessaire pour l’aider à tenir ce rôle.
En outre, en vue de pouvoir rivaliser avec la Chine, les États-Unis sont contraints de se réindustrialiser et de développer des marchés pour leurs produits. Or, l’Allemagne est, par tradition, un (sinon le plus) grand fournisseur de biens industriels sur les marchés mondiaux. Les États-Unis doivent donc détruire l’industrie allemande pour éliminer un de leurs principaux concurrents en matière de biens industriels.
[Si on le comprend bien, Aleks a l’air de dire que l’UE, maintenant, ce sont ouvertement les USA. N.des G.O.]
Effondrement de l’économie européenne
Pourquoi est-ce que j’écris autant sur l’Allemagne ? Parce qu’elle a été choisie comme hégémon de l’UE. Ce qui se passe en Allemagne a donc un impact direct et majeur sur les autres pays européens.
On peut affirmer que l’Allemagne, ou l’Europe en général, se portent toujours bien et que les valeurs boursières sont élevées.
Regardez le tableau suivant :
L’Allemagne est déjà en train de se désindustrialiser ! À en juger par ces chiffres officiels, la désindustrialisation est rapide.
Il en va de même pour le stock de commandes de l’industrie allemande :
L’orientation est claire.
En Allemagne, les petites et moyennes entreprises constituaient l’épine dorsale de l’industrie. Elles ne peuvent plus supporter la hausse des prix de l’énergie et toutes les réglementations relatives à la transition vers les énergies vertes. Elles meurent ou tentent de se délocaliser, aux États-Unis ou ailleurs.
Les grandes entreprises industrielles, cotées au DAX (indice boursier allemand), sont mieux placées pour faire face aux difficultés, même si elles connaissent elles aussi d’énormes problèmes. Néanmoins, elles profitent, dans une certaine mesure, de la mort ou de la délocalisation de concurrents plus petits ou de taille moyenne. C’est ce qu’on appelle la centralisation.
En outre, la plupart des grandes entreprises produisent également à l’étranger, mais la comptabilité est basée en Allemagne. Elles peuvent donc continuer à produire dans des pays compétitifs (c. à d. pas en Allemagne) et enregistrer des chiffres positifs en Allemagne.
Je pense que le fond du problème est le suivant : j’expliquerai plus tard à quoi ressemblera le coup de grâce, mais la plupart des industriels sont conscients de ce qui les attend. Par conséquent, avoir fait d’abord grimper les indices boursiers à des niveaux irréalistes les aidera à retirer leurs actifs avant le krach et à les réinvestir dans des biens marchands tels que l’immobilier ou l’or. Je suis sûr que les oligarques détenteurs principaux d’actions industrielles allemandes disposeront, avant le krach, de tuyaux privilégiés, et agiront en conséquence. Je n’en ai aucune preuve, mais c’est le schéma habituel.
Maintenant, la question est de savoir quand il deviendra évident pour tout le monde que la situation est catastrophique.
Trois événements en cours se préparent à mettre fin à l’Allemagne et, par conséquent, à l’ordre européen actuel :
- Lorsque la Russie en aura fini avec l’Ukraine, ce qui devrait être le cas d’ici la fin de l’année (s’il n’y a pas d’escalade extérieure majeure), elle disposera d’un pont terrestre vers la Hongrie et la Serbie. Ces pays auront ainsi la possibilité de choisir librement leurs marchés et leurs fournisseurs selon les mécanismes d’une économie de marché et non par le chantage et la pression (UE).
Étant donné que les pays voisins de l’UE auront un accès progressif à cette nouvelle ligne de vie économique, on s’attend à ce que davantage de pays européens choisissent de commercer avec les BRICS au lieu d’être contraints de commercer avec des pays où ils paient deux fois les prix. En outre, ils pourront vendre leurs produits dans d’autres devises et redevenir compétitifs.
- L’Allemagne dépend fortement du commerce avec la Chine, tant pour les importations que pour les exportations. Consultez Economics and Empires 2 pour obtenir des données détaillées. Si l’Allemagne perdait son accès à la Chine, cela porterait un coup fatal à l’économie allemande. Il est très difficile d’imaginer comment l’Allemagne pourrait y survivre avec son modèle économique actuel.
