Rencontre avec Ghislaine :

Fille à papa

 

 

Whitney WebbThe UNZ Review – 16.12.2021

 

4,500 Words • 228 Comments • 18 NewReply

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

 

 

Les discours des médias dominants, sur le procès en cours de Ghislaine Maxwell, ne mentionne pas les liens, non seulement d’elle-même, mais aussi de sa famille, avec les services secrets israéliens. Ces liens, tissés par Robert Maxwell, le père de Ghislaine, sont essentiels pour comprendre l’histoire de Ghislaine et son rôle dans le réseau de chantage et de trafic sexuel de Jeffrey Epstein.

 

Le procès de Ghislaine Maxwell, la maquerelle présumée du réseau de chantage sexuel et de trafic sexuel de Jeffrey Epstein, a attiré une attention considérable de la part des médias grand public et indépendants, mais pas autant qu’on aurait pu s’y attendre étant donné le niveau d’attention médiatique qui avait entouré l’arrestation et la mort d’Epstein en 2019 ou surtout étant donné l’intérêt du public pour le scandale Epstein/Maxwell et ses plus vastes implications.

 

Sans surprise, les implications plus larges du scandale Epstein/Maxwell ont été largement, voire entièrement, absentes de la couverture médiatique (et de certains médias indépendants) du procès de Ghislaine Maxwell, ainsi que de l’affaire elle-même. Par exemple, bien que l’accusation ait montré des preuves matérielles de chantage sexuel stockées dans les résidences d’Epstein (avec les noms des personnes incriminées notablement expurgés), l’accusation a choisi de ne même pas mentionner le rôle potentiel du chantage dans les activités et les motivations de Ghislaine Maxwell en ce qui concerne son implication dans des activités de trafic sexuel aux côtés de Jeffrey Epstein. Non seulement cela, mais les noms des contacts les plus proches de Ghislaine et même de certains de ses témoins de la défense, ainsi que des informations considérables sur son rôle dans le réseau d’Epstein, qui sont d’un grand intérêt public, doivent être classés sous scellés et à jamais cachés du public, soit en raison des « « accords » conclus entre l’accusation et la défense dans cette affaire, soit en raison des décisions du juge qui supervise l’affaire.

 

Le spectre des liens de la famille de Ghislaine Maxwell avec les services de renseignements, ainsi que les liens de Jeffrey Epstein lui-même avec les services de renseignements, vont de pair avec l’aspect chantage de cette affaire. Étant donné que le chantage, surtout le chantage sexuel, a été utilisé par les agences de renseignement – en particulier aux États-Unis et en Israël – depuis les années 1940 et au-delà, il est profondément troublant que ni le chantage ni l’angle du renseignement n’aient joué un rôle dans l’affaire de l’accusation ou dans la couverture du procès par les médias grand public.

 

Pour remédier à ce manque de couverture, Unlimited Hangout publie un rapport d’enquête en deux parties intitulé « Rencontre avec Ghislaine », qui est adapté du livre à venir de cet auteur sur le sujet. Cette enquête détaillera les aspects clés des liens de Ghislaine Maxwell avec les agences de renseignement et ses activités de chantage sexuel qui sont pertinents pour l’affaire qui lui est reprochée et expliquera peut-être le silence de l’accusation et l’intérêt qu’elle a de soustraire à l’examen du public des preuves potentiellement incriminantes contre Ghislaine. La première partie de cet article se concentre sur le père de Ghislaine, Robert Maxwell, un personnage plus grand que nature qui a chevauché le monde des affaires et de l’espionnage,  dont les filles ont hérité de différents aspects de ses contacts et activités d’espionnage, ainsi que de son empire d’influence après sa mort en 1991.

