Le faucon femelle

qui dirige la Commission européenne a un pedigree nazi qu’elle ne veut pas que vous connaissiez

 

 

Evan Reif – Covert Action Magazine – 17.2.2023

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

Ursula von der Leyen avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski. [Source : bg-turk.com]

 

 

Son père, Ernst Albrecht, président du Land allemand de Basse-Saxe de 1978 à 1990, a intégré des nazis non réhabilités dans son administration et mené une opération terroriste sous drapeau noir destinée à discréditer la Fraction Armée Rouge, un parti de gauche.

 

 Dans le sillage de la guerre russo-ukrainienne, des termes comme « valeurs européennes » sont revenus sur le devant de la scène. L’une des personnes les plus responsables de ce retour est Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, qui est désormais une figure quasi omniprésente dans les médias.

 

 

[Source: twitter.com]

 

 

Selon Ursula, les « valeurs européennes » ne représentent que les attributs les plus élevés de l’humanité : la liberté, la justice, la solidarité et l’État de droit.

Bien sûr, toute personne ayant ne serait-ce qu’une vague connaissance de l’histoire peut vous dire que ce ne sont là que des euphémismes. Il n’y a pas si longtemps, les « valeurs européennes » avaient un sens très différent. Ces valeurs ont tracé les frontières du monde dans des océans de sang, tant des Européens que de ceux qu’ils ont conquis. Un regard sur l’histoire de la famille aristocratique européenne d’Ursula peut servir à révéler le vrai visage de ces « valeurs européennes » et comment la classe dominante a profité de leur imposition au monde.

 

 

Ursula à cheval lors d’une compétition équestre en 2007. [Source: foreignpolicy.com]

 

 

Les péchés du père

 

 « Si nous parvenons à faire participer à la gouvernance des personnes dont les capacités sont supérieures à la moyenne, une autocratie ou le règne de quelques-uns sera en mesure de créer un ordre meilleur que le règne du peuple ». – Ernst Albrecht.

 

Ursula von der Leyen est la descendante de deux familles aristocratiques allemandes. Elle est née Ursula Albrecht, fille d’un éminent bureaucrate européen, un des dirigeants du parti CDU et ancien gouverneur de Basse-Saxe, Ernst Albrecht. La famille a soigneusement entretenu une image cosmopolite, Ernst ayant passé la majeure partie de sa vie à travailler pour l’UE et les diverses organisations qui l’ont précédée. Dans son adolescence, Ursula était surnommée « Röschen » (Rosie en anglais) par son père, et des images de l’heureuse famille ont toujours figuré en bonne place dans les publicités politiques du géniteur.

 

 

Ernst Albrecht avec sa bien-aimée « Röschen ». [Source: welt.de]

 

 

La famille Albrecht a fait fortune en profitant de sa position d’agent des douanes dans le Saint-Empire romain germanique, pour dominer les marchés du coton de Brême au XIXe siècle et, à partir de là, le nom d’Albrecht s’est imposé dans toute l’histoire allemande.

 

 

Armoiries de von der Leyen [wikipedia.org]

 

 

Armoiries d’Albrecht [wikipedia.org]

 

 

Comme il est typique des bourgeois allemands, l’histoire de la famille Albrecht, par ailleurs exhaustivement documentée, présente une mystérieuse lacune entre 1936 et 1945. Pour éviter les questions gênantes sur l’origine de leur pouvoir et de leur argent et sur ce qu’ils ont fait pour les gagner, la maison Albrecht, comme tant d’autres, se contente de prétendre que le régime nazi n’a tout simplement jamais existé. Puisque nous n’aurons jamais de réponses, peut-être que si nous tentons d’éclairer un peu les alentours de ce vide, l’ombre qu’il projette nous montrera la forme véritable des « valeurs européennes » qu’Ursula aime tant.

Pour commencer, jetons un coup d’œil au premier emploi d’Ernst en politique, au sein de la Commission Européenne du Charbon et de l’Acier, où il a œuvré sous la direction d’un autre aristocrate : Hans von der Groeben.

 

 

Hans von der Groeben [Source: wikipedia.org]

 

 

À cette époque, Hans était déjà un bureaucrate de longue date. Pendant la guerre, il avait travaillé comme adjoint au ministère de l’Agriculture du Reich, sous le commandement de Richard Walther Darré. Darré était un nazi fanatique, qui avait écrit sa première propagande fasciste en 1926 et adhéré au parti nazi en 1930.

Il avait rapidement rejoint les SS et sa loyauté et son dévouement à la cause ont d’ailleurs conduit Heinrich Himmler à choisir personnellement l’Obergruppen-führer Darré comme chef du bureau SS de la Race et de la Réinstallation, puis du département de l’Agriculture du Reich. Darré a été l’un des principaux idéologues du parti et il a combiné entre elles les tâches des bureaux de l’agriculture et de la race pour jeter les bases du Generalplan Ost, le plan nazi visant à exterminer toute la race slave et à coloniser l’Europe de l’Est.

Darré fut l’architecte des politiques agraires nazies « sang et sol » et chercha à créer une nouvelle aristocratie « aryenne » propriétaire de terres. Il fit passer des lois exigeant un « certificat d’aryanisme » pour hériter de terres agricoles et joua un rôle déterminant dans les programmes eugéniques nazis, notamment le programme Lebensborn, conçu pour engendrer une nouvelle génération de surhommes « aryens » et purger le peuple allemand des « lignées indésirables ».

 

 

Poignée de mains entre Darré et Hitler. [collections.ushmm.org]

 

 

L’un de ses acolytes les plus prometteurs était un médecin du nom de Josef Mengele, chargé des politiques de « santé raciale » au sein du département. Mengele deviendra plus tard le tristement célèbre ange de la mort qui a commis certains des crimes les plus ignobles de l’histoire avec ses expériences médicales conduites à l’échelle industrielle au camp de concentration d’Auschwitz. Mengele choisissait de préférence les enfants pour victimes et les maintenait en vie pendant des mois pour obtenir le plus de données possible. Il n’a jamais oublié d’où il venait : Mengele a toujours cité Darré comme source d’inspiration pour ses idées sur « l’hygiène raciale ».

