Ni d’Yvonne Cattier ni de James Joyce : d’Ahmad Mostapha.

 

 

 

Un voyage sur l’eau

 

et le centenaire d’un autre…

 

 

 

 

Les Grosses Orchades ont le grand plaisir de vous signaler (et de vous prier d’honorer de votre présence) un événement unique – à prendre au sens strict puisqu’il n’y en aura pas d’autre – qui doit se dérouler à Louvain (Belgique) le jeudi 17 février prochain à 19h30. Précisément au Musée L, qui est celui de l’Université.

 

 

 

 

Le voyage sur l’eau

 

17 février 2022

 

Graveur et peintre belge, Yvonne Cattier vous dévoilera lors de cette soirée une de ses œuvres les plus mystérieuses et inattendues. Précieusement conservé dans les réserves du Musée L, le Voyage sur l’eau n’a plus été montré au public depuis 2004. Lors de cette soirée, ce dessin de 75 m de long sera déroulé. Tout au long de ce défilement, vous découvrirez diverses narrations autour de la mer, avec des scènes tantôt agitées, tantôt calmes baignées dans un univers de rêve et de poésie. Le dévoilement de l’œuvre sera suivi d’un temps d’échange avec l’artiste.

 

Après l’obtention d’un brevet de maîtrise en peinture monumentale à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1966, Yvonne Cattier suit une formation de graveur chez Lacourière et Frélaut. Parallèlement à son œuvre personnelle, elle donne des ateliers plastiques pour des groupes marginaux, de l’enfance à l’univers carcéral. 

Yvonne Cattier trace sur des supports toujours différents, des rouleaux, des carnets, des papiers de bouchers tunisiens, des vêtements, des toiles marouflées, des bandes de papiers découpés, etc. Les thèmes qu’elle explore sont des paysages, des objets « silencieux », des personnages du théâtre, des ânes, la pluie, le vent, l’eau…. L’apparente liberté et spontanéité de ses œuvres résultent d’une grande maîtrise de la composition et de la couleur.

 

 

 

 

Nous avons dit « événement unique »

 

Oui, parce que l’œuvre d’Yvonne Cattier n’est jamais exposée.

Et pour cause : il s’agit d’un « tableau » de 75 mètres de long sur 1,50 m de haut, enroulé autour d’un support, qu’il n’est possible de regarder que si deux personnes le déroulent sous vos yeux, une à chaque bout.

Le sujet, c’est la vie d’un homme, représentée sous forme d’un long voyage sur l’eau – toutes sortes d’eaux – en bateau – toutes sortes de bateaux – et même peut-être à la nage (nous ne l’avons pas vu).

Cette œuvre curieuse et, nous a-t-on dit, très belle, ne sera donc déroulée qu’une seule fois. En public (vous et d’autres), et, croyons-nous, filmée tout le long de son déroulement.

Un événement rare, doublé, nous en sommes sûrs, d’un réel plaisir esthétique.

 

 

 

Les informations pratiques dont vous avez besoin :

 

Performance et rencontre :  à 19h30

Lieu : au Forum du Musée L

Prix : 6€ (entrée au musée comprise)

 

Réservations indispensables par mail à l’adresse :

 publics@museel.be

 

[Pourquoi ?  Parce que la réservation en ligne est indisponible.]

 

 

 

 

Pour les étrangers qui ne sont pas d’ici :

Musée L
Place des Sciences 3
Bte L6.07.01
1348 Louvain-la-Neuve

tél. :  +32 (0)10 47 48 41
e-mail :  info@museel.be

https://museel.be/fr/evenement/rencontre/le-voyage-sur-leau

 

 

 

 

Nous avons quand même posé quelques questions à l’artiste sur son œuvre, et voici ce qu’elle nous a confié :

 

La nécessité de peindre le rouleau Le voyage sur l’eau pourrait se raconter comme suit :

 

Un jour en route vers le sud tunisien, Chedli me montre de la fenêtre du car une tente berbère au loin, avec le chameau couché et quelques chèvres bondissant tout autour. Il me dit : « Vous voyez, là, il y a le BONHEUR »

Il vécut sous tente de sa naissance jusqu’à ses 18 ans, nomadisant dans le désert lybien avec sa famille, errant ça et là au gré de possibles embauches pour travaux saisonniers.

