Le « Parti Américain » en Italie
Manlio Dinucci – ByoBlu – 23.9.2022
Traduction et apostille : Marie-Ange Patrizio
Les partis institutionnels mènent la campagne électorale non seulement en Italie mais aux États-Unis. Le secrétaire du PD (Parti Démocrate) Enrico Letta, dans une interview à un journal étasunien déclare : « Avec la droite l’Italie [est] proche de la Russie, avec nous des USA ». Sur le même journal le président du Copasir (Comité Parlementaire pour la Sécurité de la République) Adolfo Urso, en visite à Washington, assure par contre que « pour les USA Giorgia Meloni (candidate du parti Fratelli d’Italia) est pleinement fiable ». Les partis de tout l’arc parlementaire rivalisent ainsi pour obtenir le consensus de Washington, indispensable à tout gouvernement qui sera issu des élections. Mais au même moment ils agissent d’un commun accord quand il s’agit de mettre en oeuvre les directives de Washington. Par exemple, celle de boycotter le Traité ONU sur la prohibition des armes nucléaires, ratifié par 66 États et signé par 20, mais boycotté par les USA et l’OTAN. À la réunion de juin des adhérents au Traité, l’Italie, pourtant invitée, n’était pas présente, pas même en tant qu’observateur.
Toujours en juin le 6ème Escadron de l’Aéronautique italienne à Ghedi (Province de Brescia) a reçu le premier chasseur USA F-35A d’attaque nucléaire qui sera rapidement armé avec les nouvelles bombes nucléaires USA B61-12, prêtes à être employées par l’Aéronautique italienne sous commandement USA. L’Italie viole ainsi le Traité de non-prolifération ratifié en 1975, qui stipule : « Tout État non doté d’armes nucléaires qui est Partie au Traité s’engage à n’accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ».
Preuve supplémentaire de la sujétion de l’Italie aux USA, le 15 septembre dernier la Commission parlementaire d’enquête sur les causes du « désastre » du navire Moby Prince a conclu ses travaux en cachant une fois de plus les véritables causes de la tragédie survenue dans la rade de Livourne il y a plus de 31 ans pour couvrir un trafic d’armes effectué dans la base étasunienne limitrophe de Camp Darby. Le rapport conclusif mystificateur, présenté par Andrea Romano du PD, a été approuvé à l’unanimité par les représentants de tous les autres partis. Par contre ce qu’a été la dynamique réelle de ce massacre est présenté dans cet épisode de Grandangolo par une enquête-vidéo d’une actualité brûlante, transmise en 2016 par Pandora TV du regretté Giulietto Chiesa.
Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo Pangea du vendredi 23 septembre 2022 à 20h30, sur la chaîne italienne Byoblu,
https://www.byoblu.com/2022/09/23/il-partito-americano-in-italia-grandangolo-pangea/
Quand les vieux cadavres commencent à sortir des placards européens…
Apostille pour la version française :
« La navette maritime Moby Prince, le soir du 10 avril 1991, entre en collision dans la rade du port de Livourne avec le pétrolier Agip Abruzzo, et prend feu. Le SOS lancé à plusieurs reprises ne reçoit aucune réponse. 140 personnes meurent dans le navire en flammes, après avoir attendu les secours en vain pendant des heures.
Pendant des décennies, malgré trois enquêtes et deux procès, les familles demandent en vain la vérité. Elle émerge pourtant impérieusement des faits. Ce soir là dans la rade de Livourne a lieu un trafic intense de navires militaires et militarisés des États-Unis, qui ramènent à la base USA de Camp Darby (limitrophe au port) une partie des armes utilisées dans la guerre du Golfe. D’autres mystérieux navires s’y trouvent aussi. Le Gallant II (nom de code Theresa), navire militarisé USA qui, immédiatement après l’accident, quitte précipitamment la rade de Livourne. Le 21 Oktoobar II de la société Shifco, dont la flotte, donnée par la Coopération italienne à la Somalie, officiellement pour la pêche, est employée pour transporter des armes USA et des déchets toxiques y compris radioactifs en Somalie ; ainsi que pour approvisionner en armes la Croatie en guerre contre la Yougoslavie. Pour avoir trouvé les preuves de ce trafic, la journaliste Ilaria Alpi et son opérateur Miran Hrovatin sont assassinés en 1994 à Mogadiscio, dans un guet-apens organisé par la CIA avec l’aide du réseau Gladio et des services secrets italiens.
