Il faut l’avoir entendu pour y croire !

 

 

Ceci est le passage qui nous est plus particulièrement resté en travers du gosier, qu’on l’interprète comme on voudra        :

 

« Il y a un peu plus de cent ans, la Russie connaissait objectivement, y compris dans le cadre de la Première Guerre mondiale alors en cours, de graves problèmes, mais pas plus que d’autres pays, et peut-être même à une échelle moindre et avec moins d’intensité, et elle aurait pu les surmonter progressivement de manière civilisée. Mais le bouleversement révolutionnaire a conduit à l’effondrement, à la désintégration de ce grand pays. L’histoire s’est répétée il y a 30 ans, lorsqu’une puissance potentiellement très puissante n’a pas entrepris à temps la transformation nécessaire, souple mais nécessairement réfléchie, et qu’elle a par conséquent été victime de dogmatiques de toutes sortes : tant des réactionnaires que des soi-disant progressistes – tous ont essayé, des deux côtés. 

« Ces exemples de notre histoire nous permettent d’affirmer que la révolution n’est pas le moyen de sortir de la crise, mais le moyen de l’exacerber. Aucune révolution n’a jamais mérité les dommages qu’elle a causés au potentiel humain. »

 

 

Qu’il aille dire ça aux Cubains !

 

Qu’il aille dire ça aux Chinois !

 

 

Dont dix millions de plus chaque année, uniquement parce qu’il y a eu la révolution, mangent à leur faim au lieu de crever d’inanition en travaillant pire que des bêtes de somme pour se payer la misérable dose d’opium censée leur faire supporter progressivement leur merveilleux sort en attendant que les « graves problèmes » se résolvent tout seuls de manière civilisée !

 

Chaque Chinois, comme chaque créature vivante, n’ayant qu’une vie, il n’est pas indifférent de savoir si cette vie unique sera écrasée dans l’œuf, lentement laminée par tous les moyens possibles ou susceptible au contraire de conduire celui qui en a hérité vers un semblant d’existence réelle un peu autonome. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’en aura jamais une deuxième.

 

Une des particularités les plus hallucinantes de ce discours à nos yeux est peut-être qu’il ait osé mettre sur le même plan – péjorativement révolutionnaire ! – les travaux d’Hercule des surhommes de 1917-21 et la débandade sans honneur de la nomenklatura gorbatchévienne de 1985-91.

 

Il vaut peut-être mieux entendre ça qu’être sourd, mais on a du mal à s’en persuader.

 

 

 

 

Et nous, dont il est quand même aussi question dans ce foutoir, que devons-nous en penser ?

 

On peut n’être pas communiste, parce que le communisme implique un esprit de corps – que d’aucuns appellent embrigadement – soit un militantisme différent de l’autodiscipline qu’implique l’anarchisme. Mais l’anarchisme, ni même le simple individualisme, n’excluent pas l’observance d’un noyau de rigoureux principes dont certains sont les mêmes pour tout le monde, par-dessus les idéologies, les croyances religieuses ou les convictions philosophiques.

 

Précisons : ce qu’anarchistes véritables et communistes véritables partagent, c’est une poursuite du bien général, une impossibilité à s’isoler du sort commun. Il faut insister sur cet identique besoin, parce qu’il fait toujours défaut aux meilleurs et aux plus sincères penseurs de droite, qui sont souvent de redoutables pamphlétaires, aptes à discerner les choses qui ne vont pas et à les dénoncer avec une grande efficacité, mais qui les attribuent toujours à… « d’autres », qu’ils ne comprennent pas, jamais à eux-mêmes ou à des causes identifiables (telles que le capitalisme ou l’égoïsme de classe des nantis par exemple), jamais à autre chose que « la faute à pas de chance », au mieux.

 

 

« Comprendre et ne pas juger »

Hélas, moins on comprend, plus on se croit en état de juger.