Après la guerre, Mengele a échappé à la justice en s’enfuyant en Argentine, puis au Brésil, sur les « ratlines » [filières d’exfiltrations des nazis] exploitées par l’agent de la CIA, futur chef des services secrets ouest-allemands et nazi non réformé Reinhard Gehlen, et il a été protégé sur ordre personnel du directeur de la CIA Allen Dulles, qui voyait en Mengele un allié utile dans sa guerre contre l’URSS. Mengele est mort en homme libre en 1976 et a été enterré sous le nom de Wolfgang Gerhard à São Paulo, au Brésil.

 

 

    

Mengele, pour la CIA : Helmut Gregor. [wikipedia.org] –  Quelques-unes des victimes de Mengele, lors de leur libération par l’Armée Rouge. [bbc.com]

 

 

Darré était fier de son travail. Il a écrit des milliers de pages publiées dans diverses publications pour exposer ses plans et il a aussi prononcé régulièrement des discours en Allemagne nazie pour promouvoir ses idées :

 

« Par une guerre éclair… avant l’automne… nous serons les maîtres absolus de deux continents… une nouvelle aristocratie de maîtres allemands sera créée…. [avec] des esclaves qui lui seront assignés, ces esclaves étant leur propriété et composés de nationaux non allemands sans terre… Ce qu’en fait nous avons en tête est une forme moderne d’esclavage médiéval, qu’il faut introduire et que nous introduirons parce que nous en avons un besoin urgent pour accomplir nos grandes tâches. Ces esclaves ne seront en rien privés des bienfaits de l’analphabétisme ; l’enseignement supérieur sera, à l’avenir, réservé à la seule population allemande d’Europe… » – Richard Darré

 

[Si vous cliquez sur Richard Darré et descendez assez bas dans l’enchaînement extraordinaire de publicités du magasine Life en 1941, vous y trouverez… un discours de Darré, NdT]

 

Darré et Hans von der Groeben mirent en œuvre ce qui fut appelé le Plan de la Faim, destiné à nourrir le Reich aux dépens des territoires conquis, des millions d’esclaves étant forcés d’y travailler avec des rations de famine, pour que chaque  morceau de nourriture soustraite soit envoyé au Reich, où il serait utilisé pour, littéralement, alimenter la machine nazie qui les opprimait. Rien qu’en 1944, plus de 15 millions de tonnes de denrées alimentaires furent ainsi réquisitionnées en URSS, ce qui entraîna la mort intentionnelle, par famine, de plus de 10 millions de personnes. Selon le plan de Darré, après avoir tous été stérilisés et exterminés par la faim, les « Untermensch » slaves devaient être remplacés par la nouvelle race d’aristocrates « aryens », prêts à utiliser cette terre dépeuplée au profit du Reich.

Après la guerre, Darré fut arrêté et jugé pour crimes de guerre à Nuremberg. Il fut reconnu coupable, mais malgré la portée et l’ampleur de ses crimes, ne fut condamné qu’à une peine de sept ans. Dont il ne purgea que trois, avant d’être  libéré en 1950. Il est mort d’un cancer du foie en 1953. Quoique la sentence ait été scandaleusement clémente, cela aurait pu être encore pire. Hans n’a jamais vu l’intérieur de la salle d’audience.

Cette situation fut très courante après la guerre. Les « internationalistes libéraux » tels qu’Allen Dulles, en charge de la politique étrangère américaine, n’étaient pas du tout gênés par les crimes du régime nazi. En effet, dès 1940, Dulles plaidait déjà pour une alliance avec l’Allemagne nazie, et en 1944, il rencontrait les services de renseignement nazis pour organiser une paix séparée, afin d’utiliser les nazis comme une arme contre l’URSS.

 

 

Allen Dulles [fineartamerica.com]

 

 

Ils ne réclamèrent des procès que pour les nazis les plus marqués et, même dans ce cas, veillèrent à ce que leurs peines fussent aussi légères que possible. La base du régime nazi, l’armée de ceux qui ont physiquement permis à la machine nazie d’accomplir le travail meurtrier de subjugation et d’extermination d’un continent entier, est restée presque entièrement impunie pour ses crimes.

Dans le cas de gens comme Hans von der Groeben, ils furent récompensés par des emplois dans le nouveau gouvernement ouest-allemand « dé-nazifié ». En dépit des prétentions à une nouvelle Allemagne, seuls les noms avaient changé. Les mêmes bureaucrates y travaillèrent à atteindre le même objectif : la destruction de l’Union Soviétique et de son peuple, par tous les moyens jugés nécessaires. La machine d’État autrefois appelée Grand Reich Allemand avait tout simplement été absorbée par une structure nouvelle appelée Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Une fois député, Ernst Albrecht reprit le rôle que son patron avait tenu dans les années 1940, « sang et sol » étant alors remplacés par « valeurs européennes ».

Bien qu’Ernst Albrecht ait été de quelques années trop jeune pour avoir été lui-même un nazi actif, il ne s’est pas privé, tout au long de sa longue carrière politique, d’afficher clairement ses sympathies. Ernst a été un élitiste qui méprisait les gens ordinaires et voulait instaurer en Allemagne ce qu’il considérait comme le règne de l’élite, par opposition à celui de « la foule peu perspicace ». Étant donné qu’il ne manquait jamais une seule occasion de célébrer son vénéré Troisième Reich et les tueurs qui allaient avec, il n’est pas difficile de savoir ce qu’Ernst entendait par « élite ».

 

 « Le gouvernement du peuple, en particulier le gouvernement direct, est tel par essence que les décisions ne sont pas déterminées par la perspicacité [de l’élite], mais résultent plutôt du niveau moyen commun de perception, fondé sur la majorité de la population » – Ernst Albrecht, L’État, idée et réalité : Esquisses d’une philosophie politique.

 

Pendant la période où il dirigeait le gouvernement de l’Union Chrétienne-Démocrate (un des deux plus grands partis politiques d’Allemagne) dans l’État allemand de Basse-Saxe, Ernst a réussi à attirer dans les rangs de la CDU des membres du Deutsche Reichspartei (DRP), un parti néo-nazi. Le DRP pratique ce que l’on appelle l’hitlérisme ésotérique, une variété bizarre de néonazisme qui prétend qu’Hitler est la réincarnation littérale du dieu hindou Vichnou et que les « Aryens » du nazisme sont les mêmes que ceux qui habitaient l’Inde préhistorique.

