Le FSB russe identifie l’assassin présumé de Douguina

 

 

 

Tyler Durden – Zero Hedge –  23.8.2022

à 9h45 a.m.

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

Le Service Fédéral de Sécurité russe affirme que l’assassinat de Dougina a été commis par un agent secret de l’Ukraine…

 

 

 

Au début du XXe siècle, le délicat tissu de l’ordre social en Europe reposait sur le fil d’un rasoir. Àlors que les puissances impériales étendaient leurs empires, ce n’était qu’une question de temps avant qu’un conflit entre elles ne fasse voler en éclats la paix en Europe. À cette époque, la Russie se retrouva face aux empires les plus puissants d’Europe, à savoir l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne.

 

La fissure entre ces empires fut rendue irréparable par la crise bosniaque de 1908, qui vit l’Autriche-Hongrie annexer la Bosnie-Herzégovine en utilisant comme catalyseur politique avantageux, la déclaration d’indépendance de la Bulgarie vis-à-vis de l’Empire ottoman qui avait déstabilisé la région des Balkans. Les actions de l’Autriche-Hongrie allaient pousser la Russie à prendre la défense de ses frères slaves de Serbie et du Monténégro, réaction qui modifierait à jamais la façon dont la Russie se plaçait vis-à-vis des autres puissances européennes. Bien qu’un conflit généralisé pût être évité grâce à la modification du traité de Berlin, le climat politique créé par la crise bosniaque a bel et bien allumé la mèche de l’inévitable déclenchement de la Première Guerre mondiale, qui allait exploser avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand par le nationaliste bosno-serbe Gavrilo Princip.

 

Alors que la guerre en Ukraine place une nouvelle fois la Russie en désaccord avec les puissances européennes, la situation précaire d’une paix apparemment intenable sur le continent fait encore écho au bout de plus d’un siècele à la Première Guerre mondiale. La tension confirme l’axiome bien connu : rien de nouveau sous le soleil, la volatilité de l’Europe de 2022 reflétant parfaitement celle de 1908. La position de la Russie contre l’hégémonie européenne de l’OTAN est identique à sa position en faveur du royaume slave d’il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui, avec l’assassinat de Darya Douguina, ce siècle vient peut-être de trouver son propre Franz Ferdinand.

 

Le Service Fédéral de Sécurité russe (« FSB ») a affirmé que l’assassinat de Douguina a été commis par un agent secret de l’Ukraine. Et il a identifié Natalia Vovk comme l’assassin présumé. « Grâce à un ensemble de mesures de recherche opérationnelle en urgence, le Service Fédéral de Sécurité a résolu le meurtre de la journaliste russe Darya Douguina, née en 1992 », a annoncé le FSB, qui a souligné la culpabilité du gouvernement ukrainien en déclarant que « le crime a été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens […] ».


Selon l’enquête du FSB, Vovk est entrée en Russie en juillet et s’est installée dans l’immeuble où résidait Douguina. Vovk aurait ensuite suivi Douguina jusqu’au festival où a été placé l’engin explosif qui a conduit à sa mort. Selon les services de renseignement russes, Vovk, qui était accompagnée de sa fille de 12 ans, a fui en Estonie aussitôt après l’assassinat. À la suite de son identification, les services répressifs russes ont déclaré leur intention de réclamer son extradition.

 

Dès après l’assassinat de Mme Douguina, l’Ukraine a naturellement été mise en cause, étant donné la réputation importante, bien qu’énigmatique, de son père comme l’un des idéologues les plus influents de l’entourage de Vladimir Poutine. Kiev s’est empressé de se laver les mains de toute implication, le conseiller Mykhailo Podolyak déclarant : « L’Ukraine, bien sûr, n’a rien à voir avec l’explosion d’hier […] » [Entre les crochets, il y a « c’est la Russie qui est un état terroriste ». NdT]. Bien que les responsables ukrainiens aient formellement nié toute implication dans l’attentat, le président Volodymir Zelensky a fait savoir qu’il s’attendait à ce que le meurtre de Douguina entraîne inexorablement l’intensification de la campagne militaire russe.

 

Compte tenu des rapports sur la fuite de Vovk en Estonie, la localisation de l’assassin présumé place la Russie en conflit avec un État membre de l’OTAN encore plus directement que la guerre par procuration que lui fait l’Ukraine. En 2016, la Cour Européenne de Justice a établi un précédent qui justifierait toute demande d’extradition de Vovk par la Russie. La jurisprudence qui a établi cette norme s’est produite lorsque la Cour a estimé que tout État membre de l’Union Européenne est obligé d’accéder à une demande d’extradition de tout État tiers non membre, même si le sujet de la demande n’est pas lui-même citoyen de l’UE. Cette décision a fait suite à une affaire dans laquelle la Russie a demandé l’extradition du ressortissant estonien Aleksei Petruhhin de Lettonie pour des délits de trafic de drogue.

 

Le cadre juridique défini par la Cour Européenne de Justice placera l’Estonie en plein milieu du jeu de billes si Vovk a effectivement trouvé refuge dans l’État balte. Car, outre son adhésion à l’UE en 2004, l’Estonie a rejoint l’OTAN la même année. Le conflit potentiel entre l’Estonie et la Fédération de Russie pourrait déclencher l’article 5 de la Charte de l’OTAN, qui prévoit une clause de défense collective, ce qui signifie que tout affrontement militaire avec un État membre de l’OTAN constitue une action agressive contre l’ensemble du corps transatlantique, qu’il se produise aussi loin à l’est queTallinn ou aussi loin à l’ouest  que Hawaï.

 

L’article 5 a été brandi constamment devant la Russie comme une sorte d’épée de Damoclès destinée à dissuader toute escalade du conflit ukrainien. La menace voilée a encore été tout récemment invoquée en réponse à « l’attaque russe » contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et aux incursions militaires accrues des forces ukrainiennes en Crimée. « Tout dommage délibéré entraînant une fuite potentielle de radiations dans un réacteur nucléaire ukrainien constituerait une violation de l’article 5 de l’OTAN », a déclaré le député britannique Tobias Ellwood. Son point de vue a été repris par le membre du Congrès américain Adam Kinzinger (R – IL) qui a invoqué la déclaration d’Ellwood en déclarant : « Ce n’est même pas à débattre ; toute fuite tuera des gens dans les pays de l’OTAN, c’est un article 5 automatique […] » quelques heures seulement avant l’assassinat de Douguina.

 

Si l’article 5 de la Charte de l’OTAN a été utilisé pour menacer la Russie en cas d’« intensification d’agression », ceux qui n’ont cessé d’invoquer la politique de défense collective l’ont fait au prétexte de prévenir « toute nouvelle agression ». L’assassinat de Darya Douguina est une circonstance radicalement différente, parce que la Russie percevra certainement toute action visant à faire extrader Vovk d’Estonie comme entièrement justifiée et comme une réponse au meurtre, non comme une attaque contre un État membre de l’OTAN. Alors que la chasse à Vovk se poursuit, l’Europe se retrouve à nouveau dans le creuset politique où s’est trouvé le continent après l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand par Gravrilo Princip. Toutefois, dans cette itération historique, ce sont les puissances centrales européennes qui se retrouvent dans la position de l’agresseur susceptible de provoquer un conflit catastrophique avec la Russie.

 

Source : Russian FSB Identifies Alleged Dugina Assassin | ZeroHedge

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/le-fsb-russe-identifie-lassassin-presume-de-douguina/

 

 

 

 

 

 

Août 2022

 

 

 

0 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.