Commentaire et réflexions sur les articles de Ramin Mazaheri, principalement le 8e consacré aux GILETS JAUNES)

 

Théroigne – LGOMai-Juin 2019

 

 

 

 

Pourquoi publier trois articles de quelqu’un, si c’est pour les discuter après ? C’est que l’entreprise de Ramin Mazaheri – faire connaître le livre de son ami Dongping Han et les perspectives nouvelles qu’il ouvre – était digne d’attention et qu’il écrit, dans ces articles, un certain nombre de choses qui méritent qu’on s’y arrête tandis que, par ailleurs, il y énonce, de bonne foi, un certain nombre d’autres choses qu’on ne peut pas laisser passer sans s’écrier « attention ! » à moins de les cautionner. C’est donc ce que je vais m’efforcer de faire ici. En ne prenant en compte que ce dernier des 8 articles.

Ramin Mazaheri est jeune, iranien, il habite Paris depuis dix ans et il prend fait et cause pour les Gilets Jaunes. On doit lui en savoir gré. Il regarde les choses françaises (et accessoirement européennes) avec la lorgnette de sa génération et celle de sa formation.

Essayons de nous en tenir à ce qui est le plus important.

 

 

« Occident, Occident, que de conneries on peut dire en ton nom ! »

Je ne sais pas vous, mais moi, je commence à fatiguer d’entendre répéter comme des mantras : « Ouest », « Occident », et « Occidentaux », pour qualifier l’empire anglo-sioniste dont nous, Européens de l’Ouest, sommes une partie des colonies –  récalcitrantes en ce qui nous concerne – alors qu’il y a, en Fédération  de Russie (bloc de l’Est) des parties non négligeables de populations qui voudraient être à notre place, et à Hong Kong (Extrême Orient), des gens qui y sont sans trop paraître en souffrir.

Il y a douze ans, des « Occidentaux », dont nous sommes, ont tout de suite vu dans le discours de Munich de Vladimir Poutine un tournant de l’histoire du monde, alors qu’il y a encore, en Russie même, bien des gens qui n’en veulent rien savoir. Alors, l’« Occident », c’est quoi ? L’Amérique du Nord ? Mais alors aussi l’Amérique du Sud, y compris Cuba… L’Europe occidentale ? Mais encore une fois la Russie, la Pologne, les Pays Baltes, l’Ukraine… Mais l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats du Golfe… Mais le Japon… Mais « Israël », agglomérat local temporaire de Turco-Mongols dévoyés, répandus (et agissants) sur la terre entière…

C’est pourquoi il faut savoir tellement gré au Saker d’avoir frappé au coin l’expression « empire anglo-sioniste », qui dit si clairement ce qu’il veut dire, alors qu’Occident, Ouest et Occidentaux, à force d’être ressassés, finissent par donner de l’urticaire aux plus patients.

C’est sans doute parce qu’il a une vision plus claire et plus précise des choses que Vladimir Poutine vient, dans son discours non moins historique de Saint Petersbourg, de réclamer pour sienne l’Europe occidentale, en la détachant de l’empire par des mots, avant même qu’elle ne le soit dans la réalité. Il ne pouvait pas faire moins, et surtout pas autrement, que ce qu’avait avant lui préconisé Lénine (qui n’a jamais rien fait par caprice), Les observateurs et autres « politologues » se sont-ils ou non rendu compte que Vladimir Vladimirovitch reprenait ainsi la situation exactement là où l’avait laissée, avant 1914, Vladimir Ilitch ? Parce que l’histoire d’un continent, à compter des temps préhistoriques, est un tout qui ne se morcèle pas au gré des intérêts particuliers du genre Attila, Napoléon, George Washington ou autres.

 

 

La « révolution » française de 1789 était bourgeoise…

décrète Ramin Mazaheri, qui nous en fait un paquet-cadeau avec la révolution américaine.  Car ni l’une ni l’autre, n’est-ce pas, n’ont mis le peuple au pouvoir … Certes, et aucune des autres non plus, à l’exclusion remarquable de l’intermède russe lénino-staliniste et de la révolution cubaine.

Ses guillemets, ici, n’avaient pas lieu d’être. Et Victor Hugo ne se trompait pas en faisant d’elle le plus grand événement survenu dans l’histoire de l’humanité depuis la naissance du Christ (on peut ne pas croire à l’existence historique de Jésus et néanmoins comprendre ce que Victor a voulu dire…).

Et « bourgeoises » elles le sont toutes, dans la mesure où ce sont toujours des classes privilégiées qui déclenchent les révolutions, pratiquant dans l’état existant des choses une brèche où il arrive que les peuples parviennent à se faufiler comme la mer dans le premier petit trou d’une digue.