L’idéologie a été créée par Savitri Devi, une espionne nazie d’origine française expulsée d’Allemagne en 1951 pour avoir diffusé à plusieurs reprises de la propagande nazie. Elle a rejoint le DRP par l’intermédiaire de son ami le plus proche, le pilote nazi Hans-Ulrich Rudel, qui travaillait comme marchand d’armes pour les fascistes sud-américains et complotait activement pour renverser le gouvernement allemand en faveur d’une dictature nazie.

Rudel et Devi pensaient que, s’ils parvenaient à construire un nouveau Reich, Hitler se réincarnerait une fois de plus en dieu hindou Kalki, pour purifier toutes les races inférieures et conduire le « peuple aryen » vers un paradis appelé Hyperborée. Ce qui n’empêcha pas la CDU d’Albrecht d’absorber presque entièrement le PRD, de crainte que le PRD n’érode sa base électorale. La stratégie consistant à faire des courbettes aux nazis a parfaitement fonctionné et la CDU d’Albrecht a gouverné sans interruption la Basse-Saxe de 1976 à 1990.

 

 

 

 

Savitri Devi [wikipedia.org]Hans-Ulrich Rudel [militaryhistory.fandom.com]

 

 

 

Lorsqu’il a accédé au pouvoir, l’une des « élites » qu’Ernst a choisies pour l’exercer dans son gouvernement a été son ministre de la Justice, un juriste du nom de Hans Puvogel. Une fois de plus, son choix s’était porté sur un nazi fanatique. Puvogel, en effet, avait rejoint la Sturmabteilung, la branche paramilitaire du parti nazi, en 1934 et, en 1937, il était un dirigeant régional du parti nazi allemand (NSDAP). Puvogel est connu pour avoir utilisé ses compétences d’avocat dans le but de justifier l’extermination des ennemis raciaux des nazis. Dans sa thèse de doctorat, il a plaidé pour l’euthanasie et la stérilisation de masse de toutes les races inférieures, comme moyen de résoudre le « problème racial » nazi.

Lorsqu’il a été démasqué en 1978, Puvogel a menti, déclarant qu’il faisait partie d’un petit groupe de droite appelé Casque d’acier, qui avait certes été absorbé par le parti nazi, mais qu’il n’avait lui-même aucun passé nazi. Des documents publiés par le parlement de la Basse-Saxe en 2012 ont prouvé que c’était un mensonge. D’ailleurs, Puvogel n’a même jamais essayé de prendre ses distances avec le contenu de sa thèse, et pour autant que l’on sache, il est descendu dans sa tombe en nazi convaincu. Pour sa part, Ernst Albrecht n’en a tout simplement jamais parlé. La stratégie consistant à faire comme si le Troisième Reich n’avait jamais existé s’est avérée une fois de plus payante, puisque Albrecht n’a jamais eu à faire face à de réelles conséquences de rien.

 

 

Hans Puvogel (deuxième à part. de la g.) avec Albrecht (au centre) et son cabinet, en 1977 [ndr.de]

 

 

« La valeur d’un individu dans la communauté est mesurée par sa personnalité raciale. Seule une personne racialement valable a le droit d’exister au sein de la communauté. Quelqu’un qui est inutile pour la communauté en raison de son infériorité, ou qui, même, lui est nuisible, doit être éliminé » – Hans Puvogel

 

Ernst ne s’est pas contenté de travailler pour les nazis, de remplir son cabinet de nazis et d’inviter des nazis dans son parti ; il a également passé beaucoup de temps à courtiser les électeurs nazis. Ernst et ses députés ont été des quasi institutions aux événements organisés par les vétérans nazis dans toute la Basse-Saxe.

 

 

Affiche électorale de Wilfried Hasselman [kas.de]

 

 

Le vice-ministre, ami proche d’Albrecht et néanmoins officier nazi Wilfried Hasselmann a même prononcé le discours principal lors d’un dîner de l’Association de la Croix de Chevalier de la croix de fer (Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes) en 1978, dans lequel il a encensé les pires tueurs du Reich d’Hitler comme « des hommes braves et honorables, dont le courage [était] un exemple pour les générations futures, qui s’inspireraient de leurs “valeurs européennes” ».

Albrecht et Puvogel ont également été impliqués dans un attentat à la bombe connu sous le nom de « scandale du trou de Celle ». Le 25 juillet 1978, une bombe a explosé contre le mur de la prison de Celle, en Allemagne. Elle n’a pas grand effet, n’y faisant qu’un faible trou, et un groupe de 12 hommes qui sans doute aurait dû entrer dans la prison s’est enfui. Les auteurs de l’attentat avaient donc disparu, mais une Mercedes fut miraculeusement retrouvée, chargée d’un radeau en caoutchouc, d’outils d’évasion, d’une arme de poing Walther et de faux passeports, dont l’un portait la photo du militant de gauche emprisonné à Celle Sigurd Debus. Plus tard, des outils furent judicieusement plantés dans la cellule de Debus pour sceller l’affaire, qui devait donner au public l’impression qu’un plan d’évasion de la Fraction Armée Rouge (RAF) avait raté.

 

 

Sigurd Debus [materialisme-dialectique.com]

[Voit-on à quel point ce visage est différent de tous ceux montrés ici ? Qu’il s’agit vraiment d’un autre genre d’humanité ? NdE]

 

 

Albrecht a salué les attaques comme une opération réussie, qui a permis selon lui d’empêcher un vol et un meurtre (sans fournir la moindre preuve de ce qu’il disait), et l’incident a été utilisé par « les autorités » pour justifier l’aggravation des conditions de détention de Debus et d’autres membres de la RAF. La RAF y a répondu par une grève de la faim, qui a conduit à la mort de Debus en 1981.