Les beaux moments de sa vie se passèrent là, loin des villes, sécurisé par les vastes étendues traversées par le vent et écrasées de soleil, à l’air libre la nuit sous une couverture étoilée. Quatre murs lui rognaient les ailes.

D’origine arabe, de tradition musulmane, descendant de la lignée d’un khalife (compagnon du prophète), sa famille émigra au 18e siècle à Kairouan, ville sainte.

Ses ancêtres, jusqu’à la venue des Français, possédaient des terres autour de la ville. Son aïeul remplissait le rôle d’àdel (sorte d’huissier). Nous allâmes identifier sa tombe dans ce cimetière d’une rare sobriété, le long des remparts.

L’ensemble du rouleau transcrit le souvenir d’une vie qu’il m’a été donné de connaître. Tant ils me semblaient transparents, je les ai symbolisés par l’eau, la mer.

Solitaire d’abord dans une barque, croisant ensuite de grands navires paresseux, flottant dans la quiétude d’une mer d’huile, passager d’un cargo bondé, essuyant des tempêtes, pêcheur à la ligne sur un léger rafiot. Et de s’ébattre dans les vagues par temps clair…

La dernière séquence est l’homme mémoire, diaphane, retournant dans son passé à la nage. L’homme jamais exilé de la conscience d’une dignité humaine partagée.

Yvonne Cattier

 

 

 

 

On ne sait pas qui est (était ?) Chedli. C’est une question à poser au peintre. Qui sera présente.

Tout ce qu’on a réussi à savoir, de quelqu’un qui a vu Le voyage il y a des années, c’est que le rouleau se trouve sur un grand cylindre vertical raccordé à un autre cylindre placé au bout d’une scène et qu’ils sont actionnés par une manivelle. D’où la nécessaire présence de deux personnes.

Ils n’ont pas encore inventé ça, les siliconés de la vallée !

 

 

 

 

 

 

L’autre voyage sur l’eau est celui d’Ulysse…

 

 

2 février 1922

L’Ulysses de Joyce a pris la mer il y a tout juste cent ans aujourd’hui

 

 

 

James Joyce dans le bureau de son éditeur Sylvia Beach, à Paris, 1922

 

 

 

 

 

 

 

Ἐν ἀρχῇ ἦν λόγος

 

 


 » He kissed the plump and soft melons of each hemispheres, in the soft furrow of the Equator, and saw a third hemisphere being born. »

                                                                          James Joyce, Ulysses

 

 

Le couple de l’aède et de Shéhérazade

n’élabore ses odes en l’île d’Atlantide

ni par assuétude ni comme une galéjade,

mais afin que ses ondes illuminent le vide

qui des Indes aux Andes cache une mascarade

hantée de guerres froides et de crises morbides,

sans autre vrai remède que solidaridad.

Vos modes, vos talmuds, vos clouds, vos bombes à rides

ou contre Novgorod – à jamais sont en rade.

Vieux monde, entends l’aubade au jardin d’Hespérides !

A.A.,

centenaire de la première publication d’ Ulysses,

le 2 février 1922.

 

www.spherisme.be

 

 

[Comme tout le monde ne sait pas le grec : Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος (« Au commencement était la parole », traduction par Erasme de « Au commencement était le Verbe » de l’Évangile de Saint Jean. – Merci Sémimi]

 

 

 

 

 

 

Et Anatole Atlas continue, à la fois en prose et en vers :

 

 

Le Troisième Hémisphère

 

 

Je te vois effondré sur une plage maghrébine et tu me vois te voir,

même si je suis hors de portée de ton regard, tout au fond de la mer ;

mais la voyance de ce double pèlerinage pulvérise le miroir,

pour te faire accéder au Troisième Hémisphère.

 

Seul au bord du désert face au rouleau des vagues. Tiens, les mouettes ont l’air de me faire signe. Curieuse, l’impression d’être observé par une voix de l’océan. J’aime cette illusion. Par-dessus ma présence, elles adressent un message à celui qui me parle. Et le peuple des ailes se met à affluer venu je ne sais d’où. De toutes les directions, par lots de cent et mille, ces vols planés convergent attirés par l’appel dont je sais n’être pas la véritable source. On dirait un colloque de tous les volatiles peuplant cette lisière, auquel sont invitées les ailes de l’autre rive, si j’en crois le ciel sombre envahi de nuées survolant l’océan.