Faut-il en vouloir à Ramin Mazaheri d’être, à propos de la Révolution Française, de ses diverses faces et de ses divers stades, d’une ignorance qu’on pourrait qualifier de crasse ? NON ! D’autant moins que la quasi-totalité des Français pense et dit comme lui, répétant ingénument ce qu’« on » lui serine depuis deux siècles. Les gens qui, en, France, savent de quoi ils parlent quand ils disent « Révolution Française » se comptent sur les doigts de deux mains, sans qu’il soit besoin de se servir de tous les doigts de la deuxième. Notre auteur ferait donc bien d’aller quémander leurs lumières, et je ne plaisante pas, ils le recevraient certainement avec la sympathie qu’il mérite.

Je ne remets pas certaines choses en place par chauvinisme (on est au Pays de Liège ici, pas en France) mais parce que l’ignorance en cette matière est porteuse à coup sûr d’échec assuré, à tous les niveaux, dans tous les domaines.

Que l’on mette sur le même pied les révolutions française et américaine a de quoi faire sauter jusqu’au plafond quiconque a la moindre notion d’histoire de France ou même d’histoire tout court

 

 

« Une révolution qui n’a pas pour but d’améliorer profondément le sort du peuple est un crime remplaçant un autre crime »

 

 

…disait Robespierre, s’élevant contre la volonté des Girondins de doter la France d’une constitution de leur cru, calquée sur celle des États-Unis.

C’est que cette Constitution US avait pour socle un respect absolu de la propriété privée et du droit des individus à entreprendre ce qu’ils estiment utile à s’enrichir sans limites (entre autres particularités restées paroles d’évangile US jusqu’à nos jours).

M. Mazaheri devrait lire la Conspiration pour l’égalité de Philippe Buonarroti, pour comprendre de quoi il a été question au juste et par quelles traverses sont passés les (vrais) amis de l’égalité entre les hommes. Il y est dit notamment :

 

« Avant la chute de la faction girondine, Robespierre croyait que la Convention, dominée par elle, était dans l’impossibilité d’enfanter de bonnes lois ; il pensait d’ailleurs que, dans les circonstances critiques de ce temps-là, le premier devoir des mandataires du peuple devait être d’anéantir les nombreux ennemis qui, au-dedans et au dehors, menaçaient l’existence de la république : mais voyant que les Girondins étaient pressés de consacrer par la législation leurs principes aristocratiques, il opposa à leurs décrets sa Déclaration des droits, dans laquelle son intention populaire paraissait à découvert. » [C’est moi qui souligne, ndT]

[…]

« Constitution de 1793 – Cependant la constitution de 1793, rédigée à la suite de l’insurrection du 31 mai par la partie de la Convention qu’on appelait la Montagne ne répondit pas complètement aux voeux des amis de l’humanité. On regrette d’y trouver les vieilles et désespérantes idées sur le droit de propriété. » […]

« Il n’en est pas moins vrai que le droit de délibérer sur les lois, attribué au peuple, la soumission des mandataires du peuple à ses ordres et la presque unanimité des voix à laquelle la constitution de 1793 fut acceptée, la firent regarder, à juste titre, comme le palladium de la liberté française. »

 

Ce qu’il faut savoir – et que bien peu de gens savent – c’est que pour défendre son « Projet de constitution », Robespierre dut expliquer pourquoi il ne voulait pas d’un clone de la Constitution US, ce qui l’obligea à l’analyser et le poussa à prédire que quiconque se doterait d’une constitution de ce genre devrait fatalement finir comme finissent tous les empires profondément inégalitaires. Ses prédictions se réalisent aujourd’hui avec trop d’implacabilité pour qu’il soit nécessaire d’épiloguer. Il n’y a qu’à y aller voir.

Et voici qui nous amène à :

 

 

« Les Gilets Jaunes veulent une nouvelle constitution »…

… nous apprend Ramin Mazaheri.

Eh bien, ils ont tort !

Pourquoi ?

Parce qu’ils ont la meilleure constitution du monde à ce jour, et qu’ils pourraient en avoir une encore meilleure s’ils prenaient en compte, non celle qui a été effectivement votée (± 18 articles sur 36, les 18 autres ayant été soit modifiés soit écartés), mais celle qui a été proposée par Robespierre : une constitution bonne pour tous les temps et pour tous les lieux. La voilà (ils n’ont aucune excuse s’ils ne la connaissent pas) :

https://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article378#outil_sommaire_2

 

Il ne faut pas oublier cependant que… « Une constitution, disait Lénine aux bolcheviks qui en réclamaient une, ne sert à rien si on n’a pas les moyens de la mettre en œuvre. » Par quoi il rejoignait le sentiment de Robespierre.

