On est un  peu en retard pour en parler, mais les merdias de référence n’en ont pas pipé mot, alors, mieux vaut tard…

 

 

Baie des cochons-bis : invasion armée du Venezuela

 

Lucas Leiroz – InfoBrics – 6.5.2020

via TheDuran

Traduction : Les Grosses Orchades

 

Lucas Leiroz est chercheur en Droit International à l’Université fédérale de Rio de Janeiro

 

 

 

 

 

En plein milieu de la pandémie mondiale, Washington continue d’appliquer son programme en Amérique Latine. Une fois de plus, la cible est le Venezuela. L’opposition du gouvernement américain au régime populaire de Nicolas Maduro atteint des niveaux de plus en plus démesurés, avec les USA recourant officiellement au dangereux mensonge selon lequel le Venezuela serait impliqué dans le trafic international de drogue, et, de là, se lançant dans de téméraires manœuvres militaires et d’espionnage pour tenter de déstabiliser le gouvernement bolivarien.

 

Fin mars, Washington a formellement accusé le gouvernement de Nicolas Maduro d’être impliqué dans le trafic de drogue. Une somme de 15 millions de dollars a été offerte pour toute information susceptible de conduire à l’arrestation du président vénézuélien. Depuis lors, la politique américaine à l’égard du Venezuela s’est encore durcie, entraînant des manœuvres de plus en plus agressives à l’encontre du gouvernement sud-américain. Peu après avoir annoncé les millions de récompense pour toute donnée permettant l’arrestation de Maduro, le président US Donald Trump a envoyé des troupes au Venezuela. De puissants navires US [et un français, NdT] ont été envoyés vers les côtes vénézuéliennes, dans une opération militaire censée « combattre le trafic de drogue en Amérique du Sud ».

En pratique, les USA veulent encercler le Venezuela, empêcher la navigation de ce pays et répéter sa vieille stratégie qui consiste à asphyxier l’ennemi pour renverser Maduro, garantissant ainsi les intérêts US en Amérique du Sud. Cependant, l’attaque frontale par voie maritime n’ayant pas suffi à renverser Maduro, le pays sud-américain a été, au début d’avril, envahi par des troupes mercenaires au service des USA. Rien ou presque n’en a été rapporté par les médias grand public occidentaux. Elle a cependant  eu lieu et a même été très significative, exigeant la plus extrême attention du gouvernement pour démanteler la conspiration étrangère.

La façon dont l’invasion a été conçue est encore très peu connue en dehors du Venezuela mais on suppose qu’il y a eu une triple collaboration entre les USA, la Colombie et l’opposition vénézuélienne de Guaido. Tout d’abord, ces trois éléments ont conspiré pour permettre à des mercenaires d’envahir le Venezuela et de renverser le gouvernement. Selon les sources officielles, les troupes mercenaires ont quitté la Colombie par une route maritime, pour débarquer au Venezuela, transportés par une compagnie américaine peut-être embauchée par Guaido lui-même. L’attaque s’est produite dans la municipalité de Chuao (état d’Aragua). Plusieurs photos et vidéos de l’opération qui a empêché l’invasion sont déjà disponibles sur le Net. Le ministre de la Justice vénézuélien a publié une série de preuves, y compris les contrats signés par Guaido avec la compagnie maritime américaine, décrivant les routes maritimes à suivre au départ de la Colombie, et qui ont été suivies en effet lors de l’attaque. Preuves qui attestent la véracité des allégations du gouvernement Maduro.

Dimanche, le ministre de l’Intérieur vénézuélien Néstor Revol a fait une déclaration publique immédiatement consécutive à la tentative d’invasion, précisant que les forces de sécurité du pays avaient blessé, capturé et tué plusieurs terroristes, à La Guaira, à 20 miles à peine de Caracas. Selon ses propres termes :

 

« Un groupe de terroristes mercenaires venus de Colombie ont tenté d’envahir le pays par la mer, pour y commettre des actes terroristes et assassiner les membres du gouvernement révolutionnaire. »

 

Les autorités colombiennes ont rapidement répondu aux accusations du gouvernement vénézuélien, mais n’ont cependant fait que déclarer « les accusations infondées », sans apporter de preuves que les envahisseurs n’avaient pas quitté la Colombie dans une action coordonnée.

Les relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie ont été rompues l’an dernier. Graduellement, la Colombie est devenue un état-satellite des intérêts US en Amérique du Sud, étant entièrement occupée et soumise par Washington. Il vaut la peine de rappeler qu’en 2018, la Colombie est devenue le premier « partenaire mondial » latino-américain de l’OTAN. Ce qu’il y a de plus curieux et de plus ironique dans ce scénario, c’est bien l’accusation d’implication dans le trafic de drogue lancée par les Américains contre le gouvernement Maduro, alors que dans la réalité, la Colombie, son principal allié dans le Sud mondial, est la nation latine qui a le lien historique le plus important des deux Amériques avec le trafic international de drogue et est un narco-état universellement reconnu. Washington tente de détourner l’attention générale en imputant les crimes de son allié à son ennemi.

L’opération ratée rappelle immanquablement un épisode similaire  qui s’est produit à Cuba en 1961 : la fameuse « invasion de la Baie des cochons ». À cette occasion, Cuba avait été envahie par un groupe de para-militaires mercenaires entraînés par la CIA et financés par la mafia italo-américaine, qui voulait renverser le gouvernement de Fidel Castro. L’opération avait été un fiasco complet et une véritable humiliation pour les USA, qui avaient dû se retirer et reconnaître la victoire cubaine. L’histoire se répète, avec des mercenaires payés et entraînés par les États-Unis pour envahir un pays non-aligné en utilisant la tactique de la guerre sous-traitée. Cette fois encore, les USA sont battus.

Cette « Baie des cochons-bis » est le fait d’une attitude démodée de la géopolitique américaine. Washington n’en finit pas de vouloir ressusciter les tactiques de la Guerre Froide, alors que le contexte international a complètement changé et que personne ne trouve plus ces procédés tolérables. Combien de temps les USA vont-ils encore s’obstiner dans cette voie ? Quand vont-ils se rendre compte que leur politique internationale agressive n’a plus aucune efficacité, dans la dynamique actuelle des relations internationales ?

 

Source : https://theduran.com/bay-of-pigs-2-0-armed-invasion-of-venezuela/

 

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/baie-des-cochons-bis/

 

 

 

Mai 2020

 

 

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