La Belgique possède actuellement deux écrivains de stature internationale, issus – c’est le mot qui s’impose – de l’Internationale situationniste. Une génération les sépare.

Raoul Vaneigem est né en Belgique en 1934 et Jean-Louis Lippert au Congo en 1951. Tous deux se sont « tirés » de l’Internationale situ grosso modo pour incompatibilité avec les buts qu’elle en était venue à poursuivre et les moyens choisis pour y parvenir.

Ils suivent, dans leur patrie, des « parcours marginaux » (du point de vue de ceux qui pensent en file indienne). Si l’Académie Royale de Langue Française de Belgique a préféré offrir les sièges de Georges Simenon et de Simon Leys à des faiseurs à la mode plutôt qu’à eux, c’est son affaire.

L’affaire des véritables écrivains est, selon nous, de rester des politiques intègres en même temps que des artistes libres.

Si Jean-Louis Lippert, alias Anatole Atlas, alias Juan Luis de Loyola (Gary-Ajar n’a qu’à bien se tenir !) reste inconnu du grand public, ce n’est pas seulement à cause de l’ostracisme dont il est l’objet de la part des importants mais aussi du fait qu’à une pensée politique rigoureuse, articulée, cohérente et acérée, il allie un style flamboyant, où s’étirent, virevoltent, tournoient, tourbillonnent et se déploient avec une volupté jamais épuisée les métaphores qui font de lui le digne fils de Bosch, d’Ensor, de Somville et de Wilchar. Oui, des peintres.

Ce grand écart constitutif le rend difficile d’accès aux lecteurs superficiels ou pressés.

Un véritable écrivain, qui a mis sa vie en conformité avec ses principes et qui a des choses à dire, cela se mérite Messieurs-Dames ! (Oh, on va se faire agonir par les Me-Too….)  

 

 

 

 

 

Bien sûr, il s’agit aujourd’hui d’un livre publié pour la première fois en 2011 mais sous une forme inhabituelle et en très peu d’exemplaires :

 

Jean-Louis Lippert

AJIACO

 

L’auteur et son ouvrage d’origine au format A3, deux ou trois kilos tout déshabillé

 

C’est lui qui sort aujourd’hui dans un format accessible au peuple :

 

 

Jean-Louis Lippert

AJIACO

Les éditions du CEP

26, avenue des Oiseaux

6001 Marcinelle

Septembre 20°18 – nbre de pages inconnu (ah, les éditeurs !)

ISBN : 978-2-39007-044-3

Format : 15 x 21 cm

24 €

« Une immense leçon d’écriture et de liberté » (le CEP)

 

 

 

Le même figuier tropical qui, voici quelque 500 ans, vit accoster Colomb sur la plage cubaine de Baracoa, y serait le témoin du pacte faustien qui déterminerait l’histoire du dernier demi-siècle, ayant eu pour objet cet ultime continent de la planète à coloniser : le cerveau…

La marchandisation du globe requérait une irradiation des esprits trouvant son accomplissement dans l’assassinat de l’aède, nous dit le Jaguëy, pour qui l’ère atomique a fait naître un 13ème signe du zodiaque. La signification symbolique de ce champignon céleste, générateur de mille ténèbres, ne peut faire oublier combien l’usage de champignons terrestres fut consubstantiel aux transes et délires chamaniques…

L’inspiration des ancêtres n’engage-t-elle pas une fission nucléaire dans la matière même du verbe, irradiant la parole de l’aède ?…

Ce sont de telles outrances mentales qu’AJIACO (pot-au-feu dans la tradition cubaine) oppose aux démences des propriétaires du monde : l’alliance du crime organisé, de la finance et des polices de l’ombre ayant eu pour laboratoire le Cuba de Batista…

Comme personnage romanesque, un aède grec fut créé en août 1993. Plusieurs ouvrages ont depuis lors attesté son existence, mais il s’en est fallu d’un quart de siècle (et l’actuelle hypnose collective hallucinant les consciences aux sons du clairon et du canon), pour qu’advienne enfin la possibilité de faire entendre son chant cosmythologique

Si la valeur d’usage devient négative et la valeur d’échange absolue, le chant de l’aède a valeur d’échange nulle et valeur d’usage infinie…   Quand le capital – ce travail mort – tyrannise la force de travail vivante, les réminiscences posthumes de l’aède invitent à se réapproprier la vie grâce à la parole des morts…

Homère et Joyce, resurgis du royaume des ombres, mèneront donc ici l’enquête sur ce fait majeur d’une époque : une mise à mort le 16 juin 2004 – jour centenaire du Bloomsday.

