Syrie, Poutine et Israël …
Pars Today – 11.12.2021
À suivre de plus près les images de cette extraordinaire interception, et quasi abattage dans le ciel de Maarib au centre du Yémen, d’un F-15 saoudien – qui, après avoir décollé de l’aéroport militaire sous contrôle anglo-saxon de « Khamis Mushait » dans le sud saoudien, était venu frapper le site pétrolier « Safer » où Saoudiens, Britanniques, Américains et même Sud-Coréens continuent, culottés qu’ils sont, d’en sucer encore le pétrole, bien qu’Ansarallah ait déjà encerclé Maarib de trois côtés et que la quasi-totalité des tribus lui aient apporté allégeance et que même les hauts officiers de l’armée de Hadi pensent en faire autant – l’observateur habitué à la subtilité des choix militaires de la Résistance et au sens aigu de la nuance qui imprègne ses actions, ne peut pas ne pas y voir un trop curieux message non sans lien avec la frappe du 7 décembre des F-16 israéliens contre le port ultra-stratégique de Lattaquié qu’on sait être hermétiquement placé sous la puissante bulle de DCA russe, composée à la fois de S-300 et de S-400 stationnés à Hmeimim et à Tartous.
Au fait, ce missile sol-air yéménite du nom Fater-1 qui depuis le début de décembre, en a été, ce jeudi 9 décembre, à son quatrième face-à-face sérieux avec la flotte de guerre US-GB-Riyad à Maarib et qui a inscrit à son tableau de chasse, en moins d’une semaine, deux Scan Eagle et un MC-9 chinois, dit CH-4, renvoie droit à un contexte historique impliquant d’une part la Russie et de l’autre Israël.
En 1973, ce même missile Fater-1, produit de l’optimisation de SA-6 Gainful soviétique, alors, au service de l’Égypte d’Abdel Nasser, a chassé tant de A-4 Skyhawk et de F-4 Phantom II israéliens que les pilotes de l’entité l’avaient baptisé « Les trois doigts de mort », en allusion à ses trois missiles intercepteur et aux ondes de son radar acquisition. Quelques années plus tard, à savoir en 1981 et lors de la bataille de Gueltat Zemmour au Sahara occidental, là où Israël vient de s’implanter depuis quelques mois et à la faveur d’un feu vert perfide de Mohamed VI qui croit s’assurer une pérennité à la tête du royaume en tirant des plans sur la comète sioniste, le même SA-6 Gainful a pulvérisé dans le ciel un C-130 H marocain, puis un F-5 et un Mirage F1 français venus lui apporter secours.
C’est dire que le silence des S-400 russes, ce 7 décembre à Hmeimim, situé à 20 km du parc de conteneurs de Lattaquié, à l’heure exacte où les missiles israéliens l’ont frappé, reste totalement incompréhensible.
Car, si le SA-6 yéménite, tueur des chasseurs israéliens il y a 60 ans, peut si allègrement intercepter et abattre des F-15 saoudiens, pourquoi le S-400 russe ne le ferait-il pas avec les F-16 ? En d’autres termes, le raid aérien du 7 décembre avait-il été coordonné avec les Russes ? Ce samedi 11 décembre, les spéculations vont bon train sur cet assourdissant silence de l’armée russe lors de la frappe de 7 décembre et certaines sources vont jusqu’à prétendre que le commandement militaire à Hmeimim en aurait été alerté bien avant, mais que par sympathie avec Israël, il aurait refusé d’en avertir Damas, quitte à mettre même en veilleuse les puissants radars Container des S-400. Un Rai al-Youm dit même :
« Ce raid israélien sur le port de Lattaquié, au nez et à la barbe du commandement militaire russe de la base de Hmeimim, constitue, à nos yeux, une insulte à cette direction, une provocation à son égard et une tentative de semer les germes de la discorde entre les dirigeants russes et syriens, et excitent les opinions publiques russe et arabe contre le grand allié de la Syrie…»
Et cette même source d’ajouter :
« Nous sommes bien conscients que la direction syrienne étouffe sa colère, et ne veut à aucun prix fâcher l’allié russe qui a si grandement contribué à faire capoter le méga plan de démembrement de la Syrie signé USA-OTAN-Golfiens. Cette alliance, la Russie l’a jusqu’ici assumée pleinement et entièrement car, comme le disait le président Poutine il y a quelques années, “si on ne combat pas les terroristes à Damas, c’est dans les rues de Moscou qu’il faudra les combattre”. Or, et consciente de la portée d’un tel choix géostratégique qui a fait de la Syrie un rempart contre les velléités occidentales en Méditerranée orientale, alors même que l’axe US-OTAN embrasse le flanc oriental de la Russie, ce serait une fatale erreur que de sacrifier l’alliance avec la Syrie, qui compte près d’un demi-milliard de partisans arabes à travers toute la région, afin de plaire à un million de Sionistes d’origine russe qui participent aux exactions israéliennes en Palestine occupée.»