Et c’est bien là que le bât blesse. Les Gilets Jaunes ont la meilleure constitution du monde, mais ce ne sont pas seulement les moyens qui leur manquent pour la mettre en œuvre, c’est la volonté de le faire. La détermination. Au point qu’on peut même se demander si ces éternels palabres sur une « nouvelle constitution » ne sont pas réellement destinés à masquer la volonté de ne pas agir, ne sont pas destinés à servir d’alibi aux sempiternels atermoiements et temporisations, bref, à une irrépressible lâcheté devant l’action.

 

 

« Les Gilets Jaunes réclament une Révolution Culturelle »…

dit encore notre blogueur du Saker. Et de leur donner la Révolution Culturelle chinoise en exemple.

Certes.

De quoi ont-ils besoin, d’abord et avant tout, pour s’y mettre ?

D’un Mao Tse Toung.

Que celui qui en connaît un le signale à l’enthousiasme des foules.

 

« D’ailleurs sans dirigeant(s) charismatique(s) capable(s) de donner un sens au mouvement, toutes les révoltes sont vouées à l’échec. Les Gilets jaunes français en sont l’amère démonstration. » dit fort justement dans son commentaire à notre Ière Partie notre lectrice Sémimi.

 

 

« Tout le monde n’est pas fermier dans un village, mais l’exclusion des valeurs villageoises est, à l‘évidence, la raison pour laquelle les ronds-points sont bloqués depuis cinq mois et demi »…

M. Mazaheri vit en France depuis dix ans. Il ne voit, de la France, que ce qu’il a sous le nez, et cherche un remède aux symptômes (comme avant lui Curzio Malaparte et Louis-Ferdinand Céline, pour ne citer qu’eux) au lieu de remonter aux racines du mal, ainsi que le recommandait si instamment mon camarade Oscar Wilde (dans L’âme de l’homme sous le socialisme).

Par exemple, notre bouillant supporter des Gilets Jaunes ne sait pas que la France est, depuis des siècles, partagée en deux parties à peu près égales – antagoniques ! –, le pouvoir y passant, au gré de leurs affrontements, de l’une à l’autre (toujours brièvement pour la partie populaire).

Mais quand il dit que « Cette série d’articles se sert de la Révolution Culturelle chinoise pour illustrer le fait que la France et l’Occident ont cinquante ans de retard sur la Chine », il est si loin de compte que son erreur ne peut qu’être à lui-même et à tous dommageable : non, la France n’a pas 50 ans de retard sur la Chine. C’est la Chine qui avait (et qui a toujours) 200 ans de retard sur la France.

 

 

Il faut savoir de quoi on parle.

Lénine (encore et toujours lui) disait que la Révolution Française était exemplaire. Il avait raison. Elle l’était en tout, en bien comme en mal, dans la mesure où rien ne se peut rencontrer dans aucune révolution ultérieure, qui ne se soit produit dans la Révolution Française. Il avait raison, et la Révolution Russe l’a prouvé, en devenant à son tour exemplaire.

Mao Tse Toung ne l’ignorait pas. C’est pourquoi, se fondant sur les expériences heureuses et malheureuses de ces deux exemples, il a entrepris de débarrasser ses compatriotes, par une seule opération extrêmement dangereuse, de plusieurs millénaires de respect profondément intériorisé pour la classe intellectuelle, ce respect étant devenu, au stade où en était alors la Chine, un handicap mortel, après avoir été si longtemps à la fois une contrainte et la colonne vertébrale qui avait garanti la permanence de la civilisation chinoise plus encore que celle de l’empire. L’opération – brutale – était risquée, et a dû entraîner plus de dégâts que ne le pense M. Mazaheri. Mais qui sommes-nous pour dire que le jeu ne valait pas la chandelle ?

 

[En mai-juin 1968, en France où le Petit Livre Rouge était si furieusement à la mode, n’a-t-on pas vu les Sorbonnards, Sorbonnagres, Sorbonnicoles se faire vitupérer aux cris de « mandarins » ?]

 

La Révolution Culturelle a bien eu, quoi qu’on en dise, des précédents ailleurs : L’An II en France, la tentative (pour la première fois dans l’histoire humaine) de supprimer la peine de mort, l’abolition de l’esclavage, d’où l’émancipation des Africains de Saint-Domingue (« Périssent les colonies ! ») et l’arrivée au pouvoir, à la pointe du sabre, de Toussaint Louverture. Il y a eu la création des kolkhozes en Russie, dans des conditions de brutalité qui n’ont sans doute pas été dépassées par la Révolution Culturelle en Chine. Et ne parlons pas de Cuba, il nous faudrait un livre.

 

 

« Il faut des années à un véritable processus historique pour atteindre son point culminant » 

Oh oui ! Et c’est si vrai qu’il y faut même des siècles. Seulement, comme  l’auteur semble l’avoir lui-même compris, il y a, dans ces processus, des flux et des reflux. Toujours. Partout. C’est pourquoi les Révolutions (française et russe, mais aussi chinoise) ne doivent pas être jugées d’après leur état de reflux actuel.