 

 

 

 

Le livre est disponible à Tropismes libraires
11 Galerie des Princes à Bruxelles – Téléphone 02 512 88 52

Disponible aussi à la librairie À Livre Ouvert
116 rue Saint-Lambert 1200 Bruxelles – Téléphone 02 762 98 76

Disponible aussi à la librairie La Licorne
715 chaussée d’Alsemberg 1180 Bruxelles – Téléphone 02 217 51 25

Et à la librairie du Centre Wallonie-Bruxelles
46 rue Quincampoix 75004 Paris – Téléphone 33 (0) 1 42 71 58 03

 

Écouter Jean-Louis Lippert qui parle d’Ajiaco lors d’une rencontre avec Edmond Morrel
au micro de la webradio Espace-Livres, sonothèque littéraire et culturelle.

 

AJIACO de Jean-Louis Lippert

« J’ai voulu créer une image mentale de l’Univers » : c’est ainsi que débute l’entretien enregistré chez Jean-Louis Lippert à l’occasion de la parution de son dernier livre Ajiaco. Ce long texte épique qui pourrait constituer le troisième volet d’un triptyque dont les deux premiers seraient l’Ulysses de Joyce et l’Odyssée d’Homère*, à moins qu’il n’en soit une nouvelle version, celle du troisième millénaire.

Essayez de vous procurer ce livre rare (il a été tiré sous couverture artisanale à une centaine d’exemplaires qui sont autant de collectors) : vous entreprendrez, en le lisant, un voyage hypnotique dans l’univers poétique de Jean-Louis Lippert, qui à la façon de Pessoa, multiplie les identités. Il signe Anatole Atlas ou Juan-Luis de Loyola les livres qu’il ne publie pas sous son nom Jean-Louis Lippert, ou les nouvelles que publie la revue MARGINALES dont il est un contributeur régulier.

Si vous ne trouvez plus le livre dans son édition originale, vous le trouverez en pdf sur le site de Sphérisme. [Et maintenant en édition courante, ndGO]

Entrez dans l’univers de celui dont la poésie jette une lumière impitoyable sur un monde où il semble avoir été projeté comme un météorite, dont il a conservé la fulgurance.

Edmond Morrel

Nous avions demandé à Richard Miller d’évoquer l’oeuvre de Jean-Louis Lippert. Cet entretien est toujours disponibles sur espace-livres.be.

A noter aussi la chronique de Francis Matthijs dans La Libre Belgique et des inédits dans « Bon-à-tirer », le site Animé par Alain Esterzoon. Lippert publie également des chroniques dans le « Blog à part » de Vincent Engel.

Les ouvrages de Jean-Louis Lippert sont disponibles dans les catalogues de différents éditeurs, sans compter les nombreuses nouvelles inédites parues dans la revue MARGINALES.

 

Oeuvres parues sous le nom de

Jean-Louis Lippert

 Pleine lune sur l’existence du jeune bougre, Messidor, Paris, 1990
 Mamiwata, Talus d’approche, Mons, 1994
 Dialogue des oiseaux du phare – Maïak I, Luce Wilquin, Avin, 1998
 Confession d’un homme en trop – Maïak II, Luce Wilquin, Avin, 1999
 L’Affaire du Satan de Stan, Talus d’approche, Mons, 2000
 Tango tabou de l’Ombu – tohu bohu, Luce Wilquin, Avin, 2002
 Tombeau de l’aède – César contre Césaire, Luce Wilquin, Avin, 2005 (lien externe vers ces livres).
 Hors l’enclos sous le joug, Sphère Convulsiviste, 11 septembre 2011
 Ajiaco, Miroir Sphérique, novembre-décembre 2011, juin 2012

Anatole Atlas

 Manuscrits de la Mère-Rouge, Sphère Convulsiviste, 1985
 Autopsie du XXe siècle, Sphère Convulsiviste, 1986
 Transe pour retrouver le sens du devenir, Sphère Convulsiviste, 1987
 L’au-delà est là, Sphère Convulsiviste, 1988
 Mémoire du Temps, Sphère Convulsiviste, 1990
 De la Belgique – Phénoménologie de l’absence d’esprit, Luce Wilquin, Avin, 2000. (lien externe vers ce livre).
 Global Viewpoint – Le point de vue d’Homère sur la face cachée du Monde, Maelström, Bruxelles, 2003
 Encyclique des nuages caraïbes, Maelström, Bruxelles, 2005. Bookleg #8 disponible à la librairie maelström.
et un extrait est disponible en PDF (lien externe).

