L’empire qui n’avait pas de nom
Aline de Diéguez
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NB : Un pays qui, après deux siècles d’existence n’a toujours pas de nom et qui squatte impunément celui d’un double continent, prétend dominer la planète entière. J’ai donc décidé, en toute modestie, de faire cesser cet abus et de combler ce vide. Je crois avoir démontré qu’il est impossible de trouver un nom plus seyant et plus conforme à la nature profonde des habitants qui sont venus s’y loger après avoir délogé ceux qui y vivaient depuis les temps immémoriaux.
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I – Picrocholand
1 – Les temps héroïques
Un groupe de bipèdes décida un beau matin, de quitter ses chaumines enfumées et de s’en aller squatter une terre qu’ils déclarèrent vierge de toute présence humaine. Telle dame Belette s’emparant du logis de Jeannot Lapin, ils se déclarèrent les propriétaires de la terre sur laquelle ils venaient de débarquer, ainsi que de tout ce qui court, vole et rampe.
Une fois sur place, ils découvrirent qu’il y avait bien en ces lieux quelques bipèdes emplumés, mais les éclaireurs avaient rapidement nettoyé le terrain. Pas de pitié pour quelques groupes à moitié nus et coiffés de plumes, qui se permettaient de défendre leurs terres et de s’opposer à l’arrivée de la civilisation. Les colons avaient immédiatement proclamé que le territoire était vide avant leur arrivée.
Ils avaientt d’abord baptisé leur Nouveau Monde Eden, mais depuis peu, sons l’impulsion de leurs nouveaux Empereurs, cette région a pris le nom de Picrocholand. Les arrivants décidèrent que les sous-hommes emplumés ne méritaient pas de vivre et le prouvèrent de la manière la plus expéditive qui soit.
Il faut savoir que leur ancêtre éponyme, Picrochole 1er, s’était illustré dans la féroce Guerre des fouaces dont les échos résonnent encore en pays angevin. Les épisodes de cette guerre mémorable nous sont connus grâce au récit minutieux qu’en fit le talentueux chroniqueur de l’époque, François Rabelais, dans ses célèbres Aventures du géant Gargantua, de son père Grandgousier et de son fils Pantagruel.
On se souvient que sur le point d’être submergé par ses ennemis, le noble Grandgousier avait fait appel à son géant de fils, Gargantua, qui était arrivé à bride abattue sur son énorme jument, laquelle, en urinant, avait provoqué une crue si phénoménale qu’elle avait noyé toute l’armée de Picrochole et sauvé le royaume de Grandgousier.
Comme il arrive souvent, la prospérité de la colonie a dépassé celle de la maison-mère. Les Pïcrocholiens en ont été tellement fiers, et même si bouffis d’orgueil, que leur tête s’est mise à enfler. La petite bulle d’air et de folie qui permet à chacun de flotter légèrement au-dessus du sol a grossi, grossi et a fini par envahir leurs lobes frontaux.
Désormais, tous les Picrocholiens sont affligés d’une grosse tête dans laquelle se logent commodément leur bonne conscience, leurs illusions sur eux-mêmes et leur indifférence à tout ce qui grouille au-delà de leurs frontières. Ils sont persuadés qu’ils représentent, comme le proclamait leur Jefferson, « the world’s best hope », c’est-à-dire un fanal pour les autres peuples – et que la terre conquise sur les emplumés est le lieu idéal où se réaliseront les desseins divins.
C’est donc en ce lieu béni, laboratoire d’un futur mirobolant, que le retour d’un nouveau messie coïncidera avec un avenir glorieux dont ils seront les heureux bénéficiaires. En conséquence, ils se sont donné pour devise : Per aspera ad astra et se proclament en toute modestie la « nouvelle Jérusalem » ou le « nouveau Canaan ».
2 – Les Rowiens
Pour faire court, ils appellent ROW – abréviation de Rest of the World – les territoires mystérieux, barbares et bizarres qui clapotent à leurs frontières et qu’ils se donnent pour mission de « sauver » des maléfices de Satan. Ces territoires occupent-ils 99% de la superficie de la machine ronde ? Qu’à cela ne tienne, les vaillants missionnaires de la démocratie bottée, messagers du progrès, sont sur le pied de guerre de manière permanente. Brandissant l’étendard de la « Manifest Destiny » qui leur permet de débouler sur le monde, ils en profitent pour s’approprier terres et richesses sous couleur de le délivrer de l’oppression des tyrans. L’opinion de l’amas exogène et indistinct des Rowiens possède pour eux aussi peu d’importance que celle du vermisseau qu’ils écrasent d’un gros orteil dédaigneux.
Il faut dire que leur orteil, les Picrocholiens l’ont fort gros. En effet, leur silhouette a, elle aussi, subi des modifications morphologiques spectaculaires. Comme la plupart d’entre eux mangent habituellement de grosses miches de pain fourrées de mélanges gras et sucrés, beaucoup ressemblent aux beignets soufflés cuits dans l’huile ou aux vers blancs qui se cachent sous les pierres plates.