 

Tous les oiseaux de mer se dirigent en effet vers un même objectif.

Tu sais que ces bestioles observent en général une prudente distance,

disant combien l’humain leur est épouvantail bien plus que les récifs.

Mais ici leur boussole est guidée par l’aimance.

 

Depuis combien de temps cette errance malade vers le sud marocain ? Nez gorgé de microbes y ayant fait leur nid depuis les deux vaccins. Quelle secrète peste infiltrée dans le sang, quelle forme sournoise de la vieille guerre des classes ? Exote à tout jamais, je m’en remets à la mantique des oiseaux. Captant comme il se doit les voix de l’au-delà, je crois bien reconnaître celle surgie des flots, qui m’encourage à ne jamais abandonner le combat millénaire des peuples de l’abîme. Ainsi me suis-je encore laissé porter par la folie du vagabond. Il faudrait plutôt dire de l’oiseau migrabond. Car ce sont des migrants, bipèdes au ras du sol, que par colonnes entières traversant le désert depuis l’Afrique noire, au prix de sacrifices incluant d’avoir pour exclusif abreuvoir la pisse des chameaux : chevaliers va-nu-pieds d’une équipée mortelle fuyant misères et guerres, citoyens sans papiers d’une nation sans nom, que l’on croise en ces sables écrasés de soleil.

 

N’en rajoute pas trop dans l’effet de pathos avec tes longues phrases !

Qui crois-tu que cela puisse encore toucher aux provinces belgiques ?

Les rares qui te liront par pitié moqueront cette archaïque emphase,

dont même les curés ne sont plus nostalgiques.

 

Lire la suite…

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/le-troisieme-hemisphere/

 

 

 

 

 

On ne voudrait pas chagriner Anatole Atlas ni les joyciens en général, mais on tient à rappeler que, pour un autre écrivain mastodontique, à l’autre bout du siècle, le troisième hémisphère était le troisième sein d’Ava, déesse-mère de Dantzig sur la Vistule.

Si le roman de Joyce est réputé illisible, il y en a qui en disent autant de celui de Grass, dont nous n’hésitons pas à prétendre qu’il ne peut se comparer, en littérature, qu’à l’oeuvre de Wagner en musique.

Que cela ne vous empêche pas de lire ou de relire Ulysses  en anglais, Ulisse en italien ou Ulysse en français !

 

 

 

 

 

 

Sur ce qui a tout l’air d’un événement éditorial :

 

 

James Joyce, atlante des syntagmes passés au tamis

 

 

Barry McCrea  – il manifesto – 30.1.2022

 

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

Classiques du vingtième siècle. Le 2.2.1922 paraissait le volume d’« Ulisse », dont Bompiani publie aujourd’hui une nouvelle version par Enrico Terrinoni, avec le texte original en regard : des milliers de changements, une édition en rien comparable aux précédentes.

 

 

 

William Orpen, « Sunlight », 1925 ca.

 

 

 

Ma première lecture de l’Ulysse de Joyce fut une expérience – entre amusement et inquiétude – de reconnaissance : jamais je n’aurais pensé trouver dans un grand classique de la littérature mondiale les expressions, les chansons, les blagues – à mes oreilles plutôt banales – du monde dans lequel j’avais grandi. Mais l’expérience la plus authentique du roman n’est pas celle d’un initié irlandais, elle est plutôt celle d’un lecteur qui, ignorant tout de ce monde et éloigné du labyrinthe dublinois, doit trouver ses propres points de repères pour se frayer un chemin dans l’épais brouillard de Joyce. Comme Ulysse lui-même, détourné de sa route par les vagues de la Méditerranée, chaque lecteur de l’Ulysse de Joyce doit trouver son propre chemin dans le roman.

 

Le projet de Joyce repose sur l’idée qu’on atteint à l’universel en passant par le microcosme. Plus on s’attache au particulier – plus on est fidèle aux moindres détails de la réalité – plus le rapport à l’universalité se fait étroit. Une représentation fidèle de l’Irlande n’était pas pour Joyce une fin en soi : ce qui fait d’Ulysse un roman de portée universelle n’est pas l’irlandaisité de son monde, mais sa spécificité. Le contexte socioculturel est un point de départ, pas un objectif. Le traducteur du roman est donc obligé de tenir compte de ces réalités multiples qui opèrent à tous les niveaux du texte, en remplissant à la fois les rôles d’historien, de philologue, de linguiste et de mystique.