Juan-Luis De Loyola

 Fragments pour que noblesse oblige – adresse aux fistons de Tonton, Luce Wilquin, Avin, 2001

Interviews réalisées par Edmond Morrel

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* Un jour qu’on aura le temps, on racontera à Jean-Louis Lippert et peut-être à vous comment l’Odyssée « d’Homère » a pu être contée ou chantée – et non écrite – par une jeune fille sicilienne issue de ces Grecs d’Orient ioniens dont provenaient Homère lui-même et Sapho, deux ou trois siècles après la mort du barde.

 

 

 

Courageuse – et apparemment seule – critique consacrée à cette réédition par un quotidien de grand chemin, l’article de Francis Matthys, dans La Libre du 8 octobre, « Lippert, fleuve en feu » :

 

« Qu’attend l’Académie pour – ainsi qu’elle le fit avec Véronique Bergen – audacieusement accueillir Lippert en son sein » ?

 

Hé, c’est qu’elle a « audacieusement » (le mot est faible) choisi d’y accueillir plutôt la très avisée marchande et mondaine Amélie Nothomb, qui a non moins audacieusement choisi son discours d’intronisation pour lancer quelques coups de pied de l’âne, si on ose ainsi parler, à l’auteur qui dérange, exclu de toute visibilité par les gensaupouvoir.

Sans surprise pour personne, Le Carnet et les Instants (« Revue des Lettres belges francophones », c à d. organe du Ministère des Lettres Françaises de Belgique) se contente de saluer cette publication d’un spartiate

 

(réédition) Ajiaco
Lippert, Jean-Louis
Ed. du CEP
728 p. ; 15 x 21 cm
24,00 €
ISBN : 978-2-39007-044-3

 

… dépouillé comme un lapin.

On sait toujours en hauts lieux où sont les obéissants et où sont les autres.

Les autres, qui ne se laissent cependant pas toujours piétiner sans mordre :

 

 

 

AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE

 

Manifeste convulsiviste à déclamer par Melle Amélie Nothomb

lors du prochain Salon du Livre au château de Grignan

I = MC²

Pas de semaine sans qu’un festival n’exhibe l’équipe nationale belge de littérature, dûment chapeautée sur les foires du bavardage mondain. Mais imaginerait-on qu’en football existât une formation représentative clandestine, occultée par les délégations officielles en raison même de ses exploits inavouables ?…

De l’Epopée de Gilgamesh à telle Mélopée contemporaine, la plus haute mission de l’écriture – ce pourquoi ses enjeux sont voués à des limbes invisibles – n’est-elle pas de produire une vision globale révélant la face cachée du monde : vision globale dommageable pour l’image à laquelle un certain rapport social réduit le rôle de l’écrivain ?…

C’est donc tout un que seuls puissent paraître ce rôle et cette image, nul autre rapport social n’étant imaginable ; et que doive disparaître la vision globale mettant en question cette image et ce rôle, parce qu’elle envisage possible un rapport social différent – grâce à l’Œil imaginal…

Il en résulte une alternative : soit ce qui précède est dénué de sens, et ne mérite que l’ombre de l’espace public ; soit ce manifeste s’inscrit dans une guerre du sens où devrait être rendue publique une équation jumelle de celle formulée par Einstein, mais pour définir l’Information :

I = MC², la masse étant remplacée par le mana que multiplie la vitesse de la lumière au carré…

Cette lumière et ce mana (la véritable Information), sont davantage les apanages de l’héroïque nation des déracinés déshérités dépossédés disqualifiés du globe – innombrables naufragés de Kapitotal -, que de ses naufrageurs paradant sous de fausses lumières sur le pont des premières d’un navire en eaux peu profondes, mais dont le sort est moins enviable que celui du plus misérable esquif en Méditerranée…

N’est-ce pas un oubli des plus significatifs, que celui du bicentenaire du Radeau de la Méduse par le tour Panoptic ?…

Car il en va d’une fission nucléaire en plein boom planétaire : celle de l’individu atomisé par marché de la guerre et guerre du marché….

Donc, de la contradiction chaque jour plus antagonique entre logique dominante (paix au Château, guerre aux chaumières), et dialectique de totalité (guerre au Château, paix aux chaumières). 

A.A.

