Suspense dans le detroit d’Ormouz
On ne connaît rien au jeu de go, mais on sait que c’est parce qu’on est nuls
Petite parenthèse avant d’y venir :
Au moins 30% de la production mondiale de pétrole passe par cet endroit. Si l’Iran, pour se protéger des incursions et des tentatives de remplacer son gouvernement par un autre plus agréable aux USA ou à Israël, décide d’en bloquer le passage (en y semant des mines par exemple), le prix du baril s’envole jusqu’à des plafonds difficiles à imaginer. Résultat assuré : l’économie de beaucoup de pays s’effondre.
C’est là :
Où l’on apprend des choses qu’on ne savait pas, sur des gens très éloignés de nous dans l’espace.
Quel rôle la Chine devrait-elle jouer dans la guerre entre l’Iran et Israël ? Un point de vue réaliste.
Hua Bin – The Unz Review – 19.6.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
De nombreux stratèges chinois, bien plus intelligents et mieux informés que moi, travaillent actuellement sur cette question. Je suis persuadé qu’ils trouveront la bonne ligne de conduite pour protéger les intérêts nationaux de la Chine dans la crise actuelle.
Je vais m’attacher à démystifier certaines idées reçues concernant les implications de la guerre pour la Chine et les relations sino-iraniennes. Une fois ces mythes dissipés, je pense que le lecteur pourra mieux comprendre de quoi il retourne et interpréter beaucoup plus facilement les actions de la Chine dans les semaines et les mois qui viennent.
Mythe 1 : la Chine n’a pas apporté son aide
Réalité : La Chine a dénoncé l’agression d’Israël et appelé à la cessation immédiate des hostilités dans divers forums : au Conseil de sécurité des Nations unies, aux BRICS, à l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) et au Sommet Chine-Asie centrale. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé les ministres des Affaires étrangères iranien et israélien pourréclamer une désescalade. Le président Xi s’est entretenu aujourd’hui avec le président Poutine et tous deux ont condamné Israël et appelé à un cessez-le-feu.
L’Iran n’a pas demandé publiquement l’aide de la Chine et de la Russie. Cependant, je pense que le président Xi et le président Poutine sont prêts à agir en médiateurs si l’Iran le leur demande.
Mythe 2 : si l’Iran est vaincu, ce sera la fin du monde multipolaire prôné par la Chine et la Russie.
Réalité : Israël, seul, a peu de chances de vaincre l’Iran. Il peut lui causer de graves dommages (et l’Iran est en train de riposter), mais il ne peut parvenir à détruire les infrastructures nucléaires et militaires iraniennes ni à renverser le régime du pays.
Si les USA interviennent, ils peuvent certainement larguer des bombes plus puissantes et détruire plus complètement les installations nucléaires iraniennes. Mais ces installations peuvent être reconstruites et l’Iran peut finir par décider de se doter de la bombe.
Les USA ne sont pas non plus en mesure de provoquer un changement de régime en Iran sans envoyer de troupes au sol et occuper physiquement le pays, ce qui serait la plus grande opération de ce type qu’ils auraient jamais tentée (90 millions d’habitants, 1,6 million de kilomètres carrés).
La guerre se déroulera dans les airs, avec des chasseurs, des bombardiers, des missiles et des drones.
À moins que le peuple iranien ne soit tellement bouleversé et intimidé par la guerre qu’il décide de renverser son gouvernement, le régime iranien restera au pouvoir. En fait, la guerre pourrait agir en catalyseur d’une unité nationale dont le pays a tant besoin dans une société divisée. Ce pourrait même être le côté positif de cette terrible guerre.
Si les Iraniens renversent leur gouvernement et embrassent leurs ennemis, l’Iran ne vaudra plus la peine d’être sauvé ni pour la Chine ni ,pout la Russie. Aucun des deux pays n’est capable de remodeler une société déformée qui souhaite se jeter dans les bras de ceux qui viennent de la bombarder pour la soumettre.