 

Tous les contextes

Enrico Terrinoni, qui vient d’achever avec Fabio Pedone une traduction magistrale de Finnegans Wake, traduit pour la deuxième fois Ulysses (Bompiani, version bilingue, 2080 pages, 45.00 €). La nouvelle version comprend des milliers de changements par rapport à la précédente, certains minimes, d’autres essentiels. Les nuances de chaque mot ont été pesées, en tenant compte non seulement du contexte historique et culturel de l’Irlande du début du XXe siècle, mais aussi des fonctions – symboliques, phonétiques, linguistiques, voire visuelles – que chaque mot est appelé à remplir dans la grande machine d’Ulysse.

Les notes détaillées qui accompagnent le texte révèlent implicitement l’énorme effort intellectuel qui a présidé à cette traduction et l’extraordinaire filtre philologique par lequel est passé chaque mot choisi. En tant que guide vers les nombreux contextes du roman, il a peu d’équivalents dans n’importe quelle langue, y compris l’anglais.

Car les contextes sont en effet nombreux. Le premier, celui de Dublin en 1904, scène sur laquelle se déroule l’action d’Ulysse, n’est pas facile à reconstituer, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un seul contexte mais d’une série de contextes qui se chevauchent. Ulysse est souvent interprété comme le roman par excellence de la métropole moderne. Mais Dublin en 1904 n’a pas grand-chose à voir avec les grandes villes des modernistes, le Londres de Woolf ou le Paris de Proust. Ce contexte tellement spécifique est décrit de manière lucide et brillante dans un essai introductif du folkloriste Diarmuid Ó Giolláin. S’appuyant sur des sources extraordinairement riches mais peu connues des spécialistes du modernisme littéraire, Ó Giolláin y reconstruit les différentes couches de la culture populaire à Dublin au début du XXe siècle.

Ó Giolláin dépeint une ville où la culture paysanne séculaire, avec son rapport étroit à la nature et à l’agriculture, et ses rites superstitieux et païens, est encore très vive dans les faubourgs de la ville, à peu de kilomètres des lieux où Joyce a passé son enfance. Dublin est à la fois une ville marquée par la faim et la pauvreté ; une ville dans laquelle nombre des grandes demeures du XVIIIe siècle ont été transformées en bas-fonds ; une ville provinciale de la Grande-Bretagne qui considère Londres comme sa capitale ; une ville dominée par un catholicisme petit-bourgeois qui voit en Rome son propre centre et le foyer de la renaissance culturelle irlandaise, qui ambitionne de devenir la capitale d’un futur État indépendant..

Témoin de ce mélange, le répertoire de musique populaire qui caractérise Ulysse : opérettes italiennes, vieilles ballades irlandaises, chansons de music-halls anglais, hymnes en latin – musiques extrêmement diverses mais qui coexistent dans l’esprit des Dublinois. L’essai d’Ó Giolláin mérite d’être lu attentivement par tous les spécialistes de la littérature moderne ; il n’est pourtant que la première des nombreuses clés de lecture d’Ulysse proposées par l’édition de Terrinoni.

Comme on le sait, le roman raconte une histoire transversale qui se déroule en une seule journée, offrant un catalogue détaillé de lieux, de personnes, d’objets, d’événements : décès, naissances, vie politique, désirs, rêves, relations commerciales, culture élevée et culture populaire, musique, vêtements, boissons, nourriture. Le but n’est pas seulement de représenter les manifestations immédiates de tout cela, mais aussi d’en retrouver les éléments constitutifs et les origines. Lorsque Bloom ouvre le robinet et que l’eau coule, Joyce nous renseigne sur  tout le travail humain et naturel qui rend possible ce miracle :

« Elle vient ? Oui. Du réservoir de Roundwood, dans le comté de Wicklow, d’une capacité cubique de 2.400 millions de gallons, en passant par un aqueduc souterrain de tuyaux de filtrage à simple et double tube, construit au coût initial de 5 £ le yard … »