Dimanche 1er juillet 2018 

 

 

AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE (IV)

 

Flash Ball Dance

 

«  Je suis inventif, dit Price. Je suis créatif, jeune, sans scrupules, motivé et performant. Autrement dit, je suis indispensable à la société. Je suis ce qu’on appelle un atout. »

Bret Easton Ellis, American Psycho

 

Si l’on n’oublie pas que le dernier mot de cette citation se dit «  trump » en anglais, dès la première page d’un best-seller mondial publié en 1991 se trouvait brossé le portrait d’un homme né cette année d’avant le déluge : Alexandre Benalla…

Avant même sa venue au monde, l’essentiel était écrit sur le Disc Jockey responsable en Electronic Dance Music de l’Élysée, coupable d’avoir le 1er Mai dernier, casqué telle une rock star, enfreint le protocole en invitant à une Flash Ball Dance improvisée, de manière jugée disruptive, un couple de jeunes émeutiers sur la place de la Contrescarpe…

Si le nom d’escarpe désignait jadis un malfaiteur, est-il étonnant que ce redresseur de torts, dont la carrière explosait sur les scènes publiques depuis qu’un canular lui avait attribué le titre de lieutenant-colonel de la gendarmerie, se soit substitué aux gardiens de la paix pour imposer l’ordre de la République ?…

Cet humour déjanté fut si peu goûté par une grande part des médias, de la préfecture de police et de l’Assemblée nationale, que l’on crut bon d’en faire un scandale d’État. Mais les divertissements contemporains, rythmés par la musique techno, n’autorisent-ils pas le déchaînement d’une violence outrepassant celle des CRS ? Contre la délinquance dont faisaient preuve ces manifestants, n’est-il pas salutaire que les citoyens se muent en garde prétorienne pour sauver du pillage les vitrines des géants du faux luxe LVMH, Kering, Hermès – donc la croissance de leurs profits à 50 % ? Et dans ce but, à l’échelle planétaire, la confusion entre acteurs civils, policiers et militaires n’est-elle pas devenue la norme ?… Un monde appartenant à des pieuvres n’ayant de comptes à rendre qu’aux actionnaires exige, auprès de leurs fondés de pouvoir gérant les États, des milices privées de barbouzes à oreillettes aussi efficaces par un look d’appartenance à la race élue dans les videogames, que par une force de frappe réelle contre toute résistance des damnés. Pour obtenir une servitude librement consentie, la frontière est devenue poreuse entre showmen et policemen. Ainsi les performances d’un DJ recueillant plusieurs millions de followers, promises à être aussitôt scénarisées dans une série télévisée, relèvent-elles de la construction de situation prônée par la dernière avant-garde artistique…

Plus encore que ses devanciers, Baby Mac n’assume-t-il pas l’héritage du légendaire conseiller de Mitterrand Jacques Pilhan, dit le sorcier de l’Élysée, qui affichait ouvertement son admiration pour La Société du Spectacle de Guy Debord ? Ce qui s’est joué dans le pugilat idéologique à l’origine du capitalisme dionysiaque : la subjectivité radicale propre au situationnisme, contre le structuralisme et sa négation du sujet…

« C’était l’élite, c’était la pègre », écrivait René Viénet des Katangais, ces mercenaires ayant fait le coup de main en Mai 68, dans un ouvrage de référence magnifiant la geste héroïque dont Baby Mac se veut l’héritier des deux côtés de la barricade. En même temps « de gauche » et « de droite », comme à la fois de la racaille et de la flicaille…

L’image réversible du caïd et du rebelle fut popularisée sous les traits de Belmondo, dans le cinéma produit par Gérard Lebovici. La nouvelle idéologie dominante s’incarne depuis trente ans dans le personnage du flic voyou transgressant les mœurs bourgeoises conventionnelles. Belmondo genuit Bernard Tapie, qui genuit Baby Mac et Alexandre Benalla : ce qu’une introuvable œuvre littéraire aurait pu révéler…

Cette œuvre eût désigné Kapitotal et les clergés de la tour Panoptic…

Seul pareil éclairage éluciderait la scène, autrement inimaginable, d’une investiture présidentielle dans la cour du Louvre, sous une pyramide où la petite frappe analphabète issue des bas-fonds guiderait Jupiter en sa montée de l’Olympe, au son d’un Hymne à la Joie dont les paroles de Schiller clameraient « Ô Joie, belle étincelle divine, fille de l’Élysée »

Seule cette vision globale eût délivré le sens d’absurdes séquences au cours desquelles un émule de Rothschild, ayant fait son magot grâce à Nestlé, somme les jeunes paumés de se rêver en milliardaires non sans railler « ceux qui ne sont rien », tout en fustigeant le « pognon de dingues » jeté dans les égouts de la sécurité sociale. Une telle œuvre eût fourni l’exégèse d’une suppression de l’impôt sur la fortune et d’un combat sans précédent contre les  privilèges des ouvriers, paysans, employés, artisans, infirmiers, enseignants, fonctionnaires et chômeurs : attentats terroristes requérant une garde rapprochée des plus musclées…