Le bon sens nous dit qu’il est difficile de se faire aimer d’un peuple en le bombardant (même s’il me faut faire une exception pour les Japonais, les Allemands et les Vietnamiens, qui semblent avoir apprécié les bombes atomiques, incendiaires et l’agent orange et sont devenus les toutous obéissants de leur bourreau, « vous savez qui »).
Je m’attends plutôt à ce que les Iraniens aient une épine dorsale solide et à ce qu’ils deviennent une société plus cohésive et plus unie contre leurs ennemis communs que cela n’a été le cas pendant la guerre Iran-Irak dans les années 1980.
Il y a parfois besoin d’un réveil brutal pour dissiper les illusions collectives, comme l’a fait la guerre en Ukraine pour de nombreux « libéraux » russes qui rêvaient depuis si longtemps d’appartenir à l’Ouest, mais qui ont maintenant compris que leur avenir était avec l’Est.
Mythe 3 : si la Chine et la Russie laissent les USA et Israël attaquer l’Iran, elles perdront leur légitimité morale et seront isolées par les pays du Sud global pour ne pas s’y être opposées. Dans ce cas, elles seraient « grillées », parce que les USA pointeraient aussitôt la mire de leurs armes sur elles. Cette école de pensée est communément appelée « théorie des dominos ».
Réalité : C’est le mythe le plus facile à réfuter. Ce sont les États-Unis qui perdent toute légitimité résiduelle aux yeux du monde pour avoir rejoint les Juifs dans une guerre d’agression flagrante et non provoquée, tout en continuant à faciliter un génocide à coups de bombardements et par la famine à Gaza.
Si le monde tombait sous le charme d’un personnage tel que le nouveau chancelier nazi allemand privé d’âme Mertz, qui fournit ouvertement des armes pour massacrer les Palestiniens de Gaza et qui loue l’attaque d’Israël contre l’Iran comme « faisant notre sale boulot », ce ne serait pas un monde que la Chine et la Russie voudraient libérer de la tyrannie. Il la mériterait.
En réalité, c’est l’Occident qui est isolé et méprisé, qu’il gagne ou qu’il perde en Iran, et non la Chine ou la Russie. Quiconque pense autrement doit se faire examiner la tête.
Les USA tomberaient la tête la première dans un autre piège s’ils décidaient de rejoindre Israël directement dans la bataille. Combien de milliards et de GIs morts a-t-il fallu pour vaincre et renverser les gouvernements des talibans et ides Irakiens, pourtant bien plus faibles ? Combien cela coûterait-il avec l’Iran ? J’ai écrit que la stratégie de la Chine pour vaincre les USA consistait à les conduire à la faillite avec l’aide de Trump (https://huabinoliver.substack.com/p/china-s-strategy-to-defeat-the-us ). « TACO Trump » suit bien mon scénario.
Quelqu’un croit-il sérieusement qu’un gouvernement pro-israélien et pro-US verra le jour en Iran si, – Dieu nous en préserve ! – ceux-xi réussissent à détruire le régime iranien ? L’Irak, la Libye, l’Afghanistan ou la Syrie sont-ils devenus des copains des USA ? Encore une fois, il existe des exceptions, comme je l’ai dit précédemment. Mais je compte sur le fait que tout le monde n’est pas aussi éhonté.
Dans les années 1960 et 1970, les faucons américains ne cessaient d’évoquer la « théorie des dominos » et ce qui se produirait si le Vietnam du Nord communiste remportait la guerre. Que s’est-il passé lorsqu’il l’a effectivement remportée ? ‘La « théorie des dominos » a-t-elle ravagé les intérêts nationaux US ?
Après 58.000 sacs mortuaires, la prophétie de l’école de l’« effet domino » s’est avérée n’être rien d’autre qu’un prétexte de plus pour battre les tambours de guerre. Et aujourd’hui, on voit les USA courtiser le Vietnam communiste pour qu’il les aide à « contenir » la Chine. Ironique, non ?