 

 

 

La fabrication d’une Maxwell

 

Pour comprendre l’histoire de Ghilaine Maxwell, il faut commencer par examiner de près l’ascension de son père, Robert Maxwell. Né dans ce qui fait aujourd’hui partie de l’Ukraine, « Robert Maxwell » était le dernier d’une série de noms qu’il utilisait, Abraham Hoch, Jan Ludvick et Leslie Du Marier faisant partie de ses précédents pseudonymes. Le nom de Robert Maxwell est apparu à la demande de l’un de ses supérieurs dans l’armée britannique. Maxwell avait rejoint l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, ayant quitté son village natal avant la guerre, lorsque le Troisième Reich avait commencé son expansion. Les parents de Maxwell et ses frères et sœurs seraient morts dans l’Holocauste.

 

 

 

Robert and Betty Maxwell le jour de leur mariage en 1945

 

 

 

Robert Maxwell a été impliqué dans le service de renseignement britannique MI6 pendant la guerre et, après la guerre, s’est lié d’amitié avec le comte Frederich vanden Huevel, qui avait travaillé en étroite collaboration avec Allen Dulles pendant la guerre. Dulles est devenu le premier directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) et, pendant la guerre, il s’est occupé d’intervenir en faveur d’éminents nazis et de saper activement la politique de « reddition totale » voulue par FDR pour ces hauts dirigeants.

 

Le chaos de l’Europe d’après-guerre a permis à Maxwell de planter les graines de ce qui allait devenir son futur empire médiatique. Grâce à ses contacts avec les forces alliées dans le Berlin d’après-guerre, il a pu acquérir les droits d’édition d’importantes revues scientifiques européennes et, en 1948, ces intérêts ont été intégrés à la société d’édition britannique Butterworth, qui avait des liens de longue date avec les services secrets britanniques. Au début des années 1950, la société a été rebaptisée Pergamon Press, et cette entreprise est devenue la pierre angulaire de l’empire médiatique de Maxwell.

 

L’accès de Pergamon à d’éminents universitaires, scientifiques et membres du gouvernement a non seulement permis à Maxwell d’acquérir une grande richesse, mais a également suscité l’intérêt de diverses agences de renseignement, notamment britanniques, russes et israéliennes, qui ont toutes tenté de recruter Maxwell à leur service ou comme espion. Lorsque le MI6 a tenté de recruter Maxwell, il a conclu, après avoir effectué une vérification approfondie de ses antécédents, que Maxwell était un « sioniste, loyal uniquement envers Israël ». Ses relations ultérieures avec le MI6 ont été houleuses et largement opportunistes de part et d’autre, Maxwell rejetant par la suite une partie de la responsabilité de ses problèmes financiers sur les prétendues tentatives du MI6 de le « corrompre ».

 

Quelques années après avoir été officiellement recruté par les services de renseignement israéliens, Maxwell s’est présent » aux élections, devenant membre du Parlement britannique pour le Parti Travailliste en 1964. Sa tentative de réélection a échoué, ce qui lui a fait perdre son poste en 1970. À la même époque, il a perdu également le contrôle de Pergamon Press, qu’il allait racheter quelques années plus tard.

 

Ayant presque tout perdu, Maxwell a alors consacré son temps à consolider le contrôle de son réseau toujours croissant de sociétés, de trusts et de fondations imbriqués qui englobaient désormais bien plus que des affaires médiatiques, tout en développant ses liens avec des politiciens de premier plan, des hommes d’affaires et leurs « fixeurs », groupe que Maxwell appelait fièrement ses « sources ». Parmi ces premières « sources », on trouve Margaret Thatcher, futur Premier ministre britannique, Saul Eisenberg, le plus grand marchand d’armes d’Israël et l’un de ses puissants oligarques, des géants de la finance comme Edmund Safra et des maîtres manipulateurs comme Henry Kissinger. Une autre « source » précoce fut George H. W. Bush, qui faisait alors partie de l’administration Nixon et allait rapidement occuper le poste de directeur de la CIA avant de devenir le vice-président de Reagan, puis le président américain lui-même.

