Nous avons une sorte de thèse là-dessus :

 

 

La célébration du premier Centenaire de la Révolution n’avait pas du tout ressemblé à celle du Bicentenaire. Dans sa foulée, on assistait en France à un très vif renouveau d’intérêt pour les histoire de peuples qui s’occupent de leurs affaires.

Victor Hugo était mort en 1885 et ses funérailles avaient été les plus extraordinaires qu’on eût jamais vues. Avant de mourir, il avait affirmé des choses de mauvais aloi comme « Nous sommes Quatre-Vingt Treize ! ».

En 1892 (avec Le Culte de la Raison et de l’Être suprême) Albert Mathiez avait commencé la longue marche qui allait rendre à l’Incorruptible sa place et aboutir à la fondation de la Société des Études Robespierristes. Il n’a fallu rien de moins que la « guerre 14 » pour donner un coup d’arrêt à cette mise en branle du peuple français vers la réappropriation de son histoire. Car cette guerre eut beaucoup de buts différents bien que tous  concourussent à la même chose…

Cependant, le couvercle-éteignoir n’est pas partout comme en France retombé sur la fosse commune des Errancis dans l’espoir que la chaux vive arrangerait tout. Il reste même encore, en Russie, des hommes que leurs parents ont prénommé Marat. Celui-ci par exemple :

 

 

 

 

 

Marat Safin est un champion international de tennis qui a remporté deux fois le tournoi du Grand Chelem en simple, quinze titres en simple sur le circuit ATP, l’US open en 2000, l’Open d’Australie en 2005, et qui, aujourd’hui, à 41 ans, siège à la Douma, dans les rangs de Russie Unie, député par la région de Nijni Novgorod.

Et si vous croyez qu’il n’y en a pas en Chine, des Marat et des Maximilien, vous vous trompez bien.

 

Et pas que…

 

« Le Premier ministre Narendra Modi a adressé, dans un tweet, ses félicitations à M. Staline »

 

https://fr.sputniknews.com/international/202105031045550776-staline-va-preter-serment-en-tant-que-nouveau-chef-dun-etat-indien/

 

 

 

 

La route, longue et ardue, que vous avez tracée, et les deux courants parallèles des révolutionnaires qui la suivent

 

De votre vivant, vous ne saviez pas, citoyen, tout ce que nous savons aujourd’hui de la trajectoire des hommes, par-dessus celle des rois et des chefs de guerre. C’est qu’après votre mort, les jeunes gens qui n’avaient pas été liquidés par les Thermidoriens ou dévoyés par l’Empire – interdits d’action et d’expression sur les sujets d’actualité, et une fois retombée la vague factice du romantisme – s’étaient lancés à corps perdu dans l’étude de l’histoire des peuples, celle des « gens du commun », et vous le savez, vous, que si les merdias d’aujourd’hui et les alignés d’hier n’en font pas grand cas, ils représentent la contribution inégalée de l’Europe à l’avancement de l’espèce (ne nous laissons pas intimider par les mots !). Vous le savez qu’indépendamment de leurs gouvernements respectifs, ils ont œuvré de concert, de la façon la plus désintéressée du monde. Le genre humain, quoi qu’il vaille et quoi qu’il soit devenu, leur doit la plus fière des chandelles.

 

Ne vous pressez pas pour dire merci, Messieurs et Dames d’aujourd’hui et autres genres ou sexes y compris les robots, à…

(par ordre alphabétique au gré de notre mémoire qui flanche et ils sont loin d’y être tous) :

 

Johan Bachoffen

Mikhaïl Bakhtine

Georges Bidault de l’Isle

Bloch (Marc) et Bloch (Raymond)

Maurice Bologne,

Jacques Brosse,

Gordon Childe

Franz Cumont

Stefan Czarnowski

Léo Desaivre

Christiane Desroche-Noblecourt

Marcel Detienne

Jan De Vries

Henri Dontenville, et même

Georges Dumézil,

Berciu Dumitru

Paul-Marie Duval

Françoise d’Eaubonne

Sir Arthur Evans,

Sir James George Frazer et son pionnier Rameau d’or

Claude Gaignebet, notre contemporain, à qui nous devons tant,

Marija Gimbutas

Pierre-Louis Ginguené, bien sûr …

Carlo Ginzburg

Eugène Goblet d’Alviella

Et par-dessus tout et tous :

Robert Graves

Albert Grenier

Albert Grisart

Jane Ellen Harrison, scandaleusement jamais traduite en français !