Celle-ci ne devait donc pas être trop inquiétée après la Flash Ball Dance du 1er Mai. Quoi de plus légitime, dans la bouche du barbouze, que « le préfet j’l’emmerde », lors du retour des Bleus sur les Champs-Élysées ?…

Si Baby Mac s’est emparé du Graal des vieilles chevaleries errantes pour la raison que fut anéanti leur héritage littéraire, n’avait-il pas le droit de s’abreuver à la Coupe du Saint-Sang sur le perron de l’Élysée ? Sa peau fut alors si translucide au regard de l’Œil imaginal, qu’il eût vu circuler dans ses veines le sang qui s’écoulait du crâne de ses victimes. Le déconcert de Baby Mac avec la République jusqu’ici ne s’apercevait à presque rien, mais se pressentait en presque tout. Quelque chose, difficile à définir, fermentait…

La messe noire du chevalier blanc vient de le faire déglutir : « Vous me faites rire ! N’avez-vous pas compris que je dirige une révolution ? Les sbires dont je m’entoure ont le devoir de porter un couteau entre les dents ! » …

L’Œil imaginal voit deux gerbes d’hémoglobine tricolore lui sortir en même temps par le globe oculaire gauche et par le globe oculaire droit.

Le 1er août 2018     

 

 

 

Pour faire plus ample connaissance avec l’auteur :

 

 

Eric Brogniet

Jean-Louis Lippert – aède, athlète, anachorète

Avin (B) Éditions Luce Wilkin

212 pages
ISBN 2-88253-233-4
EUR 20.

Présentation de l’éditeur :

Jean-Louis Lippert (né en 1951) serait une figure majeure de la littérature belge de langue française s’il en faisait partie. Refusant les faux-semblants, les stratégies, les discours d’un microcosme littéraire – qui le lui rend bien en ignorant l’apport fécond qui est le sien -, Jean-Louis Lippert tire de son histoire personnelle qui l’a fait naître en Afrique une décennie avant l’indépendance du Congo et l’assassinat de Lumumba une partie de la matière de ses récits, sur laquelle se greffe une critique radicale de la société de consommation et du monde post-moderne. Échappant par cette histoire problématique aux travers de la plupart des écrivains, Lippert, partagé entre deux continents et deux cultures, est comme le symptôme de la problématique belge ; son mérite est de la replacer dans une perspective critique et de ne pas évacuer la douleur du questionnement, fût-ce au prix de la solitude, de l’intransigeance et de la liberté de pensée. Première monographie consacrée à ce romancier belge.

Biographie de l’auteur

Poète et critique littéraire, auteur d’une vingtaine de livres de poésie ainsi que d’un essai sur la poésie arabe contemporaine, Éric Brogniet (1956) est co-directeur de la Maison de la Poésie et de la Langue française de Namur (Belgique)

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Articles de Jean-Louis Lippert publiés dans la revue MARGINALES, depuis 2015 : https://www.marginales.be/jean-louis-lippert/

 

Visiter le site SPHÉRISME.BE qui lui est consacré : http://www.spherisme.be/Spherisme.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

SORTIE D’UN LIVRE D’ALICE BECKER-HO

 

Là, en revanche, on n’est pas à la bourre et on reste chez les ex-situs, puisque Alice Becker-Ho est la veuve de Guy Debord. Mais elle n’est pas que cela, et il n’est pas interdit de penser que le travail qu’elle fait depuis quelques années sur la langue française est plus important que sa participation, et celle de ses ex—compagnons de route, à la Révolution qui recule… qui recule… comme le château de la Belle au Bois Dormant.

Dans un pays dont le président en papier kraft crache sur le génie de son pays pour se vautrer aux pieds de toutes les fausses valeurs qui passent, la très profonde perception qu’a cette femme à moitié allemande et à moitié chinoise de l’essence même (d’aucuns diraient l’âme) de la langue française, dans ce qu’elle a de plus mouvant, de plus dynamique et de plus vivant, est unique.

Car les ballades en jargon dont il est question dans ce livre n’ont jamais été, avant elle, véritablement décryptées par personne, pour l’excellente raison qu’elles étaient, à l’origine, destinées à communiquer des choses qui ne pouvaient ­– qui ne devaient ! – être comprises par personne et surtout pas par les archers du guet et autres sbires au service de l’État ou de l’Église. Il leur fallait par conséquent transmettre à mots couverts des informations dont dépendait souvent la vie ou la mort d’un ou de plusieurs hommes (ou femmes) et changer de forme et de couleur aussi rapidement et imperceptiblement que les dangers l’exigeaient. Langage mouvant, donc, en trompe-l’œil et essentiellement dynamique.