Les habitués de ce blog peuvent sauter ce qui va suivre, parce qu’ils l’ont déjà vu deux fois (mes excuses à eux), mais j’en recommande fortement la lecture à M. Mazaheri :

 

 

Un État qui fut libre d’abord, comme la Grèce avant Philippe de Macédoine, qui perd ensuite sa liberté, comme la Grèce la perdit sous ce prince, fera de vains efforts pour la reconquérir ; le principe n’est plus ; la lui rendît-on même comme la politique romaine la rendit aux Grecs, l’offrit à Cappadoce pour affaiblir Mithridate, et comme la politique de Sylla la voulut rendre à Rome elle-même, c’est inutilement ; les âmes ont perdu leur moëlle, si je puis ainsi parler, et ne sont plus assez vigoureuses pour se nourrir de liberté ; elles en aiment encore le nom, la souhaitent comme l’aisance et l’impunité, et n’en connaissent plus la vertu.

Au contraire, un peuple esclave qui sort soudain de la tyrannie n’y rentre point de longtemps ; parce que la liberté a trouvé des âmes neuves, incultes, violentes, qu’elle les élève par des maximes qu’elles n’ont jamais senties, qui les transportent, et qui, quand on en a perdu l’aiguillon, laissent le cœur lâche, orgueilleux, indifférent, au lieu que l’esclavage le rendait seulement timide.

Saint-Just, De la nature de la Constitution  française

 

 

C’est lui aussi qui a dit :

 

Osez et votre révolution est faite !

 

Mais, depuis 225 ans cette semaine qu’il est mort, personne ne sait comment suivre ce conseil, donnant ainsi raison à la citation qui précède.

Le peuple des campagnes de Chine qui a fait la Révolution Culturelle est ce que Saint-Juist appelait « peuple esclave [dans ce cas de ses habitudes millénaires] qui sort soudain de la tyrannie n’y rentre point de longtemps ; parce que la liberté a trouvé des âmes neuves, incultes, violentes ».

 

 

Reflux…

Le Thermidor soviétique, on sait ce que c’est : la mort de Staline et le XXe Congrès. Et après, la pente savonneuse jusqu’à Gorbatchev.

Mais ce qui est arrivé aux Français puis aux Russes pend au nez des Chinois et des Iraniens qui nous sont proposés en exemple. Que dis-je « pend au nez » ! Tout prouve que cela leur est déjà bel et bien arrivé :

L’arrestation, quelque jours seulement après la mort de son époux, de Jiang Qing, son procès, sa condamnation et sa mort, ce n’était pas une contre-révolution ? Les réformes, ensuite, de Deng Xiao Ping n’ont pas été une poursuite de la contre-révolution au même titre que le XXe Congrès du PCUS ?

 

 

Jiang Qing, Mme Mao Tse Toung, à son procès

 

 

Il en va de même en Iran, avec la faction Rouhani succédant, même si ce fut par la voie des urnes, à Mahmoud Ahmadinejad. Et si ce ne fut pas une contre-révolution en bonne et due forme, ce fut à tout le moins une contre-présidence éclairée. Comme ne permet pas d’en douter le tout récent article de Valentin Vasilescu.

Que les mollahs soient à l’origine de ce retour en arrière ou qu’ils aient eu à le subir, comment le savoir d’où nous sommes ? Mais M. Mazaheri, en tout cas, se trompe quand il parle de « socialisme musulman révolutionnaire », surtout « égalitaire ». Soyons clairs : si les mollahs qui gouvernent son pays depuis 1979 l’ont fait pour le bien du peuple, en réduisant autant qu’ils le pouvaient les inégalités sociales, tant mieux, il faut leur en savoir un gré infini. Mais aucune religion – pas plus l’Islam qu’une autre – ne peut se permettre d’être égalitaire. Toute religion est totalitaire par définition. Si elle ne l’est pas, si elle tolère le moindre électron libre, elle n’est plus qu’une convention sociale, un vêtement vide.

Je n’ignore pas que l’Iran est, par tradition, tolérant à l’égard des autres religions (la communauté juive qui y vit, respectée, depuis Nabuchodonozor est là pour le prouver), mais la République d’Iran ne saurait, sans cesser d’être musulmane, tolérer égalitairement l’athéisme. Je n’ignore pas non plus qu’elle est peut-être au premier rang des nations pour l’émancipation intellectuelle des femmes par la voie des études, mais l’égalitarisme implique une émancipation totale vis-à-vis de leur statut d’éternelles mineures, et celle-là reste à conquérir.

