La révolution n’est pas un dîner en ville

 

 

La stratégie nucléaire désastreuse de l’Iran ne fait pas le poids face à l’impitoyable brutalité d’Israël et des USA

 

 

Hua Bin – The Unz Review – 15.6.2025 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

 

L’attaque dévastatrice d’Israël contre l’Iran a pris le monde par surprise.

Bien sûr, personne n’est vraiment surpris qu’Israël commette un acte d’agression aussi flagrant contre un autre pays, car l’État juif a prouvé, à maintes reprises qu’il est un régime terroriste voyou capable de génocide éhonté, de nettoyage ethnique et qui affiche un mépris total des principes moraux les plus élémentaires, avec le soutien et l’appui public du régime US, son partenaire hybride maître-esclave dans le crime (démêler la relation bâtarde et incestueuse qui unit ces deux États fascistes demanderait plus d’énergie que quiconque ne souhaite en dépenser, je m’en tiendrai donc là).

Ce qui est surprenant, c’est à quel point l’Iran était mal préparé, et se soit trouvé presque littéralement pris au dépourvu. Il a été décapité de ses hauts responsables militaires et nucléaires, ses installations nucléaires et balistiques ont été gravement endommagées, sans parler de sa défense aérienne à peine opérationnelle et de sa sécurité intérieure violemment infiltrée par le Mossad et ses agents.

Bien que l’Iran ait lancé d’intenses frappes de représailles contre Israël, il ne fait aucun doute que la dissuasion et la crédibilité iraniennes ont subi un coup dur, potentiellement irréparable. Sa vulnérabilité est désormais exposée aux yeux de tous.

La principale raison de cet échec humiliant face aux Juifs réside dans la stratégie nucléaire inepte de l’Iran. Plutôt que de poursuivre une politique de dissuasion nucléaire engagée pour assurer la sécurité nationale et la souveraineté comme le fait la Corée du Nord, l’Iran a tenté d’utiliser la question nucléaire comme monnaie d’échange pour obtenir des concessions de la part des pays occidentaux qui lui imposent des sanctions.

Il a voleté pendant des années autour du seuil nucléaire sans jamais le franchir, transformant finalement cette question en prétexte à la guerre plutôt qu’en moyen de dissuasion contre la guerre. En substance, Israël et les USA ont mis l’Iran au pied du mur.

Ceux qui tiennent à l’impartialité peuvent dire que l’Iran poursuit une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et qu’il en a tout à fait le droit, en tant que pays souverain. Ce qui est bien sûr vrai. Seulement, dans le monde où nous vivons, cette souveraineté n’existe qu’en théorie, parce que le régime juif et ses soutiens occidentaux se contenteront de répéter inlassablement que le développement nucléaire iranien est à des fins militaires, sans avoir à en apporter la preuve.

Ils n’ont pas à présenter de preuves pour étayer leurs allégations, tout comme la guerre en Irak de 2003 et la guerre en Libye de 2011 ont été conduites sous de faux prétextes.

Même face à un pays bien plus puissant tel que la Russie, l’Occident continue d’affirmer, contrairement à toutes les preuves, que la guerre en Ukraine faisait partie d’un plan d’agression de la Russie contre l’Europe et non une  réaction légitime à l’expansion de l’OTAN à ses frontières. De même, les USA se contentent d’affirmer que la technologie Huawei est utilisée à des fins d’espionnage et qu’il faut par conséquent l’interdire, alors que les enquêtes répétées faites par leurs propres alliés (Royaume-Uni et Allemagne) prouvent le contraire.

Dans un monde où la force fait le droit, la souveraineté de l’Iran l’autorisant à poursuivre une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire n’est qu’un mirage. Ses choix sont simples : soit développer réellement des armes nucléaires à des fins dissuasives, soit abandonner complètement son programme nucléaire. Il n’existe aucune autorité supérieure pour défendre le droit de l’Iran si l’État hébreu et ses complices occidentaux sont déterminés à le lui refuser.

