ANNIVERSAIRE – Il y a 80 ans
Les guerres du capitalisme contre les peuples ne datent pas d’aujourd’hui.
Gravure rupestre de Boshulan, Suède – 1550 avJC
Anniversaire
Il y a 80 ans
De l’histoire des crimes de guerre occidentaux :
Le massacre de Dresde
(Février 1945)
Vladislav B. Sotirovic – The Duran – 14.2.2025
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Le raid de Dresde a certainement été l’un des raids aériens les plus destructeurs de la Deuxième Guerre mondiale et de l’histoire mondiale en matière de destruction militaire massive et de crimes de guerre contre l’humanité.
Les trois hommes du carnage
C’est en mai 1945 en Europe et en septembre 1945 au Japon que s’est achevée la Deuxième Guerre mondiale, la plus sanglante et la plus horrible de l’histoire de l’humanité. Cette guerre a entraîné la création de l’ONU en 1945 afin de protéger le monde contre des événements similaires à l’avenir. Il s’agit d’une organisation politique et de sécurité à l’échelle mondiale dont le premier acte juridique a été la Charte des Nations unies, qui a inspiré la définition du génocide de la Convention de Genève de 1948.
Les procès de Nüremberg et de Tokyo ont été organisés comme étant « les dernières batailles » pour la justice, et comme premiers procès mondiaux de criminels de guerre et de meurtriers de masse, y compris des hommes d’État et des hommes politiques de la haute hiérarchie. Et pourtant, 80 ans après cette Deuxième Guerre mondiale, la question morale essentielle attend toujours une réponse satisfaisante : Tous les criminels de guerre de cette Deuxième Guerre mondiale ont-ils été traduits en justice lors des procès de Nüremberg et de Tokyo ? Ou du moins, ceux qui l’ont été n’ont pas échappé à la vie publique après la guerre. Nous ne présenterons ici qu’un seul des cas de cette guerre qui doive être qualifié de génocide, en mêle temps que les personnalités qui en ont été directement responsables : Le massacre de Dresde en 1945.
Le bombardement de Dresde en 1945 est certainement l’un des raids aériens les plus destructeurs de la Deuxième Guerre mondiale et même de l’histoire mondiale en matière de destruction militaire massive et de crimes de guerre contre l’humanité[1]. L’attaque la plus importante et la plus destructrice a été menée dans la nuit du 13 au 14 février par le Bomber Command britannique, attaque au cours de laquelle 805 bombardiers ont pris pour cible la ville de Dresde qui, jusqu’alors, avait été protégée de ce genre de raids, principalement pour deux raisons :
- Dresde était d’une extrême importance culturelle et historique paneuropéenne et un des plus beaux « musées à ciel ouvert » d’Europe, et elle possédait en outre probablement le plus bel héritage architectural baroque au monde[2].
- Elle n’avait aucune importance stratégique, économique ni militaire.
Le principal raid aérien fut suivi de trois raids similaires effectués de jour, mais par la 8e armée de l’air US.
Le commandant en chef suprême des États-Unis, le général cinq étoiles Dwight D. Eisenhower (1890-1969)[3], était soucieux de faire rejoindre, par les forces alliées, l’Armée rouge soviétique qui avançait en Allemagne du Sud. C’est pourquoi Dresde a soudain été perçue comme un point stratégique de première importance en tant que centre de communication, du moins aux yeux d’Eisenhower. Cependant, à l’époque, Dresde était connue pour être une ville surpeuplée, compte tenu en outre de 500.000 réfugiés en provenance d’Allemagne de l’Est. Pour le quartier général du commandement suprême britannique et américain, il était clair que tout bombardement aérien massif de la ville coûterait de nombreuses vies humaines civiles et provoquerait une catastrophe humaine.
Ce n’était pas à la conscience d’Eisenhower de décider de lancer ou non une attaque aérienne massive sur Dresde, car il ne faut pas oublier qu’Eisenhower n’était qu’un commandant militaire (un « stratège » chez les Grecs) et non un homme politique. Incontestablement, la question de Dresde en janvier-février 1945 était de nature politique et humaine et pas seulement de nature militaire. Par conséquent, outre le commandant en chef suprême des forces alliées, le Premier ministre britannique Winston Churchill (1874-1965) et le président des USA Franklin D. Roosevelt (1882-1945) portent eux aussi une responsabilité morale et humaine directe dans le massacre massif de Dresde de 1945.