Ce que je dis des religions, Islam inclus, est si indiscutable que quand, au cours de la Révolution Française, une minorité a tenté d’imposer l’athéisme, d’en faire une religion nouvelle, elle s’est mise à pratiquer la même intolérance que les autres à l’égard des croyants.

Je rappelle seulement pour mémoire (et pas seulement à M. Mazaheri) que la devise nationale française « Liberté – Égalité – Fraternité » est de Robespierre et que sa seule force est dans son indivisibilité.

 

 

Pour ce qui est de la France et des Gilets Jaunes…

On regrette, quand on connaît bien les Français, leur propension multiséculaire à cracher sur leurs plus grands hommes et à exalter les pires ordures, de préférence quand elles sont d’importation, travers qui a les dimensions d’un caractère national. Napoléon Bonaparte aux Invalides serait objet de scandale n’importe où ailleurs que dans l’Hexagone… On a récemment vu sur ce blog ce que pensait Dario Fo, prix Nobel de littérature, de l’ignorant dédain des Français pour le plus grand de tous leurs écrivains… L’admiration béate et stupide pour ce que l’étranger – surtout anglo-saxon – a de pire, fait rage dans ce grand et malheureux pays depuis plus de deux siècles et l’actuel freluquet qui pérore là d’où a gouverné Madame de Pompadour n’en est que la dernière illustration. Ah, si ce pouvait être l’ultime !…

En fin de compte, Ramin Mazaheri se demande quelles chances ont les Gilets Jaunes d’arriver à quelque chose (de préférence une Révolution Culturelle à la Chinoise) et il conclut tristement qu’il y croit peu. Il devrait dire pas du tout. Ce n’est pas du mépris que de le constater. Mais cette impuissance, puisqu’il faut appeler les choses par leur nom, n’est pas, comme il le croit, due à la nature bourgeoise de la Révolution à laquelle il met des guillemets. Celle-là n’a pas été que bourgeoise et, surtout, elle a été vaincue. Non seulement par ce que Philippe Buonarroti appelait « le parti de l’égoïsme », mais par une coalition d’États jamais vue jusque-là et par un blocus meurtrier dont Cuba connaît aujourd’hui une resucée (il y a eu un moment où la France révolutionnaire, attaquée simultanément à toutes ses frontières et subvertie de l’intérieur, ne pouvait plus compter que sur la Suisse et les États-Unis pour lui VENDRE de quoi ne pas mourir de faim, à condition que les convois ne fussent pas attaqués et pillés en route, ce qui arrivait la plupart du temps.) Et il ne faut pas croire que les aïeux plus récents des Gilets Jaunes n’ont jamais rien osé ni rien tenté. Ils l’ont fait, non pas une fois mais plusieurs. Ce qu’« on » s’applique à faire oublier, c’est qu’à chaque fois qu’une partie de la population a relevé la tête et tenté de reprendre les choses où elles s’étaient interrompues, elle a été massacrée, systématiquement. Il ne s’est quasiment passé aucune génération où le peuple français n’ait été saigné à blanc : que ce soit en 1830, en 1848, en 1870 avec la guerre contre l’Allemagne, en 1871 avec la Commune de Paris, en 1914 avec la Grande Guerre impérialiste, où il ne s’est trouvé, hélas, aucun Lénine pour lui dire que cette guerre n’était pas la sienne et qu’il fallait qu’il se batte non contre ses frères d’ailleurs mais contre ses et leurs oppresseurs… Au fait, si, il y a eu Jaurès… on sait ce qui lui est arrivé. La suite, on la connaît : l’invasion nazie aussitôt suivie de l’invasion US… qui dure encore. Les bains de sang ont été remplacés par la lobotomisation-castration, et c’est là une tragédie qui ne concerne pas que la France. Reconnaissons-le, on a vu aussi ceux qui s’étaient battus pour l’égalité sur les barricades de 1848 devenir chercheurs d’or et esclavagistes au Nouveau Mexique, parce qu’hélas, l’espèce humaine est ainsi faite. Se mettre la tête dans le sable pour ne pas voir ne servirait à rien.

Il n’a guère été question de l’aventure napoléonienne, dont M. Mazaheri semble ne rien savoir ou compter pour du beurre. À moins qu’il n’ait pris l’aventurier corse pour la Révolution Française (d’autres avant lui…).