À force de patience, d’intuition et d’une minutie de bénédictin, Alice Becker-Ho réussit à en faire saisir la signification d’oiseau sur le qui-vive, toujours prêt à l’envol.

Archéologie du langage.

 

 

 

Alice Becker-Ho

La Part maudite dans l’œuvre de François Villon

Illustration de couverture : Charles Vincent
Paris, L’Échappée, 2018, 110 p.

14 x 20,5 cm |

14 euros
isbn 9782373090468

 

Présentation de l’éditeur :

Poète et voyou, tel fut François Villon, dont l’œuvre en vers a parfois occulté son appartenance aux Compagnons de la Coquille, une bande de malfaiteurs qui sévissait dans la France du XVe siècle. Des aventures périlleuses qu’il vécut avec eux, il retira un ensemble de ballades écrites en jargon ou en jobelin, l’ancêtre de l’argot. Adressées sous forme codée à ses camarades, ces dernières ont fait l’objet de nombreuses tentatives d’interprétation, souvent fantaisistes. Ce « langage exquis », fait de conseils toujours valables pour les jeunes gens de mauvaise vie, est ici décrypté, mettant en lumière la part maudite du poète.

 

En vente à la :

Librairie Quilombo

ouvert du mardi
au samedi de 13h à 20h
23 rue Voltaire 75011 Paris
quilombo@globenet.org

01 43 71 21 07
fax 09 55 63 23 63

 

 

Grain de sel inutile, mais ça défoule :

Il nous plaît que l’auteur épingle au passage Robert-Louis Stevenson, qui s’est rendu coupable d’une « biographie » de François Villon, où il défend un dogme aussi victorien que prudhommesque : quand on est voleur, on ne peut pas être poète, ergo, Villon n’est pas un poète. Notion qu’il a pour ainsi dire copiée sur un autre biographe, Français, de son temps, heureusement resté anonyme (non, ce n’était ni Bouvard ni Pécuchet). Il y a des gens qui feraient mieux de tourner sept fois leur plume dans l’encrier quand ils ont envie d’écrire des sottises.

 

 

 

 

Avant ce dernier opus, Alice Becker-Ho avait déjà consacré deux livres au jargon :

   

Les princes du jargon

Gérard Lebovici (12 septembre 1990)

Collection : Champ Libre

77 pages

ISBN-10 : 2851842277

ISBN-13 : 978-2851842275

Une étude comparée des argots des classes dangereuses à travers une dizaine de pays d’Europe et d’Amérique met en lumière les influences communes qui, voilà déjà plus de cinq siècles, avaient favorisé leur formation. S’y trouvent ainsi établies l’étymologie et la véritable signification de mots devenus aussi courants qu’arnaque, cave, came, toc, tapin, boudin, micheton, thune, dèche, rousse, poulaille, vache, tabasser, mouton, mais aussi bistrot, flamenco, fado, cocu, racket, tchao, mafia, chicane, pagaille, rôdeur ou camarade…

Édition actuelle :

Poche : 160 pages

Folio (2 février 1995)

Collection  : Folio-Essais

Langue : Anglais, Français

ISBN-10 : 2070328481

ISBN-13 : 978-2070328482

Dimensions : 17,8 x 10,8 x 1 cm

 

 

L’essence du jargon

132 pages

Gallimard (3 juin 1994)

Collection : Hors série

ISBN-10 : 2070738930

ISBN-13 : 978-2070738939

Dimensions : 20,5 x 14,1 x 1,2 cm

 

« Les Princes du Jargon ont paru d’abord en septembre 1990. Cette étude a fait date tout de suite, parce qu’elle mettait en lumière un point décisif que personne n’avait su voir jusqu’ici : l’apport des Gitans, depuis leur venue dans l’Europe du XVe siècle, au langage secret des classes dangereuses organisées, qui se formaient à cette époque. Cette pièce manquante, mais essentielle, apportait enfin tous les éléments pour l’établissement de véritables étymologies argotiques. La langue des Gitans apparaît donc comme une langue mère – équivalent de ce que furent le latin et le grec aux origines du français – avec cette nécessaire particularité, liée aux classes dangereuses, qu’elle était longtemps restée, elle-même, étrangère et impénétrable aux premiers linguistes. Tout langage codé peut être décrypté, du moment qu’on en possède la grille. Il y a presque deux siècles que cette grille est entre les mains de ceux qui sont devenus depuis les tsiganologues, sans qu’ils aient su pour autant en faire usage, faute de connaître les classes dangereuses. [… ] L’Essence du Jargon montrera, à travers l’esprit même des classes dangereuses, comment et pourquoi ce langage spécial se distingue de tous les autres ; pourquoi justement, à partir d’une première découverte, comme celle que j’ai fait apparaître dans Les Princes…, on peut mettre en lumière qu’il a existé plusieurs autres grandes influences presque aussi méconnues ».