 

[Ceux qui ne veulent pas mourir idiots et s’informer sur la RAF, Baader, Meinhof et leurs camarades, tous véritables héros allemands, peuvent le faire ici : Histoire de la Rote Armee Fraktion – Secours Rouge, NdT]

 

Cependant, l’histoire n’a jamais été vraiment cohérente. Les membres de la RAF ont maintenu leur innocence, et la pression croissante de leurs avocats et du public a finalement conduit à une enquête parlementaire en 1986, laquelle a conclu qu’il n’y avait pas eu de tentative d’évasion, de vol ni de meurtre, et que toute l’affaire avait été un attentat sous fausse bannière appelée Opération Feu Magique (Feuerzauber), élaborée par la police fédérale allemande et la police de Basse-Saxe avec l’approbation d’Ernst Albrecht. C’est même un policier Basse Saxe qui a fait exploser la bombe scandaleuse. Malgré cela, rien n’est arrivé à Albrecht ni à son gouvernement. L’embarrassante affaire a été promptement étouffée, et Debus n’est guère plus aujourd’hui qu’un nom sur la longue liste de ceux qui sont morts de faim au profit des Albrecht.

 

 

Ernst avec Ursula en 1982. [diepresse.com]

 

 

On ne sait toujours pas pourquoi Ernst Albrecht a perpétré cette attaque terroriste contre son propre pays, mais il est possible qu’elle soit liée à des rumeurs persistantes selon lesquelles la RAF cherchait à enlever sa fille bien-aimée Ursula en représailles des sympathies nazies d’Ernst. En raison des rumeurs, lorsqu’Ursula s’est inscrite à la London School of Economics, elle l’a fait sous le nom d’emprunt de Rose Ladson afin de dissimuler son identité. Ce nom n’a pas été choisi au hasard. Il s’agit plutôt d’un lien avec une autre époque où les « valeurs européennes » de la maison d’Albrecht étaient imposées au monde.

 

 

La rose de Dixie

 

« L’instruction religieuse et morale des nègres est, depuis plusieurs années, un sujet qui m’intéresse beaucoup, et je suis convaincu que nos efforts en leur faveur (bien qu’il reste beaucoup, vraiment beaucoup à faire) sont non seulement mal compris à l’étranger, mais aussi très mal appréciés. Améliorer le nègre est une tâche beaucoup plus ardue que ne le savent ceux qui n’ont pas l’expérience de cet enseignement. Ils sont naturellement obtus et d’intelligence faible, mais possèdent généralement de bonnes mémoires ; et ceux qui se sont engagés dans cette œuvre de charité déplorent qu’après autant de travail, l’instruction qu’ils se sont efforcés de donner, bien qu’elle ne soit pas oubliée, ait été pervertie et mal dirigée. » – James H. Ladson, L’instruction religieuse des Nègres.

 

Ursula avait choisi son nom d’après une autre branche de sa famille, les Ladsons de Caroline du Sud. Les Ladsons étaient une famille de marchands d’esclaves, de propriétaires de plantations et de sécessionnistes. Bien que les Ladson ne portent pas un titre aristocratique comme les Albrecht ou les von der Leyen, ils portaient tous, comme eux, les marques de l’aristocratie européenne. L’affaire de coton des Albrecht a mis la famille en contact étroit avec les Ladson et la relation s’est développée jusqu’à ce que, en 1902, Mary Ladson-Robertson épouse Carl Albrecht, unissant les deux familles par le sang.

Les liens coloniaux de la famille Albrecht peuvent expliquer pourquoi elle était si à son aise avec les nazis. Outre les parallèles évidents concernant l’asservissement et l’exploitation économique de races entières de personnes, la colonisation d’un continent, les hiérarchies raciales et le meurtre de masse à l’échelle industrielle, les nazis étaient de fervents admirateurs du système colonial américain. Ils ont même spécifiquement basé leur système racial sur celui du Sud américain.

 

 

James Ladson, lieutenant-gouverneur de la Caroline du Sud de 1792 à 1794. [wikipedia.org]

 

 

La famille Ladson a débuté sur le chemin de l’infamie à la Barbade lorsque John Ladson a immigré d’Angleterre au milieu des années 1600. En 1679, John a fait partie des premiers colons de la nouvelle colonie de Caroline, où il a acheté une plantation à l’extérieur de Charleston, que la ville englobe maintenant depuis longtemps. À l’époque, la Barbade était une escale importante dans le commerce des esclaves, et c’est là que les Ladson ont pour la première fois goûté au sang et à l’argent.

La Barbade a été la première société esclavagiste britannique. Cette belle île des Caraïbes a commencé être impitoyablement exploitée pour ses richesses naturelles lorsqu’elle est passée sous contrôle britannique, à partir de 1630. Les fréquents raids pour capturer des esclaves, les maladies et les politiques intentionnelles de génocide menées avant eux par les Espagnols avaient exterminé le peuple indigène Arawak, laissant l’île prête à être repeuplée par des esclaves venus d’ailleurs. Son climat chaud et son sol fertile étaient parfaits pour la culture du tabac et de la canne à sucre, qui était ensuite distillée en rhum et vendue dans le monde entier.

En 1636, des lois furent mises en œuvre pour garantir que tous les Africains amenés sur l’île et leurs descendants seraient des biens meubles permanents, sans possibilité d’affranchissement. En 1661, les codes de l’esclavage furent renforcés, faisant de tous les esclaves des biens immobiliers, qui ne vivaient que dans le seul but de créer de la valeur pour leurs propriétaires. Les esclaves étaient considérés comme des biens d’abord et des êtres humains ensuite, voire pas du tout. Les règles étaient faites pour protéger la valeur des esclaves en tant que propriété, non leur vie ou leur dignité.

De 1630 à 1807, quelque 380.000 Africains furent enlevés de chez eux, enchaînés et envoyés à la Barbade pour y être exploités jusqu’à leur mort. Des milliers d’entre eux ont été vendus par les Ladsons à des plantations de tout l’hémisphère et leur mort et leurs souffrances ont rendu la famille extrêmement riche.

Les esclaves de la Barbade ont subi une brutalité inimaginable aux mains de maîtres d’esclaves comme les Ladson. De 1705 à 1735, le nombre d’esclaves importés à la Barbade, en plus de ceux qui y sont nés, était d’environ 85.000. Toutefois, en raison du taux de mortalité extrême sur l’île, la population totale n’a augmenté que de 4.000 personnes.