 

Les sources et l’influence de Maxwell s’étendaient bien au-delà de l’Occident, nombre de ses contacts les plus importants se trouvant en Europe de l’Est et en Union Soviétique. Il entretenait des relations étroites avec des dictateurs, des agents de services de renseignements et même des seigneurs du crime organisé comme Semion Mogilevich, parfois surnommé le « patron des patrons » de la mafia russe. Ce n’est nul autre que Robert Maxwell qui a orchestré l’entrée aux États-Unis d’entreprises liées à Mogilevich, après que Maxwell ait réussi à faire pression sur l’État d’Israël pour qu’il accorde à Mogilevich et à ses associés des passeports israéliens, leur permettant ainsi d’accéder plus facilement aux institutions financières américaines.

 

L’expansion des contacts importants de Maxwell s’est faite parallèlement à la croissance de son empire médiatique. En 1980, il a acquis la British Printing Corporation, qu’il a rebaptisée Maxwell Communication Corporation. Quelques années plus tard, il achète le Mirror Group, éditeur du tabloïd britannique Daily Mirror. Il acquiert ensuite les éditeurs américains Prentice Hall et MacMillan, puis le New York Daily News. Une grande partie de l’argent que Maxwell a utilisé pour acquérir le Mirror Group et plusieurs de ces autres sociétés provenait de bailleurs de fonds des services secrets israéliens. L’argent « emprunté » aux médias appartenant à Maxwell, comme le Mirror Group et son fonds de pension, était utilisé pour financer les activités du Mossad en Europe et ailleurs ; ensuite, les fonds étaient restitués avant que leur absence ne soit remarquée par les employés de la société qui n’étaient pas au courant de ces opérations. Maxwell a ensuite fait dérailler ce système bien huilé en puisant dans ces mêmes fonds pour financer ses propres habitudes ostentatoires et salaces.

 

 

 

Robert Maxwell pose avec la première édition du journal The European, qu’il a fondé en 1990.

 

 

 

Au cours de cette période, les liens de Maxwell avec les services de renseignements israéliens se sont approfondis d’autres manières, notamment à l’époque où Yitzhak Shamir était Premier ministre. Shamir, qui était auparavant un chef du groupe terroriste sioniste connu sous le nom de Lehi ou de Gang Stern, détestait profondément les États-Unis, sentiment qu’il a confié à Maxwell lors d’une de ses visites en Israël. Shamir lui a doit en effet qu’il rendait les Américains responsables de l’Holocauste, parce que, d’après lui, ils n’avaient pas soutenu le transfert des Juifs d’Europe vers la Palestine avant la guerre. L’opinion de Shamir sur les États-Unis a probablement influencé l’espionnage plus agressif d’Israël contre les États-Unis apparu à cette époque et dans lequel Maxwell devait jouer un rôle important.

 

 

Maxwell et l’affaire PROMIS

 

Les rôles importants de Maxwell dans le scandale du logiciel PROMIS et dans l’affaire Iran-Contra au cours des années 1980 ont été facilités par son achat de nombreuses sociétés israéliennes, dont plusieurs étaient des façades ou des « fournisseurs de services » pour les services de renseignement israéliens. Les plus notables d’entre elles étaient Scitex, où le fils de Yitzhak Shamir, Nachum, fut un cadre important tout au long des années 1990 et au début des années 2000, et Degem, une société informatique très présente en Amérique centrale et du Sud ainsi qu’en Afrique.

 

Avant même avant l’achat de Degem par Maxwell, cette société avait été utilisée par le Mossad pour couvrir des agents, et notamment des assassins, qui utilisaient ses bureaux comme couverture avant de procéder à des enlèvements et à des meurtres de personnes liées à des groupes ayant des liens ou des sympathies avec les ennemis d’Israël, notamment l’OLP. Certains des événements les plus notables se sont produits en Afrique, où des assassins du Mossad ont utilisé Degem comme couverture pour lancer des assassinats de membres du Congrès national africain. En Amérique latine, Degem a également servi de couverture au Mossad pour infiltrer des organisations terroristes et narcoterroristes telles que le Sendero Luminoso du Pérou (connu en français sous le nom de Sentier Lumineux) et l’Armée de libération nationale de Colombie ou ELN.