Pendant que les USA vont s’enliser en Iran et dépensent leur or et leur sang, la Chine les laisse loin derrière elle, à mordre la poussière dans les domaines des énergies nouvelles, des technologies vertes, de l’espace, de l’intelligence artificielle, de la robotique et du commerce mondial. Si vous pensez que les USA sont en position de force vis-à-vis de la Chine, bon courage.
Personne ne veut voir l’Iran bafoué et humilié, mais qui veut empêcher les USA de plonger la tête la première dans un cloaque ? N’interrompez jamais votre ennemi quand il fait une c……. !
Plus important encore : les USA n’auront pas plus de facilité à combattre la Chine ou la Russie, quelle que soit l’issue de la situation en Iran. La Chine et la Russie sont tout simplement trop fortes pour l’Occident collectif. Les guerres entre géants sont déterminées par la puissance pure, pas par des espèces de manœuvres machiavéliques.
Les « stratèges » occidentaux sont tellement en faillite intellectuelle ces temps-ci qu’ils prennent les ruses et les trahisons « astucieuses » pour de brillantes manœuvres stratégiques. Leurs petites machinations ne font pas le poids face à un véritable pouvoir national.
Les superpuissances comme la Chine et la Russie ont les ressources et le mordant nécessaires pour écraser les manipulations crapuleuses que l’Ouest affectionne.
Mythe 4 : l’Iran représente un intérêt fondamental et est un proche allié pour la Chine
Réalité : Ce n’est tout simplement pas le cas. La Chine a toujours été transparente et explicite quant à ses intérêts géopolitiques fondamentaux. Ceux-sont Taïwan, la mer de Chine méridionale et la frontière sino-indienne. Ses principaux partenaires géopolitiques sont la Russie et le Pakistan.
La Chine apprécie l’Iran comme partenaire économique et politique, mais ses intérêts sont principalement commerciaux. La Chine achète du pétrole à l’Iran et lui vend des produits manufacturés.
Alors que les achats de pétrole par la Chine représentent 90% des exportations pétrolières iraniennes et 20% de son PIB, la Chine ne dépend de l’Iran que pour 12 à 14% de ses importations de pétrole. Les sources d’énergie de la Chine sont très diversifiées et ses principaux fournisseurs en matière de pétrole sont la Russie, l’Arabie saoudite et l’Irak. La Chine achète également du pétrole à la Malaisie et aux Émirats Arabes Unis.
À mesure que la Chine s’électrifie et se décarbonise, ses besoins en pétrole ont atteint leur sommet et devraient progressivement diminuer. La Chine est le leader mondial dans le domaine des énergies vertes et la région du Golfe perdra de son importance pour elle au fil du temps.
Des routes terrestres et des voies ferrées sont construites dans le cadre des projets de la BRI à travers l’Asie centrale, le Pakistan et l’Afghanistan afin de relier [entre eux et avec le reste du monde, NdT] les pays du continent eurasien, offrant ainsi une alternative aux voies maritimes de l’océan Indien, de la mer Rouge, du détroit d’Ormuz et du canal de Suez.
L’Iran n’a pas coopéré étroitement avec la Chine dans le domaine des projets énergétiques et d’infrastructure : il a attribué davantage de contrats à l’Europe qu’à la Chine, depuis l’assouplissement des sanctions par la signature du JCPOA. Aujourd’hui, les sanctions sont de retour et les Européens battent en retraite. La Chine n’attend pas au bout du fil.
L’Iran s’est révélé être un partenaire commercial peu fiable. Les USA et le Canada ont utilisé les relations commerciales de Huawei avec l’Iran comme prétexte pour détenir, pendant trois ans, Meng Wanjun, directrice financière de Huawei et fille du fondateur de l’entreprise, Ce sont des traîtres iraniens qui ont mouchardé sur les projets de Huawei aux USA. Des traîtres iraniens ont également trahi un autre fournisseur chinois de télécommunications, ZTE, ce qui a conduit à une amende d’un milliard de dollars infligée par le régime à sanctions US.