Ces trois hommes ont toutefois fini par s’accorder sur le fait que les pertes qui seraient inévitablement très élevées à Dresde pourraient néanmoins contribuer à raccourcir la guerre, ce qui, d’un point de vue technique, était vrai. En une nuit et un jour de bombardements, plus de 30.000 bâtiments furent détruits, et le nombre de personnes tuées dans ces bombardements et dans les incendies qu’ils ont déclenchés fait toujours l’objet de controverses entre historiens, les estimations allant jusqu’à 140.000. Il convient de noter que si cette estimation la plus élevée est vraie, cela signifie que le massacre de Dresde en février a tué plus de personnes que celui d’Hiroshima en août de la même année, avec environ 100.000 personnes (soit un tiers de la population totale d’Hiroshima avant le bombardement).
« Harris le Bombardeur » et « Harry l’Atomique »
L’une des personnes directement responsables de la transformation de Dresde en un crématorium au grand air, alors que la ville était bombardée par des bombes inflammables interdites en vue d’une destruction massive (Saddam Hussein a été attaqué en 2003 par l’OTAN sous la prétendue et finalement fausse accusation de posséder exactement ce genre d’armes – ADM) est « Harris le bombardier », soit le commandant des forces aériennes royales britanniques pendant le raid de Dresde. « Bomber Harris » était, en fait, Arthur Travers Harris (1892-1984), chef du Bomber Command britannique en 1942-1945. Né à Cheltenham, il avait rejoint le Royal Flying Corps britannique en 1915, avant de combattre comme soldat en Afrique du Sud-Ouest. Il est devenu commandant du cinquième groupe de 1939 à 1942, date à laquelle il a pris la tête de ce groupe (Bomber Command). Le fait est que c’est précisément Arthur Travers Harris qui a obstinément exigé et défendu les bombardements massifs de l’Allemagne, dans l’idée qu’une telle pratique entraînerait sa destruction (y compris des colonies civiles), ce qui, selon lui, la forcerait finalement à se rendre sans entraîner les forces alliées dans une invasion militaire terrestre à grande échelle. Le point essentiel est que cette stratégie de « Bomber Harry » a reçu le soutien total du Premier ministre britannique Winston Churchill qui, par conséquent, est devenu l’homme politique qui a béni et légitimé les massacres aériens massifs sous la forme juridique du génocide tel qu’il est décrit dans la Charte de l’ONU de l’après-Deuxième Guerre mondiale et dans d’autres documents internationaux sur la protection des droits de l’homme (par exemple, les Conventions de Genève de 1949). Quoi qu’il en soit, en plus de « Bomber Harris », il y a eu « Bomber Harry »–Dwight Eisenhower, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill, qui, de concert, ont transformé le bombardement de cibles sélectionnées telles que les systèmes de transport, les zones industrielles ou les raffineries de pétrole en une destruction aérienne totale de zones urbaines entières, les transformant en crématoriums à ciel ouvert, comme cela s’est produit, pour la première fois dans l’histoire avec Dresde – ville au patrimoine historique rare (aujourd’hui, la Dresde d’avant-guerre figurerait sur la liste de l’UNESCO des sites protégés du patrimoine mondial), mais rasée en une nuit et un jour[4].
Sept ans plus tard (1952), habitants de Dresde continuant à déblayer des décombres.
Cette réussite fut rapidement renouvelée par les forces alliées dans d’autres villes allemandes[5], telles que Würtzburg – cité médiévale très densément peuplée, qui a littéralement explosé dans une tempête de feu en une seule nuit de mars 1945, détruisant 90 % de son espace urbain sans aucune importance stratégique[6]. Cependant, le bombardement « stratégique » d’agglomérations urbaines au cours de la Deuxième Guerre mondiale a atteint son apogée avec la destruction d’Hiroshima et celle de Nagasaki, sur ordre du président (démocrate) américain Harry Truman : « Harry l’atomique » (1884-1972), qui a autorisé le largage de bombes atomiques sur ces deux villes japonaises « afin de mettre fin à la guerre contre le Japon », « sans perte supplémentaire de troupes militaires américaines », « en insistant sur la capitulation inconditionnelle [déjà acquise, NdT] du Japon »[7].