 

Après l’achat de Degem par Maxwell, la société a servi de principal véhicule par lequel Israël a mené ce qui a sans doute été son opération d’espionnage la plus effrontée et la plus réussie de l’époque – la transformation en dispositif d’écoute puis la commercialisation massive d’un logiciel volé connu sous le nom de PROMIS.

 

Rafi Eitan, le célèbre maître-espion israélien qui a servi d’intermédiaire à Jonathan Pollard et qui a joué un rôle-clé dans la création du programme Talpiot, dirigeait le service de renseignement israélien (aujourd’hui disparu) connu sous le nom de Lekem lorsqu’il a entendu parler d’un nouveau logiciel révolutionnaire utilisé par le ministère américain de la Justice. Ce programme était connu sous le nom de Prosecutors Information Management System, plus connu sous l’acronyme PROMIS.

 

 

 

Rafi Eitan avec Ariel Sharon in 1987

 

 

Eitan avait appris l’existence de PROMIS par Earl Brian, un collaborateur de longue date de Ronald Reagan qui avait auparavant travaillé pour la CIA. PROMIS, souvent considéré comme le précurseur du logiciel PRISM utilisé aujourd’hui par les agences d’espionnage américaines et leurs alliées, a été développé par Bill Hamilton, ancien fonctionnaire de la NSA. Hamilton avait loué le logiciel au ministère américain de la Justice par l’intermédiaire de sa société, Inslaw Inc. en 1982.

 

Eitan et Brian ont élaboré un plan visant à installer une « trappe » dans le logiciel, puis à vendre PROMIS dans le monde entier, fournissant ainsi à Israël des renseignements inestimables sur les opérations de ses ennemis et de ses alliés, tout en rapportant à Eitan et Brian d’énormes bénéfices. Selon le témoignage de l’ancien officier du renseignement israélien Ari Ben-Menashe, Brian avait fourni une copie de PROMIS aux services de renseignement militaires israéliens, qui ont contacté un programmeur israélo-américain vivant en Californie. C’est ce programmeur qui a alors placé une trappe ou une porte dérobée dans le logiciel.

 

Une fois la porte dérobée installée, Brian a tenté d’utiliser sa société Hadron Inc. pour commercialiser le logiciel-piège PROMIS dans le monde entier. N’ayant pas réussi à racheter Inslaw, Brian s’est tourné vers son ami intime, le procureur général Ed Meese, dont le ministère de la Justice a brusquement refusé d’effectuer les paiements à Inslaw stipulés par contrat, utilisant le logiciel gratuitement. Hamilton et Inslaw ont affirmé qu’il s’agissait d’un vol. Certains ont émis l’hypothèse que le rôle de Meese dans cette décision pouvait avoir été déterminé non seulement par son amitié avec Brian, mais aussi par le fait que sa femme avait placé des fonds importants dans les entreprises de Brian.

 

Les manigances de Meese ont poussé Inslaw à la faillite, et Inslaw a ensuite poursuivi le ministère de la Justice, le tribunal estimant que le ministère dirigé par Meese avait « pris, converti, [et] volé » le logiciel par « ruse, fraude et tromperie ». Entretemps, avec Inslaw apparemment hors du chemin, Brian a vendu le logiciel trafiqué au service de renseignement jordanien, ce qui a été une véritable aubaine pour Israël, ainsi qu’à une poignée d’entreprises privées. Toutefois, Eitan n’était pas satisfait des progrès de Brian et s’est rapidement tourné vers la personne qui, selon lui, pouvait vendre le plus efficacement PROMIS aux gouvernements intéressés du monde entier : Robert Maxwell.

 

 

 

Représentant de commerce et espion

 

Par le biais de Degem et d’autres fronts, Maxwell a commercialisé PROMIS avec un tel succès que les services de renseignements israéliens ont rapidement eu accès aux rouages les plus secrets d’innombrables gouvernements, sociétés, banques et services de renseignements du monde entier. La plupart des plus grands succès de Maxwell ont été obtenus en vendant PROMIS à des dictateurs d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Amérique latine. À la suite de ces ventes, et après que Maxwell ait touché un joli salaire, PROMIS, avec sa capacité inégalée à surveiller tout ce qui va des flux financiers aux mouvements humains, a été utilisé par ces gouvernements pour commettre des crimes financiers avec plus de finesse et pour traquer et faire « disparaître » des dissidents.