La question qui se pose désormais est donc la suivante : le port de Lattaquié, poumon économique d’une Syrie sous sanctions, sera-t-il à nouveaux ciblé par l’aviation israélienne sans que Moscou y réagisse militairement ou le 7 décembre débouchera-t-il sur un changement de cap russo-israélien, dans la mesure où une campagne de frappes aériennes contre Lattaquié finirait tôt ou tard par mettre en question la présence aérienne et navale de la Russie sur la côte ouest ?
Vendredi 10 décembre, le Kremlin a annoncé l’annulation de la visite en Israël de Sergueï Lavrov, qui aurait dû partir cette semaine en tournée non seulement en Israël et bien entendu en Palestine, mais aussi au Maroc. Plus d’un observateur aurait le droit de se dire que « l’incartade » sioniste à Lattaquié en est la cause principale et que Moscou, informé par ses alliés syriens et iraniens, s’apprête peut-être à faciliter une « riposte militaire syrienne » contre Israël. Du coup l’interception d’un F-15 dans le ciel de Maarib ce vendredi, prend totalement un sens nouveau, surtout si l’on pense que l’arme redoutable est de fabrication russe.
Lavrov devait rencontrer son homologue, Yair Lapid, ainsi que le Premier ministre Naftali Bennett avec, à l’ordre du jour des discussions, outre celles sur les négociations nucléaires de Vienne, la « coordination » entre Moscou et Tel-Aviv concernant les activités militaires en Syrie.
Ce vendredi, presque au moment où Lavrov annonçait rayer de sa tournée l’étape israélienne – en quoi certains sont même allés jusqu’à voir un casus belli à l’égard de l’entité –, des sources bien informées ont fait état de l’arrivée de nouveaux lots de « missiles iraniens » en Syrie. Il semblerait même que ces missiles, soient les mêmes que ceux que les F-16 israéliens voulaient anéantir ce 7 décembre (en se trompant lourdement puisqu’ils ont pilonné des sacs de riz). Il s’agirait de deux curieux « BM-120 » et « BM-45 » dont le ministère iranien de la Défense et de la Logistique a publié ce 10 décembre les images. Ce sont, à la base, de nouveaux systèmes d’artillerie-roquettes à guidage de précision.
Le premier système, baptisé Fath BM-120, a une portée allant jusqu’à 120 kilomètres. Le lanceur du système peut emporter jusqu’à six fusées à guidage de précision d’un diamètre assez petit. Les roquettes BM-120 seraient disponibles avec des ogives à fragmentation hautement explosive [HE-FRAG], à pénétration ou à fragmentation. Les fusées, qui ont une aire circulaire probable (CEP) très élevée, sont guidées par un système de navigation inertielle (INS) assisté d’un système de navigation par satellite.
Le deuxième système, baptisé BM-45, qui est armé de roquettes plus lourdes et de plus grand diamètre avec une portée de 45 km. La nouveauté est que le lanceur du système peut transporter deux types de fusées à la fois… les deux systèmes avancés sont disponibles à l’exportation. Et cela sert à créer un effet de mitrailleuse, ou ce que le concepteur appelle « mitrailleuse balistique ».
Cet effet de mitraillage se réalise en effet à la faveur de ce même lanceur qui est multi-rôles et qui s’adapte à la longueur et au diamètre de l’engin qui dans les deux cas est environ de 850 à 1.100 kg. Puis l’utilisation de la technologie du corps en composite fait le reste et offre une portée de 130 à 170 km aux deux types de missiles précités. Plus le fait que ces engins on des gouvernes aérodynamiques placées sur le nez leur offrent la capacité de lancer des attaques de précision. Disons qu’il y a une similitude surnaturelle entre ces complexes Fath iranien et le système russe Kalibr-K. Mais alors que le Kalibr-K est armé de missiles de croisière à usage maritime, la version iranienne contient des balistiques à courte portée et de grande précision… Entre la Russie et la Résistance, les liens vont bien plus loin qu’un simple partenariat…
Et si la Russie, en fermant les yeux sur la frappe contre Lattaquié, avait cherché avant tout à piéger Israël ?
Source : https://parstoday.com/fr/news/middle_east-i104798-syrie_poutine_et_isra%C3%ABl_…
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/syrie-poutine-et-israel/
Décembre 2021
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