TRÊVE DES CONFISEURS ? NON.

II.

 

 

« La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. »

Richelieu

Il y a quelque chose de plus difficile encore que « l’art du possible », c’est l’art du possible avec des principes.

Les Grosses Orchades

 

 

 

Qui a dit que Serguei Lavrov était fatigué ?

 

Interview de Serguei Lavrov par Radio Komsomolskaïa Pravda

Moscou The Saker.is – 17.12.2018

Traduction : Le Saker francophone

 

 

 

 

 

Question : Monsieur Lavrov, nous vous avons rencontré dans le même format il y a un an et demi.

Nous avons commencé par déclarer que la situation en matière de politique étrangère autour de la Russie devenait de plus en plus alarmante. Mais vous nous avez assurés qu’il n’y aurait pas de guerre parce que les dirigeants russes étaient absolument contre. « Nos partenaires », comme vous dites, ne s’y intéressaient certainement pas non plus. Maintenant, un an et demi plus tard, nous ne constatons aucune amélioration. Au contraire, les choses deviennent de plus en plus dangereuses. Certains de nos auditeurs ont même peur. D’autres comparent la situation actuelle à la fin des années 1930. Un des lecteurs a même demandé : « S’il vous plaît, soyez honnête et dites à quoi nous devrions nous attendre ? Serons-nous attaqués ? ».

Sergueï Lavrov : Il y a des comparaisons qui remontent plus loin dans l’histoire. Tant dans ce pays qu’ailleurs, des chiffres prédisent qu’une situation semblable à celle de la première guerre mondiale se présentera. Ils font référence aux antagonismes refoulés existant en Europe, y compris d’ailleurs dans les Balkans. Mais je suis fermement convaincu que les politiciens des principaux pays ne peuvent permettre qu’une grande guerre se produise. L’opinion publique et les nations elles-mêmes ne les laisseront pas faire. J’espère que les parlements de tous les pays occidentaux assumeront également une responsabilité maximale.

Mais je suis tout à fait d’accord pour dire que les tensions sont fomentées de manière sans précédent. Nous voyons les accords internationaux s’effondrer. Il n’y a pas si longtemps, les États-Unis ont unilatéralement bouleversé le Traité ABM. Nous avons dû adopter des mesures qui empêcheraient cet événement extrêmement négatif de miner la stabilité stratégique. Vient ensuite le traité INF, que Washington considère comme dépassé, tout en nous accusant de le violer. Ce faisant, elle suggère sans ambiguïté qu’elle aimerait étendre une restriction identique à celle adoptée par l’URSS et les États-Unis, à la Chine et à un certain nombre d’autres pays, notamment la Corée du Nord et l’Iran.

Nous sommes catégoriquement contre cette initiative. Nous sommes en faveur du maintien du traité INF. La communauté internationale toute entière a reconnu à plusieurs reprises que c’était la pierre angulaire de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique. Aujourd’hui, à l’ONU, nous tenterons une deuxième fois de soumettre une résolution à l’Assemblée générale en faveur de la préservation de ce traité. [Résolution à nouveau refusée, NdT]

En dehors de cela, nous avons fait part aux États-Unis de nos préoccupations concernant la manière dont ils mettent en œuvre ce traité. Ces préoccupations reposent sur des faits concrets et des développements dans le domaine technique militaire, notamment le déploiement d’une base militaire américaine en Roumanie et les plans de déploiement pour la Pologne. Nous entendons des déclarations de nos collègues américains selon lesquelles le seul moyen de sauver le Traité est de détruire le missile 9M729, que la Russie aurait développé avec une portée dépassant la limite imposée par le Traité. En réponse, le ministre de la Défense, Sergey Shoigu, après des démarches similaires au niveau des experts, a officiellement suggéré à M. James Mattis, secrétaire américain à la Défense, de le rencontrer et d’engager une discussion professionnelle. Les États-Unis n’ont même pas répondu ou du moins formellement accusé réception de l’invitation. Si cela avait été fait, ils auraient peut-être dû expliquer pourquoi ils évitaient une discussion professionnelle et continuaient à agir dans le style fameux du « hautement probable », comme s’ils voulaient dire que ce qui nous reste à faire est de nous repentir parce que nous sommes prétendument à blâmer pour tout.