Les Picrocholiens prétendent que leur empereur possède une ligne téléphonique directe avec le Créateur et que celui-ci non seulement veille sur l’empire d’une manière toute particulière, mais qu’il a chargé ses habitants de la mission de civiliser les Rowiens en leur faisant avaler, de gré ou de force, les règles et les lois picrocholines. Ils ont ainsi prétendu remplacer les lois universelles par leurs propres « règles », mais qu’ils refusent mordicus de publier de peur que la lumière les fasse moisir. Ils ont même donné un nom à ce procédé. Ils appellent « exterritorialité » le fait de piéger les Rowiens naïfs dans des transactions commerciales imprévisibles. Ces derniers, confiants dans la législation de leurs nations, se voient assommés de punitions financières vertigineuses pouvant se compter en milliards quand ils découvrent, parfois par hasard, qu’un élément mineur dans une transaction est lié à la législation du Picrocholand. Tant pis pour eux. Nul n’est censé ignorer les lois du paradis, même si elles sont secrètes. En effet, leur Dieu tout-puissant n’est pas, ils en sont sûrs, un Grand Trompeur comme un de ces Frenchies honnis, gardiens des portes de l’enfer, avait voulu l’insinuer.
3 – Découverte de la martingale
D’ailleurs, les Picrocholiens ont le génie et la bosse du commerce. Ils peuvent d’autant plus aisément accumuler des richesses qu’ils ont trouvé une fabuleuse martingale qui leur permet de satisfaire tous leurs désirs. Je reviendrai en détail sur cette trouvaille miraculeuse, que certains malveillants appellent l’escroquerie du millénaire, et que d’aucuns vont jusqu’à affirmer qu’on n’a rien vu de plus pervers et de plus néfaste depuis l’apparition de l’homo erectus.
Grâce à une ruse financière qui leur a permis, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, de vivre grassement en bénéficiant d’un jackpot permanent, les Picrocholiens ont pu, d’abord subrepticement, puis ouvertement, édifier un empire économique et militaire. Ils se sont alors imaginé qu’ils étaient tout puissants et omniscients et qu’en conséquence, ils jouissaient en tous domaines d’une impunité et d’une immunité qui leur assuraient un statut suréminent par rapport à la masse des Rowiens.
4 – Premiers regards sur la démocratie picrocholienne
Or donc, assurés que leur dieu bénit leurs motivations et leurs actions, excellentes par essence et quintessence, ils marchent d’ordinaire d’un pas martial, le nez orgueilleusement dressé vers l’azur, écrasant tout sur leur passage. D’ailleurs une des Majestés piicrocholiennes des temps anciens n’a-t-elle pas hésité à claironner, afin que nul n’en ignore : « Nous sommes exceptionnellement bons. Nous sommes le peuple élu ».
C’est ainsi qu’ils proclament haut et fort que ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux et que les Picrocholiens investis de la mission de mener le monde vers l’ère radieuse du bonheur, de la liberté, de la morale et d’un gouvernement mondial idéal, résolvent les problèmes en les écrasant. En conséquence, la terre tournera rondement sur l’axe du Bien et ils écraseront le Mal et les problèmes qui en découlent en écrasant les habitants.
D’où l’utilisation massive de la stratégie dite « du tapis de bombes », largement utilisée au Pays des mille et une nuits, ou sur un prospère petit pays asiatique qu’ils ont inondé de défoliant et de bombes afin de tuer non seulement les hommes, mais également les arbres et toute forme de végétation. Récemment, ils se sont cassé les dents sur une tribu de montagnards primitifs enturbannés, même après avoir déversé sur leurs montagnes des tonnes de bombes et de missiles.
La stratégie du « tapis de bombes » a éré utilisée par tous les empereurs Picrocholiens de génération en génération, procédé encore récemment repris par son meilleur allié, dirigeant d’une autre « peuplade élue » avec la bénédiction chaleureuse et le soutien actif des bombes de Son Altesse PicrocholeTrumpidus. Six milliards de Rowiens ont vu deux peuples autoproclamés « élus », ravager, sans le moindre petit scrupule, un ghetto misérable et écraser sous des bombes monstrueuses femmes, enfants, nourrissons, mouches, moustiques et lézards durant plus de mille longues journées. Ces deux « peuples élus » censés divinement guidés par la Providence ont d’ailleurs inventé et appliqué « the art of creative destruction« , variante picrocholienne du très ancien : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » .
5 – Quelques actions particulièrement efficaces des Picrocholiens.
Grâce à l’ingénieuse collaboration d’un éminent représentant de cette peuplade, Sir Jeffrey Amherst, associé à un commerçant avisé du nom de Rabbi Sharfman, les tribus Shawnee, Mingo et Delaware furent jadis prestement éliminées. Nos deux compères avaient en effet inventé l’astucieux stratagème qui consistait à offrir à des populations naïves et confiantes des couvertures et du linge infectés par la variole des Juifs caucasiens. Un plein succès a récompensé leurs efforts et remboursé le prix de leur investissement.