Robespierre se méfiait comme de la peste des « militaires heureux ». Il a sauvé la France de Lafayette. Il n’a pas pu la sauver de Bonaparte parce qu’il était mort. Robespierre, Saint-Just et Marat vivants, jamais les armées françaises n’auraient traversé le Rhin ! Jamais il n’y aurait eu d’aventures coloniales au XIXe siècle ! Il a fallu les tuer d’abord. Après quoi, devenu empereur par la grâce de l’espion anglais qui avait financé son coup d’État (remboursé par le peuple français grâce à la création de la Banque dite de France, voyez Guillemin) il ne restait plus à « l’empereur »  qu’à prélever de force un garçon sur deux dans chaque famille rurale pour aller les noyer dans la Bérézina. Généralement, c’était l’aîné qui se sacrifiait, pour que le petit frère puisse « étudier et devenir quelqu’un ». Lequel petit frère, dans une ferme dévastée (veaux-vaches-cochons-couvées chouravés pour nourrir la Grande Armée et tout le grain bouffé y compris celui des semis) n’avait plus qu’à s’en aller grossir les rangs des esclaves promis aux mines et aux fabriques (voyez Hugo, voyez Chaplin).

L’empire écrasé à Moscou (et non à Waterloo, vive Koutouzov !) a laissé après lui une Europe dont le tissu social avait été disloqué pour toujours (raison pour laquelle la Révolution Russe ne s’est pas étendue jusqu’à l’Atlantique). C’est ce que Curzio Malaparte (pourtant idolâtre du nabot !) a « vu » de façon tellement saisissante, sous la forme d’une mère morte, déjà grouillante de vers, accouchant d’un bébé vivant (Mamma Marcia). Ce bébé vivant expulsé par un cadavre, c’est l’Europe d’aujourd’hui, « envahie » par ses anciens esclaves, dont elle attend (du bout des dents et même en regimbant) le sang neuf dont elle a besoin.

C’est là qu’on doit partager la conviction de Ramin Mazaheri : les Gilets Jaunes – seuls et préemptivement paralysés – ne pourront rien. Il faut en effet que leur mouvement s’étende au reste de l’Europe (et plus loin si possible). Il faut surtout que les nouveaux citoyens français (dont ceux issus de la colonisation) prennent le relais, ramassent les armes tombées des mains de leurs compatriotes dits « de souche » et… commencent par accepter le double poids et la double richesse de leurs deux héritages : celui de leur pays d’origine et celui de leur pays d’aujourd’hui. S’ils ne peuvent faire en eux la synthèse de deux cultures et de deux histoires, rien n’aura lieu. L’effort à consentir est énorme, mais comme eût dit mémé Thatcher : il n’y a pas d’alternative.

 

 

Villes contre campagnes la faute à l’industrialisation sauvage ?

J’ai déjà dit la préoccupation lancinante de Lénine pour l’union du prolétariat des villes et des campagnes. On pourrait croire que Karl Marx, ayant sous les yeux, une Europe livrée à l’industrialisation sauvage, n’a envisagé que le problème des populations urbaines. Sans avoir jamais réussi à lire Le Capital, je suis sûre qu’il n’en est rien. Toutefois, je vais me permettre de rappeler à Ramin Mazaheri (et à combien d’autres ?) quelque petits détails de l’histoire d’Europe.

On sait que la France de la Révolution n’était pas encore très industrialisée mais en passe de le devenir. On peut dire aussi, avec certitude, que, si Robespierre avait vécu, il n’y aurait pas eu en France d’industrialisation sauvage. Mais il est néanmoins certain qu’il aurait dû mettre de l’eau dans son vin et accompagner le mouvement en tentant de le contrôler.

Pourquoi ?

Parce que, quand Ramin Mazaheri déplore « la migration des campagnes vers les villes au siècle dernier », il oublie que cette migration, en Angleterre, avait eu lieu deux siècles et demi plus tôt (exactement entre 1536 à 1541).

Voici comment : Ce que les bourgeois de la Révolution Française ont fait dès 1789 en se jetant sur les biens d’Église pour s’enrichir, le roi Henry VIII d’Angleterre l’avait fait dans son pays 253 ans avant eux en décrétant la dissolution des monastères, des abbayes, des couvents, etc, dans le même but prédateur (et non pour pouvoir répudier sa reine espagnole) : s’emparer de leurs richesses pour financer ses guerres. Sans doute cela s’est-il aussi produit en France, mais la « Dissolution » anglaise, qui est allée jusqu’à la démolition de joyaux architecturaux en grand nombre, a eu pour résultat de jeter du jour au lendemain sur les routes, avec la chemise qu’elles avaient sur le dos, toutes les populations rurales qui, groupées autour de ces établissements ecclésiastiques, en avaient jusque-là vécu. Le résultat fut de faire affluer vers la capitale des foules taillables et corvéables à merci, qui allaient faire de Londres, au XIXe siècle, la plus grande sweatshop du monde.

