« Ils l’ont noyé dans le sang qu’ils avaient tiré pour le perdre »
Lamartine, Histoire des Girondins
Aujourd’hui, 6 mai 2021, Maximilien Robespierre aurait 263 ans
Bon anniversaire, Citoyen !
Ne nous en veuillez pas si, à cette occasion, tout en évoquant des choses et des gens qui vous concernent, nous réglons quelques petits comptes. Quand on est encore vivant (encore, mais si peu !) cela défoule.
Rhode Island, mon cul !
Zazie
Robespierre, par Houdon.
Sur un blog intitulé …
Rodama : a blog of 18th century & Revolutionary French trivia
… un citoyen zunien a relevé ce portrait de Robespierre sculpté par Houdon que nous avions publié en 2013, avec nos vœux de (bon) 255e anniversaire, se demandant où diantre nous l’avions trouvé.
À la suite de quoi il a fait une petite enquête. Chez des experts. D’où il ressort que le sculpteur Houdon a « probablement pris un masque de Robespierre », mais qu’il n’a jamais (au grand jamais !) réalisé une sculpture de son modèle.
Sur un catalogue du Musée d’Art de l’École de Dessin de Rhode Island (RISD) qu’on peut trouver dans Google Books, il y a, dit-il, un exemplaire de ce buste, la légende expliquant qu’il existe très peu d’informations sur cette œuvre (vous m’étonnez, René) mais qu’à la fin du XIXe siècle, le sujet a été généralement mal identifié comme étant Robespierre.
Mal identifié par qui ? Sur quelles preuves ? Chhht ! Ne contredisez pas les experts.
“The consensus among the experts is that, although Houdon probably created a life mask of Robespierre, he never actually went on to make a sculpture. So what is going on ?
Illumination is provided by a 1991 catalogue for the Museum of Art, Rhode Island School of Design (RISD) available on Google Books. S40 is an example of the same bust by Houdon. The entry explains that there is little information available but in the late 19th century the subject was commonly misidentified as Robespierre. The statue now in Rhode Island came originally from a Belgian collection and is signed and dated 1774. The material is plaster tinted to resemble fired clay, and small metal pins throughout the surface suggest that it was the original cast used for modelling finished versions.”
Ah, les experts !
Et de décider que le buste en question ne peut être que celui de Nicolas Joseph Laurent Gilbert (mort neuf ans avant la Révolution, mais, bien sûr, Houdon était déjà vivant. Et, bien sûr, ce très célèbre sculpteur passait son temps à prendre des masques de personnages en vue archi-occupés pour n’en rien faire.).
Bref, après une recherche que vous pouvez consulter au bout du lien ci-dessus, notre valeureux blogueur US de conclure :
Comparison with engraving of Laurent published in Wikipedia
“It looks like him” ?
Eh bien, non, it ne looks pas like him du tout : pas les mêmes sourcils, pas les mêmes yeux, pas la même bouche et les cheveux (si ce sont les siens) plantés en pointe sur le front, alors que Robespierre (ce sont les siens) non.
Et, quoique nous ne soyons pas experts (mais demandez au Pr. Canfora ce qu’il en pense…), nous allons quand même répondre aux questions que ce M. Rodama se pose.
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/rhode-island-mon-cul-zazie/
Nous avons une sorte de thèse là-dessus :
La célébration du premier Centenaire de la Révolution n’avait pas du tout ressemblé à celle du Bicentenaire. Dans sa foulée, on assistait en France à un très vif renouveau d’intérêt pour les histoire de peuples qui s’occupent de leurs affaires.
Victor Hugo était mort en 1885 et ses funérailles avaient été les plus extraordinaires qu’on eût jamais vues. Avant de mourir, il avait affirmé des choses de mauvais aloi comme « Nous sommes Quatre-Vingt Treize ! ».