Les révoltes d’esclaves, le refus d’accepter le christianisme ou tout acte de défi de la part d’esclaves étaient réprimés avec un maximum de violence pour servir d’exemple aux autres. Cette torture et cette boucherie étaient si courantes que la plupart des cas n’ont jamais été enregistrés, mais dans certains cas rares, nous disposons de témoignages de première main de cette brutalité. L’un d’entre eux est tiré du journal du père Antoine Biet, prêtre et missionnaire français, en 1654.

 

 

« Ils traitent leurs esclaves noirs avec beaucoup de sévérité. Si certains dépassent les limites de la plantation un dimanche, ils reçoivent cinquante coups de bâton, qui les meurtrissent souvent gravement. S’ils commettent quelque autre délit un peu plus grave, ils sont battus à outrance, parfois jusqu’à leur appliquer sur tout le corps un tison qui les fait hurler de désespoir. J’ai vu une pauvre femme noire, âgée de trente-cinq ou quarante ans, dont le corps était couvert de cicatrices qu’elle prétendait avoir été causées par l’application du tison par son maître : cela m’a horrifié. Comme ces pauvres malheureux sont très mal nourris, quelques-uns s’échappent quelquefois pendant la nuit et vont voler un cochon ou quelque chose de semblable dans une plantation voisine. Mais, s’ils sont découverts, il n’y a pas pour eux de pardon. Un jour, je suis allé rendre visite à mon Irlandais. Il avait mis aux fers un de ces pauvres nègres qui avait volé un cochon. Chaque jour, les mains dans les fers, le contremaître le faisait fouetter par les autres nègres jusqu’à ce qu’il soit couvert de sang. Le surveillant, après l’avoir fait traiter ainsi pendant sept ou huit jours, lui coupa une oreille, la fit rôtir et l’obligea à la manger. »

 

 

Représentation d’époque d’esclaves fouettés dans les Antilles [futurelearn.com]

 

 

Malgré tout cela, les esclaves ont résisté. Les actes de résistance allaient de l’utilisation de leur langue maternelle en privé à des arrêts de travail, des actes de sabotage et même à des révoltes organisées. Malheureusement, les autorités britanniques disposaient d’une force de police importante et bien armée, et les forêts de la Barbade ayant été entièrement rasées pour faire place à la canne à sucre, les esclaves rebelles n’avaient aucun endroit où se cacher. Les révoltes étaient toujours écrasées et les esclaves de la Barbade n’ont fini par être  libérés qu’en 1834, près de 200 ans après leur première rencontre avec les « valeurs européennes ».

En Caroline du Sud, les Ladson n’ont cessé de consolider leur richesse et leur pouvoir, devenant ainsi une des familles les plus influentes de l’État, étroitement liée à la finance, à la politique et, bien sûr, à l’esclavage. Tout comme les  aristocrates d’Europe, les Ladson ont renforcé leur maison en s’alliant par mariages avec d’autres familles d’« élite », dont la plupart faisaient aussi le commerce des esclaves. Parmi leurs ancêtres, on trouve des hommes comme James Moore, l’ancien gouverneur de Caroline qui a acquis sa position grâce à des raids génocidaires au cours desquels plus de 4.000 indigènes apalaches ont été capturés et réduits en esclavage, ce qui a fini par conduire à l’extermination complète de la tribu.

Dans les années 1790, les Ladson ont pu s’assurer une place dans les échelons supérieurs du commerce d’esclaves grâce à un mariage avec la famille Wragg. Joseph Wragg était le marchand d’esclaves le plus prolifique et l’un des hommes les plus riches des Amériques. Il avait débuté comme capitaine de navires négriers jusqu’à ce qu’il eût gagné suffisamment d’argent pour pouvoir acheter son propre marché d’esclaves et une plantation près de Charleston. Entre 1717 et 1747, au moins 10.000 personnes ont été kidnappées, enchaînées et forcées de monter dans les cales sombres et surpeuplées des « Guineamen » pour être vendues comme biens meubles par Joseph Wragg et sa compagnie sur le quai Wragg à Wraggborogh, en Caroline du Sud.

 

 

Un navire « Guinéen » bien rempli. [slaveryimages.org]

[Ainsi nommés parce qu’ils ont principalement écumé la côte de Guinée, en Afrique occidentale, NdT]

 

 

On estime que deux millions d’esclaves ont péri dans ce qui est appelé le commerce triangulaire : de la Grande-Bretagne vers l’Afrique, de l’Afrique vers les Amériques et retour en Grande-Bretagne. Les esclaves étant considérés avant tout comme des biens meubles, tout était fait pour maximiser les profits, fût-ce au prix de vies humaines. C’est ainsi que, pour utiliser l’espace au maximum, les esclaves étaient entassés aussi serrés que possible, ce qui a entraîné souvent d’horribles épidémies et même des cas de suffocation.

 

 

[Source: twitter.com]

[« Pourquoi les régimes autoritaires ont-ils aussi peur de l’Europe ? Nous ne faisons pas la guerre, nous n’imposons pas notre modèle. Alors, pourquoi ? Nos valeurs leur font peur. » – La question de David Sassoli résonne maintenant comme une prophétie. Un an après sa disparition, le souvenir de David nous réchauffe toujours le cœur et nous montre le chemin. –  Ceci est un tweet d’Ursula,  et David Sassoli est un de ces socialistes pro-nazis qui ont fleuri sur le terreau de l’UE, dont il a présidé le parlement de 2019 à 2022.]

 

 