Pendant que nous sommes sur ce sujet, je voudrais dire ceci. Je ne doute pas que le président des États-Unis, Donald Trump, était sincère lorsqu’il a déclaré durant sa campagne électorale qu’il souhaitait de bonnes relations avec la Fédération de Russie. Malheureusement, les conséquences de la victoire de Trump sur Hillary Clinton ont provoqué un tsunami dans la vie politique américaine, principalement parce que les soi-disant élites du système se sont senties mal à l’aise. Elles considéraient que les développements actuels mettaient le pouvoir à la portée des électeurs ordinaires. Depuis lors, personne n’a jamais corroboré avec des faits les accusations répétées d’ingérence de la Russie dans les élections américaines, d’attaques de pirates informatiques contre le parti démocrate et d’autres agences américaines, etc.

Permettez-moi de noter que cette russophobie, comme nous en sommes convaincus, est dans une mesure décisive liée aux conflits internes politiques [aux États-Unis]. Les États-Unis, peu importe qui préconise de bonnes relations avec la Russie, nous voient comme un rival à l’instar de la Chine. Ce n’est pas par hasard que, faute de faits prouvant nos « péchés » contre la démocratie américaine, la campagne russophobe n’a donné aucun résultat.

Ces derniers jours, les propagandistes américains s’en sont pris à la Chine. Selon eux, la Chine est déjà le « pirate informatique en chef » minant le pilier de la société américaine. Il est regrettable que les intérêts de la communauté internationale, la stabilité stratégique mondiale et la sécurité internationale soient sacrifiés au profit de querelles politiques internes. Mais nous serons toujours prêts pour le dialogue. Même dans ces circonstances, nous ne refuserons jamais de prendre part à une discussion professionnelle dans des domaines où nos partenaires sont prêts à examiner les menaces et les problèmes existants de manière équitable et honnête.

Après une longue pause, une nouvelle série de pourparlers [avec les US] sur la lutte contre le terrorisme a eu lieu. Nos services de sécurité sont en contact sur un certain nombre d’autres questions, notamment le règlement syrien, le problème nucléaire nord-coréen et l’Afghanistan. Nous entretenons suffisamment de contacts, même si nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde.

Question : Ils écrivent, « avec de tels amis, qui a besoin d’ennemis ? »

Sergueï Lavrov : Nous avons ce proverbe en russe.

Question : Lorsque nous avons mentionné la tension croissante dans le monde, nous pensions à l’Ukraine. L’incident du détroit de Kertch va trop loin. Nous avions aussi en tête le Donbass, où presque tous les jours ils s’attendent à une attaque. Pourquoi sommes-nous mal jugés par la communauté mondiale sur les affaires ukrainiennes ?

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Source : http://lesakerfrancophone.fr/interview-sans-fards-de-lavrov-avec-radio-komsomolskaia-pravda

 

 

 

 

Tiens… pourquoi ne pas se rafraîchir un peu la mémoire ?

 

Et prendre à rebrousse-poil tous ceux qui ont voulu supprimer l’étude de l’histoire, celle de la morale publique et faire de la langue française une guenille hors d’usage…

 

 Richelieu

Quelques citations et maximes

 

 

 

« La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. »

 

« Les désordres qui ont été établis par des nécessités publiques et qui se sont fortifiés par des raisons d’État ne se peuvent réformer qu’avec le temps ; il en faut ramener doucement les esprits et ne point passer d’une extrémité à l’autre. Un architecte qui, par l’excellence de son art, corrige les défauts d’un ancien bâtiment et qui, sans l’abattre, le réduit à quelque symétrie supportable, mérite bien plus de louange que celui qui le ruine tout à fait pour refaire un nouvel édifice parfait et accompli. »

« Bien souvent on se contente d’adoucir les plaies au lieu de les guérir. » Les maximes d’État (1623)

« Il est quelquefois de la prudence d’affaiblir les remèdes pour qu’ils fassent plus d’effet, et les ordres les plus conformes à la raison ne sont pas toujours les meilleurs parce qu’ils ne sont pas proportionnés à la portée de ceux qui les doivent pratiquer. »

« La perte de l’honneur est plus que celle de perdre la vie. » Les maximes d’État (1623)

« La lumière naturelle fait connaître à un chacun que, l’homme ayant été fait raisonnable, il ne doit rien faire que par raison, puisqu’autrement il ferait contre sa nature, et, par conséquent, contre celui même qui en est l’auteur. Elles enseignent encore que, plus un homme est grand et élevé, plus il doit faire état de ce privilège et que moins il doit abuser du raisonnement qui constitue son être, parce que l’avantage qu’il a sur les autres hommes contraint à conserver ce qui est de la nature et ce qui est de la fin que celui dont il tire son élévation s’est proposé. De ces deux principes il s’ensuit clairement que l’homme doit souverainement faire régner la raison, ce qui ne requiert pas seulement qu’il ne fasse rien sans elle, mais elle l’oblige, de plus, à faire que tous ceux qui sont sous son autorité la révèrent et la suivent religieusement. »