En 1892 (avec Le Culte de la Raison et de l’Être suprême) Albert Mathiez avait commencé la longue marche qui allait rendre à l’Incorruptible sa place et aboutir à la fondation de la Société des Études Robespierristes. Il n’a fallu rien de moins que la « guerre 14 » pour donner un coup d’arrêt à cette mise en branle du peuple français vers la réappropriation de son histoire. Car cette guerre eut beaucoup de buts différents bien que tous concourussent à la même chose…
Cependant, le couvercle-éteignoir n’est pas partout comme en France retombé sur la fosse commune des Errancis dans l’espoir que la chaux vive arrangerait tout. Il reste même encore, en Russie, des hommes que leurs parents ont prénommé Marat. Celui-ci par exemple :
Marat Safin est un champion international de tennis qui a remporté deux fois le tournoi du Grand Chelem en simple, quinze titres en simple sur le circuit ATP, l’US open en 2000, l’Open d’Australie en 2005, et qui, aujourd’hui, à 41 ans, siège à la Douma, dans les rangs de Russie Unie, député par la région de Nijni Novgorod.
Et si vous croyez qu’il n’y en a pas en Chine, des Marat et des Maximilien, vous vous trompez bien.
Et pas que…
« Le Premier ministre Narendra Modi a adressé, dans un tweet, ses félicitations à M. Staline »
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/nous-avons-une-sorte-de-these/
Pour parler d’autre chose…
… c’est-à-dire d’elle et de vous
Savez-vous, citoyen, qu’il existe un site, sur Internet, consacré à votre promise ?
Non, bien sûr, pas en France. En Russie.
C’est là :
Дневник EleonoreD — @дневники: асоциальная сеть
Essayez ici :
ou ici :
https://diary.ru/~Duplay/p217629853_interesnaya-statya-o-robespere-advokate.htm
Mais les fantômes peuvent-ils cliquer sur des liens ? Et peut-on le savoir tant qu’on n’en est pas un soi-même ?
Miss Ninette, la mascotte du site Eleonore D.
C’est là qu’on a découvert cette copie russe de votre buste par Houdon :
Et cette copie d’un pastel de votre Éléonore par elle-même :
C’est qu’il y en eut, à la fin de votre siècle, des femmes peintres !
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/pour-parler-dautre-chose/
La Pologne et vous
Savez-vous que vous avez hanté, en Pologne, dans les 35 premières années du siècle XXe, une jeune fille qui avait été frappée enfant par la Révolution comme par la foudre ?
Il se fait qu’elle avait seize ans quand la grande Révolution suivante s’est produite aux portes de son pays, et qu’elle a grandi en essayant de digérer les deux ensemble.
L’idéalisation du passé s’est inexorablement amalgamée aux réalités de son présent. Elle a tenté de toutes ses forces de les faire cohabiter, de leur trouver une logique commune, et pendant toute sa période créatrice, elle a vécu en contact étroit avec vous ou avec ce qu’elle a cru être vous. Elle a écrit trois pièces sur la Révolution. Dont la plus aboutie a été volée et détournée par d’autres. Elle a eu toutes les malchances, et le fait d’être aussi totalement ignorée en France n’est pas la moindre.
C’est pourquoi nous profitons du jour de votre anniversaire pour la sortir – un tout petit peu – du purgatoire où elle se trouve depuis qu’elle a échappé à l’enfer de sa vie.
Pendant qu’on y est, on va rappeler – à quoi bon lésiner – un autre écrivain polonais et révolutionnaire. Stanislawa et lui ne se sont jamais croisés, parce que, à l’époque où il était le plus actif au-dehors, elle était en train de mourir au-dedans de sa prison volontaire.
Histoire si méconnue d’Europe…
Stanislawa Przybyszewska
Aniela Pajak : Autoportrait avec sa fille Stanislawa
« Je sais que tu as beaucoup souffert à cause de moi », écrivait l’homme de lettres polonais Stanislaw Przybyszewski à l’artiste peintre Aniela Pajak, mère de leur fille naturelle, Stanislawa. « Mais, pense un peu […] je suis apparu et je t’ai donné un enfant. N’est-ce pas un coup de chance d’être une mère et de savoir que le père de ton enfant n’est pas juste n’importe qui – mais moi ? »
Stanisław Przybyszewski était un célèbre dramaturge, poète et essayiste polonais. Il a joué un rôle majeur dans la vie culturelle polonaise assumant le multiple rôle de penseur, de provocateur et de briseur de tabous au début du XXe siècle, qui a même flirté d’assez près avec le satanisme
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Stanislawa et la Révolution
Les œuvres en polonais de Stanislawa, nous l’avons dit, se trouvent dans les archives de l’Académie polonaise des sciences à Poznań.