Mais, eh, pourquoi l’Allemagne devrait-elle perdre son accès à la Chine ? 😊 Est-ce que ce ne serait pas suicidaire ? 😊
Si, bien sûr. L’Allemagne perdra son accès à la Chine exactement comme elle a perdu son accès au gaz russe bon marché. Les Américains ont fait exploser le gazoduc Nord Stream, ils feront donc exploser les relations et le commerce de l’Allemagne avec la Chine. Très probablement par le biais de réglementations européennes farfelues, qui sont déjà en cours d’élaboration (voir les droits de douane américains sur les voitures électriques chinoises). Et par le biais de saboteurs internes comme le parti vert allemand.
- Enfin, l’Allemagne dispose également d’un grand marché aux États-Unis. Les États-Unis ne veulent plus de l’Allemagne sur leur marché car ils veulent se réindustrialiser. Ils n’acceptent les entreprises allemandes sur leurs marchés que si celles-ci délocalisent leur production aux États-Unis. En outre, ils font tout pour rendre les entreprises allemandes non compétitives, par exemple en faisant sauter les oléoducs et en imposant à l’Allemagne des projets de transformation écologique totalement irréalistes par l’intermédiaire de leurs saboteurs du « Parti des Verts ».
Les Allemands ne vont donc pas seulement perdre le marché américain. Ils vont également passer du statut de producteur et d’exportateur de biens à celui de consommateur et d’importateur de biens. Surtout en provenance de la Chine à court terme et des États-Unis à long terme (si ces plans aboutissent, ce qui reste à voir).
Et avec une Allemagne défaillante (voire désintégrée), le paysage politique et militaire européen changera radicalement.
C’est là toute la différence entre une réflexion à court terme et une /réflexion sur la planification stratégique. À l’heure actuelle, les choses peuvent être camouflées pour avoir l’air « correctes », mais les grands coups n’ont pas encore été portés. Elles se dénoueront au cours des trois prochaines années.
L’hégémon des Balkans
J’ai déjà mentionné plus haut que l’Allemagne était devenue l’hégémon des Balkans. C’est une des primes qui lui avaient été accordées en échange de la conformité de ses élites aux échelons supérieurs de la hiérarchie oligarchique occidentale.
Comme la plupart des grands pays de l’UE sont autorisés à maintenir un certain degré de leur ancien impérialisme, toujours sous la surveillance des Américains (celle des oligarques occidentaux en fait), l’Allemagne avait reçu le droit de maintenir sous sa coupe la partie slave de l’empire occidental. Curieusement, si vous lisez la littérature allemande d’AVANT la Deuxième Guerre mondiale, vous verrez toujours l’obsession des Allemands de haut rang à vouloir régner sur les Slaves… Je n’ai aucune idée de l’origine de cette obsession, mais elle est actuellement satisfaite…
Que mes lecteurs allemands ne s’y trompent pas : j’ai bien conscience que l’Allemand moyen n’a AUCUNE IDÉE de tout cela ni la moindre intention à cet égard. Je n’accuse pas le peuple allemand de quoi que ce soit. Ce sont ses oligarques qui sont racistes jusqu’aux moelles. En particulier en ce qui concerne cette obsession à propos des Slaves.
Les Français ont obtenu le droit de continuer à entretenir leurs colonies africaines (bien que ce droit soit en train d’être remis en cause par des « puissances extérieures »). Les Italiens ont également des responsabilités en Afrique. Les Britanniques ont leur Commonwealth.
Et par mesure de sûreté, les Américains sont également présents avec des bottes sur le terrain dans la plupart de ces sous-empires. Trust, but verify, comme ils disent.
Il ne s’agit là que de quelques exemples de structures impériales hiérarchisées encore en place.
Pour sa part, l’Allemagne essaie de :
- Régner politiquement sur les pays slaves, notamment dans les Balkans. Le « Haut représentant pour la Bosnie-Herzégovine » en est un parfait exemple. Actuellement, c’est un Allemand qui essaie de détruire les « Accords de Dayton » et, par conséquent, l’entité serbe au sein de la Bosnie appelée Republika Srpska (mon pays d’origine, soit dit en passant). L’objectif est clair : briser la résistance serbe à l’adhésion de la Bosnie à l’UE et à l’OTAN et, partant, à la perte du reste de sa souveraineté et de sa dignité. Néanmoins, il existe bien d’autres exemples.