L’Iran est membre de la BRI, mais il a attribué à l’Inde son projet portuaire le plus importan : le port de Chabaharn, ainsi que la ligne ferroviaire entre Chabahar et Zaranj. On ne peut guère dire que l’’Inde soit une alliée de la Chine et elle ne fait pas partie de la BRI. [Mais l’Inde formait néanmoins, paraît-il, avec la Russie et la Chine, le fameux triangle de Primakov, où elle aurait été remplacée… par l’Iran, justement, NdT]
Ajoutant l’insulte à l(outrage, l’Iran a pris cette décision après que la Chine ait contribué à apaiser l’hostilité séculaire entre lui-même et l’Arabie saoudite en 2023.
Si l’Iran est libre de faire ses propres choix en tant que pays souverain, il n’a pas rassuré la Chine en flirtant avec l’Inde et en diversifiant ses paris commerciaux et géopolitiques avec cet État chèvre-choutiste, sachant pertinemment qu’une telle initiative serait mal perçue par Pékin.
Pire encore, l’Iran a fourni un refuge au groupe terroriste BLA (Armée de Libération du Balouchistan) à sa frontière avec le Pakistan, groupe qui a attaqué à plusieurs reprises le CPEC (Projet de Corridor Économique Chine-Pakistan), un projet phare de la BRI, d’une valeur de 62 milliards de dollars. https://www.theguardian.com/world/2024/jan/18/where-balochistan-why-iran-pakistan-strikes
Le BLA a encore saboté le projet du port de Gwada, un élément clé des routes maritimes chinoises dans l’océan Indien, et il a tué des ingénieurs et des ouvriers chinois au moyen d’attentats-suicides et d’embuscades. Le BLA est également financé par l’Inde.
Le manque de discernement de l’Iran a sérieusement érodé ses relations avec la Chine. La Chine n’a pas exprimé publiquement son déplaisir, mais l’Iran ne doit pas trop s’attendre à ce que la Chine se précipite pour le tirer d’affaire dans une de ses crises.
Ironiquement, bien que l’Iran se soit donné beaucoup de mal pour courtiser l’Inde, y compris en se rendant à New Delhi pour signer un accord de partenariat stratégique global avec l’Inde en plein milieu de la guerre entre l’Inde et le Pakistan le mois dernier, l’Inde a quand même trahi l’Iran de la manière la plus éhontée qui soit.
Il y a deux jours, l’Inde a annoncé qu’elle se désolidarisait de la déclaration commune condamnant l’attaque israélienne émise par l’OCS, dont l’Inde et l’Iran sont tous deux membres. La veille de sa prise de distance vis-à-vis de l’OCS, l’Inde s’était abstenue lors du vote à l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza. https://www.aljazeera.com/news/2025/6/16/why-india-refused-to-join-sco-condemnation-of-israels-attacks-on-iran
L’Iran semble totalement ignorer le fait que l’Inde est le pays le plus pro-israélien du Sud global, avec un rapport de 5 contre 1 en faveur d’Israël sur les réseaux sociaux indiens, comparable aux données provenant d’Israël lui-même et supérieur même à celui des USA, territoire occupé par les Juifs. L’empire Bha-rat est une absolue « valeur aberrante »e en matière de décence humaine fondamentale.
De multiples messages publiés sur les réseaux sociaux indiens proclament « Je soutiens Israël » en plein génocide. Les trolls indiens sont les plus actifs dans la promotion du discours israélien sur Gaza. Mieux encore pour Israël : le soutien indien est gratuit, alors que même l’AIPAC doit soudoyer les politiciens US pour qu’ils reprennent à leur compte ces arguments odieux.