Dans le Colorado, un autre célèbre Picrocholien, le colonel John Chivington fit, avec ses cavaliers, un travail remarquable – du « bon boulot » selon l’expression élégante d’un domestique de l’empire à propos d’assassinats commis dans une contrée exotique par des égorgeurs cannibales. Le « boulot » du colonel Chivington connut son apogée à Sand Creek. La troupe se rua sur un paisible camp Cheyenne et trucida tout le monde de la manière la plus sanguinaire et la plus barbare possible afin d’inspirer une salutaire terreur à la racaille misérable des autres tribus qui se seraient avisées de résister à l’innocent civilisateur. Les soldats scalpèrent les hommes, étripèrent femmes et enfants, mutilèrent les corps et fracassèrent les crânes des nourrissons.
D’innombrables exploits du même tonneau vinrent à bout de la populace emplumée qui avait l’audace de se prétendre propriétaire de son territoire. Ces sauvages ne savaient pas encore que les nouveaux-venus étaient une espèce supérieure, une race de maîtres, qu’ils avaient donc toujours raison et qu’ils l’emportaient partout où se posaient leurs augustes semelles. « Nous sommes justes par essence et forts par nature. Nous incarnons la Démocratie et la Liberté en marche sur la planète », tel était leur discours conscient et inconscient. En un mot comme en cent, « nous sommes exceptionnels », se susurraient-ils suavement à eux-mêmes. « Nous ne négocions, ni ne transigeons jamais. Nous écrasons tout obstacle qui se dresse sur notre chemin, tel est désormais notre credo ».
En éradiquant les emplumés, les Picrocholiens avaient découvert et théorisé la stratégie victorieuse qu’ils utilisèrent avec une remarquable constance, celle de la conquête de territoires écrasés sous un tapis de bombes qu’ils nommèrent benoîtement pacification.
Durant un interminable siècle, ils surent utiliser ce procédé avec un succès grandissant et ils regardaient d’un œil torve les souffrances, la désolation, les ruines et les cadavres que leur pacification entassait. L’herbe ne repoussait jamais après le passage des nouveaux Attila.
6 – Barbarie ou pas barbarie ?
Comme l’écrivait notre sage Montaigne, « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». Mais cette belle pensée échappe à la compréhension d’une peuplade habitée par un complexe de supériorité et chez laquelle un étalage de la force brutale tient lieu de politique.
Les Picrocholiens clament qu’eux seuls sont les détenteurs privilégiés d’une mission chue directement de la galaxie qui fait d’eux des gestionnaires mondiaux de toutes les crises qui secouent la planète en vertu de leur « responsabilité de protéger » les populations victimes d’Etats « maléfiques » ou « voyous ».
En application de ce généreux projet, les innocents missiles de la Démocratie picrocholine et autres « bombardements démocratiques » ont libéré en les écrasant sous lurs fameux tapis de bombes une cinquantaine de tribus, États et Etaticules rowiens depuis l’an de grâce 1945 et plus d’une centaine depuis leur débarquement au paradis.
Quelques exploits particulièrement éclatants émaillent les célèbres « interventions humanitaires » calquées sur les méthodes de pacification utilisées lors des guerres indiennes évoquées ci-dessus. Ainsi, en 1898, les Picrocholiens inventèrent-ils « l’amendement Platt », ancêtre du moderne et bien connu « droit d’ingérence humanitaire » et qui, sous le commandement du général J. Franklin Bell, les lança dans une croisade destinée à « libérer » Guam, Cub et Porto-Rico de la « tyrannie coloniale » espagnole.
Mais figurez-vous qu’à l’instar des Indiens, ces sauvages refusaient mordicus leur libération. Les braves libérateurs ont donc dû recourir à la contrainte contre ces ingrats : « Toute la population en dehors des villes principales à Batangas a été dirigée vers des camps de concentration », a rapporté l’historien Stuart Creighton Miller. Quant aux récalcitrants opiniâtres, hommes, femmes et enfants, ils ont purement et simplement été exécutés. Tous. Les corps exposés, empalés afin de susciter l’horreur et la terreur chez les survivants.
Les empereurs Picrocholiens successifs appellent bénévolente assimilation l’ensemble des méthodes de coercition qui permettent d’aboutir à une domestication des populations traitées et soumises à une non moins bénévolente appropriation des terres et des richesses des peuplades pacifiées.
Car c’est toujours au nom de la morale, que les Picrocholiens incarnent de la pointe des cheveux aux orteils, qu’un ancien responsable de la politique étrangère de cet empire a inventé, comme il est évoqué ci-dessus, la théorie dite de « l’intervention humanitaire » au nom d’une « responsabilité de protéger » les peuples victimes de gouvernants « voyous », « tyrans », « barbares », « dictatoriaux », et tutti quanti, théorie qui connaîtra un succès éclatant chez les domestiques de l’empire sous la dénomination de « droit d’ingérence humanitaire » qui connut un foudroyant succès durant la guerre menée par l’OTAN contre la petite Serbie et qui aboutit à la désintégration de la prospère Yougoslavie au profit d’étaticules faciles à dominer et notamment à la création d’un État maffieux, le Kosovo, servant de couverture à la gigantesque base américaine de Camp Bondsteel et à son hub pétrolier.
