Et parce qu’on n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, on vous présente, si vous ne le connaissez pas encore, un auteur non pas belge mais français, qui est même aussi un cinéaste, et qui sort, le 6 décembre – juste à temps pour les fêtes sinon pour les prix dits littéraires… – le deuxième tome d’un livre qui lui tenait particulièrement à cœur et qu’il vient d’achever.
Jean CHÉRASSE et la Commune de Paris
Jean Chérasse lors de son intervention au colloque « Henri Guillemin et la Commune » le 16 novembre 2016 à Paris Sorbonne.
Jean Chérasse est un producteur-réalisateur de cinéma et un auteur, qui anime, depuis bientôt douze ans, sur Médiapart, le blog « Vingtras ».
Dans un billet posté pour le 10e anniversaire de ce blog, il disait :
« En 2009, atteints de la “maladie de Sarko”, nous étions nombreux à nous exprimer comme l’avait fait Guy Debord en 1953* : “Tout programme révolutionnaire devra d’abord s’aligner sur une certaine idée du bonheur opposée aux étouffantes valeurs du présent, garanties par une société de prisons” Autrement dit, il ne suffit plus de s’indigner, non seulement il ne faut rien lâcher mais il faut se révolter…
Ainsi, ai-je décidé de consacrer les dernières années qui me restent à vivre, à faire table rase de la politique politicienne et du militantisme obsolète et inutile pour me replonger dans les sources des grandes heures de l’émancipation humaine. »
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* Pour en finir avec le confort nihiliste
Et ainsi qu’il nous l’écrit :
Mon point de départ est une promesse faite à Henri Guillemin lorsque nous avons réalisé le film « Dreyfus ou l’intolérable vérité » : avoir un regard neuf sur cette tragédie de l’histoire de France dont les ruines ont été le terreau de la république bourgeoise sous laquelle nous vivons et qui est à des années-lumière de cette république sociale et fraternelle que nous avait fait entrevoir le phosphène communeux !
Ayant été formé à « l’école des Annales », j’ai abordé ce chantier heuristique en privilégiant le vécu et les mentalités du petit peuple de Paris : d’où cet éphéméride des 72 journées de la Commune, publié dans le premier volume.
J’ai travaillé sur toutes les archives connues et aussi sur les correspondances personnelles mises à ma disposition par les abonnés de Médiapart ; j’ai examiné à la loupe des centaines de photographies et j’ai fouillé dans mon passé familial car mes aïeux Guerrier se sont illustrés au cours de ces « 72 Immortelles ».
Ensuite, je me suis consacré au décodage et à l’analyse : c’est l’objet du deuxième volume qui sortira début décembre.
J’espère ainsi avoir contribué à restituer la mémoire juste des Communeux en ranimant la flamme du Fédéré inconnu.
Il dit encore :
« C’est aussi une manière de justifier le choix de mon pseudonyme, le nom du héros de la célèbre trilogie de Jules Vallès, mais avec un v minuscule. Me voilà donc un journaliste de l’investigation du passé… »
Pour en savoir davantage, voir : http://www.henriguillemin.org/evenements/un-an-apres-le-colloque-sur-la-commune-quoi-de-neuf/
Jean CHÉRASSE
Les 72 immortelles. La fraternité sans rivages : Un éphéméride du grand rêve fracassé des Communeux
Volume 1.
Illustration de Éloi VALAT
Editions du Croquant (5 avril 2018)
Collection : Documents
568 pages
ISBN-10 : 2365121586
ISBN-13 : 978-2365121583
Dimensions : 22 x 2,8 x 14,1 cm
Le livre :
Née dans la fête, noyée dans le sang, la Commune de Paris a surgi telle une fleur du cerisier de Jean-Baptiste Clément, à la fin d’un hiver effroyable rendu insupportable par le siège des Prussiens et la trahison d’un gouvernement dit « de défense nationale »…
[Après avoir subi pendant plus de vingt ans le joug d’un Empire qui était l’alliance du Château, de l’Usine et de la Banque, avec la bénédiction de l’Évêché, et les désastres d’une guerre absurde conduisant à la pitoyable invasion du territoire, la foule parisienne avait imposé le retour de la République mais, comme par le passé, ce changement avait été immédiatement récupéré par la bourgeoisie substituant aux autorités impériales et à sa camarilla un gouvernement dit « de défense nationale », dont l’ordre du jour serait d’atermoyer car il a considéré que le danger prussien était bien moins inquiétant qu’un soulèvement populaire.]