Henri Hubert

Alain Hus

E.O. James

Werner Keller

Samuel Kramer

Alexander Haggerty Krappe

Pierre Lambrechts

Georges Laport

Philippe Le Bas fils

Abel Lefranc, l’aussi incontournable que Mathiez

Mélanie Lipinska

Alfred Métraux

René Meurant

Albert Meyrac

Margaret Murray, aussi, bien sûr.

Cécile O’Rahilly

Massimo Pallottino

John Jay Parry

L’abbé Pluche, qui les a tous précédés avec son Histoire poétique du ciel,

Jean Perrot

Stuart Piggott

T.G.E. Powell, et ce pauvre M.

Salomon Reinach, qui ne voulait pas croire que nos ancêtres se fussent jamais livrés à des sacrifices humains, imaginant envers et contre tout d’improbables « métaphores »…

Paul de Saint Hilaire, quoi que les cuistres en pensent

Paul Sébillot

Gérard de Sède

William Smith

Miklòs Szabó

Stith Thompson

Arnold Van Gennep

Alessandro Vitale-Brovarone

Rodolphe de Warsage

Tadeusz Zielenski et

Vladimir Zivancevic, sans oublier

Sir Walter Scott, qui envoyait ses amis touristes recueillir les « légendes » ardennaises des bouches paysannes d’ici.

 

Oui, ils sont très loin d’être tous là, ceux qui, au XIXe s., ont échappé à l’œil conscripteur de « l’empereur » et, au XXe, traversé deux guerres, sans abandonner leur idéal et sans que leur curiosité fléchisse.

 

Ils sont « l’autre bras » de votre Révolution, ou « l’autre jambe », comme on voudra.

 

Bien entendu, de là où vous êtes chez les fantômes – où on voit tout, en avant et en arrière – vous connaissez aussi ceux qui ont fait ou tenté de faire, physiquement, un morceau de la route longue et ardue que vous avez tracée, celle qui mène à la sortie d’infantilisme et à la responsable maturité de tous, individuellement et en bloc : les Zapata, les Krupskaïa, Lénine, Staline, Mao, Jiang Qing, Castro – Fidel et Raùl, Guevara, Ho Chi Minh, Ortega, Chavez, Maduro, Carmichel, Bouhired, Davis, Sankara, Lumumba, Nasser, Boulaïd et Boudiaf, Ben Bella, Mandela, Fanon, Newton, Seale, Devlin, Sands, Kenyatta, Neyrere, Milosevic, Vergès (dans le désordre et ils sont loin d’y être tous eux aussi)… sans oublier Georges Ibrahim Abdallah, Carlos, plus, juste hier, Souleimani, Magufuli, Nkurunziza, et, depuis 73 ans, tous les Palestiniens, grands, petits, jeunes et vieux.

 

Tous ont avancé, ne fût-ce que de quelques mètres, sur ce qui pourrait bien se compter en siècles, en millénaires, voire en années-lumière au train où nous allons.

 

Il y a même eu, vous le savez aussi, avant vous, un Jean-Jacques Brochard qui fut le Julian Assange français du XVIIe siècle et qui en mourut – espérons que Julian ne le suivra pas jusque là.

 

On se les repasse en boucle dans la tête pour se faire honte, quand on n’en peut plus et que l’envie d’envoyer tout se faire foutre devient trop forte. Vous comprenez sûrement ce qu’on veut dire.

 

 

 

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6 mai 2021

 

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