Selon toute probabilité, le soir du 10 avril est en cours dans la rade de Livourne le transbordement d’armes étasuniennes qui, au lieu de rentrer à Camp Darby, sont secrètement envoyées en Somalie, Croatie et autres zones, sans exclure des dépôts de Gladio en Italie. Quand survient la collision, ceux qui dirigent l’opération – certainement le commandement USA de Camp Darby – essaient immédiatement d’effacer toute preuve. Cela explique une série de « points obscurs » : le signal du Moby Prince, à seulement 2 miles du port, qui arrive fortement perturbé ; le silence de Livorno Radio, le gestionnaire public des télécommunications, qui n’appelle pas le Moby Prince ; le commandant du port, “pris par d’autres communications radio”, qui ne guide pas les secours et se trouve immédiatement après promu amiral pour ses mérites ; le manque (ou mieux la disparition) de traces radar et images satellites en particulier sur la position de l’Agip Abruzzo ; les falsifications sur la navette sous séquestre, où disparaissent des instruments essentiels aux enquêtes. On ignorera qu’au centre de la tragédie du Moby Prince se trouve Camp Darby, cette même base USA où ont enquêté les juges Casson et Mastelloni dans l’investigation sur l’organisation putschiste Gladio. Une des bases USA/Otan qui – écrit Ferdinando Imposimato, Président honoraire de la Cour Suprême de Cassation – fournirent les explosifs pour les massacres de Piazza Fontana, Capaci et Via d’Amelio. Bases dans lesquelles « se réunissaient terroristes noirs, officiers de l’OTAN, mafieux, hommes politiques italiens et francs-maçons, à la veille d’attentats » (Ferdinando IMPOSIMATO, La Repubblica delle Stragi impunite [La République des massacres impunis], Newton Compton, 2012. Disponible en italien sur Internet) ».
Extrait de Guerre nucléaire. Le jour d’avant. D’Hiroshima à nos jours, qui nous mène à la catastrophe et comment, Manlio Dinucci, traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio, Editions Delga, Paris, 2021. p. 170-171.
Manlio Dinucci
Guerre nucléaire – Le jour d’avant
DELGA
275 pages
20 €
Ce livre reconstitue l’histoire de la course aux armements nucléaires de 1945 à nos jours, avec en toile de fond le scénario géopolitique mondial, contribuant ainsi à combler le manque d’informations habilement créé sur cette question d’une importance vitale. Le sentiment qu’une guerre nucléaire est désormais inconcevable s’est répandu et la dangereuse illusion que l’on peut vivre avec la bombe a été créée. C’est-à-dire avec un pouvoir destructeur qui peut effacer l’espèce humaine et presque toute autre forme de vie. Nous pouvons éviter cela en nous mobilisant pour éliminer les armes nucléaires de la surface de la Terre. Tant qu’il est encore temps, le jour d’avant.
Préface de Bernard Genet
Manlio Dinucci
Journaliste et géographe, ex-directeur exécutif pour l’Italie de l’International Physicians for the prevention of Nuclear War, association qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1985. Porte-parole du Comitato no Guerra no Nato (Italie) et chercheur associé de Global Research (Canada). Prix international de journalisme 2019 pour Analyse géostratégique du Club de periodistas de México
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/le-parti-americain-en-italie/
25 Septembre 2022
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