La même méthode est appliquée à l’analyse de la psychologie humaine. Le roman ouvre et dissèque l’esprit dans ses différentes composantes, notamment les traces de culture, de politique, de publicité, qui y côtoient les souvenirs personnels et les désirs intimes. Il en va de même pour le langage, qui est décomposé en ses éléments individuels : le langage parlé en sons et le langage écrit en lettres. Les lettres et les sons ont eux aussi leur odyssée dans Ulysse. Ce qui signifie que, pour chaque mot, le roman propose plusieurs contextes possibles : socioculturel, psychologique, linguistique, etc. Habituellement, les éditions critiques en privilégient un seul (en mettant l’accent sur le nationalisme irlandais, par exemple, ou sur les références à Homère).

L’exploit remarquable de Terrinoni est de maintenir tous ces niveaux en vie dans ses notes, sans en faire prévaloir aucun, et en évitant – par son ton direct et enjoué – le risque que le texte en soit submergé : bref, un sérieux philologique maximal, sans concessions à la pédanterie ni aux minuties ; l’attention accordée aux détails historiques concrets y coexiste avec un respect quasi mystique pour le monde imaginaire de Joyce.

 

Édition incomparable

Terrinoni semble partir du principe qu’Ulysse n’est pas seulement un roman mais, réellement, un monde entier. La tâche de l’éditeur-traducteur consiste alors à amplifier, découvrir et dessiner la carte de ce monde si complexe. L’éditeur a pris au sérieux tous les aspects de l’univers de Joyce, y compris les plus ésotériques tels que la numérologie. La note qui accompagne le premier mot du roman – « stately » en anglais, « statuario »  [= majestueux comme une statue », NdE] dans la traduction de Terrinoni – couvre quatre pages et constitue un court essai sur la méthode d’Ulysse. Je ne connais pas d’édition comparable à celle-ci, même en anglais.

La tâche consistant à revêtir l’anglais de Joyce de vêtements italiens a été , pour Terrinoni, l’occasion d’explorer l’univers joycien à tous les niveaux. Le résultat est un atlas – de valeur énorme non seulement pour les Italiens mais pour quiconque désire approfondir sa connaissance du texte de Joyce – de tous les mondes, et ils sont nombreux, qu’Ulysse rassemble et englobe. Si le ius solis était valable pour la littérature, Ulysse, qui a été écrit en grande partie à Trieste, devrait être considéré comme un roman italien. Et avec cette édition italienne, Terrinoni rend le livre à tous, y compris aux Irlandais.

Source : https://ilmanifesto.it/james-joyce-atlante-di-sintagmi-passati-al-setaccio/

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/16952-2/

 

 

 

 

 

Les anglophones ont marqué le coup avec plusieurs livres, que recense la LRB :

 

 

 

 

 

Il y a 100 ans, jour pour jour, un volume bleu-vert apparaissait dans la vitrine de Shakespeare and Co. à Paris et changeait fondamentalement les règles de la fiction. Célébrez la merveille qu’est Ulysse avec notre liste de livres qui en parlent.

 

 

 

 

James Joyce

ULYSSES

Vintage Publishing – 2022

688 pages

From the publisher

Celebrating 100 Years of Joyce’s masterpiece

The authoritative Hans Walter Gabler text; With a new introduction by Anne Enright

Set entirely on one day, 16 June 1904, ​Ulysses follows Leopold Bloom and Stephen Daedalus as they go about their daily business in Dublin. From this starting point, James Joyce constructs a novel of extraordinary imaginative richness and depth. Unique in the history of literature, ​Ulysses is one of the most important and enjoyable works of the twentieth century.

 

Terence Killeen

Ulysses Unbound

Penguin Books – 2022

352 pages

From the publisher

Ulysses is one of the foundational texts of modern literature, yet has a reputation for complexity and controversy. In ​Ulysses Unbound, Joyce expert Terence Killeen untangles this seemingly knotty classic to reveal the wonders beneath, in a clear and comprehensive guide which will provide new and vital insights for everyone from students to specialists.