Alice Becker-Ho.

 

 

Pendant qu’on y est, on ne va pas se priver de ce que son étude inspire à un amoureux, comme nous, du plus grand poète français.

 

Villon, son art, son temps

Freddy Gomez – À contretemps 29.10.2018

 

« Villon n’a nullement besoin, pour qu’on l’admire, écrivait Francis Carco dans Nostalgie de Paris, d’être déguisé en mauvais garçon : il en fut un. […] Pour peser le bien et le mal de cette existence, pour que la somme du bien l’emporte sur le mal, de quelles balances – ajoutait-il – pourrions-nous faire usage sans les fausser ? » Ce jugement, Alice Becker-Ho le fait sien dans l’épilogue de sa Part maudite dans l’œuvre de François Villon, en notant au passage qu’on lui aura tout reproché, surtout la gent spécialiste, celle qui, du bout de la plume et en se bouchant le nez, n’a d’autre fonction que de disqualifier la parole insoumise. Car si « le fait que Villon ait été socialement un voleur et un assassin n’enlève – ni n’ajoute rien – à l’authenticité et à la réussite de son lyrisme », comme le pointa justement Guy Debord [1], il fallut attendre quelques siècles pour qu’Auguste Longnon, en 1877, et surtout, dans la foulée et avec une belle constance, Marcel Schwob [2], esprit libre et érudit, réhabilitent, dans son art et son temps, l’œuvre inégalée du voyou lyrique François Villon.

Alice Becker-Ho – « poète, essayiste et traductrice », comme dit sobrement la quatrième de couverture de ce beau volume – s’applique, de livre en livre [3], à sa manière très singulière, transversale et comparative, à contrarier la cohorte des experts en tout, et d’abord en fourvoiement. Elle avance à visage découvert, citant ses sources et situant toujours, sans le surcharger de savoir cumulatif et inopérant, le champ historico-linguistique qu’elle étudie très méthodiquement. Ce qui frappe, en effet, en la lisant, c’est sans doute ce pari de légèreté, toujours tenu. Chez elle, on va à l’essentiel. Sans surpoids. Sans appareil critique obèse. Sans tours et détours. C’est sa démarche, sa marque aussi. Elle tient du déchiffrage, de l’éclaircissement, du décodage et de la traduction. On ne doute pas qu’elle continuera d’exaspérer, avec son Villon, quelques besogneux de l’expertise. On le lui souhaite en tout cas.

 

 

 

 

Réflexion oiseuse d’une béotienne…

 

Tout le monde considère comme allant de soi que François Villon, étudiant dévoyé, a choisi de devenir un garçon de mauvaise vie par disposition naturelle au vice… Je me suis toujours demandé, personnellement, s’il n’avait pas fait ce choix délibérément, pour simplement rester en vie.

Qui a jamais fait le lien entre le meurtre d’un prêtre – en état de légitime défense ! – et son entrée dans la pègre ?

Maître François est attaqué au couteau par un autre jeune homme, jaloux de la demoiselle qu’il courtise. L’autre est prêtre, il ne devrait pas, mais la nature, etc… L’escholier agressé se défend et le tue (Shakespeare est plein de ce genre d’histoires, et un peu plus tard, Étienne Dolet commettra le même genre de meurtre dans des circonstances identiques).

Tuer un prêtre, au Moyen-Age où la notion de légitime défense n’existe pas, voue avec la plus absolue certitude à la mort. L’escholier meurtrier veut vivre. Il est juriste. Il sait donc qu’il n’existe qu’un seul moyen d’échapper aux lois de l’Église et de l’État : entrer dans la pègre, qui a ses lois à elle. Pour s’en faire protéger, comme pour entrer aujourd’hui dans l’une ou l’autre mafia, il faut donner des gages – qui vous lient sans retour.

François Villon a-til ou n’a-t-il pas engendré la Révolution française en posant ce tout premier acte d’égalité ? Ou si c’est moi qui me fais des illusions ?…

Théroigne

 

 

 

Restons dans la famille d’Alice…

 

EN GUISE DE POST SCRIPTUM

Debord, l’homme qui n’aimait pas les femmes

Causeur  – 14 novembre 2015

 

 

 

Interview de Jean-Marie Apostolidès

Propos recueillis par Daoud Boughezala et Henri Graetz

Jean-Marie Apostolidès enseigne la littérature et le théâtre  à l’Université de Stanford. Il vient de publier Debord. Le naufrageur (Flammarion, 2015).

