La triple croix de l’Ouest

2^e partie

 

Steve Brown – Strategika51 – 12.3.2022

 

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

 

 

 

À vue de nez, la folie de la politique étrangère des USA semble non seulement bizarre mais aussi absurde :

 

1/ Proscription des futurs approvisionnements énergétiques allemands et européens.

2/ Coupure de la Russie d’avec le commerce mondial ; déclaration de guerre de Washington.

3/ Abandon de l’Ukraine aux chiens de la guerre.

 

Mais rappelez-vous qu’il y a déjà longtemps que Washington a perdu la raison, et que le diable se cache dans les détails.

 

Il y a des années, les contractants de la Beltway ont décidé d’une stratégie visant à contester l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel par la Russie, dans l’intérêt de l’expansion de l’industrie U.S. du Gaz Naturel Liquéfié (GNL), que les États-Unis dominent. Cette position privilégiée, où les États-Unis peuvent injustement utiliser la force brute à volonté pour maintenir leur hégémonie et faire respecter leur cartel, est au cœur de ce problème.

 

Les États-Unis ont juré de stopper Nord Stream 2 à tout prix, et l’échec de Washington à négocier ou à faire des compromis sur Nord Stream 2 (sans parler des demandes de sécurité européenne indivisible) a partiellement conduit à cette débâcle. Ironiquement, cela permet de présager comment la Russie va surmonter cette tempête. La Chine, l’Inde, l’Iran, le Brésil et la plupart des pays souverains du Mouvement des Non Alignés (MNA) développeront de plus en plus leurs échanges avec la Russie, en important d’autant plus que que le rouble s’échangera à la baisse. Ces échanges seront difficiles au début (nous y reviendrons plus tard) et l’Empire du Mal de la Beltway fera tout son possible pour les entraver. Mais ce commerce se développera de toute façon, entre les nations non alignées et le pacte sino-russe (https://the-pipeline.org/new-sino-russian-pact-threatens-u-s/). Pourquoi Washington considére-t-il que la Chine n’est pas indispensable alors qu’une grande partie du commerce d’importation américain se fait avec la Chine justement ? Peut-être parce que la prise en otage d’un État, au degré où en est celle des États-Unis impériaux, est tout simplement insondable.

 

Les dirigeants chinois savent maintenant qu’ils doivent mettre en oeuvre et faire respecter ce pacte sino-russe, parce que, dans le cas contraire, la Chine sera la prochaine cible sur la liste des agressions de Washington. C’est à ce point-là que l’Amérique est complètement détachée de la réalité mondiale.

 

Plus important encore : les ex-États-Unis ont parié massivement sur une nouvelle guerre froide contre la Russie ; et c’est là une proposition bien différente des entreprises de Washington contre des États supposés faillis (Irak, Iran, Libye, Syrie, Afghanistan, Yémen, Palestine, Liban, etc.) Le goût du risque de Washington* a toujours mis en danger la vie d’autrui… pour imposer son hégémonie jusque dans des endroits que peu d’Américains pourraient nommer ou situer sur une carte.

 

Dans l’ensemble, le régime de Washington a risqué sa viabilité économique, sa sécurité financière, la sécurité de ses ressources, et même la vie de son peuple pour satisfaire son orgueil démesuré : tout cela étant mis en danger par les politiques vouées à la faillite d’idéologues obsédés qui jonchent les couloirs sombres de l’État US, par la CIA, et par l’« État sécuritaire » infiniment corrompu.

En bref, l’État Corporatif Américain otage a misé tous ses jetons sur le numéro noir de la roulette des sanctions… sanctions qui ont échoué face à tous les pays vraiment souverains que Washington a tenté de renverser.

 

Malgré sa puissance militaire et ses faux dollars TMM, les « sanctions » de Washington sont un cuisant échec. Les tigres de papier de l’État U.S. le savent, ce qui rend ce fiasco d’autant plus déroutant. Car c’est comme si les zombies qui peuplent l’État savaient qu’ils sont condamnés à ce que progresse inéluctablement leur enfer auto-induit. Ou comme si les élites occidentales espéraient faire délibérément s’écraser leur propre système : Lien : https://www.bitchute.com/video/reZVYRPihX3A/. Washington a joué très gros jeu pour maintenir son hégémonie, ce qui peut réussir ou rater. Cela dépendra en grande partie de la manière dont la Russie va se comporter dans son pacte avec la Chine, puisqu’une Ukraine neutre et neutralisée est d’ores et déjà (presque) une affaire réglée. Laissons de côté l’Ukraine – comme l’ont déjà fait les Illuminati de l’Occident collectif – pour explorer la réalité monétaire. La Russie a déjà balancé au caniveau les systèmes de paiement américains en adoptant UnionPay presque du jour au lendemain. Les systèmes du SPFS et du CEPS sont en place et fonctionnent ; pour la Russie, le SWIFT et les nazis de Bruxelles, c’est de l’histoire ancienne. Un peu de l’agitprop occidentale concerne également les supposées centaines de milliards d’avoirs russes qui seraient bloqués. Pas vrai.