In this new edition, published to celebrate the centenary of ​Ulysses’ first publication in 1922, Killeen seamlessly combines close literary analysis with a broad account of the novel’s fascinating history, from its writing and publication to its long contemporary afterlife. We get under the skin of the text to discover the joys of Joyce’s remarkable range of themes, styles and voices, as Killeen reanimates the real people who inspired many of the characters. ​Ulysses Unbound is an indispensable, illuminating and entertaining companion to one of the twentieth century’s great works of art.

With a foreword by Colm Toibin

 

Daniel Mulhall

Ulysses – A reader’s Odyssey

New Island Books – 2022

324 pages

From the publisher

Marking the centenary of Ireland’s – and possibly the world’s – most famous novel, this joyful introductory guide opens up Ulysses to a whole new readership, offering insight into the literary, historical and cultural elements at play in James Joyce’s masterwork.

Both eloquent and erudite, this book is an initiation into the wonders of Joyce’s writing and of the world that inspired it, written by Daniel Mulhall, Ireland’s ambassador to the United States and an advocate for Irish literature around the world.

One hundred years on from that novel’s first publication, Ulysses: A Reader’s Odyssey takes us on a journey through one of the twentieth century’s greatest works of fiction. Exploring the eighteen chapters of the novel and using the famous structuring principle of Homer’s Odyssey as our guide, Daniel Mulhall releases Ulysses from its reputation of impenetrability, and shows us the pleasure it can offer us as readers.

 

Eric Jon Bulson

Ulysses by Numbers

Columbia University Press  – 2020

296 pages

From the publisher

Ulysses has been read obsessively for a century. What if instead of focusing on the words to understand the structure, design, and history of Joyce’s masterpiece, we pay attention to the numbers?

Taking a computational approach, ​Ulysses by Numbers lets us see the novel’s basic building blocks in a significantly new light-words, paragraphs, pages, and characters, as well as the original print run and the dates marking the beginning and end of its composition. Numbers provide access into Joyce’s creative process, enhanced by graphs, diagrams, timelines, and maps, and they also give us a startling new perspective on the proportions that continue to structure, organize, and pace the reading experience. Numbers are there to help us navigate the history of ​Ulysses from its earliest material beginnings, and they offer a concrete basis upon which we can explore the big questions about its length, style, origins, readership, and design.

An innovative computational reading on both a micro and macro level, ​Ulysses by Numbers is a timely intervention into debates about the use and abuse of quantitative methods in literary analysis. Eric Bulson demonstrates how reading by numbers can bring us closer to the words of ​Ulysses, helping us rediscover a novel we thought we already knew.

 

Chris McCabe

Dedalus

Henningham Family Press – 2018

Number of pages unknown

From the publisher

“Parts of this book will remain with me, and pollute my reading of Hamlet and Ulysses, forever. I also add it to my personal library of Great Books About Dead Fathers.” – Max Porter : Author of ​Grief is the Thing with Feathers

“McCabe’s invention never flags.” – David Collard, Literary Review

Chris McCabe playfully reclaims the inventive spirit of the founding text of Modernism; ​Ulysses. Tracing the same structure as the original, McCabe describes the events of the following day, 17th June 1904. Stephen Dedalus wakes up, hungover, with scores and debts to settle, unaware that Leopold Bloom is waking up in Eccles street with his own plans for him.

Dedalus is shot through with cut and paste disruptions from the Digital Age. From ’80s Text Adventure gaming to Google maps and pop-ups. McCabe picks up the tradition of Laurence Sterne and B.S. Johnson, underpinning the paragraphs of his storytelling with concrete poetry.

This novel is haunted (by Hamlet). This novel has a subconscious. This novel has therapy. This novel gives right of reply to Joyce’s self-portrait and questions the foundations of narrative storytelling. This truly is a hotly anticipated moment in Fiction. 

 

Declan Kilberd

Ulysses and us

Faber & Faber – 2010

416 pages

From the publisher

In ​Ulysses and Us, Declan Kiberd argues that James Joyce’s ​Ulysses offers a humane vision of a more tolerant and decent life under the dreadful pressures of the modern world. As much a guide to contemporary life as it is virtuoso work of literary criticism, ​Ulysses and Us offers revolutionary insights to the scholar and the first-time reader alike.