En vertu de ce droit que l’empire Picrocholien s’est généreusement octroyé à lui-même, il se donne le pouvoir d’intervenir où et quand il lui semble bon ou de tracer des lignes rouges – la ligne jaune étant déjà prise par les usagers de la route. Il déclenche alors automatiquement une pluie de missiles sur l’Etat qualifié de « voyou », ou de « terroriste » ou au service des trafiquants de drogue, selon la dernière lubie de Picrochole – quand il se déclare « pas content » le pire est à craindre. Personne n’ose lui deander de prouver ses accusations.
Louis XIV disait : « Je te nomme cardinal » et tu devenais cardinal. Aujourd’hui Picrochole dit : « Tu diriges un État narcotrafiquant » et tu deviens un paria que les Picrocholiens sont légitimés à bombarder, d’en couler les navires et d’en noyer les occupants. Ainsi Picrochole Trumpidus assoiffé de pétrole, vient de déclarer que le Venezuela est un État trafiquant de drogue et personne, dans la presse mercenaire des Rowiens, ne s’avise d’oser lui demander des preuves.
Picrochole se donne également le droit et le pouvoir de provoquer la déstabilisation de gouvernements qui lui déplaisent en suscitant, favorisant et finançant des révolutions politiques aux noms multicolores ou gracieusement champêtres – révolution de jasmin ou des roses, révolution orange, blanche, rouge, verte, printemps arabe – et cela au moyen des innombrables cellules d’espionnage camouflées dans les fameuses Organisations non gouvernementales, plus connues sous le sigle d’ONG, parfaitement gouvernementales et grassement alimentées en monnaie facilement imprimée par Picrocholand et destinées à la corruption des nouveaux candidats à la gouvernance des Etats que Picrocholand a décidé de piller.
Ainsi, espérant tuer deux perdrix d’un seul coup de fusil. Picrochole qui avait espéré, en récompense de ses guerres le prix Nobel de la paix, a poussé une dame en lien avec la Cia pour cet honneur pendant qu’il complotait avec ses services secrets de destituer et même de tuer le dirigeant légalement élu afin de voler plus commodément le pétrole et les autres richesses du pays. Ce protocole a d’ailleurs été scrupuleusement suivi dans toutes les guerres picrocholiennes.
7 – Les merveilles de la coercition picrocholienne
Les méthodes expérimentées à cette occasion se retrouvent, perfectionnées, modernisées et affinées dans les annexes du paradis que sont aujourd’hui encore Guantanamo, et hier Abu Ghraib ou Bagram et les prisons flottantes ou secrètes – mais pas si secrètes – éparpillées en Europe et en Asie. Car la générosité des Picrocholiens ne connaît pas de limites. C’est pourquoi, selon la philosophie bien connue du Sapeur Camember, l’empire a dépassé les bornes du cynisme, penseront les naïfs, en s’instituant en douce pédagogue mondial ès torture. Aussi s’est-il employé avec zèle à enseigner à ses vassaux son immense savoir-faire en cette spécialité. Comme il est prudent et n’a que peu confiance dans le QI et le talent des Rowiens, il a édité des manuels à l’intention des apprentis-tortionnaires. Il a même fait produire tous les outils nécessaires à cet art et les leur a charitablement offerts, afin d’équiper au mieux les centres de torture disséminés un peu partout au sein des Etats rowiens complaisants qui acceptaient de jouer le rôle de poubelle de l’empire.
Ainsi, parmi les amis les plus empressés à s’exercer à la nouvelle discipline d’habiles tortionnaires figurent les très pieux adorateurs d’une icône représentant une « Vierge noire » sise dans une ville au nom imprononçable. Tout en pleurant l’antépénultième pape issu de leurs rangs, ils servent l’empereur pichrocholien dans ses basses oeuvres avec un zèle jamais démenti.
La calcification de la cruauté aseptisée et innocente constitue, chez le Picrocholien une forme de tradition culturelle aussi fortement incrustée dans son patrimoine génétique que l’impossible sédentarisation des Roms, comme vient de le déclarer un ami de l’empire.
8 – Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens
Il faut dire qu’une propagande et une désinformation soigneusement conçues et habilement distillées par les porte-paroles du gouvernement Picrocholien et ceux des dociles vassaux rowiens, imprègnent si totalement les cervelles pauvrement nourries des masses, de la certitude que le monde et la politique sont d’une simplicité biblique et que la consommation et l’accumulation de biens sont les conditions nécessaires du bonheur, si bien que les Picrocholiens sont persuadés que la gestion politique du pays et du monde se réduit aux catégories « divin » et « satanique ».
Comme leur surgissement dans les affaires de la planète date de la dernière pluie, leur assurance et leur arrogance sont inversement proportionnelles à l’épaisseur de leur histoire collective et à leur expérience de la politique, si bien que leur compréhension du monde se résume au binôme noir-blanc, Bien-Mal.
Deux « peuples élus » censés divinement guidés par la Providence ont d’ailleurs inventé – et appliqué – « the art of creative destruction », variante Picrocholienne du très ancien et déjà évoqué « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
Ainsi, à la fin de la deuxi§me guerre mondiale, la générosité libératrice de l’armée Picrocholienne avait si bien libéré les Philippines du joug japonais, que Manille fut la ville la plus détruite de tout le continent asiatique … et qu’un siècle plus tard, la capitale n’avait toujours pas retrouvé la qualité de vie et les infrastructures qu’elle possédait avant sa libération.