« La dernière bataille pour la justice » et « Les bouchers de Dresde »
Assurément, un des résultats les plus évidents de la Deuxième Guerre mondiale a été « son caractère destructeur sans précédent ». Ce fait a été particulièrement flagrant dans les villes dévastées d’Allemagne et du Japon, où les bombardements aériens massifs, – une des principales innovations de cette guerre – se sont révélés beaucoup plus coûteux en vies humaines et en quantité de bâtiments détruits que ne l’avaient été les bombardements des villes espagnoles pendant la guerre civile »[8]. Pour cette raison et pour d’autres encore, nous pensons que de nombreuses personnalités militaires et civiles de haut niveau, responsables de décisions prises au cours de cette sinistre Deuxième, devraient avoir été traduites en justice lors des procès de Nüremberg et de Tokyo, tout comme le furent Hitler, Eichmann, Pavelić et bien d’autres. Cependant, c’est une vieille vérité que les vainqueurs écrivent l’histoire et réécrivent l’historiographie. Par conséquent, on n’a pas vu Dwight D Eisenhower, Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt (FDR), Harry Truman ou Arthur Travers Harris dans les salles d’audience des procès de Nüremberg et de Tokyo, accusés de crimes contre l’humanité et de génocide comme l’ont été les accusés nazis, dont les responsables du NSDAP, des officiers militaires de haut rang, des industriels, des hommes de loi et des médecins allemands. Quatre-vingts ans après la Deuxième Guerre mondiale, nous lisons et nous faisons apprendre à nos enfants des biographies politiquement blanchies et embellies de ces véritables criminels de guerre qui ont détruit Dresde, Hiroshima et Nagasaki, qui y sont représentés en héros nationaux, en combattants de la liberté et en protecteurs de la démocratie[9]. Par exemple, dans aucune biographie officielle de Winston Churchill, il n’est écrit qu’il est responsable du nettoyage ethnique de civils allemands en 1945, mais on apprend pourtant que le P.M. britannique a clairement promis aux Polonais qu’après la guerre, ils obtiendraient un territoire « nettoyé des Allemands »[10].
Si le procès de Nüremberg, 1945-1949, a été « la dernière bataille » pour la justice[11], il a été bien incomplet. Mieux : deux des plus ardents assassins de Dresde – Churchill et Eisenhower – ont été récompensés après la guerre, le premier, par un second mandat de Premier ministre et le second, par un double mandat de président, dans leurs pays respectifs[12].
____________________
Dr. Vladislav B. Sotirovic
Ancien professeur d’université
Chercheur au Centre d’études géostratégiques
Belgrade, Serbie
sotirovic1967@gmail.com
© Vladislav B. Sotirovic 2025
Avertissement personnel : L’auteur écrit pour cette publication à titre privé et ne représente personne ni aucune organisation, à l’exception de ses opinions personnelles. Rien de ce qui est écrit par l’auteur ne doit être confondu avec les opinions éditoriales ou les positions officielles d’un autre média ou d’une autre institution.
_______________________
Notes :
[1] Sur cette question, voir [L. B. Kennett, A History of Strategic Bombing : From the First Hot-AirBaloons to Hiroshima and Nagasaki, Scribner, 1982].
[2] Sur l’histoire et l’architecture de Dresde, voir [W. Hädecke, Dresden : Eine Geschichte von Glanz, Katastrophe und Aufbruch, Carl Hanser Verlag, München-Vien, 2006 ; J. Vetter (ed.), Beautiful Dresden, Ljubljana : MKT Print, 2007].
[3] Il est né à Denison, au Texas, mais a grandi au Kansas. Il est diplômé de l’Académie militaire de West Point en 1915. Pendant la Grande Guerre, il commande une unité d’entraînement de chars et a eu de nombreuses affectations entre les deux guerres mondiales. En 1942, le général George Marshall l’a choisi pour commander les troupes US en Europe. En qualité de lieutenant-général, D. Eisenhower commande l’opération Torch en novembre 1942, le débarquement allié en Afrique du Nord. En décembre 1943, il est nommé commandant suprême des forces expéditionnaires alliées. C’est à ce titre qu’il devient responsable de la planification et de l’exécution du débarquement du jour J (été 1944) et des campagnes militaires suivantes en Europe de l’Ouest contre les troupes nazies allemandes.