 

 

Londres – Ludgate Hill, 1872 – Gustave Doré

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Londres – Whitechapel 1872 – Gustav Doré

 

 

Londres – Sous les ponts  – 1872 – Gustave Doré

 

 

Que serait-il arrivé si la France, poursuivant l’idéal des rousseauistes, ne s’était pas industrialisée à son tour ? Elle serait devenue en deux coups de cuillère à pot une colonie anglaise et une inépuisable réserve d’esclaves du Royaume Uni. Les défenseurs du peuple étant morts, il n’y a plus eu de frein à l’industrialisation qui s’est imposée à lui avec la plus grande et la plus désordonnée brutalité.  Et le peuple français est devenu l’esclave de son parti de l’égoïsme, qui a fini très logiquement (depuis 2017 surtout) par le vendre directement, corps et biens, à l’étranger.

[Pour savoir et comprendre comment les classes possédantes françaises ont toujours préféré n’importe quelle domination étrangère à la liberté de leur propre peuple, M. Mazaheri doit lire impérativement Mme Annie Lacroix Riz.]

Ce qui est arrivé dans la France qui rattrapait l’Angleterre, c’est ça :

 

 

« Millions ! millions ! châteaux, liste civile !
Un jour je descendis dans les caves de Lille ;
je vis ce morne enfer.
Des fantômes sont là sous terre dans des chambres,
Blêmes, courbés, ployés ; le rachis tord leurs membres
Dans son poignet de fer.
Sous ces voûtes, on souffre, et l’air semble un toxique ;
[… ] Jamais de feu ; la pluie inonde la lucarne ;
L’œil en ces souterrains où le malheur s’acharne
Sur vous, ô travailleurs,
Près du rouet qui tourne et du fil qu’on dévide,
Voit des larves errer dans la lueur livide
Du soupirail en pleurs.
[…] Caves de Lille ! on meurt sous vos plafonds de pierre ! »

(Victor Hugo – Les Châtiments, IXe poème : Joyeuse Vie).

 

 

Ce dilemme, « je m’industrialise à mort ou je meurs » s’est reposé à Staline, qui a fait accéder l’URSS à l’ère industrielle d’une poigne de fer et quel qu’en fût le prix, sans quoi la Russie aussi bien que les pays environnants seraient aujourd’hui des réserves de ressources précieuses à piller et une plantation d’esclaves à l’infini. On n’est pas près de lui pardonner d’y être parvenu.

 

 

 

Une touche d’humour pour finir ….

 

Ou de la judicieuse utilisation des compétences

Notre ami Mazaheri envisage, sérieusement semble-t-il, d’adapter à la situation d’aujourd’hui en France la recette employée jadis avec succès par les ruraux chinois (qui l’appliquèrent à leurs cadres-se-prenant-pour-des-élites) : les envoyer travailler aux champs ou en tout cas leur faire faire un travail « dur ». Et de rêver tout haut de voir Emmanuel Macron tirer ses huit heures d’usine à la pointeuse au moins une semaine par mois…

Bien qu’il ne faille pas sous-estimer le pouvoir d’égaiement des taciturnes chômeurs pendant leurs trois semaines de fins de mois par le spectacle de JupiterPan, de N’Diaye, de Brizitte, et du bel Alexandre en train de biner les patates (sous le fouet, qui sait, de la contremaîtresse Nadine Morano), on a du mal à croire que ce soit là une solution susceptible de faire vraiment avancer le schmilblick (essentiellement : retarder les fins de mois). Mais on peut toujours rêver… Imaginez qu’Einstein eût, en son temps, été envoyé à la cueillette des cerises avec les saisonniers arabes ou espagnols… Pas de bombe atomique ! Mais quelque chose me dit qu’il s’en fût trouvé un autre pour la faire à sa place…

Plus sérieusement, au nom de l’égalité, si on envoie les mettons, intellectuels (oui, je sais…) aux champs ou à l’usine, on doit aussi pouvoir faire cogiter à leur place les travailleurs de force, y’a pas de raison. Alors, quoi ??? Vous imaginez, en 1949 ou en 1966, Mao s’en allant trimer et confiant la Longue Marche et la Révolution Culturelle aux planteurs de riz ?

Hélas, c’est d’intellects (et de caractères !) de premier ordre qu’ils ont justement besoin,  les Gilets, et ce n’est pas un remake de la loi du talion  qui leur en procurera. Ni, d’ailleurs, des Assemblées Constituantes élues par tirage au sort, n’en déplaise au cher Étienne Chouard et à ses amis : imaginez un tirage au sort de crétins… Z-êtes sûrs que ça ne peut pas arriver ?