Tout en exprimant mon horreur de ce que je voyais et en m’exclamant contre l’état de ce vaisseau pour transporter des êtres humains, je fus informé par mes amis, qui avaient passé si longtemps sur la côte d’Afrique et visité tant de navires, que c’était un des meilleurs qu’ils eussent vus. La hauteur qui sépare parfois les ponts n’est que de dix-huit pouces, de sorte que les malheureux ne peuvent se retourner ni même se mettre sur le côté, l’élévation étant inférieure à la largeur de leurs épaules ; et en outre ils sont ordinairement enchaînés aux ponts par le cou et les jambes. Dans ce genre d’endroit, le sentiment de misère et de suffocation est si grand que les Nègres, comme les Anglais dans le Trou noir à Calcutta, sont poussés jusqu’à la frénésie. Un jour, ils avaient amené un de ces bateaux dans la rivière Bonny ; les capturés avaient été entassés dans l’espace étroit entre les ponts et enchaînés les uns aux autres. On entendit qu’il en provenait un vacarme et un tumulte horribles et nul ne savait quelle en était la cause. Ils ouvrirent les écoutilles et hissèrent les esclaves sur le pont, enchaînés les uns aux autres par deux ou par trois. Quelle ne fut pas leur horreur de découvrir que les malheureux se trouvaient à différents stades de la suffocation : beaucoup avaient l’écume à la bouche et crtains en étaient aux derniers spasmes de l’agonie – d’autres étaient déjà morts. Parfois, un homme vivant était traîné vers le haut, dont le compagnon de chaîne était un cadavre ; parfois, sur trois hommes attachés à la même chaîne, un des trois était mourant et un autre déjà mort. Le tumulte entendu n’était rien d’autre que la frénésie de ces malheureux se débattant au dernier stade de l’asphyxie, de l’angoisse et de la fureur. Quand ils furent tous remontés, dix-neuf étaient morts sans recours. Ils se détruisaient les uns les autres dans les efforts qu’ils faisaient pour happer un peu d’air ; les hommes étranglant leurs voisins, et les femmes se plantant des clous dans le cerveau les unes aux autres. D’autres fois, on a vu nombre de ces malheureuses créatures saisir la première occasion pour sauter par-dessus bord et se débarrasser de cette manière d’une vie intolérable.

Rev. Robert Walsh, Notices of Brazil, in Walsh, Notices of Brazil in 1828 and 1829

 

 

Les Ladson étaient également très actifs dans l’imposition des « valeurs européennes » à leurs victimes. En particulier, James H. Ladson (il y a plusieurs James Henry Ladson dans cette famille, mais aucun d’entre eux n’a reçu de suffixe pour le différencier ; par souci de clarté, je me référerai à cette personne comme James H. Ladson) était connu pour avoir construit une immense chapelle sur l’une de ses plantations, où il pouvait inculquer les « valeurs européennes » à ses esclaves par le biais d’une conversion forcée. Cette attitude était typique du Sud, où la suprématie blanche revêtait un caractère paternaliste. Les maîtres d’esclaves se considéraient comme des personnes nobles et charitables, apportant la « civilisation » aux Noirs sauvages qu’ils brutalisaient pour de l’argent. La civilisation, tout comme « le sang et la terre » et « les valeurs européennes », n’était rien d’autre qu’un euphémisme sanglant.

Le journal local l’a qualifié en effet d’« excellent spécimen de l’ancien gentleman de Caroline, au caractère pur et au ton élevé dans ses échanges, qui a été pendant de nombreuses années à la tête de la maison James H. Ladson & Co, aujourd’hui représentée par la société W.C. Bee & Co. On sait que cette firme a exercé une activité importante et lucrative dans le commerce du riz et du coton. Il a également été directeur de banque et, pendant la plus grande partie de sa vie, membre éminent de l’église épiscopale St. Michael de notre ville, où il s’est distingué par ses vertus chrétiennes et sa bienveillance active ».

Cet excellent spécimen de gentleman du Sud a aussi été un fervent partisan de la cause des « droits des États », autre euphémisme sanglant, pour lequel les Ladson étaient prêts à tuer. La vérité en matière de « droits des états » a été révélée par les propres actions de Ladson : Il a travaillé sans relâche pour la cause de la Confédération, et il est tout à fait clair qu’il l’a fait pour protéger ses intérêts économiques.

L’un dans l’autre, 620 000 personnes sont mortes pour les intérêts économiques de James H. Ladson, y compris son propre fils, et un million d’autres ont été blessées, dont beaucoup ont été mutilées à vie. Pour cela, James H. Ladson n’a subi aucune conséquence, et il a gardé chaque centime et tout le prestige accumulé grâce au sang et à la souffrance des esclaves et des soldats.

 

 

Chaque rose a ses épines

 

« Elle a une profonde culture européenne, elle est née à Bruxelles et est la fille d’un fonctionnaire de Bruxelles, je peux donc dire qu’elle a l’ADN de l’union en elle. » – Emmanuel Macron

 

Il n’est pas abusif de se demander d’où vient l’argent et le pouvoir de la famille d’Ursula von der Leyen et ce qu’elle a fait pour les gagner, d’autant qu’Ursula a énormément profité de la richesse et des relations de sa famille pour faire avancer sa propre carrière, qui peut, en soi, être considérée comme un exemple de corruption, de scandale grave, d’incompétence et, peut-être même, de trahison pure et simple. Sa carrière politique montre que la pomme d’Ursula n’est pas tombée loin de l’arbre généalogique des Albrecht.

 

 

Lutz von der Heide [Source: facebook.com]

 

 

Ursula a fait ses premiers pas en politique en 2003, lorsqu’elle a été battue par Lutz von der Heide, un pilier de la CDU, lors d’une élection primaire régionale à Hanovre. Cette défaite était inacceptable pour Ernst, le père d’Ursula, qui a lancé une campagne de pression aux côtés de son ancien adjoint et officier d’artillerie de la Wehrmacht, Wilfried Hasselmann.

Les deux hommes se sont mis à faire campagne pour Ursula et à dénigrer son adversaire, qui occupait le siège depuis plus de 15 ans à ce moment-là. À l’époque, Ursula assurait, de longue date, une chronique dans le tabloïd d’extrême droite Bild, journal fondé par l’ex-propagandiste nazi et agent de la CIA Axel Springer, qui a été sanctionné des dizaines de fois pour des violations de la loi allemande et, grâce à cela, elle a pu amplifier efficacement leurs attaques contre von der Heide. Bientôt, toute l’Allemagne a pu lire les dernières saletés concernant une primaire pour une petite élection régionale.

 

 

Axel Springer [spiegel.de]

 

 

La campagne a été décisive et, au deuxième tour de scrutin, Ursula l’a emporté par une majorité des deux tiers. Il s’agissait d’un siège sûr et Ursula a été élue facilement en tant que nouvelle candidate de la CDU. Dans ces conditions, il est impossible de séparer Ursula von der Leyen de l’héritage de son père.

Deux ans plus tard, elle a été choisie par Angela Merkel pour occuper le poste de ministre du Travail et des Affaires familiales, malgré son expérience politique peu près inexistante. Dans ce rôle, elle s’est surtout fait remarquer en réduisant les services sociaux pour les aveugles et en essayant d’interdire les albums de heavy-metal, CV qui ne semble pas justifier une promotion supplémentaire.