[4] Sur le cas du bombardement de Dresde, voir [P. Addison, J. A. Crang (eds), Firestorm. Addison, J. A. Crang (eds.), Firestorm. The Bombing of Dresden, 1945, Ivan R. Dee, 2006 ; M. D. Bruhl, Firestorm : Allied Airpower and the Destruction of Dresden, New York : Random House, 2006 ; D. Irving, Apocalypse 1945 : The Destruction of Dresden, Focal Point Publications, 2007 ; F. Taylor, Dresden. Tuesday, February 13, 1945, HarpenCollins e-books, 2009 ; Charler River Editors, The Firebombing of Dresden : The History and Legacy of the Allies’ Most Controversial Attack on Germany, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2014].
[5] Sur cette question, voir [J. Friedrich, The Bombing of Germany 1940-1945, New York : Columbia University Press, 2006 ; R. S. Hansen, Fire and Fury : The Allied Bombing of Germany, 1942-1945, New York : Penguin Group/New American Library, 2009].
[6] Sur le cas de Würtzburg, voir [H. Knell, To Destroy a City : Strategic Bombing and its Human Consequences in World War II, Cambridge, MA : Da Capo Press/Pireus Books Group, 2003].
[7] Sur cette question, voir [C. C. Crane, Bombs, Cities, & Civilians : American Airpower Strategy in World War II, Lawrence, Kansas : University Press of Kansas, 1993 ; A. C. Grayling, Among the Dead Cities : The History and Moral Legacy of the WWII Bombing of Civilians in Germany and Japan, New York : Walker & Company, 2007].
[8] J. M. Roberts, The New Penguin History of the World, quatrième édition, Londres : Allien Lane an imprint of the Penguin Press, 2002, p. 965.
[9] Voir, par exemple, [R. Dallek, Harry S. Truman, New York : Henry Holt and Company, LLC, 2008 ; J. E. Smith, FDR, New York : Random House, 2008 ; S. E. Ambrose, The Supreme Commander : The War Years of Dwight D. Eisenhover, New York : Anchor Books A Division of Random House, Inc, 2012 ; A. D. Donald, Citizen Soldier : A Life of Harry S. Truman, New York : Basic Books, 2012 ; W. Manchester, P. Reid, The Last Lion : Winston Spencer Churchill : Defender of the Realm, 1940-1965, New York : Penguin Random House Company, 2013 ; B. Johnson, The Churchill Factor : How One Man Made History, Londres : Hodder & Stoughton Ltd, 2014 ; B. Harper, Roosevelt, New York City, Inc. 2014 ; P. Johnson, Eisenhower : A Life, New York : Viking/Penguin Group, 2014].
[10] T. Snyder, Kruvinos Žemės. Europa tarp Hitlerio ir Stalino, Vilnius : Tyto alba, 2011, p. 348 (titre original : T. Snyder, Bloodlands. Europe Between Hitler and Stalin, New York : Basic Books, 2010).
[11] D. Irving, Nuremberg : The Last Battle, World War II Books, 1996.
[12] Après la Deuxième Guerre mondiale, Dwight Eisenhower est élu en novembre 1952 34e président des USA (1953-1961) sous l’étiquette républicaine, avec Richard Nixon comme vice-président. En juillet 1953, il tient sa promesse de mettre fin à la guerre de Corée en signant un armistice. Il est le premier président républicain depuis 1933. En 1957, il fait appel aux troupes fédérales pour réprimer les violences ségrégationnistes à Little Rock (Arkansas).
Sir Winston Leonard Spencer Churchill a rédigé son ouvrage en six volumes intitulé The Second World War (1948-1954), pour lequel il a reçu le prix Nobel de littérature en 1953 (en fait, il y blanchit considérablement son propre rôle en tant que dirigeant britannique pendant la Deuxi§me Guerre mondiale). Néanmoins, il est redevenu Premier ministre britannique en 1951, alors que sa santé s’était détériorée. Il a consacré l’essentiel de son énergie à maintenir des relations extraordinaires avec les USA, qui lui ont accordé la citoyenneté américaine à titre honorifique. Cependant, en dépit de sa rhétorique politico-patriotique de la gloire britannique, il a en fait dirigé le Royaume-Uni pendant la chute de ce dernier en tant que grande puissance mondiale. Comme Eisenhower, Churchill n’a jamais été accusé d’avoir commis des crimes de guerre contre l’humanité (que ce soit en Europe ou dans les colonies britanniques).