- Construire des routes dans les Balkans, non par altruisme, mais pour relier les régions balkaniques aux réseaux allemands de distribution de produits allemands. Ce qui met en faillite les producteurs nationaux. Si vous vous rendez à Zagreb (plusieurs années après son adhésion à l’UE), vous y verrez essentiellement des entreprises et des magasins allemands. Les entreprises nationales ont été lentement mais sûrement évincées.
Est-ce une mauvaise chose ? Il y a du pour et du contre. C’est plutôt une bonne chose en ce sens qu’elle crée des emplois et forme de la main-d’œuvre. Néanmoins, la majeure partie de l’argent généré sort du pays parce que les sièges sociaux se trouvent en Allemagne. Les impôts aussi, sont contournés grâce aux « accords d’investissement ». Parce que les dits investissements sont assortis de nombreuses conditions, telles que, par exemple : « Nous investissons si vous faites ceci et pas cela. »
- En transplantant les jeunes instruits et les jeunes familles en Allemagne. L’Allemagne a un problème démographique et dépend donc entièrement de l’implantation de millions de personnes par an, de manière à pouvoir faire fonctionner son industrie et son système social pendant plusieurs années encore, jusqu’à l’effondrement final.
- Il y a davantage d’intentions, mais je pense avoir mentionné les plus importantes.
Je pense que tout va changer maintenant. Comme je l’ai déjà expliqué, l’Allemagne n’est plus nécessaire à l’empire. Elle a mis en place toutes les structures nécessaires au sein de l’Europe, dans le but de la rendre facilement contrôlable par l’oligarchie occidentale. Toutes les compétences sont désormais concentrées dans la structure antidémocratique qu’est l’UE. Il n’est plus nécessaire de faire semblant d’être démocratique. L’UE est totalement dirigée par des fonctionnaires non élus.
En outre, comme indiqué plus haut, l’industrie allemande n’est plus nécessaire. C’est même le contraire. Elle est devenue un obstacle pour le reste de l’Occident. Elle est donc petit à petit rétrogradée, ce qu’on appelle la désindustrialisation. Ce processus a commencé en 2022 et ne fera que s’accélérer.
Ce qui est amusant, c’est que les oligarques et les élites allemandes ont été utilisés exactement comme les autres élites du monde entier, avant d’être jetés comme des préservatifs usagés. Comme l’ont été les Ukrainiens, les Afghans, etc.
Dire que les élites allemandes ne sont pas contentes est la mère de tous les euphémismes. Les représentants d’énormes entreprises allemandes comme BASF (ce ne sont pas les oligarques) critiquent déjà publiquement la direction que prend tout cela. C’est très inhabituel pour des Allemands. Les oligarques eux-mêmes en personne sont aujourd’hui très souvent présents dans le « Kanzleramt » et exigent le maintien des relations avec la Chine en guise d’ultime sursaut avant un effondrement économique total. Je veux dire, littéralement, les oligarques eux-mêmes se montrent à la Chancellerie.
Et je pense que Scholz aimerait s’y conformer. Ou, autrement dit, QU’IL S’Y PLIE. Mais il y a des puissances supérieures qui vont tout faire échouer. Comme je l’ai déjà mentionné, l’explosion du gazoduc Nord Stream en est un exemple. Et d’autres actes de sabotage interne…
Mon conseil personnel à l’Allemagne : Vous feriez mieux d’abandonner dès que possible vos ambitions impérialistes en Europe de l’Est, et de réorienter votre modèle d’entreprise d’une économie basée sur l’exportation vers une économie dirigée vers le marché intérieur, ce qui vous sauverait de l’effondrement total sur le point de se produire. Enfin, vous auriez intérêt à jeter aux poubelles votre transition verte planifiée. Elle a été conçue exprès pour détruire votre industrie afin que d’autres puissent s’emparer de vos marchés et de VOUS EN TANT QUE MARCHÉ. Votre destruction a été facilitée par « Les Verts », qui est un parti anti-allemand.
Si vous voulez être écologistes, d’accord. Il n’y a aucun mal à cela. Mais définissez-vous des objectifs et fixez un prix pour les émissions, qui augmentent à un rythme raisonnable, et laissez l’économie de marché trouver les meilleures solutions techniques à ces problèmes. Arrêtez ce que vous faites avec votre comité central de planification qui détermine tout, de la technologie au processus, etc.
Même si vous faites tout ce qui est souhaitable, il vous restera le problème de votre dépendance aux importations d’énergie à triple prix. Dont, si vous ne respectez pas les directives externes, le prix pourrait facilement augmenter de 400 % ou de 1 000 %… Félicitations !