Cette attaque a également révélé la naïveté de l’Iran accordant sa confiance à l’hypocrite régime US. Comme l’a rapporté avec jubilation le New York Times, les responsables iraniens ont été amenés à croire que toute éventuelle attaque israélienne n’aurait lieu qu’après la sixième série de négociations avec le régime US prévue pour le 15 juin. Mais d’après les vantardises de Trump lui-même sur « Truth Social », le plan d’attaque avait été approuvé bien avant l’attaque du 13 juin. Les négociations n’étaient qu’un stratagème de mauvaise foi visant à désarmer la vigilance iranienne. L’Iran est tombé droit dans le piège.

Les alliés régionaux de l’Iran ont été systématiquement affaiblis par Israël et les USA tout au long de l’année écoulée. Le Hezbollah et la Syrie ont été décimés, la milice irakienne n’a jamais fait grand-chose et les courageux Houthis n’étaient pas des acteurs assez puissants dans ce jeu pour infliger autre chose que des dommages superficiels. En bref, l’Axe de la résistance n’est guère plus qu’un tigre de papier.

L’attaque a également révélé de nombreuses failles au sein de l’armée et de la société iraniennes :

  • Manque de discipline. Les hauts gradés de l’armée ont désobéi aux ordres de rester à l’abri. Face aux nombreux assassinats et frappes décapitants réussis par Israël (y compris peut-être l’accident d’hélicoptère suspect qui a coûté la vie à Raissi le dernier président iranien), les généraux et les scientifiques nucléaires iraniens de haut rang n’étaient pas protégés comme il fallait et résidaient toujours dans leurs domiciles habituels, où ils ont été atteints par des frappes de précision.
  • Un système de sécurité profondément infiltré. Personne ne peut douter que l’appareil de sécurité nationale iranien soit gravement infiltré par des traîtres et des informateurs internes. La question n’a pas été abordée malgré les preuves répétées de failles incontestables dans la sécurité, notamment lors de l’assassinat du dirigeant du Hamas Haniyeh à Téhéran en 2024.
  • Division entre les nationalistes radicaux et les partisans de l’Occident (alias les libéraux). Les tergiversations sur la question nucléaire et le soutien incohérent apporté aux membres de l’Axe de la résistance reflètent une profonde division au sein de l’Iran entre les différents groupes d’intérêt qui ont des objectifs politiques très divergents.

À un niveau plus élevé, la société iranienne souffre de graves contradictions internes sur le long terme, qui affaiblissent sa position face à ses ennemis :

  • Un système électoral nominal qui fonctionne dans le cadre d’une théologie où les intérêts laïques et le clergé ne sont jamais correctement conciliés, ce qui conduit à une population profondément démoralisée et désillusionnée.
  • Double structure militaire du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) et de l’armée nationale. Le beaucoup plus puissant CGRI est profondément corrompu par son implication dans des intérêts commerciaux allant de l’énergie à la construction, en passant par les infrastructures. L’influence corrompue du CGRI a non seulement affaibli la défense nationale iranienne, mais a également pollué une grande partie de l’Axe de la Résistance, le transformant en une organisation criminelle axée sur le profit et centrée sur la contrebande du pétrole.
  • Enfin, les événements de ces dix-huit derniers mois nous ont montré que l’unité islamique est une illusion et qu’elle n’existe pas. Les pays musulmans du Golfe sont plus que jamais exposés à la stratégie occidentale consistant à diviser pour mieux régner. Personne n’est venu au secours de l’Iran et personne ne le fera.

À l’opposé de l’indécision iranienne, Israël a fait preuve d’une férocité impitoyable en ce qui concerne son propre programme d’armement nucléaire. Selon les recherches menées par Michael Collins Piper et Laurent Guyénot, Israël a conspiré avec des éléments de « l’État profond » US pour assassiner le président Kennedy en 1963, parce que JFK était fermement opposé à l’acquisition de la « bombe » par l’État juif.

Pour un compte rendu détaillé de l’assassinat de JFK et du projet Dimona, je recommande vivement le livre de Piper, Final Judgement, et celui de Guyenot, The Unspoken Kennedy Truth. Le contexte de l’hypothèse Piper sur l’assassinat de JFK a été validé par le récit beaucoup plus conventionnel de Sy Hersh dans son livre The Samson Option.