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EN GUISE DE POST-POST SCRIPTUM

On ne peut que renvoyer le lecteur à Lippert-Atlas :

 

 

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On n’allait pas parler des autres sans parler de lui

 

Car lui aussi sort un  livre. Enfin… a sorti, en mai. Vous êtes juste à temps pour le lire au coin du feu !

 

 

Raoul VANEIGEM

Propos de table – Dialogue entre la vie et le corps

352 pages

Cherche Midi (3 mai 2018)

ISBN-10 : 2749155738

ISBN-13 : 978-2749155739  

Dimensions : 12,1 x 2 x 22,1 cm

 

« Souviens-toi de vivre. »  R. V.

Voici un livre en rupture avec la plupart des idées qui depuis des siècles gouvernent les opinions et les comportements. Issu du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, il pousse plus avant la réflexion sur la subjectivité radicale et sur le renversement de perspective. Comme toute remise en cause, les Propos de table se heurteront au poids des préjugés et à la prétendue réalité qui a modelé nos mœurs, nos conceptions, notre vision du monde. « Vous possédez l’enclume et le marteau des préjugés qui forgent vos chaînes et les miennes. Je n’ai pour les scier qu’une lime à ongles dont seul le va-et-vient sans cesse répété obtiendra de les entailler et de les rompre. »

 

 

 

 

 

Et parce  qu’on n’allait pas non plus s’arrêter en si bon chemin, on vous présente, si vous ne le connaissez pas encore, un auteur non pas belge mais français, qui est même aussi un cinéaste, et qui sort, le 6 décembre – juste à temps pour les fêtes sinon pour les prix dits littéraires… – le deuxième tome d’un livre qui lui tenait particulièrement à cœur et qu’il vient d’achever.

 

Jean CHÉRASSE et la Commune de Paris

« LES 72 IMMORTELLES »

 

Jean Chérasse lors de son intervention au colloque « Henri Guillemin et la Commune » le 16 novembre 2016 à Paris Sorbonne.

 

Jean Chérasse est un producteur-réalisateur de cinéma et un auteur, qui anime, depuis bientôt douze ans, sur Médiapart, le blog « Vingtras ».

Dans un billet posté pour le 10e anniversaire de ce blog, il disait :

« En 2009, atteints de la “maladie de Sarko”, nous étions nombreux à nous exprimer comme l’avait fait Guy Debord en 1953* : “Tout programme révolutionnaire devra d’abord s’aligner sur une certaine idée du bonheur opposée aux étouffantes valeurs du présent, garanties par une société de prisons”. Autrement dit, il ne suffit plus de s’indigner, non seulement il ne faut rien lâcher mais il faut se révolter…

Ainsi, ai-je décidé de consacrer les dernières années qui me restent à vivre, à faire table rase de la politique politicienne et du militantisme obsolète et inutile pour me replonger dans les sources des grandes heures de l’émancipation humaine. »

_________________ 

* Pour en finir avec le confort nihiliste

 

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ET LE TEMPS DES CERISES…

en prime.

 

 

 

 

 

Mais, au moment de fermer, on  reçoit ça :

 

 

Si l’image est illisible :

PÉRIODES

Yvonne Cattier expose au 75 de la rue Louvrex, à 4000 Liège

VERNISSAGE

le 23 novembre 2018, de 18 h à 21 h.

L’exposition, est accessible les 24 et 25 novembre, de 17 h à 20 h.

et du 26 au 30 novembre, sur rendez-vous.

 

Vous avez deux expositions à voir ce mois-ci, à Liège !

 

 

 

 

 

Mis en ligne le 7 novembre 2018

 

 

 

One Responses

  • sémimi

    Amis, si vous ne voulez pas mourir incultes , il est temps de vous abonner d’urgence au portail de dame Theroigne gardienne du temple des Grosses Orchades.

    Moi, Sémimi, j’ai pendant des années ronronné sur les genoux de ma maîtresse adorée dont la devise était « jamais un jour sans lecture ». Toujours un livre dans les mains. Je me vante d’être la chatte la plus savante du monde, je miaule et je ronronne en plusieurs langues. Et pourtant, ni Elle ni moi, n’avions jamais entendu parler, ni vu les merveilles que dame Theroigne nous présente aujourd’hui. Notre reconnaissance est immense. Je retiens pour commencer Alice Becker-Ho. Comment avons-nous pu vivre si longtemps sans connaître le travail de cet auteur sur Villon, ce poète que nous chérissons et dont je peux réciter par cœur toutes les strophes de la Ballade des pendus ?
    Un univers s’ouvre à nous. Merci.

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