 

En Amérique latine, Maxwell a vendu PROMIS aux dictatures militaires du Chili et de l’Argentine. Il a été utilisé pour faciliter le meurtre de masse qui a caractérisé l’opération Condor, car les amis et les familles des dissidents et des soi-disant subversifs étaient facilement identifiés grâce à PROMIS. PROMIS était si efficace à cette fin que, quelques jours seulement après que Maxwell ait vendu le logiciel au Guatemala, cette dictature, soutenue par les États-Unis, a rassemblé vingt mille « subversifs » dont on n’a plus jamais entendu parler. Bien entendu, grâce à la porte dérobée de PROMIS, les services de renseignement israéliens connaissaient l’identité des disparus du Guatemala avant les familles des victimes. Les États-Unis et Israël ont également été intimement impliqués dans l’armement et l’entraînement de nombreuses dictatures latino-américaines qui avaient reçu le logiciel-espion PROMIS. Il convient de noter que le gouvernement et le complexe militaro-industriel d’Israël étaient simultanément impliqués dans la vente d’armes à bon nombre de ces mêmes gouvernements.

 

Bien que les services de renseignements israéliens aient immédiatement trouvé des utilisations évidentes pour le flux constant d’informations sensibles et classifiées, leur gros lot était encore à venir. Eitan a rapidement chargé Maxwell de vendre PROMIS aux laboratoires top secrets du gouvernement américain dans le complexe de Los Alamos, y compris Sandia National Laboratories, qui était et est toujours au cœur du système d’armes nucléaires américain. Afin de déterminer comment il allait accomplir un tel exploit, Maxwell a rencontré nul autre que Henry Kissinger, qui lui a dit qu’il devait s’assurer les services du sénateur du Texas John Tower, qui était alors à la tête de la commission des services armés du Sénat. Kissinger n’a jamais été inculpé ni même mis en cause pour son rôle dans la facilitation d’une opération d’espionnage étranger visant des informations très sensibles sur la sécurité nationale des États-Unis.

 

Maxwell, avec de l’argent provenant du Mossad, a payé à Tower 200.000 dollars pour ses services, qui comprenaient l’ouverture des portes – non seulement du complexe de Los Alamos mais aussi de la Maison Blanche de Reagan. PROMIS a ensuite été vendu aux laboratoires par l’intermédiaire d’une société basée aux États-Unis que Maxwell avait achetée en 1981 et transformée en façade pour le Mossad. Cette société, appelée Information on Demand, a été dirigée par la fille de Maxwell, Christine Maxwell, de 1985 jusqu’à la mort de Robert en 1991, période pendant laquelle elle a aidé à vendre le logiciel PROMIS à plusieurs entreprises du Fortune 500. Isabel Maxwell, sœur de Ghislaine et Christine, travaillera également dans cette société avant sa fermeture en 1991.

 

Après les attentats du 11 septembre 2001, Christine Maxwell s’est associée à Alan Wade, un agent de la CIA, pour commercialiser un logiciel de sécurité intérieure connu sous le nom de Chiliad auprès de l’État de sécurité nationale des États-Unis, tandis qu’Isabel a travaillé à la même époque au croisement entre les services de renseignements israéliens et le secteur technologique privé. Ghislaine, ainsi que ses deux sœurs liées au renseignement et à la technologie, détiendraient une participation importante dans une société de technologie qui semble être à l’origine de la relation entre Bill Gates et Jeffrey Epstein, comme l’explique ce rapport d’enquête d’Unlimited Hangout datant de mai.