Serbie, Hongrie et Chine
J’ai déjà écrit à plusieurs reprises sur les perspectives stratégiques de survie de la Serbie dans les Balkans en tant que nation « indépendante ». La perspective de survie est liée à la chute de l’Ukraine. Lorsque la Russie aura accès à la Hongrie, la Serbie sera sauvée. La Hongrie et de nombreux autres pays d’Europe de l’Est, dont la seule raison d’être au sein de l’OTAN et de l’UE est de servir de bélier contre la Russie, pourront également se libérer et prospérer.
Mais pourquoi ai-je écrit « indépendant » entre guillemets ? Formellement (de jure), nous SOMMES indépendants. Dans les faits (de facto), nous ne le sommes pas. Nous sommes coupés de la mer. L’OTAN s’est abouché avec le « président » du Monténégro (c’est chez moi aussi), Milo Dukanovic, et a réussi à nous séparer de la Serbie à un moment où la Serbie était encore affaiblie et dirigée par des crétins après l’agression de l’OTAN contre notre pays.
Nous sommes entourés de pays de l’OTAN qui sont eux-mêmes entourés de pays de l’OTAN d’une importance impériale supérieure. Oui, il existe des pays de l’OTAN/UE de classe inférieure. Ils servent uniquement à étendre l’influence et les objectifs politiques de l’empire. Il y a ensuite les États impériaux de rang supérieur, tels que l’Allemagne, la France et l’Italie.
Comme l’OTAN nous entoure, nous sommes de facto dépendants. Si nous voulons avoir de l’énergie, des médicaments, des machines, etc., nous devons nous conformer aux règles qui nous sont imposées. Il s’agit littéralement d’un état de siège classique.
Il y a aussi le Kosovo. Le Kosovo nous a également été arraché de facto, mais pas de jure, par la force de l’OTAN. La population serbe en a été en grande partie chassée et les parties anciennement peuplées de Serbes ont été repeuplées par des Albanais. Ces derniers sont aujourd’hui dirigés par d’anciens criminels, des membres de la mafia et des terroristes. Ils chassent petit à petit les Serbes du Kosovo et sont protégés par l’OTAN (KFOR).
Notre gouvernement se conforme aux événements parce qu’il y est contraint. Nous n’avons actuellement pas d’autre choix que de nous retirer progressivement, tout en opposant une forte résistance pour gagner le plus de temps possible. Si nous ne nous conformons pas entièrement aux diktats, nous serons lourdement sanctionnés ou la guerre reprendra.
Vous pouvez penser ce que vous voulez de notre président Vucic d’un point de vue national, mais je suis pesuadé qu’il fait ce qu’il faut en ce qui concerne le Kosovo, et je pense que c’est coordonné et synchronisé avec la Russie et la Chine.
Nous avons réussi à reconstruire notre pays sur les cendres des bombardements de l’OTAN en 1999. Nous ne sommes pas de classe mondiale, mais nous ne sommes pas mauvais. La dernière chose dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’être à nouveau sanctionnés ou bombardés jusqu’à l’oubli. Nous avons appris par le passé que le plus grand problème de la Serbie est d’ordre démographique. Nous avons besoin de gens plus que de toute autre chose. En particulier d’enfants et de jeunes. Or, au cours des vingt dernières années, certains pays riches de l’Union européenne, l’Allemagne en tête, en ont aspiré une grande partie. Et nous avons perdu beaucoup de monde dans les guerres des années 90.
Aggraver la situation provoquerait exactement le contraire. Notre rare jeunesse serait à nouveau décimée et des centaines de milliers, voire des millions, fuiraient encore à l’étranger. Et nous ne sommes que quelques millions…
Vucic fait ce qu’il faut : gagner du temps, jusqu’à ce que l’UE et l’OTAN commencent à se désintégrer. Et ce processus devrait commencer par l’accès de la Russie à la Hongrie. Vucic doit donc gagner du temps jusqu’à ce que l’armée russe atteigne les frontières hongroises.
Et c’est aussi la raison pour laquelle le président chinois Xi Jinping s’est récemment rendu en Serbie, juste pour l’anniversaire du jour où l’OTAN a « accidentellement » bombardé l’ambassade de Chine à Belgrade en 1999, au cours de son agression contre le peuple serbe.