Source : https://theduran.com/from-the-history-of-western-war-crimes-the-dresden-massacre-february-1945/
Nulle part, sur tout l’Internet occidental, vous ne verrez la moindre photo des corps carbonisés parsemant les rues de Dresde. Il y a des choses qui ne se font pas, n’est-ce pas ?
Oui, ils sont de droite aussi.. Qui a dit que, la politique était chose facile ?.
Nous devrions préciser, mais cela va sans dire, que seuls les civils – et pas n’importe lesquels – furent bombardés dans le but de les extermiiner, et pas qu’à Dresde. Est-il vraiment plus utile de rappeler que la haute industrie du Reich – surtout militaire – ne le fut jamais, JA-MAIS, et surtout pas les Krupp, les Thyssen, les Preussa et autres Rheinmetall. En ces jours de 80e anniversaire, toute l’industrie civile allemande est en faillite ou en voie d’émigration vers la Chine ou les USA, mais pas…
13, 14 et 15 février 2025
Un livre que tous les écoliers devraient étudier en classe, s’il y avait encore des écoles dignes de ce nom en Europe :
Écrit par un GI prisonnier de guerre à Dresde, à qui son travail forcé dans les abattoirs souterrains de la ville a sauvé la vie, et qui n’a jamais pu oublier les corps carbonisés qu’il a découverts dans les rues mortes en remontant à la surface.
Kurt Vonnegut Jr.
Abattoir 5
Seuil Poche
192 pages
Voir ici.
Billy Pèlerin, vieil opticien tranquille est ami avec les Tralfamadoriens, petits extraterrestres verts, hauts de deux pieds doués d’une vision particulièrement aiguisée. Avec eux, Billy s’extrait de la réalité, fait des bonds dans le temps, retourne souvent à l’époque où il servait son pays sous les drapeaux, quand les Allemands l’avaient fait prisonnier dans un vieil abattoir de Dresde…
On en a tiré un film que tout le monde peut voir :
Abattoir 5
Réalisateur : George Roy Hill ; 1972.
DVD
Langues : anglais – français
Sous-titres : français
1 H 39’
Mais…
À l’éternelle honte de l’édition francophone
Les livres du grand historien britannique David Irving cité par l’auteur et un des plus grands sur la dernière guerre en date, ne sont toujours pas publiés en français. Essayez de deviner pourquoi.
Et voir ici: :https://irvingbooks.com/fr/produit/apocalypse-1945-la-destruction-de-dresde-edition-speciale-collector-avec-etui/
On les trouve plus ou moins tous ici :
https://www.amazon.fr/stores/author/B001ITWT6U
Précisons que certains des travaux de David Irving sont en consultation libre, quoique en anglais, sur le site US de Ron Unz :
The Remarkable Historiography of David Irving, by Ron Unz – The Unz Review
lequel s’honore de rendre un compte très informé de la longue et tenace persécution de David Irving par les habituelles forces obscurantistes.
Trous de mémoire assistés :
(« impensable »)
Il n’est pas de bon ton de rappeler, surtout dans les merdias mais aussi chez la grande foule des historiens respectueux car ce serait de mauvais goût, que, pendant les pourparlers de Yalta entre les « alliés » vainqueurs du nazisme, Sir Winston Churchill a tenté de faire attaquer l’URSS au gaz sarin par l’Armée britannique et celle de ses alliés occidentaux. Sarin ? Oui, celui-là même que l’on utilisera bien des années plus tard contre les Syriens rétifs, en accusant Bachar al-Assad de l’avoir fait.