On ne trouve (trouvait ?) en français qu’une traduction de L’affaire Danton, publiée en 1982 par Vladimir Dimitrijevic :
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Et si on vous faisait, chers lecteurs, découvrir DEUX écrivains polonais au lieu d’une seule ? En même temps qu’on les découvre nous-mêmes…
Je brûle Paris de Bruno Jasienski, chef d’œuvre de littérature bolchévique, recension d’un roman antifasciste de pointe
Benjamin – JRCF – 25.4.2021
Via L.G.S.
« Paris avait craqué le long de la couture de la Seine, cousue naguère par le fil blanc des ponts ».
Qui se souvient, ou a même entendu parler, de l’organe de l’Union internationale des écrivains révolutionnaires (UIER) ? De son magazine Littérature de la révolution mondiale ? De Bruno Jasienski, son rédacteur en chef ? Cette publication fut pourtant éditée en langues allemande, russe, anglaise, française et chinoise, et six numéros paraîtront au cours de la seule année 1931 [1]. Pour donner un aperçu de cette revue de haute tenue, Louis Aragon, Lev Ovalov, Henri Barbusse (membre fondateur de l’UIER), Michael Gold, Léopold Averbakh (auteur d’un texte lapidaire et génial sur Trotski [2]) et Paul Vaillant-Couturier y contribuèrent, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux.
Illustres méconnus, ces brillants auteurs ne sont plus lus que par des communistes réfractaires et acharnés à retrouver leur mémoire volée. Bien évidemment, ces grands noms du réalisme socialiste sont absolument évincés du système d’édition actuel, et soustraits au grand public. Somme toute, cela est parfaitement naturel, et on n’en attend pas moins de nos boursicoteurs du papier : spéculer sur des livres médiocres, voilà qui est bien, renvoyer à l’oubli les œuvres de leurs ennemis vaincus, voilà qui est mieux.
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Ceux qui ne laissent pas transir la vérité au fond de son puits
La vérité sortant de son puits armée d’un martinet pour châtier les menteurs
Jean-Léon Gérome, 1896
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Pour terminer en beauté cette mémorable journée :
Conférence Henri Guillemin sur Robespierre
Peu de gens le savent, mais Henri Guillemin a, pendant de nombreuses années, donné des conférences en Belgique francophone. Et, surtout, il était un hôte habitué de la Radio-Télévision belge.
C’est là qu’après une série de conférences télévisées sur Napoléon Tel Quel [dont vous trouverez en totalité une version audio dans notre post « Niouzes » d’aujourd’hui] il en a donné une autre, restée très célèbre, sur Robespierre.
Déjà le Napoléon avait fait grincer beaucoup de dents chez ceux qu’il appelait « les gens de biens », mais le Robespierre, lui, ne passa pas. Malgré un énorme succès public (ou peut-être à cause de) M. Guillemin fut prié d’aller exercer ses talents ailleurs.
Il y a quelques années d’ici, au moment de sa fondation, un des membres de l’Association « Les amis d’Henri Guillemin » a demandé à la RTBF communication des vidéos de cette série historique. Les palabres (par lettres et par téléphone) ont duré un an, au bout de quoi il s’est avéré qu’on ne se souvenait plus de ça du tout, c’était si vieux ; qu’on ne savait plus où ça se trouvait ; que ça s’était peut-être égaré ou que ça n’existait plus, au choix. Nous pensons, nous, que les vidéos ont été, aussitôt après le divorce, plongées dans un bain d’acide, pour le cas où il eût pris à leur ancienne vedette la fantaisie d’en réclamer une copie.
Mis en ligne le 6 mai 2021
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