Il s’agissait pour lui de rassurer la Serbie sur le fait que dès qu’elle sera reconnectée au monde libre (par opposition à la dictature non élue de l’UE), elle deviendrait une plaque tournante commerciale d’importance majeure et, fondamentalement, la porte d’entrée du commerce des BRICS de l’Est vers le continent européen « rouvert », notamment par l’initiative Belt and Road (la ceinture et la route).
La Hongrie est sans doute plus importante encore et devrait être d’autant plus bénéficiaire, puisqu’elle doit devenir le raccord direct de l’Eurasie vers l’Europe libre, via l’oblast russe de l’« Ukraine ».
Au fait, qu’on me permette un peu d’auto-promotion. Il y a plus d’un an et demi, j’ai été le seul à révéler cette stratégie. Jusque là, personne ne l’avait jugée possible (raccorder l’Europe aux BRICS par la Hongrie). Et voilà que Xi Jinping vient de la confirmer lui-même par sa visite en Hongrie et en Serbie.
Toutefois, dès que la Serbie sera reconnectée à la Russie, elle pourra se débarrasser de toute influence de l’UE, en particulier de l’Allemagne, et se recentrer uniquement sur ses intérêts nationaux. Elle recevra également des technologies et des composants de missiles modernes et pourra se doter d’une force de dissuasion contre toutes sortes d’agressions. Nous ne voulons la guerre à aucun moment. Vous vous souvenez de ce que j’ai dit à propos de la démographie ? Mais nous pouvons certainement rendre le coût d’une agression contre nous trop élevé pour que l’Occident puisse l’envisager au nom de la préservation du Kosovo.
Dès que nous pourrons être approvisionnés par voie terrestre en tout ce dont nous avons besoin, comme les médicaments, les machines et la technologie, nous pourrons ignorer le chantage de l’UE et suivre nos propres intérêts.
Cela ne signifie pas que nous devions reprendre le Kosovo par la force. Comme je l’ai souligné dans des articles précédents, nous récupérerons le Kosovo lorsque l’OTAN, l’UE et peut-être l’Amérique elle-même auront commencé à se désintégrer. Cela devrait se produire au plus tard en 2030 et prendre de l’ampleur après la victoire de la Russie en Ukraine. L’empire, alors, aura d’autres problèmes que le Kosovo. Alors, nous interviendrons simplement et devrions pouvoir rétablir l’ordre sans résistance de la part de l’Occident.
Ce que nous pouvons certainement faire, après avoir obtenu l’accès au pont terrestre vers la Russie, c’est arrêter notre retrait progressif du Kosovo. Et cesser d’accepter toutes les conneries que les « autorités » du Kosovo (en fait, les manipulateurs de l’UE) nous imposent à nous, Serbes du Kosovo.
Commerce occidental avec la Chine
Et comme j’ai probablement déjà agacé trop de gens avec cet article (j’espère que mes lecteurs allemands n’en prennent pas ombrage, car je n’accuse de rien le peuple allemand, juste ses oligarques), je vais continuer à faire de même avec les Chinois. Pardon. 😊
Récemment, on a entendu beaucoup de politiciens américains comme Yannet Yellen et Antony Blinken discourir sur les « surcapacités » chinoises. La Chine est devenue l’« usine » du monde. Elle produit des biens industriels pour une bonne partie de la planète, en particulier pour les pays occidentaux. Et la capacité industrielle de la Chine n’est pas seulement « plus importante » que celle de l’Amérique, elle est au moins deux fois plus importante, voire davantage. Et le PIB n’est certainement pas le bon indicateur pour mesurer la capacité industrielle.
Reprenons l’exemple de l’Allemagne. En 2023, l’Allemagne a importé de Chine des biens pour une valeur de 157 milliards d’euros. Et elle a exporté vers la Chine des biens pour une valeur de 97 milliards d’euros. Ces chiffres sont incroyables. Prenons maintenant le cas des États-Unis. En 2023, les États-Unis ont importé de Chine des biens pour une valeur de 427 milliards de dollars et exporté vers la Chine des biens pour une valeur de 147 milliards de dollars. Ces chiffres sont encore plus incroyables.
Nous pourrions dresser la liste de tous les échanges commerciaux des pays occidentaux avec la Chine et nous obtiendrions des statistiques similaires. Mais pas seulement pour les pays occidentaux. Il en va de même pour la plupart des autres pays.
En fin de compte, la Chine produit la plupart des biens physiques utilisés par l’Occident.