 

 

« Le plus habile homme du monde doit souvent écouter les avis de ceux qu’il pense même être moins habiles que lui. » Les maximes d’État (1623)

« L’amour est le plus puissant motif qui oblige à obéir et qu’il est impossible que des sujets n’aiment pas un prince s’ils connaissent que la raison soit le guide de toutes ses actions. L’autorité contraint à l’obéissance, mais la raison y persuade et il est bien plus à propos de conduire les hommes par des moyens qui gagnent si insensiblement leurs volontés que par ceux qui, les plus souvent, ne les font agir qu’autant qu’ils les forcent. »

L’autorité contraint à l’obéissance, mais la raison y persuade. » Les maximes d’État (1623)

« S’il est vrai que la raison doit être le flambeau qui éclaire les princes en leur conduite et en celle de leur État, il est encore vrai que, n’y ayant rien au monde qui compatisse moins avec elle que la passion, qui aveugle tellement qu’elle fait quelquefois prendre l’ombre pour le corps, un prince doit surtout éviter d’agir par un tel principe qui le rendrait d’autant plus odieux qu’il est directement contraire à celui qui distingue l’homme d’avec les animaux. On se repent souvent à loisir de ce que la passion fait faire avec précipitations et on n’a jamais lieu de faire de même des choses à quoi l’on est porté par des considérations raisonnables. »

Les grands embrasements naissent de petites étincelles. Les maximes d’État (1623)

« Le gouvernement du Royaume requiert une vertu mâle et une fermeté inébranlable, contraire à la mollesse qui expose ceux en qui elle se trouve aux entreprises de leurs ennemis. Il faut en toutes choses agir avec vigueur, vu principalement que, quand même le succès de ce qu’on entreprend ne serait pas bon, au moins aura-t-on cet avantage que, n’ayant rien omis de ce qui pouvait le faire réussir, on évitera la honte, lorsqu’on ne peut éviter le mal d’un mauvais événement. »

On ne saurait être trop sévère à punir ceux qui outrepassent leur pouvoir. Les maximes d’État (1623)

« En matière de crime d’État, il faut fermer la porte à la pitié, mépriser les plaintes des personnes intéressées et les discours d’une populace ignorante qui blâme quelquefois ce qui lui est le plus utile et souvent tout à fait nécessaire. Les chrétiens doivent perdre la mémoire des offenses qu’ils reçoivent en leur particulier, mais les magistrats sont obligés de n’oublier pas celles qui intéressent le public. Et, en effet, les laisser impunies c’est bien plutôt les commettre de nouveau que les pardonner et les remettre. »

Il faut agir avec un chacun selon la portée de son esprit. Les maximes d’État (1623)

« Les dépenses absolument nécessaires pour la subsistance de l’État étant assurées, le moins qu’on peut lever sur le peuple est le meilleur. Pour n’être pas contraint à faire de grandes levées, il faut peu dépenser et il n’y a pas de meilleurs moyens pour faire des dépenses modérées que de bannir toutes les profusions et condamner tous les moyens qui sont à cette fin. »

« Les ordonnances et les lois sont inutiles si elles ne sont suivies d’exécution. » Les maximes d’État (1623)

« La France serait trop riche et le peuple trop abondant si elle ne souffrait pas la dissipation des deniers publics que les autres États dépensent avec règle. »

« On ne saurait faire un plus grand crime qu’en se rendant indulgent envers ceux qui violent les lois. » Les maximes d’État (1623)

« L’augmentation du revenu du Roi ne se peut faire que par celle de l’impôt qu’on met sur toutes sortes de denrées, et, partant, il est clair que, si on accroît par ce moyen la recette, on accroît aussi la dépense, puisqu’il faut acheter plus cher ce qu’on avait auparavant à meilleur marché. (…) Il y a plus : l’augmentation des impôts est capable de réduire un grand nombre de sujets du Roi à la fainéantise, étant certain que la plus grande partie du pauvre peuple et des artisans employés aux manufactures aimeront mieux demeurer oisifs et les bras croisés que de consommer toute leur vie en un travail ingrat et inutile, si la grandeur des [impôts] les empêche de recevoir [le salaire] de la sueur de leur corps. »

 

 

« Être rigoureux envers ceux qui font gloire de mépriser les lois, c’est être bon pour le peuple. »  Les maximes d’État (1623)

« S’ils se servent de leur puissance pour commettre quelque injustice ou quelque violence qu’ils ne peuvent faire comme personnes privées, ils font par commission un péché de prince ou de magistrat dont leur seule autorité est la source et duquel le Roi des Rois leur demandera, au jour du jugement, un compte très particulier. »

« Qui prévoit de loin ne fait rien par précipitation. »  Les maximes d’État (1623)

 

Et, bien entendu :

« Le Ciel peut attendre. »

 

 

 

 

 Fin d’année, fin d’une guerre ?

