Repêché d’un de nos anciens posts

 

 

D’Ève et de Nidaba

 

 

Modeste contribution des GROSSES ORCHADES à l’éclaircissement du foutoir causé par « la femelle » :

D’abord, c’est qui, Ève ? C’est la Déesse-Mère des Hébreux d’avant que les pères de famille gardiens de chèvres dans le Sinaï raflent le pouvoir aux mères. Elle s’appelait IEVOA, son nom étant formé des six voyelles nécessaires à tout langage humain. Un jour, pour bien marquer leur désormais suprématie, les pépés ont « expulsé la femelle » en virant les voyelles de l’alphabet, raison pour laquelle l’hébreu n’en a pas et, c’est ainsi que leur dieu-père s’appelle YHWH, au prix d’une tricherie par emprunt subreptice aux Grecs (au moins aussi misogynes qu’eux).

Quant à la fameuse côte d’Adam… on ne résiste pas au plaisir de vous raconter son histoire. Qui vient, elle aussi, de Sumer, tout comme celle, originelle, d’Abel et Caïn que nous vous contâmes il y a peu.

Chapitre extrait d’un livre inédit consacré à notre déesse des Ardennes (on est allés la chercher loin).

 

 

 

« Petite cosmogonie (sumérienne) portative »

 

 

À l’origine était Nammu, la Mer Primordiale, qui « donna naissance au ciel et à la terre ».

      Ces enfants, An, le ciel mâle, et Ki, la terre femelle, engendrèrent un fils, Enlil, l’air. Division des cellules oblige : An s’emporta en l’air et Enlil emporta sa mère. C’est de l’union d’Enlil et de sa mère que naquit l’univers organisé.

      Les Sumériens se représentaient ainsi les quatre divinités cosmiques Eau – Ciel – Terre – Air :

 

 

Entre le Ciel et l’Enfer, la Terre émergeant de l’Océan Terrestre.

 

 

      La terre était un disque plat entouré du « Fleuve Océan », encore cher à Homère des millénaires plus tard (soit, pour les Sumériens, la Mer méditerranée et le Golfe persique). Cette terre et le demi-globe formant le ciel ne faisaient d’abord qu’une seule montagne « Ciel-Terre ». Quant aux mystérieux Enfers où se rendaient les morts, ils étaient en quelque sorte, sous la terre, l’envers du ciel.

      Mais ceci est une cosmogonie tardive déjà rationalisée, une cosmogonie-théogonie des temps patriarcaux, telle que de patients sumérologues ont pu la déduire des tablettes cunéiformes déchiffrées à ce jour.

      Il ne nous est pas trop malaisé, partant de là, de reconstituer la « personnalité » de la Triple Mère des origines, présente absolument chez tous les peuples :

      Nammu – la Mer-Mère vierge ;

      Inanna, la Mère-Ciel future Ishtar, qui deviendra avec le temps la seule planète Vénus, mais qui aura été d’abord Nanna-la-Lune (masculinisée, précisément par les Sumériens, en dieu-lune Nanna).

      Ki, la Terre-Mère (Ereshkigal dans ses profondeurs infernales).

      Plus tard, la Divine s’appellera Ninhursag, « Grande Déesse Mère ».

     Avec son fils Enki, dieu de l’eau (les patriarcaux étant déjà passés par là), elle accouchera sans douleur de trois générations de déesses, chaque génération recopulant avec le même Enki.

      Mais Ninhursag a aussi fait pousser à Dilmun, « Terre Brillante » (c’est le « premier patron » du Paradis), les huit sortes de plantes.

      Qui dit « Paradis » dit « perdu ». Le Péché Originel nous vient donc, comme l’Histoire, de Sumer : il est commis par Enki (tout seul !), qui dévore les huit plantes créées par sa mère-amante. En conséquence de quoi il est affligé de toutes sortes de maux. Véritable Harbougna (1), il a mal partout : au vit, à la mâchoire, à une dent, à la bouche, au bras, en deux ou trois autres endroits et… à une côte.

      Ninhursag, bonne fille-mère, accouche alors – toujours sans douleur – de petites déesses et de petits dieux chargés chacun de soigner une des parties endommagées de leur père. Il y a là, soeurs cadettes des déeses Ninmu et Ninkurta, dont nous ne savons pas grand-chose, les déesses-médecine Ninsutu, Ninkusi, Nazi (personne n’est parfait) Azimua et Ninti ; les dieux-médicaments Abu, Nintulla, Enstag, et sûrement on en passe.

      C’est ainsi que la déesse Ninti (Nin, « Dame », Ti, « de la Côte » et « de la Vie ») est spécialement créée pour guérir la côte paternelle.

      Dans la Bible patriarcale, en vertu de la loi des vases communicants, cette petite Déesse-Côte et Dame-qui-fait-Vivre deviendra « Ève, Mère de Tous les Vivants », née de la côte (mortelle) d’Adam, par un de ces tours de passe-passe chers aux révisionnistes mâles. Et les mauvais esprits – qui se seraient demandé pourquoi diable Dieu Omnipotent, capable de créer toutes choses ex-nihilo, aurait eu besoin d’une côte humaine pour créer la Phâme en sous-traitance – ont ainsi la réponse à leur impertinente question : parce que l’homonymie sumérienne entre côte et vie n’existe pas en hébreu, et que, dans ces cas-là, rien ne vaut l’arbitraire.

      Mais ne quittons pas l’Olympe sumérien sans faire la connaissance de trois autres filles de Ninhursag :

      Nanshe, déesse de l’Ordre Juste, « qui juge les humains au premier jour de l’année ».

      Ashnan, déesse du grain, dite « vierge bienveillante ».

      Nidaba, déesse de la sagesse et de l’écriture (qui sera plus tard masculinisée en dieu Nabu)

      Ces gentes dames nous confirment l’origine femelle du droit, de la culture des céréales et de l’alphabet. Ainsi que des révolutions, car 

 

Pour préparer un lieu où seront détruits les puissants,

Pour livrer les puissants aux faibles,

Nanshe scrute le coeur des gens. (2)

 

      Mine de rien, nous avons là, en germe, « les derniers qui seront les premiers » de la Bible, et son « aimez-vous les uns les autres ».

      Peut-être aussi la dictature du prolétariat, chère à ce grand mystique de Karl Marx.

_________________  

(1)      Personnage bien connu du folklore wallon, dont pas un millimètre carré de chair ou d’os n’est indemne, et qui passe sa vie à s’en plaindre.

(2)      Hymne à Nanshe, Tablettes de Nippur.

 

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Mai 2020