Selon la logique des intérêts nationaux, de l’indépendance et de la souveraineté (décrite dans mes articles sur l’économie et les empires), il s’agit d’une situation désastreuse.
Ce qui suit peut être perçu comme du « dénigrement de la Chine », pourtant ce n’est pas le cas. Il s’agit plutôt de montrer à quel point l’Occident a agi de manière idiote au cours des dernières décennies. J’espère que vous aurez admis la différence quand vous aurez fini de lire cet article.
Le président Trump a popularisé l’expression « America First », et je suis entièrement d’accord avec cette politique. De mon point de vue, le seul but de tout gouvernement devrait être d’assurer la prospérité, l’indépendance et la liberté de son peuple. Il s’ensuit qu’il devrait être uniquement guidé par les intérêts nationaux.
Par conséquent, je suis favorable à toutes les politiques « First ». La Russie d’abord, l’Amérique d’abord, la Serbie d’abord, la France d’abord, etc.
Faire dépendre son pays de machines, de pièces détachées, de médicaments et de technologies essentielles fabriquées dans des pays lointains est une négligence criminelle. La vie et le bien-être de votre peuple dépendent de ces choses, et vous les mettez à la merci d’une puissance étrangère ? Vous êtes un criminel ! Bien sûr, il y a des nuances. Chaque pays n’est pas en mesure de tout gérer seul. Nous avons déjà abordé ce sujet. Mais de prime abord, il devrait faire tout ce qu’il peut avec ses propres ressources, sa propre population et sa propre main-d’œuvre avant de s’approvisionner en quoi que ce soit sur les marchés étrangers. S’il est contraint de s’approvisionner sur les marchés étrangers, il doit le faire dans le cadre d’une réflexion stratégique et avec des pays considérés comme amicaux sur un long terme.
Vous ne devez donc importer des marchandises que si
- Votre personnel est pleinement employé et vous n’avez pas de capacité de réserve.
- Vous ne pouvez pas produire les biens vous-même en raison d’un manque de technologie.
- Vous ne disposez pas des ressources naturelles nécessaires pour produire vous-même les biens dont vous avez besoin.
Au cours des trois dernières décennies, nous avons été uniquement guidés par les prix, afin d’atteindre nos « objectifs de croissance du PIB ».
De plus, l’Occident était à 100 % convaincu de l’excellence de sa stratégie à long terme visant à désintégrer la Russie et, dans la foulée, à soumettre complètement la Chine. Cette stratégie avait donc une sorte de sens malsain puisque la Chine allait devenir, dans ce cas, une colonie. Mais cet effort a échoué.
L’Occident l’a compris et adapte ses stratégies à la nouvelle réalité. Je pense que si vous êtes l’Occident et que vous supposiez que vous allez perdre les pays du Sud (BRICS) en tant que colonies, vous auriez tout à fait raison d’essayer d’arrêter d’importer de la Chine.
Il me faut être très prudent ici pour préciser ce que je veux dire, parce que c’est essentiel :
Les pays occidentaux considèrent la Chine comme un ennemi pour les décennies à venir. Peut-être pas les populations occidentales elles-mêmes. Peut-être même pas leurs hommes politiques. Mais ce sont néanmoins les orientations/impulsions qui sont données par les oligarques occidentaux après l’échec de l’asservissement de la Chine. De ce point de vue, il paraît tout à fait justifié de réduire les importations en provenance de Chine. En particulier les importations de biens essentiels dont vous êtes dépendants.
Pour que ce soit un peu plus clair pour tout le monde : je ne dis pas que la Chine est objectivement l’ennemie des pays occidentaux ni que les pays occidentaux devraient généralement réduire leurs échanges commerciaux avec la Chine ou les importations qui en proviennent. Ce serait trop simple.
Si les pays occidentaux (colonies de leurs oligarques) sont contraints d’être hostiles à la Chine, le commerce avec la Chine, en particulier dans la mesure où nous parlons d’une part importante des importations critiques, est contre-productif. Par conséquent, se retirer des marchés et s’abstenir d’importations chinoises est la bonne chose à faire. (Soyez indulgents, je vais vous expliquer ceci en détail).
- Pourquoi le retrait des marchés chinois est-il la bonne chose à faire ?
