La bête se révèle : l’idéologue et criminel de guerre John Bolton tente de faire chanter Donald Trump ou la fin de l’Empire
Strategika 51 –18.6.2020
Nous voilà fixés sur un point de détail assez controversé et risqué en ces temps de censure universelle. La publication d’un livre de ragots par l’inénarrable John Bolton, obsédé idéologique au service exclusif des milieux connus sous l’appellation politiquement correcte de néo-conservateurs (lore : ultra-sionistes corrompus), chargeant le président US Donald Trump, son ex-patron, nous révèle un peu plus du dessous des cartes en jeu dans le conflit qui déchire actuellement le pouvoir aux États-Unis d’Amérique. Cela confirme surtout nos suspicions initiales sur le tir groupé contre Trump par l’ensemble de ce que l’on qualifie, faute d’une meilleure définition sémantique, d’État profond US et ses filiales européennes et moyen-orientales.
On peut reprocher dix millions de choses à Donald Trump et le personnage ne manque pas de casseroles mais face au criminel de guerre Bolton, maniaque obsédé par une guerre thermonucléaire globale et l’un des caciques les plus corrompus du personnel politique américain décadent, il n’y a aucune comparaison qui tienne. L’erreur initiale de Trump est d’avoir cédé ou voulu rassurer le lobby juif pro-sioniste US en le recrutant dans son équipe où il n’a pas brillé par ses états de service.
La guerre civile US au sommet de l’État fédéral et même ailleurs puisque les alliés ont presque tous, à l’exception notable de la Turquie et du Royaume-Uni, rallié « ceux » qui se cachent derrière les Démocrates et les Républicains anti-Trump, continue de faire rage d’autant plus que les prochaines élections se rapprochent et que le choix hâtif de Joe Biden, désigné dans l’urgence absolue, se révèle peu convaincant dans un pays socialement et économiquement déchiré. Les autres options possibles demeurent fort controversées. Une combinaison Joe Biden/Michelle Obama qui surferait sur le mouvement Black Lives Matter et des clivages ethniques ne résoudra pas le problème des tensions raciales aux États-Unis. Pas plus que ne le fera Hillary Clinton en tant que vice-présidente.
Il y a une donnée importante que les néoconservateurs US n’arrivent pas à saisir : le momentum de l’empire a été dépassé et la propagande est totalement rouillée. Israël n’est plus une priorité de la politique étrangère des États-Unis sauf pour empêcher un autre assassinat de président US.
Trump est un businessman et un ancien hôte d’émissions de téléréalité qui a cru pouvoir se jouer d’un système qu’il connaît assez bien, même en traînant des casseroles sur des milliers de bornes. Sa rhétorique anti-chinoise ou anti-iranienne a une valeur tactique et dans tous les cas servait plus à manoeuvrer un adversaire interne qu’à transmettre un quelconque message aux pays concernés. Le Turc Erdogan l’avait bien compris, qui fait maintenant cavalier seul pour le rétablissement de l’empire turc par la force des armes. Les Israéliens l’avaient compris depuis le début et faisaient semblant de ne pas comprendre. Ce qui explique les déboires du 45ème président des États-Unis. Le blocage politique apparent en Israël répond à une urgence de survie car la situation stratégique d’Israël ne se maintient plus grâce au rôle de la stratégie de Washington au Moyen-Orient mais – et c’est une première – grâce au ménagement de l’humeur maussade et changeante de Moscou, ainsi qu’au super activisme militaire turc dans la région. La situation semble tellement désespérée que les Israéliens en sont à vouloir s’en remettre à des Chinois fort irrités et réticents, pour faire perdurer une tectonique géostratégique mondiale totalement fissurée et nettement en leur défaveur.
Le Grand Jeu évolue. La guerre qui a commencé sur les rives de l’Euphrate il y a trente ans est arrivée sur les rives du Potomac et risque d’emporter l’Empire. Car quelle que soit la prochaine équipe à la Maison Blanche, elle ne fera qu’acter la chute finale de l’ancienne superpuissance et sa transformation en un simple pays du Tiers-Monde comme le sont désormais les pays d’Europe occidentale.
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Juin 2020
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