 

Quelques années après son acquisition par les Maxwell, Information on Demand a fait l’objet d’une enquête du FBI ; pour ses liens avec les services de renseignement à partir de 1983. Cependant, cette enquête a été fermée à plusieurs reprises par les hauts responsables du ministère de la Justice dirigé par Meese, qui, comme nous l’avons déjà mentionné, était complice de toute la sordide affaire PROMIS. L’enquête a été définitivement arrêtée en 1985. Curieusement, la dissimulation se poursuit aujourd’hui, le FBI refusant toujours de divulguer des documents relatifs à Robert Maxwell et à son rôle dans le scandale PROMIS.

 

À l’époque, l’arrêt de l’enquête du FBI a donné le feu vert à la vente par Information on Demand de PROMIS aux Sandia National Laboratories, ce qui a permis aux services de renseignements israéliens d’avoir un accès direct au cœur des programmes d’armes nucléaires américains et à la technologie des armes nucléaires. C’était une aubaine pour Israël, qui disposait d’un trésor de missiles et d’ogives nucléaires non encore déclaré, et cela a contribué à garantir qu’Israël resterait la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient. L’acquisition d’armes nucléaires par Israël, vue à la lumière du scandale PROMIS et de l’affaire d’espionnage Pollard, montre qu’elle a été largement accomplie par la ruse, la tromperie et l’espionnage plutôt que par des prouesses techniques ou scientifiques israéliennes.

 

C’est également en 1985 que la CIA a finalement rattrapé son équivalent israélien et a créé sa propre porte dérobée dans PROMIS, qu’elle a vendue principalement aux services de renseignement alliés au Royaume-Uni, en Australie, en Nouvelle-Zélande et ailleurs. Elle n’a pas eu autant de succès que Maxwell, qui avait vendu pour environ 500 millions de dollars de programmes-espions PROMIS pour Israël. La CIA, quant à elle, n’en a vendu que pour environ 90 millions de dollars.

 

 

 

Héritière d’un empire de l’espionnage

 

Après le succès fou de Maxwell dans la vente de PROMIS pour le compte des services de renseignement israéliens, il a été recruté pour une autre opération menée par les mêmes services de renseignements israéliens – l’accord Iran-Contra. C’est dans le cadre de cette opération que Robert Maxwell aurait rencontré Jeffery Epstein, qu’il a fait entrer dans le giron des services de renseignements israéliens la même année, avec l’approbation personnelle des « hauts responsables » des services de renseignements militaires israéliens. Le chef des renseignements militaires israéliens à cette époque était Ehud Barak, qui a plus tard été critiqué pour ses liens étroits et bien prouvés avec Epstein. L’année 1985 est aussi l’année où, comme par hasard, Epstein a rencontré le milliardaire de l’Ohio Leslie Wexner et a été intimement impliqué dans ses finances et ses affaires, après que le précédent « fixateur » de Wexner, Arthur Shapiro, ait été abattu en plein jour avant de témoigner devant l’IRS sur des questions liées aux finances de Wexner. Wexner a ensuite cofondé le Mega Group en 1991, dont plusieurs membres importants ont des liens étroits avec des personnalités de la politique et du renseignement israéliens et/ou des réseaux de criminalité organisée basés aux États-Unis comme le National Crime Syndicate.

 

L’entrée d’Epstein dans ce monde a été facilitée par sa liaison avec Ghislaine Maxwell, qui aurait précédé les efforts fructueux de Robert Maxwell pour le faire entrer dans le giron des services secrets militaires israéliens. Epstein n’était qu’un des nombreux amants que Ghislaine aurait eu dans les années 80, mais Epstein était certainement celui qui ressemblait le plus à son père en termes de comportement et de « talents ».