L’Occident s’est transformé en une économie de services. Des actifs réels sont encore produits, mais pas en nombre suffisant pour amortir l’impact d’un arrêt soudain des approvisionnements. Et ce n’est certainement pas seulement ce qui pourrait arriver, c’est ce qui arrivera très probablement si nous continuons sur la voie actuelle de l’escalade mondiale.
En outre, je ne cesse de répéter que chaque nation devrait d’abord utiliser sa propre population pour produire tous les biens et actifs essentiels dans la mesure du possible, puis importer le reste.
- Comment se retirer ?
Les actes des Américains sont, malheureusement, totalement erronés. Je crains qu’ils ne soient pas capables d’agir différemment puisqu’ils ont appris pendant des décennies, voire des siècles, à ne parler aux autres pays qu’à partir d’une position de pouvoir. S’ils veulent se retirer du commerce avec la Chine ou au moins réduire ou éliminer leur déficit commercial, ils devraient le faire diplomatiquement et au fil du temps. Pas en mettant le feu à Taïwan.
J’y reviendrai plus tard, mais la rupture au pied de biche pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la population américaine s’il s’agit d’une rupture brutale des chaînes d’approvisionnement. Mais qui sait, c’est peut-être ce qu’ils veulent : la destruction créatrice. Et pouvoir pointer du doigt les grands méchants Chinois pour leurs problèmes domestiques intensifs et pour accélérer leur réindustrialisation.
Peut-être. Je ne sais pas si oui ou non c’est une bonne idée… Plutôt non, à mon avis ! Il en va de même pour l’Allemagne et l’Europe. La compétitivité restante des industries allemandes s’explique par l’utilisation de composants chinois ultra bon marché dans leurs produits qui ne sont assemblés qu’en Allemagne et portent le label « Made in Germany ».
Avec la main-d’œuvre dont elle dispose, l’Allemagne devrait réussir à rester aussi industrialisée que possible. Le problème de l’Allemagne est que des millions de travailleurs vont prendre leur retraite dans les prochaines années et que, d’un certain point de vue, c’est une bénédiction pour l’Allemagne de ne pas avoir à tout produire elle-même.
Lorsque l’Ukraine s’effondrera et que le grand flux de réfugiés arrivera d’Ukraine, l’Allemagne sera peut-être en mesure d’ajouter 2 à 3 millions de jeunes gens supplémentaires à sa main-d’œuvre bon marché. Cela pourrait lui permettre de surmonter ses problèmes démographiques pendant encore 5 à 6 ans.
Les Américains n’ont pas ces problèmes. Ils pourraient et devraient se réindustrialiser en reprenant autant de production que possible à la Chine. Il en va de leur intérêt national fondamental, sans qu’il soit question de critiquer la Chine de quelque manière que ce soit. Employez d’abord votre population, puis faites ce que vous voulez. Et vous avez aux États-Unis des colonies entières de millions de sans-abri… L’Amérique d’abord !
Mais vous devriez le faire diplomatiquement, pacifiquement, au fil du temps, sans provoquer la guerre en même temps. En fait, pas comme vous (Yannet Yellen et Tony Blinken) le faites actuellement.
- Tous les pays occidentaux vont-ils rester des « pays occidentaux » ?
Non, bien sûr. Comme je l’ai dit, avec la chute de l’Ukraine, davantage de pays européens rejoindront l’espace commercial des BRICS, en commençant par la Hongrie et en s’étendant petit à petit.
C’est la raison pour laquelle nous devons nous attendre à des escalades majeures, à l’exception d’une guerre chaude et nucléaire entre la Russie et l’Occident, dès que la défaite finale de l’Ukraine aura eu lieu.
Remarque : la proximité de la victoire russe ne se mesure pas en kilomètres entre les lignes de front russes et la frontière hongroise. L’Ukraine peut être et sera probablement vaincue militairement à l’est du Dniepr, après quoi un effondrement général se produira dans l’ensemble du pays.
La proximité de la victoire se mesure au nombre de personnes qui sont encore en vie en Ukraine et qui sont enrôlées de force et tuées dans l’est de l’Ukraine.
Elle ne se mesure donc pas en kilomètres, mais en nombre de personnes qui respirent et qui seront déjà mortes au moment de la défaite de l’Ukraine.
Des pays comme la Serbie, la Hongrie et (espérons-le) nos frères bulgares, mais aussi des pays comme l’Autriche et l’Italie pourraient se détacher du camp occidental au fil du temps et rejoindre l’espace commercial des BRICS.