9 – Les esclaves de l’empire picrocholien
Point n’est besoin de dictature policière visible pour canaliser les troupeaux de domestiques à l’intérieur et à l’extérieur de l’empire. Les Picrocholiens dominants sont de redoutables professionnels dans l’art de soumettre les masses à une manipulation permanente par l’image, par la publicité pour toutes les formes possibles de consommation et cela avec la complicité spontanée ou grassement lubrifiée de tous les organes de presse, des innombrables sectes religieuses et des multiples organismes d’espionnage, dont et surtout les incontournables ONG qui occupent le terrain, comme il est dit ci-dessus, à la solde et au bénéfice du maître..
10 – La guerra, la guerra mon amour
La guerra, la guerra, la guerra chante Clorinde avant d’engager un combat à la vie à la mort contre Tancrède, dans le célèbre madrigal de Monteverdi. Quant aux Picrocholiens, des Inuits aux Indiens de la Terre de Feu, tous les Rowiens savent que les Picrocoliens SONT une incarnation de la guerre. En guerre permanente depuis leur débarquement sur la terre volée aux emplumés, on compte à leur actif plus d’une centaine d’expéditions durant le dernier siècle. Un record qu’il sera impossible de battre.
Le monde entier a été témoin de l’aisance avec laquelle l’armée de sa Majesté Picrochole Bushus Debilus a quasiment réduit en un amas de gravats une des plus anciennes civilisations du monde. Un feu d’artifice de missiles, de bombes au phosphore ou à l’uranium appauvri, mais toujours aussi vénéneux, a illuminé la région durant de longues semaines et a pétrifié ses alliés d’admiration et de terreur. « Shock and Awe ». À la suite de cet exploit, Picrochole Debilus, en extase, n’a pas hésité à claironner, afin que nul n’en ignore : « Nous sommes exceptionnellement bons. » Des théoriciens de cette nation à l’esprit primesautier appellent « chaos constructif » les ruines et les dévastations qui accompagnent chacune des interventions « humanitaires » de la picrocratie.
11 – Créateurs du langage
Les Picrocholiens sont de subtils créateurs du langage. Aussi appellent-ils tyrans ou dictateurs tous les dirigeants rowiens qui ont l’audace de ne pas se plier à leurs lois et à se prétendre les maîtres de leur boutique. Quant aux gouvernements, parfaitement légitimes, mais qui leur déplaisent, ils sont qualifiés péjorativement de régimes. Tout ce qui grouille grenouille et scribouille, selon les paroles ailées d’un Grand Rowien des temps anciens, s’est empressé d’entonner en chœur, en bons petits soldats écervelés et corrompus, leur mépris pour le « régime de Bachar », pour le « régime de Chavez », pour le « régime de Maduro », ;pour « le régime de Castro », pour le « régime des mollahs » ou pour le « régime de Poutine ». Surtout ne jamais donner leur titre ! Mais personne n’ose évoquer le « régime de Netanyahou », le « régime sioniste » le « régime de Zelinski », le « régime de Macron », le « régime de Bidenus » ou le « régime trumpiste ».
Tous les empereurs Picrocholiens qui se succèdent depuis un siècle se considèrent comme des substituts de Dieu. De même que la justice divine, la sentence Picrocholienne est sans appel et sans miséricorde. Les « sanctions » remplacent la récitation des patenôtres. Une signature, un clic d’ordinateur et un jouet électronique vous pulvérise, aux antipodes le condamné à mort qui ignorait sa sentence. Certes, elle pulvérise en même temps une poignée de Rowiens de tous âges qui avait eu la mauvaise idée de se trouver dans les parages. Tantôt la main invisible de Dronomaniacus, l’élégant empereur métis, a réduit en bouillie tout un groupe réuni à l’occasion d’un mariage ou d’un marché, tantôt ce fut une poignée d’écoliers, tantôt un groupe de malades dans un hôpital, mais, Pfttt, un Rowien de plus ou de moins, surtout lorsqu’il a la malchance de gîter aux antipodes du paradis, n’empêchera aucun Picrocholien de dormir.
12 – In dollar we trust
En Picrocholandie la richesse est vénérée. Elle représente le signe de l’élection divine. N’est-il pas écrit sur tous les billets généreusement imprimés dans les sous-sols des cabanes des banksters : In God we trust ? La pauvreté prouve que le « God » dans lequel « trust » les Picrocholiens méprise les peuplades qui traînent dans le peloton de queue de la course au profit. La carte de crédit est le véritable « God » du Picrocholien. Plus il en possède d’exemplaires, mieux il est considéré par sa société, car c’est là le signe qu’il est un excellent consommateur, donc un excellent citoyen. Leur « God » tout-puissant n’est pas, ils en sont sûrs, le Grand Trompeur des Frenchies.