 

Là où Washington ne voit qu’illusion perverse d’agression et cupidité, le Brésil, l’Iran, la Chine, l’Inde, le Venezuela – peut-être la Turquie – et le Monde Non-Aligné voient la possibilité d’un alignement futur libéré de la domination du dollar U.S. C’est presque la moitié du globe. Une possibilité commerciale non alignée de cette envergure sera, certes, contestée par Washington, mais cette contestation a toutes les chances d’échouer. Réduire d’au moins 30% le volume du commerce mondial pour satisfaire leur hégémonie actuelle, c’est trop, même pour les arrogants psychotiques de la Beltway. Qui, cependant, l’exigent.

 

Le problème le plus important qui se pose aux planificateurs russes est le marché des changes (FOREX), où la Russie est incapable de défendre pleinement le rouble, en raison de son exclusion du marché des changes des banques centrales occidentales, (soulignons « pleinement »). La Chine, sans aucun doute, apportera son aide au soutien du rouble, ce pourquoi Washington ne cesse de geindre. Malheureusement pour le régime U.S., plus le rouble baisse, plus les exportations russes deviennent attrayantes pour ceux qui en ont besoin. Par-dessus tout, nous voyons donc apparaître une nouvelle structure mondiale qui contourne entièrement ce dollar dont Washington avait fait une arme. Et c’est peut-être la nouvelle la plus positive et la plus ambitieuse de toute cette affaire : qu’il soit mis fin à l’infernale domination mondiale de l’infernal État guerrier de Washington.

 

En réponse, bien entendu, l’Occident collectif vient d’exclure la Russie du cartel de l’or occidental, marché truqué, étroitement ligoté et cornaqué par le gouvernement fédéral et les banques U.S., les banques européennes/suisses et leurs élites véreuses (et cela depuis de nombreuses décennies). Le cartel de l’or est composé de négociants de la Fed et d’une soupe alphabétique d’escrocs du marché, à savoir le CME, le LBMA, la BRI, le FSE et le FMI. C’est un très sale et très GROS secret, bien connu jusqu’à Dubaï.

 

Aujourd’hui, donc, la Russie vient d’être expulsée par un acteur clé du cartel de l’or de Londres, la LBMA : https://www.financemagnates.com/institutional-forex/russian-bullion-refineries-suspended-from-london-and-american-markets/. Le scénario le plus intéressant de tous est celui d’une scission potentielle au sein du commerce, peu connu mais infiniment important, de l’or souverain, commerce qui implique et sous-entend les garanties les plus fortes entre pays souverains.

 

Certains réalistes monétaires pensent qu’une monnaie fiduciaire partiellement adossée à l’or pourrait ressusciter les contrôles et les équilibres monétaires qui existaient autrefois pour empêcher (on l’espèrait du moins) un empire d’établir sa domination sur le monde. La spéculation du yuan et du rouble en vue d’une monnaie partiellement adossée à des ressources existe depuis de nombreuses années, à l’instar du franc suisse partiellement adossé qui a précédé (jusqu’en 2001) le franc suisse fiduciaire actuel. Il faut y voir la promesse qu’un système monétaire basé sur une ressource réelle puisse mettre fin à la fiction monétaire et à la corruption de la dette dont l’Occident collectif est le garant**. Le fait est que l’échec du cartel de l’or LBMA/BIS/CME va certainement égrener les jours qui nous séparent de la fin du dollar – et le faire très rapidement – raison pour laquelle l’or avait été supprimé par Washington et les banques de Wall Street depuis le 15 août 1971.

 

La Russie, la Chine et toutes les nations opposées à l’hégémonie de l’État U.S. vont bien sûr être soumises à une pression croissante, au fur et à mesure que la stupidité abjecte de Washington se manifestera tout au long du démantèlement du système monétaire mondial. Déni des ressources, guerres de cartel, compétition pour la domination dans un monde fracturé depuis longtemps par les guerres, cupidité et duplicité de la dette fiduciaire… voilà le Nouvel Ordre Mondial.

 

Aussi difficile et désordonné que cela puisse s’avérer, nous voyons aussi que ce sera l’occasion de renverser la vapeur de l’arrogance et de l’orgueil démesuré de Washington. La Pax Americana est connue pour la vilenie de son arrogance, pour son amoralité et son immoralité, son militarisme et la vision perverse et dépravée que l’Occident totalitaire collectif présente au monde depuis maintenant des décennies. Il faut que cela cesse. Dans une perspective globale, sans doute assistons-nous au début de cette fin.

 

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* Qui est bien reflété dans les entreprises merdiques méga valorisées poussées par Wall Street.

** Actuellement, les crypto-monnaies ne sont pas une option pour les grandes banques centrales ; leur utilisation en tant que monnaie est minime, peu pratique, coûteuse, lente et, en fin de compte, c’est un dérivé des monnaies créées par décret (pour une autre fois) avec de nombreux défauts en tant que monnaie pratique.

 

 

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Mars 2022