Par sa brève fulgurance (72 jours et 72 nuits), elle reste un objet historique mal identifié récupéré par toutes sortes de « gauches » non libertaires. C’est pourquoi le présent volume propose un éphéméride de la vie parisienne, du 18 mars au 28 mai 1871, fruit d’un travail heuristique tous azimuts sur les archives écrites ainsi que toutes les traces accessibles (météo, témoignages publics et privés, favorables ou haineux, journaux ou notes familiales, prix des denrées alimentaires, cours de bourse, poésies et chansons, rengaines et comptines, graffitis, photos, dessins)… le tout étant coloré par des pépites vraisemblables trouvées dans la fiction d’inspiration communeuse.
La Commune est une parenthèse extraordinaire de l’histoire de France, que nous n’avons pas fini d’explorer et dont nous n’avons même pas commencé à nous inspirer dans la pratique.
Proclamation de la Commune à Paris, le 28 mars 1871
Dont le IIe tome sort le 6 décembre :
Jean CHÉRASSE
Les 72 Immortelles ou l’ébauche d’un ordre libertaire : Un regard neuf et affectueux pour la juste mémoire de la Commune de Paris 1871
Volume 2
Illustration de Éloi VALAT
Collection : Documents
Editions du Croquant (6 décembre 2018)
360 pages
ISBN-10 : 2365121802
ISBN-13 : 978-2365121804
– en librairie en décembre ;
– sur le site de l’éditeur dès maintenant (frais de port offerts). Pour le commander cliquer ici
Prix du livre papier : 20 €
Pour la version électronique (PDF) : 15 €
Mot de l’auteur :
La saga des 72 Immortelles» dont le récit éphéméride a été publié dans un précédent volume, reste un objet historique flou ou déformé, éreinté ou diffamé, en tout cas mal identifié…
Si l’on écarte sa légende noire créée par l’odieuse camarilla réactionnaire de Versailles et la grande récupération de ceux qui veulent faire de la Commune un détachement précurseur des États communistes du XXe siècle, il convient d’en faire l’analyse objective et aussi de comprendre la signification de son message : c’est le but de ce second livre.
La Commune, c’est d’abord pour la première fois dans l’histoire de France, une assemblée élue avec environ un tiers de prolétaires ; elle n’a pas de chef mais un pouvoir collectif horizontal qui va administrer Paris par des mandataires révocables travaillant dans des Commissions faisant fonction de ministères, qui seront en permanence saisies par des projets venant des citoyens. Elle assumera en même temps, le législatif et l’exécutif.
Cette « belle équipe » libertaire qui est un amalgame de travailleurs manuels et intellectuels, a imaginé en deux mois tout ce que la République française a mis environ un siècle et demi à réaliser effectivement mais ce phalanstère anarchisant a vu son grand rêve de régénération de la société fracassé par les mercenaires de la bourgeoisie, arc-boutée sur ses privilèges.
Aujourd’hui où les successeurs des Versaillais se donnent bonne conscience en réhabilitant formellement les Communeux, les étoiles rouges de l’émancipation et de la révolte, allumées en 1871, brillent un peu partout dans le monde, que ce soit avec le communalisme libertaire de Murray Bookchin, avec les Colibris, avec le Rojava kurde ou avec le grand mouvement des « Communs » : le « temps des cerises » n’est plus seulement le temps de la nostalgie, il est devenu le temps d’une nouvelle problématique révolutionnaire.
Jean Chérasse
Le temps des cerises
c’était ça
et ça
et ça, que vous ne connaissez pas mais qui rappellera peut-être à Jean Chérasse des souvenirs d’enfance
(« Encore un moment Monsieur le bourreau ! » Allez…allez…bientôt la Grande Guerre…)
Novembre 2018