Les Picrocholiens ont certes le génie et la bosse du commerce. Mais ils peuvent d’autant plus aisément accumuler des richesses qu’ils ont trouvé une fabuleuse martingale qui leur permet de satisfaire tous leurs désirs. Il s’agit d’une trouvaille miraculeuse et beaucoup plus efficace que celle des alchimistes qui rêvaient de changer le plomb en or. Les Picrocholiens ont fait beaucoup plus fort : c’est du vulgaire papier imprimé qu’ils métamorphosent en lingots d’or.
Au fil des années, les Rowiens leur ont longtemps voué une admiration béate et même un amour ardent. Ils voyaient en eux l’hyperpuissance bienveillante chargée de régler avec sagesse et lucidité tous les conflits internationaux. C’était leur guide et leur modèle.
Cette attitude extatique quasi universelle a eu pour conséquence calamiteuse de geler les neurones des Rowiens et de paralyser leur esprit critique. Cependant, des tentatives de rébellion et de sortie de l’hibernation mentale commencent à se manifester de plus en plus ouvertement. Il se peut qu’un réchauffement climatique bienvenu produise un effet bénéfique indirect et que les cervelles des Rowiens se mettent à dégeler. Les neurones redevenus alertes se libèreront alors de la gangue glaciale de vénération et de dégoûtante soumission qui les emprisonne.
13 – Les « amis » de l’empire
En Picrocholandie, le mot « ami » a le même sens que chez les honorables membres de la ‘Ndrangheta calabraise ou de la Maffia sicilienne : « Si tu dévies d’un centimètre de la voie que nous t’ordonnons de suivre, une balle dans le dos et tu es mort ». Les amendes par paquets de milliards, les « taxes » vertigineuses et délirantes – jusqu’à cinq cents pour cent – sont désormais brandies par le nouvel Heliogabale d’Outre Atlantique. Telles des tonnes de briques, elles s’abattent sur les têtes des sujets récalcitrants, mais également en direction des plus zélés. Picrochole n’a pas d’amis, à peine des alliés, uniquement des larbins.
Pire que dans la Mafia ou la ‘Ndrangheta, en Picrocholandie le mensonge est érigé en principe de gouvernement. Seules existent les règles que Picrocholand édicte et ces règles sont secrètes et fluctuent au gré des intérêts de leurs inventeurs. Le but est de maintenir les « amis » et la masse des autres Rowiens constamment en alerte, ne sachant jamais s’ils sont dans les clous des exigences de l’empire.
Le troupeau de vingt-sept moutons, estampillés « amis » de l’empire Picrocholien, est donc conduit d’une main ferme à l’abattoir de l’Otanistan. Selon le principe bien connu du boomerang, « sanctions » concoctées dans les bureaux de l’empire et des dociles « amis » reviennent illico sur le crâne de la masse bêlante, anéantissant le peu de cervelle qui lui restait.
Le continent des anciennes civilisations puissantes et glorieuses n’est pas seulement domestiqué, l’empire Picrocholien a réussi l’exploit de le transformer en mulet attaché à faire tourner la pierre à huile d’olives du maître. Qui aurait cru que des Etats qui furent en leur temps des nations souveraines et des civilisations brillantes deviendraient si facilement des loques rampantes, apeurées, stupidifiées, dépourvues de toute volonté propre, se trahissant les unes les autres afin de figurer en tête lorsque le maître sifflera la mise en rang, appelant niaisement ce maître « Daddy » ? La dame de Berlin, liée par des fils secrets aux anciens bourreaux de l’empire, joue à la perfection le rôle de garde-chiourme.
Chassez le naturel, il revient au galop. Picrocholand n’a évidemment pas renoncé aujourd’hui à sa stratégie séculaire, à savoir la guerra, la guerra, la guerra comme le faisait chanter Monteverdi. Les finances sont basses, le territoire d’un nouveau Satan – un très gros Satan – enferme des richesses qui font baver d’envie toute la picrocholandie. Seulement voilà, l’ennemi est armé, ce Satan-là est puissant. Picrochole a donc imaginé un plan vicieux : il va commencer par affaiblir ses vassaux-rivaux qu’il méprise royalement – « fuck Europe » – en les obligeant à « punir » le Satan désigné, mais en réalité en provoquant chez chacun des « amis » des catastrophes en chaîne. Dans un deuxième temps, ayant mis la main sur un ancien allié du satanique résistant, il a suscité une bonne petite guerre civile à ses frontières, destinée à l’affaiblir. Pour faire croire qu’il n’a pas tout simplement la frousse de se mesurer à l’ours des steppes, il invente le qualificatif de « guerre hybride » qui lui permet de manipuler un ludion sur place, pendant qu’il demeure douillettement planqué dans une forteresse sise à dix mille kilomètres.
Car, pour la première fois, Picrochole a peur. Ah ! le souvenir de la Grenade, la plus belle des guerres de l’empire. Une victoire éclatante. La seule depuis 1945, la seule dont il puisse se glorifier. L’empire s’en gargarise encore. Depuis lors, il n’a eu, hélas, que des déceptions, au mieux des victoires à la Pyrrhus contre les venimeux Satans Nord-Coréens, les Vietnamiesn fourbes, les Afghans arrogants en sandalettes, les Serbes coriaces, les Iraqiens maléfiques, les Libyens qui regrettent tant leur ancien « dictateur », les Syriens désormais livrés à un anthropohage coupeur de têtes, la barbe raccourcie et censé devenu un honorable dirigeant déguisé en élégant costume Armani.