Hélas, ce dont ont besoins les Gilets Jaunes (et nous, donc !), c’est de personnalités aussi capables et fiables que charismatiques sorties de leurs propres rangs, ou en tout cas des rangs du peuple. Cela existe-t-il aujourd’hui ? Comme Ramin Mazaheri, je pense que non, sans qu’il y ait le moins du monde de leur faute. Il appartient donc à la nation (à TOUTES ses forces vives) de les secréter, c’est-à-dire de les engendrer, de les élever, de les éduquer ou de les laisser s’éduquer eux-mêmes, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de reprendre le travail d’émancipation sans repasser tout à fait par les temps préhistoriques. Oui, c’est un travail ardu, de très longue haleine. C’est ce qui s’est fait pourtant, partout, sans exception. À Cuba, ils ont eu Fidel, le Che, Camillo, Raùl  et tous leurs frères. En Russie, ils ont eu Lénine et Staline, et combien d’autres rien que chez les Bolcheviks. Mais ils ont eu aussi – en même temps voire contre – Voline, Makhno & C°, aujourd’hui occultés avec les premiers, dont pas un seul n’a été superflu. Tout comme la France a eu, de Marat à Jean Moulin, Robespierre, Saint-Just, Couthon, Jourdan, les deux Lepeletier de Saint-Fargeau, etc. (116 guillotinés d’un coup à Paris), plus tard les Frankel, Melon, Varlin, Delescluze, Pyat, Gambon, Grousset, Courbet, Rigaut, Michel (Louise), fusillés en masse ou envoyés au bagne Si vous ne savez rien de ce qu’ils ont fait, c’est parce qu’ils ont été vaincus et que les vainqueurs savent comment cerveaulaver les foules. Aux Gilets d’au moins ne pas se laisser faire et de reprendre les choses où leurs prédécesseurs les ont laissées. Honneur aux vaincus !

 

 

Une manifestation à Haïti en 2017

 

 

 

 

Commentaires qui ne sont pas les nôtres…

J’ai dit que le Saker’s Blog était parfois aussi intéressant par les commentaires de ses lecteurs que par ses articles. En voici un, que j’ai découvert au bas de cette 8e Partie de Ramin Mazaheri :

 

 

Laika von old Monkshusen on May 23, 2019  ·  at 8:21 pm

Yes, I also like Ramin’s articles, Dr. Maroudas, but apart from the rural/urban divide the West is simply a tyranny run by a robber barons dynasty (at its core a mafia/cult), so it’s rather the robber barons (many of them actually live in rural areas) vs. everyone else.

At least Sahra Wagenknecht says the right things, but even her own (“Die Linke”) party is totally controlled by those fake-left Trotskyite agents of the robber barons (while the fake-right is controlled by National Zionists).

I just read an article at (Canadian) Janelle Velina’s blog about the first cultural revolution, which, although heavily infiltrated, hijacked, and sabotaged by Trotskyites (esp. at first and again post 1953) and attacked (1941), made the other two possible. Nothing has been more demonized (and waged war on) by the robber barons.

https://geopoliticaloutlook.blogspot.com/2019/04/why-is-second-international-defending.html

Why Is the Second International Defending Trotsky?

By Nadezhda Krupskaya

 

 

Au diable l’avarice !

Nous ne pouvons faire moins que vous donner,  de ceci, une version française, en rappelant à ceux qui l’ignorent que Nadezhda Krupskaya, c’est Mme Lénine :

 

 

 

Nadejda Kroupskaïa : Pourquoi la deuxième internationale défend Trotski – 1937

 

[L’article de N. Kroupskaïa a été publié à Paris en 1937, par le Bureau d’éditions de l’Internationale Communiste, dans l’ouvrage intitulé « Le complot contre la Révolution russe. Les enseignements du Procès de Moscou contre le centre terroriste trotskiste-zinoviéviste. »]

Le socialisme ne s’érige pas par des ordres venant d’en haut. L’automatisme bureaucratique est incompatible à son essence : le socialisme vivant et créateur est l’œuvre des masses populaires elles-mêmes, disait Lénine aux premiers jours de notre révolution socialiste d’octobre.

Lire la suite…

Source : http://www.centremlm.be/Nadejda-Kroupskaia-Pourquoi-la-deuxieme-internationale-defend-Trotski-1937

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/pourquoi-la-iie-internationale-defend-trotski/

 

 

 

 

 

 

Juillet 2019

 

 

One Responses

  • Sémimi

    Une mise au point magistrale de Théroigne.
    Une illustration de ce qu’est étymologiquement une « re- volutio » , c’est-à – dire un retour en arrière par rapport à une situation présente insupportable, non pas pour s’y réinstaller, mais afin de trouver l’élan qui rend la société capable de se projeter avec enthousiasme dans le vide d’un futur meilleur. Les Gilets jaunes illustrent la première partie du mouvement « révolutionnaire », celle du refus de l’ordre actuel, mais ils n’ont pas trouvé la force et l’énergie de rêver , puis de construire un nouvel avenir. Les tenants de l’ordre ancien ont trouvé deux moyens de les neutraliser: la brutalité policière et judiciaire d’une part, la marmelade climatique et les enfantillages cuculs de sa nouvelles prêtresse suédoise à nattes, d’autre part.

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