 

Le conflit syrien pour les nuls

Observatus geopoliticus – Chroniques du Grand jeu29.12.2018

 

  

 

En ces fêtes de fin d’année, vous aurez peut-être, chers lecteurs, l’occasion de discuter entre la poire et le fromage de la guerre en Syrie qui entre dans sa phase terminale. Vous me dites souvent qu’il est difficile d’expliquer la situation à des gens qui se contentent des « informations » dégurgitées par BFM ou l’imMonde. Pour répondre à cette demande, voici un résumé schématique et clair de ces huit années qui ont bouleversé le Moyen-Orient et changé la donne mondiale.

La problématique centrale du conflit est l’arc chiite Iran-Irak-Syrie-Hezbollah :

 

 

 

Cet arc est, pour diverses raisons, la bête noire des États clients/alliés de l’empire américain au Moyen-Orient.

Pour les pétromonarchies du Golfe, Arabie saoudite et Qatar en tête, il empêche de faire passer leurs pipelines vers la Turquie et l’Europe. Cela se double, pour Riyad, d’une véritable obsession religieuse vis-à-vis de l' »hérésie » chiite.

Pour Israël, l’arc, qui se nomme lui-même axe de la Résistance et soutient la cause palestinienne (les sunnites ont depuis longtemps abandonné la lutte), est l’ennemi à abattre. Il est synonyme de continuum stratégique qui ravitaille le Hezbollah au Liban.

La Turquie a une position géographique exceptionnelle et prétend devenir l’interface énergétique par laquelle passeraient les gazoducs et oléoducs des pétromonarchies. De plus, Erdogan a engagé une ambitieuse politique néo-ottomane sunnite qui lorgne vers le Sud.

Pour les Américains, outre le fait de plaire à leurs protégés (c’est le rôle de tout empire) et de mettre des bâtons dans les roues de l’Iran, leur ennemi depuis 1979, cela permettrait de squizzer énergétiquement la Russie et de la remplacer, sur le marché européen, par les hydrocarbures du Golfe.

Ainsi, tout concourt à ce que « quelque chose se passe ». Dès 2007, dans un article prémonitoire intitulé The redirection, Seymour Hersh indicait que la « guerre contre le terrorisme » avait laissé place à la guerre contre les chiites, pourtant ennemis mortels des terroristes sunnites qui mettaient l’Occident et le monde à feu et à sang. Rien d’étonnant à cela, les Américains avaient déjà profité de l’émotion du 11 septembre pour régler leurs petits comptes géopolitiques et attaquer Saddam, pourtant adversaire d’Al Qaïda…

Quelque chose se prépare donc, mais où ? Attaquer l’Iran de front est impossible après les fiascos irakien et afghan. Ré-attaquer l’Irak « libéré » quelques années auparavant est invendable auprès de l’opinion publique. Quant au Hezbollah libanais, il est par trop excentré et Israël s’y est d’ailleurs cassé les dents en 2006. Le maillon faible est la Syrie. C’est là que les efforts vont se porter.

Dès la fin des années 2000, le plan est prêt, comme l’expliquera Roland Dumas. La vague des « Printemps arabes » de 2011 est un prétexte idéal. Qu’une partie des Syriens se soulève réellement, sans arrière-pensées, contre Assad ne peut être nié. Que d’autres groupes aient été préparés et financés en amont, faisant partie d’une manœuvre élaborée dans des capitales étrangères pour faire tomber Assad, c’est une évidence.

  • Plan A (2011-2014) : le renversement d’Assad

Le plan est simple : faire tomber Assad et le remplacer par un régime sunnite favorable aux intérêts de l’empire US et de ses clients.

 

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Source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2018/12/le-conflit-syrien-pour-les-nuls.html

 

 

 

 

 

Notre cadeau de fin d’année à ceux qui partagent la passion du Cardinal…

 

 

 

 

http://www.elishean-aufeminin.com/histoire-du-chat-notre-ami-felin/

 

 

 

 

 

Mis en ligne le 30 décembre 2018

 

 

2 Responses

  • WEINZORN

    Mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année,et de santé particulièrement.
    Et merci encore pour toutes les informations véhiculées par votre site.
    Cordialement,
    Christian Weinzorn,colmar

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  • admin7511

    Grand merci et autant à vous.
    Les Grosses Orchades

    Répondre

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