Seuls les valeureux et courageux Yéménites, résistants sous les bombes, permettent de croire encore en l’humanité. Ils ont réussi à vider la Mer Rouge de tout ce qui flotte en direction du copain génocideur « élu » par lui-même. Ils ont également réussi l’exploit de chasser le porte-avion à propulsion nucléaire US Harry Trumann de cette même Mer Rouge,, dans laquelle les courageuses forces du petit Yemen ont humilié l’arrogant Empire Picrocholandais.
La liste des échecs n’est pas close. Résultat plus que mitigé de l’empire contre le Tunisien et l’Egyptien, mais franc échec contre le plus ancien des Satanicules, le cabochard Cubain qui le nargue depuis plus de 65 ans ans. Le Venézuélien nageant dans le pétrole est désormais dans le viseur de l’appétit de Picrochole – Chavez, nous l’avons bien eu ! Son cancer foudroyant, de la belle ouvrage et discrète avec ça. Mais ça n’a servi à rien, son successeur réélu, Maduro, l’Indien massif, intelligent et habile politique résiste, soupire Picrochole bavant devant les réserves d’hydrocarbure et d’autres merveilles sur lesquelles l’empire essaie de faire main basse depuis des décennies. Comme l’affirme Carlos Ron un diplomate vénézuélien, la guerre contre les narco trafiquants est une « Régime Change Operation ». Tout le monde l’avait compris et la ruse sémantique de Picrochole a fait long feu. Après le petit traitre Guaido, la candidate de la CIA, Maria Corina Machado est dans les starting blocks.
La litanie des échecs continue avec l’Iranien, le Nicaraguayen, le Georgien, le Kazak. Caramba, encore raté, toujours et partout raté, sans compter que le Mexicain, l’Indien et le Brésilien se préparent à venir grossir la troupe des échecs de l’empire.
Et maintenant, ce sont les plus gros de tous les Satans qui lui barrent la route, le Diable en personne, Vlad l’Empaleur avec ses missiles ultraperformants qui se rient de ses vieux tomahawks grabataires, et son ami, le colosse aux yeux bridés qui, avec un petit coup de GO administratif, vient de faire trembler tout l’échiquier de la géopolitique du négoce des terres rares et surtout des aimants dont il a le quasi-monopole. Alors que Picrochole est toujours à la recherche du levier qui lui permettrait d’exercer un chantage en vue d’obtenir des échanges commerciaux fructueux, il est si vaniteux qu’il a oublié ses propres faiblesses.
Alors qu’il manie une massue de cinq cents pour cent de droits de douane sur les microprocesseurs à l’intention de la Chine, celle-ci lui a poliment adressé un petit document administratif, une modeste feuille dont il devrait cocher les cases et faisant office de licence, par laquelle il s’engagerait à respecter les conditions détaillées par son ennemi. Quelle humiliation ! De plus, l’impavide M. Xi exige des informations minutieuses sur les clients éventuels, présents, futurs et même passés, et détermine le rythme de délivrance des autorisations.
Ce’ n’est rien moins que l’étranglement de toute l’économie de l’Empire. Sans aimants chinois produits à partir de terres rares dont M.Xi a également le quasi- monopole, pas de moteurs électriques, pas de missiles, pas de F35, pas de smart phones, pas d’industrie automobile, pas de munitions, pas de tanks, donc pas d’industrie de guerre. Pratiquement toutes les armes modernes ont besoin de certains métaux contenus dans les terres rares ainsi que des aimants spéciaux chinois.
Par une petite décision administrative, M. Xi a mis KO l’orgueilleux Picrochole qui croyait qu’il pouvait faire n’importe quoi sans conséquences. Se présentant en demandeur, il a fait à l’impassible bouddha chinois l’humble offrande d’une diminution des tarifs vertigineux, que personne ne demandait, et qu’il s’était cru capable d’imposer.
Quant au troupeau des Roviens d’Europe désargentés commandés par une harpie teutonne, il s’est découvert une âme de chevaliers teutoniques et rêve de cavalcades victorieuses jusqu’aux murs du Kremlin, mais non sans avoir volé au passage le trésor de guerre que Vlad, confiant jusqu’à la naïveté, avait déposé dans leurs coffres.
Mais pas question d’un nouveau « Shock and Awe » et d’un feu d’artifice de missiles au-dessus de Moscou. Nous sommes trop bons pour ça, clament-ils, cachant leur panique et leur infériorité scientifique et militaire sous une déclaration généreuse. Picrochole rêve de mener une nouvelle guerre de cent ans, une guerre de mille ans, jusqu’au dernier Ukrainien, et même jusqu’au dernier poutinien. Son retard en matière de missiles hypersoniques est irrattrappable avant deux ou peut-être trois générations, c’est-à-dire une trentaine d’années. Pendant ce temps, Xi et Vlad ne resteront pas assis sur leurs mains, si bien que le retard deviendra exponentiel et s’appelle le déclin.