L’Iran semble également ignorer que l’Inde est un des pays les plus islamophobes au monde, un pays où les hindous font de la persécution des musulmans un sport national.
Quand les choses en sont venues au pire, c’est le Pakistan qui s’est distingué dès après le lancement de l’attaque israélienne. C’est le Pakistan qui s’est engagé publiquement à soutenir militairement l’Iran, allant même jusqu’à offrir son « parapluie nucléaire » en cas d’attaque nucléaire israélienne.
Comme le montre le conflit actuel, l’Iran n’a pas acheté de systèmes d’armes modernes chinois. Il dépend depuis longtemps de la Russie et de ses propres productions en armes, qui n’ont guère eu d’impact dans les combats aériens (en fait, il n’y a pas eu de’ combats aériens dans l’espace aérien iranien – la supériorité aérienne israélienne semble totale).
Cela contraste fortement avec les performances supérieures des avions de combat, des radars d’alerte précoce et des missiles air-air chinois démontrées par l’armée de l’air pakistanaise, équipée par la Chine, lors de sa guerre aérienne avec l’Inde.
La décision de l’Iran en matière d’approvisionnement militaire est difficile à comprendre, dans la mesure où la Chine a proposé à plusieurs reprises de lui vendre ses systèmes de défense aérienne à des prix extrêmement compétitifs. Une fois de plus, l’Iran a fait preuve d’un manque de discernement sur des questions aussi cruciales pour sa sécurité nationale.
Le manque de perspicacité stratégique, de fiabilité et de bon jugement de l’Iran ne plaide guère en faveur d’un rapprochement avec des puissances sophistiquées comme la Chine. Un vieux proverbe chinois dit qu’« on ne peut pas se servir de boue humide pour construire des murs ».
Mythe 5 : si la Chine ne combat pas les USA en Iran, elle devra les combattre chez elle. Il vaut donc mieux les combattre maintenant, en Iran, plutôt qu’attendre qu’ils viennent l’attaquer à ses propres portes.
Réalité : Ces opinions ne sont en fait qu’une resucée des célèbres paroles de George W. Bush : « Si vous ne combattez pas les terroristes là-bas, vous devrez les combattre ici ». Outre le fait que ce genre de remarque n’est qu’une feuille de vigne chargée de dissimuler sa propre agression, W n’est ni un intellectuel de renom ni un génie militaire. Bien au contraire.
La Chine a tout intérêt à combattre les USA à sa propre porte. Là où elle ne peut que remporter une telle confrontation. En revanche, combattre les USA au Moyen-Orient, à 5.300 ou 7.200 kilomètres de distance (celle entre Pékin et Téhéran/ou Tel Aviv), où les USA disposent de nombreuses bases militaires et de nombreux alliés locaux, alors que la Chine n’en a aucun, serait effectivement une entreprise vouée à l’échec.
Préconiser que la Chine combatte les USA en Iran est une idée folle et suicidaire. Pékin ne va pas mordre à ce genre d’hameçon.
La Chine a pleine conscience qu’un affrontement final avec les USA est inévitable, mais il est stratégiquement impératif pour elle de choisir le lieu et le moment. La logique est la même que celle de l’avantage du premier joueur au jeu de go : c’est le premier joueur qui impose le rythme et force son adversaire à réagir, ce qui lui permet de dicter le cours du jeu.
La pensée stratégique chinoise s’est affinée grâce au jeu traditionnel du Go, pratiqué depuis 2.000 ans, qui est un jeu de patience et de réflexion stratégique. En comparaison, le jeu occidental des échecs est axé sur l’action-réaction à court terme et le rapport risque-récompense, et est donc inférieur.
La confrontation finale avec les USA sera l’événement décisif pour le monde au cours du prochain siècle. Un nouvel ordre mondial dépendra de son issue. Il n’est pas pensable que la Chine prenne des risques inutiles avant d’être tout à fait prête. Les événements actuels au Moyen-Orient ne sont que des bruits de fond dans le grand schéma des choses.