Churchill voyait dans l’état de l’URSS, avec sa trentaine de millions de morts et ses deux-tiers de pays rasés, l’occasion idéale d’en finir avec ces communistes honnis, qui avaient réussi a défaire le champion du capitalisme, sur qui tant d’espoirs avaient été fondés et tant de capitaux investis. Que l’Armée britannique n’ait pas exécuté ses ordres parce qu’elle-même était à genoux et le pays presque aussi exsangue que l’URSS, ou parce que le descendant de Marlborough a buté sur des gens affligés d’une conscience moins accommodante que celle de leurs supérieurs hiérarchiques, c’est ce que nous ne savons pas mais que l’Histoire devrait découvrir un jour, car la vérité, comme l’eau, finit toujours par trouver son niveau. Peut-être est-ce, après tout, parce que la situation sur le terrain était à peu près la même que celle d’aujourd’hui et que, bon… allez savoir.
Cela dit, le PM britannique de si glorieuse mémoire officielle n’en était pas à son coup d’essai dans les entreprises machiavéliques pour la plus grande gloire de la démocratie à la sauce capitaliste, oui, nous nous répétons. Il était au début de sa carrière politique lorsqu’il a supervisé et peut-être organisé :
C’était en janvier 1911 et nous ne nous étendrons pas là-dessus outre mesure. Qu’il nous suffise de rappeler que le ras-le-bol atteignait à son comble dans la classe laborieuse britannique et que des gèves allant jusqu’à l’émeute mobilisaient pas mal de monde et notamment les mineurs du pays de Galles. Pour la classe dirigeante (ialors conservatrice), il importait d’y mettre un terme. Comment ? Par un dérapement provoqué permettant un énergique « crackdown » d’apparence légitime.
L’occasion fut fournie par deux Baltes (des Lettons), qui logeaient à Whi!techapel, non loin de l’endroit où Joseph Staline, réfugié politique aussi, venait de passer trois ans.
On les décréta anarchistes et braqueurs – c’était la faste époque de la bande à Bonnot – et l’on décida de les arrêter, mais pas en venant frapper à leur porte et en réclamant leurs papiers : en faisant assiéger l’immeuble où ils logeaient. Et pas juste par la police, mais aussi par l’Armée.
Quand ils se virent assaillis, les deux hommes, qui ne parlaient pas un mot d’anglais, ripostèrent. Ce fut le signal de la fusillade générale. Il n’y manqua même pas une balle perdue pour crever un tuyau de gaz. L’incendie qu’elle déclencha faillit se communiquer aux immeubles voisins, et les pompiers entrèrent dans la danse. Mais enfin et grâce au ciel les deux hommes furent abattus, aucun malencontreux procès ne s’ensuivit et la classe laborieuse anglaise fut bel et bien roulée par un tour vieux comme le monde.
Heureusement pour tous ces braves gens – Sir Winston et ses compères – la Grande guerre (la seule, l’unique, celle de 14-18) arrivait, ouf, qui allait voir se précipiter pour combattre avec un enthousiasme qu’on ne reverrait jamais plus, des millions de jeunes gens, qui s’engagèrent tous de bonne foi, même les cocus les plus pauvres, pour servir qui les rois George ou Albert, qui la République, qui le Kaiser, qui le Tsar, selon leurs intimes et très sincères convictions.
Et ceux qui n’avaient pas écouté Jaurès, ni ses homologues d’Allemagne, continuèrent à ne pas écouter Lénine…
Winston Churchill (2e à partir de la gauche) au siège de Sydney Street
Tout frais du jour, pour nos lecteurs anglophones
Rise and Fall of a Churchillian Figure
Scott Ritter.com – Febr. 19.2025
https://scottritter.substack.com/p/vasily-goloborodkos-nightmare
Sacré M. Vance !
« Beurk ! » dit le chaudron à la poêle à frire : « Tu as le cul tout noir ! »
Le Vice-Président US s’est taillé cette semaine par un discours qui fait le tour du monde, un énorme succès public. Surtout en Europe d’ailleurs, ou beaucoup se sont sentis vengés de voir ainsi traîner sur la claie leurs tourmenteurs, ces compradores vendus et serviles, et qui plus est par un de leurs donneurs d’ordres.
Certes, ces pantins cocaïnomanes ont reçu leurs insupportables consignes de l’administration Biden, pas de M. Vance, mais M. Vance a-t-il dit quelque part qu’il n’allait pas emboîter le pas, du moins en ce qui nous concerne, à l’administration Biden ? Les choses vont-elles changer pour ceux qui, depuis avant-hier festoient et se réjouissent ?