 

 

 

Ghislaine Maxwell et sa mère Betty posant à côté d’une photo encadrée de Robert Maxwell à Jérusalem, en novembre 1991

 

 

 

Les autres « petits amis » de Ghislaine pendant et avant cette période méritent certainement d’être mentionnés. L’un des plus intéressants est un aristocrate italien, le comte Gianfranco Cicogna, dont le grand-père avait été le ministre des Finances de Mussolini et le dernier doge de Venise. Cicogna avait lui aussi des liens avec des structures de pouvoir secrètes et ouvertes en Italie, notamment avec le Vatican, la branche de la CIA présente en Italie et la partie italienne du Syndicat national du crime. L’autre moitié de ce syndicat, bien sûr, étant la mafia juive américaine liée au Mega Group, lui-même profondément impliqué dans le scandale Epstein, et dont les membres ont été de fréquents partenaires commerciaux de Robert Maxwell. Il convient de noter que Gianfranco Cicogna a connu une fin tragique en 2012 lorsque l’avion qu’il pilotait a explosé dans une boule de feu géante lors d’un spectacle aérien, spectacle morbide qui, étonnamment, peut encore être visionné sur YouTube.

 

Ghislaine et Robert Maxwell ont également eu des liens étranges avec le scandale Harvey Proctor au Royaume-Uni, où un tabloïd de Robert Maxwell – avec l’approbation totale de Maxwell – a publié une histoire affirmant que des efforts étaient faits pour faire chanter Robert Maxwell avec des informations concernant la relation présumée de Ghislaine avec le futur duc de Rutland. Il est clair que Maxwell souhaitait que les informations liant Ghislaine au duc soient diffusées dans la sphère publique, mais l’histoire est étrange pour plusieurs autres raisons. Le motif du maître-chanteur était ostensiblement d’empêcher les journaux appartenant à Maxwell de couvrir le scandale Harvey Proctor. Mais le fils du duc qui aurait eu une relation avec Ghislaine était également un ami proche et plus tard l’employeur de Harvey Proctor.

 

L’apparition de Harvey Proctor, député conservateur, dans ce spectacle de tabloïds est intéressante à plus d’un titre. En 1987, Proctor a plaidé coupable dans une affaire d’indécence sexuelle avec deux jeunes hommes âgés de seize et dix-neuf ans à l’époque, et plusieurs témoins interrogés dans le cadre de cette enquête l’ont décrit comme ayant un intérêt sexuel pour les « jeunes garçons ». Plus tard, dans le cadre d’une affaire judiciaire controversée, Proctor a été accusé d’avoir été impliqué dans une autre affaire, avec le pédophile et proxénète britannique bien connu Jimmy Savile ; ce dernier aurait fait partie d’un réseau d’abus sexuels sur des enfants dont ferait partie l’ancien premier ministre britannique Ted Heath. Les relations étroites de Savile avec le Prince Charles sont bien connues et, comme nous le mentionnerons sous peu, Ghislaine aurait été intime avec la famille royale avant les fréquentes apparitions publiques du Prince Andrew avec le couple Ghislaine-Epstein, à partir de l’an 2000.

 

Bien sûr, les journaux appartenant à Maxwell, en couvrant les efforts présumés pour faire chanter Robert Maxwell, n’ont pas du tout mentionné l’angle des « jeunes garçons », se concentrant plutôt sur des affirmations qui désamorçaient les accusations de pédophilie alors crédibles, en prétendant que Proctor était simplement adepte de la « fessée » et qu’il était « fou », entre autres choses. Il est difficile de savoir exactement ce qui s’est passé lors de cet incident particulier, mais toute cette affaire bizarre donne une image intéressante du cercle social dans lequel évoluait Ghislaine à cette époque.

 

Au cours de cette même période de 1985, Ghislaine s’est également impliquée dans la « philanthropie » liée à l’empire commercial de son père, en organisant une « journée Disney pour les enfants » et un dîner de charité au nom du Mirror Group pour l’ONG Save the Children. Une partie de l’événement a eu lieu au domicile du marquis et de la marquise de Bath, un gala auquel ont assisté des membres de la famille royale britannique. Il convient de noter que le marquis de Bath était, lui aussi, à l’époque une personne étrange, qui avait accumulé la plus grande collection de peintures réalisées par Adolf Hitler et déclaré qu’Hitler avait « fait de grandes choses pour son pays ». Le soir même de la soirée organisée par Ghislaine, le fils du marquis de Bath a été retrouvé pendu par un couvre-lit attaché à une poutre en chêne au Bath Arms, dans ce qui a été qualifié de suicide.