Ce qui ne l’a pas empêchée d’être promue ministre de la Défense en 2013, décision qui a sidéré l’opposition. C’est là que les « valeurs européennes » d’Ursula von der Leyen ont commencé à se manifester une fois de plus.

Le mandat d’Ursula fut de développer et d’améliorer l’état de préparation de la Bundeswehr, et elle s’est attelée à cette tâche avec enthousiasme, battant sans relâche le tambour de guerre, au motif que l’armée allemande est trop petite et mal préparée pour faire face à n’importe quel nouvel ennemi que ce soit, nouvel ennemi qu’elle s’est mise à inventer depuis ce jour-là. Qu’il s’agisse de l’Afghanistan, de l’Iran, de la Chine, de la Russie ou de la Syrie, Ursula ne cesse de vouloir plus d’armes, plus de guerre et plus d’argent. Ursula a même proposé que soit fondée une légion étrangère allemande pour renforcer les rangs de la Bundeswehr, proposition qui a, il faut le dire, été accueillie avec horreur et condamnée de toutes parts.

 

 

Ursula von der Leyen, alors ministre de la Défense allemande, posant avec les Forces Spéciales Allemandes lors de sa visite à la  « Bundeswehr » à Kiel, le 21 avril 2017. [newsweek.com]

 

 

Presque immédiatement, elle a décidé que le ministère avait besoin d’une aide extérieure et engagé l’un des consultants favoris et les plus criminels de la classe politique néolibérale, McKinsey, affilié à la CIA, qui a déjà accueilli des sommités telles que Susan Rice, Chelsea Clinton, Pete Buttigieg et bien d’autres politiciens et dirigeants d’entreprise à la réputation douteuse. Les ramifications de McKinsey s’étendent aux gouvernements et aux entreprises du monde entier et illustrent le principe de la « porte tournante » entre le gouvernement, les services de renseignement et les grandes entreprises.

 

 

[middleeastmonitor.com]

 

 

Il ne s’agissait pas d’une simple consultance : McKinsey s’est vu confier le contrôle direct du ministère, la « consultante » Katrin Suder recevant un poste nouvellement créé au sein du ministère, pour « réformer le secteur de l’armement » [Il faut dire que McKinsey a fait la même chose partout, y compris à la CIA, ce qui donne une assez bonne idée de son importance et de son rôle réels, NdT]. Ursula a versé près d’un demi-milliard d’euros de contribuables dans les coffres de McKinsey et d’autres pour des services de « conseil » inexistants, et n’a absolument rien reçu en retour. La non élue Suder a été vue si souvent aux côtés de von der Leyen que l’opposition a plaisanté en disant qu’elle était le nouveau garde du corps d’Ursula.

 

 

 

Suder (à gauche) avec von der Leyen. [dw.com]

 

 

Cette corruption éhontée, connue sous le nom d’« affaire des consultants », a été si grave qu’elle a donné lieu à une enquête parlementaire, l’opposition de gauche comme celle de droite exigeant des réponses de Mme von der Leyen. Ursula s’est contentée d’être aussi évasive que possible, refusant simplement de répondre aux questions ou de fournir des informations et finissant par détruire les preuves de ses méfaits avant de pouvoir être traduite devant le Parlement. En l’absence de preuves, l’enquête a bien entendu échoué et pour son rôle dans l’affaire, Katrin Suder s’est vu décerner – par von der Leyen – la Croix d’Honneur de la Bundeswehr.

Le scandale a été si grave, si effronté et si renversant que le parti d’opposition social-démocrate a ouvertement accusé Ursula von der Leyen de trahison dans l’intérêt du gouvernement des États-Unis au détriment de l’Allemagne :

 

En tant que ministre fédérale de la défense, Mme von der Leyen s’est comportée comme le souhaitait le président américain lorsqu’il a demandé une augmentation des dépenses militaires : budgets militaires plus élevés, augmentation des armements au lieu du désarmement. Et bien que cette ministre ait eu des ennuis en raison de ses dépenses élevées en cabinets de conseil et de diverses décisions relatives au personnel et qu’elle ait été tout sauf un modèle, elle est devenue présidente de la Commission européenne. C’est une fonction-clé et c’est important pour les États-Unis.

La décision de choisir von der Leyen s’est faite discrètement dans les coulisses. Aucune personne sensée ne peut expliquer pourquoi on lui a confié cette fonction importante. Une explication partielle est qu’elle avait le soutien d’importants pays d’Europe de l’Est. Et les États-Unis ont une grande influence sur ces États.

Dans le premier cas critique majeur, Mme von der Leyen a immédiatement et sans équivoque représenté la position américaine, en déclarant que l’Iran lui-même est à blâmer pour la confrontation au Moyen-Orient et pour l’exécution du général iranien. Avec elle, les États-Unis peuvent probablement s’immiscer aussi dans d’autres occasions et jouer un rôle clé dans le façonnement de la structure interne de l’Union européenne. Ursula von der Leyen est l’exemple parfait d’un « agent d’influence ».

Albrecht Müller, SPD, membre du parlement, 2 janvier 2021

 

 

La Bundeswehr d’Ursula a été plus qu’un système de collecte de fonds au bénéfice d’une classe de consultants parasites. Elle a été aussi un incubateur pour la même idéologie vile que son père a passé sa vie à promouvoir. Sous la direction de von der Leyen, les sympathies d’extrême droite et néonazies ont explosé dans les rangs de la Bundeswehr.

Malgré les avertissements répétés venus de l’intérieur comme de l’extérieur de l’armée, von der Leyen n’a rien fait de substantiel. Ses consultants McKinsey ont créé des cours de « sensibilisation » pour l’armée, et Ursula a fait de constantes tournées publicitaires sur les bases militaires, mais le problème a continué à s’aggraver. Enfin, en 2018, un complot a été découvert au sein de l’unité d’élite des forces spéciales Kommando Spezialkräfte (KSK) pour assassiner des politiciens allemands, des immigrants et renverser le gouvernement allemand.