Il nous semble, voyez-vous, que c’était à nous-mêmes qu’il incombait de fustiger les coupables, non pas après leurs crimes mais avant, bref de nous y opposer sans ménagements, au risque d’y prendre des coups. D’y perdre la vie ? C’est arrivé à certains, un peu partout dans le monde. C’est même trop souvent la récompense du courage.
Il nous semble aussi que M. Vance et les siens ont assez largement profité de ces crimes et en profitent encore. Et qu’en ce qui nous concerne, en ne nous opposant pas aux crimes de nos oppresseurs, nous les aidons très concrètement à opprimer les autres, en Palestine et ailleurs (de nombreux ailleurs). Il n’y a donc pas de quoi trop nous réjouir ni pavoiser, car il nous paraît que M. Vance et les siens vont continuer à interférer dans les affaires des autres pays, comme nos chihuahuas l’ont fait en Roumanie et en Géorgie et menacent de le faire en Allemagne. M. Vance, son président et leurs électeurs ne font que cela partout et depuis toujours. Quelqu’un espère-t-il qu’ils vont s’arrêter de voler leur pétrole aux Syriens par exemple ou de menacer les Palestiniens d’anéantissement ? Alors, où en est-on et où va-t-on ? Pas dans cette sempiternelle sentine de lâche obéissance si possible.
Nous, ce qu’on en dit… on n’a pas de recette et on n’est pas en état de donner des leçons aux autres. Laissons cet audacieux exercice à M Vance. Mais cela nous ferait foutrement plaisir que quelques-uns d’entre nous commencent à retrousser leurs manches contre leurs véritables ennemis, sans excepter personne.
With our deepest gratitude
to Zeinab al Saffar and to Larry Johnson,
for being.
Et une dernière petite réflexion que vous n’êtes pas obligés de suivre mais qui nous démange.
À propos de Gaza, de l’ultimatum trumpien et de ce qui en découle pour ceux que personne ne songe à consulter, une vidéo de M. Thierry Meyssan a récemment provoqué, sur Le Courrier des Stratèges, une controverse (que nos lecteurs peuvent suivre sur place ou retrouver sur notre post précédent).
En résumé, Thierry Meyssan a choqué beaucoup de monde en s’alignant sur une conviction du Grand cardinal, à savoir que la politique est l’art du possible. Ce qui est vrai. Il a donc dit que, s’il était dirigeant palestinien, il choisirait d’obtempérer aux injonctions léoniennes, si c’était la seule façon de sauver au moins la vie des enfants.
Premièrement, il est d’une hurlante évidence que personne – PERSONNE AU MONDE ! – n’a le droit d’émettre de pareils ultimatums – À PERSONNE ! – sans se mettre au ban de toutes les sociétés et sans donner à ces sociétés l’obligation morale absolue de les combattre au finish.
À quoi M. Meyssan pourrait répondre avec raison qu’entre la théorie et la pratique, il y a un abîme et que ce n’est pas sa faute si « les sociétés, toutes les sociétés du monde » manquent à leur devoir.
Certes.
Mais a-t-il souvenance de ce que nos aïeux se sont jadis trouvés, avant les Palestiniens, confrontés au même dilemme : c’était en 1793-1794, et se souvient-il du choix qu’ils ont fait ?
C’est ce qu’ils ont choisi alors, pour eux et pour leurs enfants.
Bon, d’accord, ils ont eu la mort, et leurs enfants en ont hérité.
De quel droit quelqu’un peut-il aujourd’hui leur dire qu’ils devaient choisir l’esclavage pour eux-mêmes et/ou pour leur descendance ?
Personne ne le peut. Parce que quiconque est de bonne foi est forcé d’admettre que la question qui se pose aux Palestiniens n’est pas politique mais existentielle : être ou ne pas être.
À quoi cela sert-il de vivre ou de mourir, si vous n’êtes rien ?
Pourquoi croit-on que tant de femmes pauvres choisissent d’avorter ? Et de quoi osent se mêler ceux qui leur disent qu’elles n’ont pas le droit d’éviter l’esclavage à leurs petits, fût-ce au prix de leur mort, qu’elles risquent d’ailleurs aussi par ce choix ?
Quand l’espèce humaine sera devenue un peu moins infantile et surtout moins indifférente (péché cardinal !), on pourra en reparler.
Mis en ligne le 19 Février 2025
par Les Grosses Orchades