Et même dans ce cas, je plaiderai en faveur de cette solution : Il faut d’abord s’occuper de son peuple, puis s’engager dans le commerce extérieur, etc. Cela signifie toujours reprendre ce que vous avez externalisé JUSQU’À ce que votre peuple soit entièrement satisfait.
Je sais que c’est trop simple parce qu’il faut tenir compte des prix plus élevés de la production nationale, mais si vous réalignez votre économie sur la consommation et la production nationales, vous éliminez une grande partie de la pression de la concurrence extérieure. Dans la mesure où vous avez accès aux ressources correspondantes et, dans le meilleur des cas, à la mer ou à l’infrastructure de l’initiative « la Ceinture et la Route ».
C’est pourquoi j’ajoute toujours le mot « raisonnable ». Cependant, pour de nombreuses raisons, il n’est pas possible de s’approvisionner entièrement en produits nationaux. Je l’admets, et il convient de le noter.
- Tout le monde devra-t-il suivre cette approche ?
Encore une fois, tant que vous faites tout ce qui est raisonnable pour employer votre propre population, vous pouvez faire ce que vous voulez. Et dans ce cas, vous pouvez continuer à commercer pleinement avec la Chine et l’infrastructure des BRICS.
Je voudrais souligner un simple fait pour étayer mon raisonnement : Pourquoi la Russie n’est-elle pas intervenue en Ukraine en 2014 ? Une grande partie des sacrifices qu’elle a faits à ce jour n’auraient pas été nécessaires. Eh bien, précisément pour les raisons exposées ici auparavant. La Russie dépendait d’acteurs étrangers pour toutes les technologies de production critiques, pour l’accès financier, pour les médicaments, les pièces détachées, etc.
Il a fallu huit ans à la Russie pour se préparer à entrer en Ukraine et survivre aux sanctions qui en ont découlé. Il convient de ne pas oublier que cela n’aurait PAS été possible sans les capacités de production, les machines et les outils de la Chine.
La Chine et la Russie sont des partenaires stratégiques. Ou « symbiotes », comme je les ai qualifiés dans Economics and Empires 4 il y a près d’un an. C’est pourquoi la Russie peut s’appuyer sur la Chine. Si la Russie avait une attitude similaire à celle de l’Occident à l’égard de la Chine, elle serait aujourd’hui condamnée. Et nous tous aussi, puisque nous finirions très probablement dans une Apocalypse nucléaire.
Soyez autosuffisants autant qu’il est raisonnablement possible de l’être pour votre pays !
- La Chine est-elle diabolique et coupable de « surcapacité », etc. ? Finalement, la Chine est-elle le croque-mitaine diabolique qui nous a tous rendus dépendants de sa « surcapacité » comme nous le serions de l’héroïne ?
Non, la Chine n’a rien fait de mal. C’est l’Occident imbécile qui a décidé d’externaliser sa production vers la Chine parce qu’il a toujours été clair pour lui que la Chine finirait par tomber après la Russie et deviendrait une colonie. Une colonie qui pourrait être utilisée pour la production au même titre que les autres États asiatiques très peuplés tels que l’Inde. Il s’agit là de considérations purement racistes.
L’Occident aura une petite population riche basée sur les services, et les « sous-hommes » d’Afrique et d’Asie fourniront les ressources et les produits usinés pour ses besoins physiques. Par conséquent, restons pauvres, taisons-nous et soyons reconnaissants de pouvoir travailler et mourir dans les grandes usines pour répondre aux exigences de l’Occident.
Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. C’est même le contraire. L’Occident est sur le point de s’effondrer, et le reste du monde va s’enrichir. Dommage !
J’espère que vous comprenez tous la boucle. Je ne plaide pas en faveur d’une relocalisation de ce qui se produit en Chine parce que la Chine est mauvaise. Ce n’est pas le cas. Et elle n’a rien fait de mal. Elle a simplement agi en fonction de son intérêt national.
L’Occident a commis une grave erreur il y a plusieurs décennies en délocalisant sa production dans la perspective d’une domination mondiale. Cela a échoué et maintenant, c’est la panique.
Je pense qu’on va assister à de nombreux « réajustements » des chaînes d’approvisionnement dans le monde entier.
Source : https://bmanalysis.substack.com/p/winners-and-losers-of-the-dead-globalization-72c
[i] Édité par Piquet (EditPiquet@gmail.com)
URL de cet article :
Juin 2024