Mythe 6 : la Chine partage le même point de vue que l’Occident sur les alliances ; l’objectif de la Chine est de remplacer les USA en tant que gendarme du monde ; l’occasion se présente aujourd’hui.
Réalité : Le point de vue de la Chine sur les alliances provient de sa propre histoire et de ses connaissances géopolitiques,qui diffèrent considérablement du point de vue occidental dominant en matière de relations internationales.
Certains ont avancé que l’axe Russie-Iran-Chine était la clé pour contester la domination occidentale. Je doute que Pékin adhère à cette théorie de Brzezinski, exposée dans son ouvrage Le Grand Échiquier.
L’idée paraît plausible à première vue, mais à y regarder de plus près, il s’agit d’une vision dépassée du monde reflétant une perspective qui pouvait être valable il y a 30 ans, mais qui ne correspond plus à la réalité actuelle.
Depuis la publication du livre en 1997, les rapports de force entre les principaux acteurs ont changé au-delà des rêves les plus fous de Brzenzski.
Aujourd’hui, la Chine peut s’opposer aux USA en qualité de concurrent à part entière, comme l’ont clairement démontré la guerre commerciale et la guerre technologique. Des stratèges US tels que Jake Sullivan, Kurt Campbell et Rush Doshi ont reconnu que les USA avaient besoin de leurs « alliés » et « partenaires » pour s’unir en un seul gang, s’ils veulent avoir une chance de « contenir » la Chine.
L’époque où les USA disposaient à eux seuls d’une puissance suffisante pour faire face à la Chine est depuis longtemps révolue, ce qui place la puissance hégémonique autoproclamée dans une position embarrassante et humiliante.
De plus, une alliance multilatérale est aussi forte que son maillon le plus faible. Malheureusement, l’Iran est ce maillon faible. Il n’est pas dans l’intérêt de la Chine de s’engager dans une structure rigide qui lui impose plus d’obligations que d’avantages.
Selon les calculs de Pékin, une structure d’alliance formelle présente de nombreux inconvénients :
- Risque d’être pris au piège par des partenaires juniors plus petits, moins puissants, mais plus imprudents et belliqueux (comme les petits États chihuahua baltes membres de l’OTAN) ;
- Problèmes liés à l’action collective (comme les désaccords entre la Hongrie et la Turquie et le reste des membres) ;
- Problèmes de déséquilibre et de réciprocité (les USA consacrent 3,5 % de leur PIB à la défense, contre 1% en moyenne pour l’UE ; Trump est furieux de cette « injustice », et à juste titre) ;
- Problème de confiance inhérent (les USA mèneraient-ils une guerre nucléaire contre la Russie au nom de la Lituanie en vertu du chapitre 5 et commettraient-ils un suicide national ?)
- Les alliances fondées sur l’idéologie ont la désagréable odeur des missionnaires universalistes que la Chine déteste (vous vous souvenez des croisades ?)
Bref, les alliances formelles peuvent très facilement se transformer en fardeau, et constituer davantage un handicap qu’un atout.
Dans le calcul stratégique de la Chine, l’Iran n’a pas la même importance que la Russie ou même que le Pakistan. Si la Chine ne prendrait jamais le risque d’un éventuel revers de la Russie dans la guerre en Ukraine ou d’une défaite du Pakistan face à l’Inde, elle a une tolérance au risque beaucoup plus élevée en ce qui concerne l’Iran.
La Chine souhaite également équilibrer ses relations avec la Turquie, les États du Golfe et l’Égypte. Aucun de ces pays ne souhaite voir s’établir des relations trop étroites entre la Chine et l’Iran, en particulier si la Chine joue un rôle de médiateur au Moyen-Orient.