 

 

Ursula rendant visite aux troupes à la caserne Maréchal Rommel, anciennement connue sous le nom de terrain d’entraînement Sennelager pour les SS et la jeunesse hitlérienne. [wikipedia.org]

 

 

Des enquêtes complémentaires menées en 2019 ont révélé que l’unité des forces spéciales était non seulement infestée de néonazis bon teint, mais qu’ils projetaient activement de renverser le gouvernement allemand depuis au moins trois ans. En outre, bien qu’ils en eussent été avertis à plusieurs reprises, Ursula von der Leyen et son armée de consultants n’avaient au mieux rien fait et au pire activement exacerbé le problème.

Un raid a permis de découvrir des caches d’armes, d’explosifs et de souvenirs nazis. D’autres vérifications ont révélé que 48.000 munitions et environ 135 livres d’explosifs plastiques manquaient à l’appel, ce qui a amené de nombreux politiques allemands à se demander combien d’autres cellules terroristes existent au sein de la Bundeswehr. Les munitions et explosifs manquants n’ont jamais été retrouvés. En fin de compte, le ministère de la Défense n’a eu d’autre choix que de dissoudre entièrement le KSK.

Malgré tout cela, Ursula a été considérée comme une favorite pour succéder à Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l’OTAN. Compte tenu de l’histoire de l’alliance avec les nazis, il n’est pas surprenant que ses liens avec l’extrême droite aient été ignorés ou, plus probablement, aient joué en sa faveur.

 

 

Jens Stoltenberg, le ministre britannique de la Défense Michael Fallon, le secrétaire américain à la Défense Ash Carter et von der Leyen à Bruxelles, en octobre 2015. [militarytimes.com]

 

 

Si Ursula n’a pas été choisie, c’est parce qu’elle avait une fois de plus abouti au sommet de l’échelle et qu’elle avait déjà été élue présidente de la Commission européenne lors d’une élection serrée qu’elle a remportée malgré la condamnation quasi universelle des politiques allemands, tant de son propre parti que de l’opposition. Angela Merkel, patronne et amie proche de von der Leyen, a dû s’abstenir de voter après que le Parlement allemand ait même refusé de désigner Ursula.

La décision a toutefois été saluée par des politiciens étrangers tels qu’Emmanuel Macron, qui a publié une déclaration risible dans laquelle il a dit « J’ai vu sa capacité à faire avancer les choses et à ne pas être captive d’intérêts particuliers » à propos de la dirigeante qui, quelques mois auparavant, avait été accusée de trahison pour sa soumission complète à des intérêts spéciaux étrangers. Bloomberg a qualifié de « réformatrice dure et visionnaire » la femme qui a passé près de cinq ans à créer de nouveaux postes ministériels pour ses amis et, au mieux, à ignorer, sinon à couver activement, un deuxième Putsch de la Brasserie [On dit aussi Putsch de Munich, NdT].

 

 

Walter Hallstein [wikimedia.org]

 

 

Ursula est la première femme à occuper ce poste, et la deuxième à avoir un lien avec les nazis : Walter Hallstein, ancien officier d’artillerie de la Wehrmacht et professeur de droit nazi, avait fait ses débuts en politique en défendant, dans sa jeunesse, les vertus des lois raciales de Nuremberg, démontrant ainsi son engagement de toujours pour les « valeurs européennes ».

C’est depuis sa nouvelle tribune à Bruxelles que le monde entier a pu voir à l’œuvre les « valeurs européennes » d’Ursula von der Leyen. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, elle y a fait la une de l’actualité en ne cessant de réclamer avec une rageuse énergie toujours plus de guerre, plus de sanctions  et plus d’armes.

Ursula a même fait une tournée en Ukraine, s’arrêtant pour une séance de photos désormais célèbre dans la ville de Bucha récemment reconquise, où elle a versé des larmes de crocodile sur les victimes d’un massacre dont nous sommes censés croire qu’il a été causé par des forces russes qui auraient bombardé leurs propres positions, mais qui a été, en réalité, causé par l’artillerie ukrainienne.

 

 

Von der Leyen à Bucha – versant des larmes de crocodile [ukrinform.net]

 

 

Il s’avère qu’Ursula a également des liens familiaux avec cette région. La dernière fois qu’un von der Leyen s’est rendu en Ukraine, Joachim, parent éloigné d’Ursula, y apportait les « valeurs européennes » en tant que Gauleiter nazi de Galicie. Dans le cadre de ce que les dits nazis ont appelé l’opération Reinhard, la région a été rendue « Juden Frei » grâce aux efforts diligents des « nationalistes » ukrainiens, qui ont servi d’exécuteurs de basses oeuvres au régime du Reich, pour, ensuite, échapper au châtiment grâce aux efforts des États-Unis et de l’OTAN.

Aujourd’hui, la descendante de Joachim se range une fois de plus aux côtés des « nationalistes », apportant la mort et la dévastation au peuple ukrainien et au monde entier. Combien d’autres devront encore mourir pour les « valeurs européennes » d’Ursula von der Leyen ?

Source : https://covertactionmagazine.com/2023/02/17/ukraine-hawk-who-heads-european-commission-has-a-nazi-pedigree-she-does-not-want-you-to-know-about/?mc_cid=cea64419f2&mc_eid=e0883eb2c4

 

 

 

 

L’auteur

Evan Reif

Evan Reif est né dans une petite ville minière, à l’ouest du Dakota du Sud. Il est le fils d’un mineur et d’une bibliothécaire.

Les luttes d’organisateur syndical de son père et les combats de la communauté contre la désindustrialisation ont nourri l’intérêt profond d’Evan pour la politique de gauche. Avec son amour de l’histoire, c’est ce qui a fait de lui un anti-fasciste convaincu.

Quand il n’écrit pas, ne fait pas de recherches ou ne travaille pas, Evan aime la pêche, le tir et la cuisine chinoise.

On peut le joindre à l’adresse e-mail : wharghoul@gmail.com.

 

 

 

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/le-faucon-femelle-qui-dirige-la-commission-europeenne-a-un-pedigree-nazi-quelle-ne-veut-pas-que-vous-connaissiez/

 

Février 2023

 

One Responses

  • Sémimi

    Merci pour cet extraordinaire document. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas qui allait diriger la Commission, comment et dans quel but

    Répondre

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