Israël a fait montre d’une encore plus grande férocité en lançant l’opération sous faux pavillon du 11 septembre, une fois de plus en coopération avec des éléments de l’État profond américain, afin d’entraîner les USA au Moyen-Orient, de telle sorte qu’ils concourent à détruire les ennemis régionaux d’Israël. Le journaliste d’investigation Christopher Bollyn a documenté le rôle diabolique d’Israël dans l’« attaque terroriste » fabriquée du 11 septembre dans son excellent livre Solving 9-11: the Deception That Changed The World (« Résoudre le 11 septembre : la supercherie qui a changé le monde »).

Pour ceux qui ne le savent pas, la devise officielle du Mossad est « בְּתַחְבֻּלוֹת תַּעֲשֶׂה לְךָ מִלְחָמָה », ce qui signifie « Par la ruse, tu feras la guerre », citation directe du Livre des Proverbes du Talmud.

La CIA, organisation sœur du Mossad, a, pour son compte, une devise beaucoup moins téméraire et plus hypocrite : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres », citation de la Bible, Jean 8:32.

Lorsque des organisations criminelles homologuées par l’État telles que le Mossad et la CIA se mettent à citer le « livre saint », méfiez-vous : c’est qu’elles s’apprêtent à commettre les actes les plus impies. Comme Mike Pompeo l’a déclaré sans complexe à propos de la CIA : « Nous avons menti, nous avons triché, nous avons volé… Nous avons suivi des formations complètes… ».

Un autre contraste avec l’indécision iranienne est l’inlassable détermination de la Corée du Nord à se doter d’une force de dissuasion nucléaire, et ce en dépit de la forte opposition de la Chine et de la Russie, qui ont toutes deux approuvé les sanctions de l’ONU contre cette même Corée du Nord pour son programme nucléaire.

Quand on compare les forces nationales de l’Iran et de la Corée du Nord à celles de leurs ennemis jurés respectifs, on se rend compte de l’écart qui existe entre la détermination dont fait preuve l’Iran et celle des deux générations de Kim en Corée du Nord :

  • Corée du Nord c/ Corée du Sud – population de 26 millions contre 52 millions, PIB de 23 milliards de dollars contre 1,7 « trillions » de dollars [un trillion = un milliard de milliards, NdT]
  • Iran c/ Israël – population de 91 millions contre 9,7 millions, PIB de 405 milliards de dollars contre 514 milliards de dollars.

L’histoire a montré que tenter de négocier avec le diable est une entreprise insensée et un sûr chemin vers la ruine. Regardez ce qui est arrivé à Saddam Hussein et à Mouammar Kadhafi, qui ont renoncé à leurs projets nucléaires pour se concilier l’Occident, et qui ont fini par  être éliminés sans pitié.

Il existe un proverbe chinois multiséculaire qui dit : « Ceux qui négocient avec le tigre pour avoir sa peau seront dévorés par le tigre. » La confiance mal placée de l’Iran dans la bonne foi du régime US lui a coûté très cher, surtout si l’on considère les trahisons  avérées des États-Unis, du genre « pas un pouce vers l’est » faite à la Russie et leur engagement envers les Chinois sur « une seule Chine ». Le régime US n’est tout simplement jamais un acteur de bonne foi. L’Iran n’est que la dernière victime de ses trahisons.

Tout en compatissant sincèrement aux malheurs de l’Iran aux prises avec l’impitoyable « ordre international fondé sur des règles » imposé par l’Occident, il ne faut pas oublier que la partie la plus faible, dans un affrontement, doit toujours se montrer la plus avisée. Malheureusement, l’Iran s’est révélé à la fois faible et imprudent.

 

Source : https://www.unz.com/bhua/revolution-is-not-a-dinner-party/

(Republié depuis Substack avec l’autorisation de l’auteur ou de son représentant)

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/la-revolution-nest-pas-un-diner-en-ville/

 

 

 

 

Juin 2025

 

One Responses

  • Semimi

    Un texte remarquable. Pas un mot à ajouter ou à changer.
    Merci pour le gros effort de traduction

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