Dans le passé, la Chine a été gravement trahie par l’Albanie, un partenaire communiste qu’elle a généreusement financé pendant la guerre froide, mais qui s’est tourné vers l’Occident dès la fin de celle-ci. Elle a également été trahie par le Vietnam après l’avoir soutenu pendant la guerre contre les Américains. La Chine a tiré les leçons de cette expérience.
Finalement, la Chine n’a pas l’intention et n’a aucun intérêt à remplacer les USA en tant que nouveau « shérif en ville ». La Chine n’a pas le zèle missionnaire idéologique des « démocraties libérales » ni la prétention au « sacrifice de soi » nécessaire pour contrôler et façonner le monde à son image. Le « fardeau de l’homme blanc » a une bonne raison de porter ce nom. La Chine ne porte pas ce fardeau.
En résumé, si l’Iran survit à l’agression actuelle d’Israël et des USA et souhaite bénéficier de l’aide de la Chine à l’avenir, il lui faudra faire plus pour gagner sa confiance et son soutien. Le partenariat géopolitique n’est pas un cadeau qui s’accorde, mais une relation privilégiée fondée sur des intérêts mutuels et la confiance.
En fin de compte, ce n’est pas la guerre de la Chine.
Source : https://www.unz.com/bhua/what-role-china-should-play-in-the-iran-israel-war-a-realist-view/
Cessez-le-feu !
Cessez-le-feu !
Cessez-le-feu !
Cessez-le-feu !
Alors, tout ça, c’était du cinéma ? Et le blocage du Détroit d’Ormouz, c’était juste du chantage, pas du vrai ?
Chiiic, on va pouvoir continuer à massacrer les Palestiniens tranquilles !
Tiens, justement…
Au lieu des 56 ou 57.000 qu’on vous a dits…
HARVARD REPORT
révèle qu’Israël a assassiné 377.000 Palestiniens jusqu’à présent dans son génocide, dont la moitié étaient des enfants
Arrêt sur info — 23.5.2025
L’analyse des chiffres montre qu’Israël a assassiné, jusqu’à présent, 377.000 Palestiniens pendant le génocide – dont la moitié étaient des enfants.
Les tentatives d’Israël pour rejeter le bilan des morts comme « fabriqué par le Hamas » n’est qu’un mensonge de plus visant à cacher l’horrible réalité.
Source d’origine . HARVARD REPORT
« Based on Israeli military data ! » Mais de quoi ils se mêlent, ces crânes d’œufs ? Et comment se fait-il qu’ils ne soient pas encore tous en taule ? Ah, on vous jure, avec ces incapables CIA, FBI et consorts, faut tout faire soi-même !
Ah, mais, ce n’est pas tout :
L’allégation clé qui a déclenché la guerre Iran-Israël a été construite à partir d’un algorithme de contre-espionnage créé par Palantir
Alastair Crooke – Conflicts Forum – 20.6.2025
Publié le 23 juin 2025 par Wayan sur Le Saker francophone
La Résolution du Conseil d’administration de l’AIEA sur le « non-respect« , le 12 juin 2025, fut l’excuse prévue pour la soudaine frappe israélienne contre l’Iran, le lendemain. Les Israéliens disent que le plan d’entrer en guerre avec l’Iran était fondé sur « l’opportunité » de frapper, et non sur les renseignements selon lesquels l’Iran se dirigeait vers une bombe (c’était la raison annoncée de cette guerre).
On se disait bien aussi que des cerveaux gros comme des petits pois racornis avaient peu de chances d’accoucher d’intelligences artificielles mirobolantes… Et en attendant, on en connaît un qui pourrait bien découvrir d’ici quelque temps s’il est joli en combinaison orange.
Mais on ne voudrait pas que nos lecteurs anglophones se sentent négligés :
Trump Lures Iran into “Peace” Trap (Again) –
Continues Decades-Spanning Regime-Change Agenda
Brian Berletič – The New Atlas – 24.6.2025
Mis en ligne le 24 juin 2025
par Les Grosses Orchades
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