Du viol considéré comme un des beaux-arts

 

Anatole Atlas – spherisme.be – 10.1.2029

 

 

« I was damned if I did, and also damned if I didn’t. »

Pirozka Nagy, économiste au FMI harcelée par DSK

 

 

(…)

L’heure est venue de le divulguer pour la militante féministe que je suis, tant pleuvent sur la scène médiatique les accusations de viols et de harcèlements sexuels, de préférence contre des potentats du cinéma – milieu fondé plus que tout autre sur une prostitution généralisée…

(Toute star de la caméra, s’il appartient à la race élue, peut — sous couvert de l’Histoire — violer en criant  » J’accuse !  » pour imposer silence à une damnée marquée au fer. Mais l’Histoire judéo-chrétienne entière ne se confond-elle pas à celle du viol depuis Canaan ?)

Pour que ne soit jamais mise en question la culture d’acquiescement au viol nécessaire à l’ensemble d’un système économique et politique, doit périodiquement exploser un scandale faisant écran à cette réalité. Des têtes quelquefois tombent, qui expient toutes les turpitudes, afin d’enrichir une mythologie sulfureuse et d’aviver les fantasmes faisant prospérer une telle industrie. Ces éclairages brutaux d’un monde placé sous la loi des projecteurs, servent à ce que ne soit pas mis en lumière le rapport sadomasochiste entre winners et losers, où le consentement à la soumission vaut approbation, sans quoi n’existerait pas Kapitotal. Ceux dont un Baby Mac disait qu’ils ne sont rien, ceux dont un Killer Donald (Big Mac) se présentait comme le souteneur, sont contraints pour survivre de mimer chaque jour une jouissance à la violence qu’ils subissent. Arrive-t-il qu’ils se révoltent ? Ce n’est pas tant contre leur servitude, qu’en raison d’une aggravation telle des conditions de celle-ci qu’ils se sentent trahis dans l’accès aux voluptés promises… 

(Il fallait une puissance de désintégration mentale sans équivalent dans l’histoire des idéologies, pour persuader des milliards d’humains survivant à grand peine dans l’angoisse des misères et des guerres, des pestes et des famines, des cataclysmes et des paroxysmes de barbarie promis à leurs enfants, qu’heureusement pour eux prit fin avec l’Union soviétique ce goulag totalitaire assurant un emploi digne pour tous, l’accès gratuit à l’instruction publique et aux soins de santé, le développement par un très haut niveau de culture dans un système plus handicapé que dopé par la guerre, et que grâce à la sagesse éclairée des propriétaires de la démocratie libérale de marché, les 250.000 milliards de dettes offertes aux générations futures sont déjà les graines d’opulentes floraisons à venir.)

N’est-ce pas l’autorité de la puissance qui leur promet l’émancipation s’ils acceptent le modus moriendi imposé ? N’est-ce pas l’impuissance des victimes qui entretient leur esclavage ? La force de travail n’est-elle pas tout entière, corps et âme, une viande à l’étal d’un marché où la balance pèse plus-values des uns, survie des autres ? Et n’est-ce pas le désir de ceux-ci pour la séduction de ceux-là qui interdit la mise en question de ce rapport ? La victime doit donc refouler son dégoût sous peine de mort, et se féliciter de son sort. Imagine-t-on une prise de parole, quand les propriétaires de la parole appartiennent au camp des plus forts ? Codifié en devoir par le quotidien, le jeu de rôles entre insiders et outsiders fait du plaisir éprouvé dans la consommation de pacotilles, l’instrument magique de cette mise en scène…

( » Violez ! Violez ! Violez ! Je dis aux hommes : violez les femmes ! « , clame Finkielkraut à l’une des innombrables tribunes médiatiques offertes aux porte-voix de la nouvelle extrême-droite par la tour Panoptic. Cette injonction à violer, consubstantielle à celle de ne pas se voiler, est le dernier commandement de la loi mosaïque… Le même idéologue ajoute au micro, pour légitimer l’abjection : « En un mot, je préfère Elisabeth Badinter à Caroline De Haas« .)    

Une continuelle inversion dans les représentations doit brouiller sans cesse le sens de cette soumission dite libératrice. Toujours la lame du salut feint de trancher le nœud du servage, mais entaille les chairs plus inexorablement. 

Pascal Bruckner assimile à un maccarthysme néo-féministe, comparable aux persécutions staliniennes et nazies, les plaintes pour viols et sévices formulées contre Polanski, celui-ci revêtant l’uniforme de Dreyfus et la toge morale de Zola pour fustiger des accusatrices l’ayant condamné à relégation sur l’Île du Diable.)

La stratégie mise en œuvre empêche toute issue, dès lors que l’hypothèse d’une issue au capitalisme a été abolie. Prière de communier aux célébrations de la liberté retrouvée en novembre 1989. 

(Sus au drapeau rouge, voilà l’ennemi !)

Hier vint un souteneur bonhomme osant affirmer que son adversaire était la finance. Passé la galéjade, surgit un nouveau maître au prestige olympien s’affirmant Jupiter. Baby Mac s’imposa comme un amant au charme équivoque, unissant la fougue de Mars à la grâce d’Apollon. Plus que jamais les damnés désireraient leurs élus, plus que jamais les victimes seraient consentantes. L’élu des élus n’avait-il pas annoncé la révolution ? C’est dans un tel contexte que certains viols sélectionnés parmi les rangs de l’élite peuvent détourner l’attention publique des sévices et harcèlements de masse, promus au rang des beaux-arts par les maîtres de ce rapport social…

Ainsi des foules aveugles partout sur la planète beuglent, ruent, s’empêtrent les cornes sur des muletas dans les plis desquelles se dissimule une épée prête pour l’estocade : ce corps mugissant peut-il -— veut-il — déjouer feintes et ruses de la tour Panoptic au service de Kapitotal ?…

(Nos taureaux babyloniens sont bien placés pour savoir les conséquences de foncer sans penser. Mais ils ont besoin d’un enclos mental. Demain, leurs cris transformés en voix électorales, ils voteront encore pour chacune des branches de la mâchoire du Moloch !)

L’urgence de cette confession m’est venue d’une rencontre mythique avec le couple formé d’Ishtar et de Gilgamesh, à qui je rends grâce de m’avoir fait accéder à la Sphère.

 

Elisabeth B. (18 novembre 2019)

(Qui croirait voir une personne réelle en cette  » Elisabeth B  » pourrait fort se tromper, car il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’une affabulation de Gilgamesh lui-même.)

 

 

 

 

www.spherisme.be

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/du-viol-considere-comme-un-des-beaux-arts/

 

 

 

 

 

Janvier 2020

 

 

0 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.