 

 

Ce que nous appelons, nous « la gauche » et qui suscite en nous le sentiment d’un impérieux devoir, ils l’appellent, eux aussi, « la gauche », mais comme quintessence de tout ce qui n’est pas eux et qu’ils exècrent. Dans « tout ce qui n’est pas eux » – ce mouvement viscéral d’identification à autrui qui est à la fois égalité et fraternité – il faut admettre aussi, bien entendu, qu’il y a des truqueurs, qui ne sont ni de droite ni de gauche, quand bien même ils se réclameraient de l’une ou de l’autre. Leur plus grande aptitude à ceux-là est de semer la confusion et de pêcher en eaux troubles. Malheureusement, ils sont beaucoup plus nombreux que la droite et la gauche réunies, et se réclament indifféremment de l’une ou de l’autre, quand ils ne passent pas allègrement de l’une à l’autre au gré de leurs caprices ou de leurs calculs.

 

Donc, oui, nous ne nous reconnaissons pas seulement dans les jacobins nos ancêtres mais dans les bolcheviks les leurs, les siens.

 

Que recouvre ce mot qui sert de si utile épouvantail aux marchands de bluff du « parti de l’égoïsme » ? Des gens des villes et des campagnes, des chrétiens orthodoxes, des juifs, des musulmans et des sansdieu. Des gens qui avaient décidé, en frères, de faire « la guerre à la guerre »… Non,  ça, c’était Lénine, qui a toujours eu un peu d’avance sur tout le monde. Mais enfin, ils se sont battus comme ils pouvaient, comme ils savaient, contre le Léviathan par lequel ils refusaient de se laisser pétrifier. En commettant des erreurs, des injustices, des violences dommageables pour eux et pour tous. Oui, et alors ? Vous auriez fait quoi, vous, grandes gueules, à leur place ?

 

Il s’est trouvé un jour de 1917 – j’ai oublié lequel – où 15.000 bolcheviks de Saint-Pétersbourg se sont mis en route pour aller, sans jugement, à Moscou, fusiller leur chef. Pourquoi ? Parce qu’il voulait que la Russie cesse de faire la guerre à l’Allemagne pour s’occuper, à l’intérieur, de ses affaires, ô combien urgentissimes. Quoi ? Laisser le Kaiser s’en tirer ? Ne pas aller le punir en même temps que toute l’Europe ? Trahison, non ? [Remarquez que Raspoutine avait été du même avis et tenté d’en convaincre le tsar, mais les Britanniques avaient écarté ce péril en l’assassinant]. Toujours est-il que, pendant quelq ues jours de 1917, Lénine s’est trouvé seul, à Moscou, sans aucune autre défense que les corps de Kroupskaïa sa femme, de Staline et d’un Juif dont le nom m’échappe (c’est mon Alzheimer qui avance). Trois personnes ! Trois, qui n’ont pas flanché et qui ne l’ont pas laissé. Qu’est-ce qui a empêché ses exécuteurs d’arriver à Moscou  ou qu’est-ce qui les a fait changer d’avis ? Je l’ignore. Vous devrez demander à Mme Lacroix-Riz ou à M. Monville, qui, eux, doivent le savoir. Mais le résultat de cet épisode entre beaucoup d’autres, c’est que M. Vladimir Poutine est aujourd’hui en vie et qu’il préside aux destinées de la Russie en proférant des sottises indignes d’un homme qui a été élevé dans les écoles de l’URSS.

 

Il est bien évident que pour se porter à de tels excès, les bolcheviks de Saint-Petersbourg avaient eu le crâne bourré et le cerveau lavé (ce n’est pas incompatible) par une propagande va-t-en-guerre capitaliste de grand style. Comme nous tous et comme, apparemment, les habitants du Kremlin. Au secours !!!!!!!!

 

On apprendra néanmoins avec plaisir qu’aujourd’hui les marchands d’armes s’appellent « entrepreneurs de défense ». Qui a dit qu’on n’est pas civilisés ?

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/il-faut-lavoir-entendu-pour-y-croire/

 

 

 

 

 

Novembre 2021

 

 

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