Tout le monde voit clairement que Picrochole tremble et sa lâcheté lui avait fait croire que la solution adéquate était d’attaquer l’ours par esclaves interposés. Caramba, encore raté. Pendant que l’ours, sorti de son hibernation continue de se fortifer tranquillou, adieu veaux, vaches, cochons, couvées, pot au lait renversé et découverte que le Dieu dollar est devenu famélique et qu’il est grignoté par les souris.
Lamento
Les dirigeants dépités et déprimés de Picrocholand, entourés de la troupe endeuillée des « amis » tremblants, ruminent et entassent comme Pélion sur Ossa, menaces et projets plus inapplicables les uns que les autres.
2 – L’hubris des Picrocholiens
1 – Les flatteurs
Un courtisan du premier cercle invoqua la mémoire des grands ancêtres et rappela la « splendide petite guerre » dont rêvait déjà Theodore Roosevelt qui devait préluder à l’expansion internationale de Picrocholand parce que , déjà en ces temps anciens, « le peuple américain désirait faire les grandes oeuvres d’une grande puissance » et pour cela, il devait devenir la « puissance dominante dans le Pacifique ».
Et notre laudateur historien rappela la phrase célèbre du sénateur Henry Cabot Lodge, chef de file du camp impérialiste, en 1895 : « Aucun peuple au XIXe s.n’a égalé nos conquêtes, notre colonisation et notre expansion (…) ; rien ne nous arrêtera maintenant ».
Des applaudissements enthousiastes saluèrent ce rappel historique. Rivalisant de flagornerie, son voisin tira de l’oubli mérité dans lequel il était tombé, le journaliste Marse Henry Watterson, lequel n’avait pas hésité à écrire, en 1896 : « Nous sommes une grande république impériale destinée à exercer une influence déterminante sur l’humanité et à façonner l’avenir du monde comme aucune autre nation, y compris l’empire romain, ne l’a jamais fait . »
Un autre journaliste « embedded » dans le programme de propagande de la nouvelle guerre en gestation, Charles Krauthammer, éditorialiste au Washington Post et l’un des idéologues les plus en vue de la nouvelle droite américaine , articula ces paroles ailées : « Depuis Rome aucun pays n’a été culturellement, économiquement, techniquement et militairement aussi dominant. L’Amérique enjambe le monde comme un colosse. Depuis que Rome détruisit Carthage, aucune autre grande puissance n’a atteint les sommets où nous sommes parvenus. »
Robert Kaplan, essayiste, reprit la balle au bond : « la victoire des Etats-Unis dans la deuxième guerre mondiale, comme celle de Rome lors de la deuxième guerre punique, les a transformés en puissance universelle . »
La petite voix nasillarde de Joseph S. Nye Jr., recteur de la Kennedy School of Government à l’université Harvard et Secrétaire d’Etat à la défense sous M. William Clinton, perça le brouhaha et il suscita un murmure admiratif de l’assistance lorsqu’il affirma que « depuis Rome, il n’y a jamais eu une nation qui ait autant éclipsé les autres . »
Mais les Moïse complimenteurs n’étaient pas parvenus à la fin de l’escalade. C’est un historien, Paul Kennedy, qui brandit le drapeau à planter au sommet du Sinaï : « Ni la Pax britannica (…), ni la France napoléonienne (…), ni l’Espagne de Philippe II (…), ni l’empire de Charlemagne (…), ni même l’empire romain ne peuvent se comparer à l’actuelle domination américaine ». « On n’a jamais connu, ajouta-t-il plus froidement, une telle disparité de pouvoir dans le système mondial. »
Les défaites ont quelque peu érodé l’hubris des Picrocholiens, mais elle demeure vivante. Tous continuent à croire que « les Etats-Unis jouissent aujourd’hui d’une prééminence sans commune mesure avec celle des empires du passé, même les plus grands » et que Picrochole doit tout faire pour maintenir présente ce genre de réalité.
2 – Nemesis
Pendant que Picrochole et sa suite discouraient sur la guerre de mille ans contre le terrorisme et la chasse au pays pétroliers, qui était, comme chacun sait, une « guerre contre Satan », et entassaient plans, métaphores et compliments à l’adresse de leur empereur vénéré que « Dieu avait placé à la Maison Blanche compte tenu des épreuves que nous traversons », personne ne songea à lever les yeux .
Alors ils auraient vu distinctement deux grandes ailes noires se dessiner dans l’espace et ils auraient peut-être reconnu Nemesis, l’implacable déesse amie des Erynnies, fille de la Nuit et de l’Erèbe, la vengeresse des crimes, chargée par les dieux de l’Olympe de punir l’hubris des humains.
La sombre déesse avait commencé de tisser discrètement la toile de sa vengeance dans la moyenne région de l’air. Aveugles aux fissures de plus en plus visibles de l’empire, les acteurs qui s’agitaient au rez-de-chaussée de l’histoire n’avaient pas d’yeux pour voir plus loin que le bout de leur nez et de leur hubris.
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Novembre 2025


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