 

La présence de membres de la famille royale à ce gala organisé par Ghislaine n’a pas été ce qu’on pourrait considérer comme un coup de chance pour Ghislaine ou ses efforts « philanthropiques », car Ghislaine était déjà proche des membres de la famille royale depuis des années, des employés et des victimes ultérieures de Ghislaine ayant personnellement vu des photos d’elle « grandissant » avec les enfants de la famille royale, relation qui aurait été facilitée par les liens des Maxwell avec la famille bancaire des Rothschild. On a entendu à plus d’une occasion Ghislaine décrire les riches et influents Rothschild comme « les plus grands protecteurs de ma famille », et ils ont fait partie en outre des banquiers les plus importants de Robert Maxwell, qui l’ont aidé à financer la construction de son vaste empire médiatique et de son réseau de sociétés et de trusts intraçables.

 

C’est également au cours de cette période que Ghislaine a acquis des compétences inhabituelles, comme de piloter des avions, des hélicoptères et des sous-marins, et qu’elle a appris à parler couramment plusieurs langues.

 

Puis, brusquement, en 1991, Ghislaine et tout ce qui restait de la famille ont vu leur fortune changer de façon spectaculaire – du moins en public – avec la mort de Robert Maxwell, mort que la plupart des Maxwell et la plupart de ses biographes considèrent comme un meurtre, lequel aurait été commis par l’agence de renseignements qui l’employait.

 

Selon le journaliste John Jackson, qui était présent lorsque Ghislaine et sa mère Betty sont montées à bord du yacht de son père peu après sa mort, c’est Ghislaine qui « est entrée froidement dans le bureau de son défunt père et a déchiqueté tous les documents compromettants à bord ». Ghislaine nie l’incident, bien que Jackson n’ait jamais rétracté de cette affirmation, rapportée dans un article publié en 2007 par le Daily Mail. Si l’on en croit Jackson, c’est Ghislaine – de tous les enfants de Robert Maxwell – qui était la plus intimement au courant des secrets compromettants de l’empire financier et des activités d’espionnage de son père.

 

Comme le montrera la deuxième partie de cette série, toutes les preuves montrent que c’est bien le cas, en particulier l’entrée de Ghislaine dans les cercles sociaux de l’élite new-yorkaise ayant été planifiée par son père avant sa mort en 1991. Bien entendu, ces relations sociales à New York, ainsi que celles en Europe et ailleurs, se sont avérées déterminantes pour le fonctionnement et la protection du réseau de trafic sexuel et de chantage de Jeffrey Epstein. Le comportement ondoyant de Ghislaine dans les années qui ont suivi, y compris ses activités liées ou non au trafic sexuel de mineurs, montrent que Ghislaine a hérité de son père bien plus que sa personnalité, car elle a joué, avec plusieurs de ses frères et sœurs, un rôle-clé dans le maintien en vie de divers aspects de l’héritage de son père, y compris ses activités d’espionnage.

 

 

 

 

 

Note :

Cet article en deux parties est une version abrégée du contenu du prochain livre de Whitney Webb sur le scandale Epstein-Maxwell One Nation Under Blackmail. La deuxième partie de cet article, une enquête détaillée sur les activités de Ghislaine Maxwell dans les années 1990 et au-delà, pourrait être retardée, ainsi que le livre lui-même, en raison du congé de maternité de Whitney et des complications que cette situation entraîne pour la recherche, la rédaction et la publication d’ouvrages d’investigation.

Pour être informé de la publication de la deuxième partie de cet article et/ou de la date de sortie effective de One Nation Under Blackmail, veuillez vous inscrire sur la liste de diffusion Hangout unlimited.

 

Source : https://www.unz.com/wwebb/meet-ghislaine-daddys-girl/

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/rencontre-avec-ghislaine-fille-a-papa/

 

 

 

 

Janvier 2022

 

 

 

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