Leopold Bloom, the half-Jewish Irishman who is the hero of James Joyce’s ​Ulysses, teaches the young Stephen Dedalus (modelled on Joyce himself) how he can grow and mature as an artist and an adult human being. Bloom has learned to live with contradictions, with anxiety and sexual jealousy, and with the rudeness and racism of the people he encounters in the city streets, and in his apparently banal way sees deeper than any of them. He embodies an intensely ordinary kind of wisdom, Kiberd argues, and in this way offers us a model for living well, in the tradition of the literature upon which Joyce drew in writing ​Ulysses, such as Homer, Dante and the Bible.

‘Declan Kiberd’s brilliantly informed and highly entertaining advocacy liberates Joyce’s greatest book from the dungeon of unreadable masterpieces.’ Joseph O’Connor

 

Colm Tóibín

Mad, Bad, Dangerous to Know

Penguin Books Ltd – 2019

192 pages

From the publisher

An intimate study of three of Ireland’s greatest writers from one of its best-loved contemporary voices

‘A father…is a necessary evil.’ Stephen Dedalus in ​Ulysses

In ​Mad, Bad, Dangerous to Know Colm Toibin takes three of Ireland’s greatest writers – Oscar Wilde, W.B. Yeats and James Joyce – and examines their earliest influences : their fathers. With his inimitable wit and sensitivity, Toibin introduces us to Wilde Senior, the philandering doctor whose libel case prefigured that of his son; the elder Yeats, an impoverished artist who never finished a painting; and to John Stanislaus Joyce, the hard-drinking, storytelling father of James, who couldn’t feed his own family. This is an illuminating study of how each of these men cast a long shadow not only over the lives of their famous sons, but over the works for which they are celebrated and cherished.

 

 

 

 

 

 

Si quelqu’un a fait quelque chose de spécial en français, nous ne l’avons pas trouvé.

 

 

James Joyce

Ulysse

Folio classique – 2013

1664 pages

13,60 €

Quatrième de couverture

L’action d’Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d’Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n’arrive d’extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel.Chaque épisode correspond à un épisode de L’Odyssée. Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l’universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l’histoire sont contenues en un seul jour. C’est à Rabelais, à Swift que l’on peut comparer l’art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande oeuvre épique et satirique de notre temps.

Biographie de l’auteur, ne lésinons pas

James Joyce est né le 2 février 1882 à Rathgar, dans la banlieue de Dublin. Dès 1897, il commence à écrire. Il entre à University College en 1898, et c’est en 1900 qu’il fait un véritable début littéraire, avec un article sur Ibsen. En 1920, James Joyce s’installe à Paris sur les conseils d’Ezra Pound. Il fait la connaissance d’Adrienne Monnier, de Sylvia Beach, qui publie Ulysse en 1922, de Valery Larbaud, qui le présente au Tout-Paris littéraire. En 1940, il se réfugie à Zurich, où il meurt le 13 janvier 1941.

 

James Joyce

La nuit d’Ulysse

Gallimard 1959

158 pages.

(Il semble que ce soit une adaptation théâtrale)

 

 

Philippe Forest

Beaucoup de jours

(d’après Ulysse de James Joyce)

Gallimard – 2022 (c’est une réédition)

448 pages

Quatrième de couverture

L’Ulysse de James Joyce a paru à Paris le 2 février 1922 – date symboliquement choisie par l’auteur car elle était aussi celle de son quarantième anniversaire. On célébrera prochainement le centenaire de ce monument de la littérature mondiale qui, étrangement, semble compter aujourd’hui autant de détracteurs que d’admirateurs. Un roman illisible, dit-on parfois, inutilement compliqué, fastidieusement cérébral, le faux chef-d’oeuvre par excellence… Avec Beaucoup de jours – publié pour la première fois il y a une dizaine d’années -, Philippe Forest prend et gagne le pari de prouver qu’il n’en est rien et démontre avec aisance et clarté qu’il est possible de lire et de donner à lire un pareil ouvrage. Il propose un guide pour ce livre-labyrinthe qu’est Ulysse et, en même temps, un essai très personnel dans lequel le lecteur qui le souhaite retrouvera l’écho de certains des romans de l’auteur de L’enfant éternel, de Sarinagara et du Chat de Schrödinger. Car Ulysse est un grand roman qui, dans ses dernières lignes, fait résonner le splendide « oui » à la vie de son héroïne, un ouvrage toujours aussi actuel qu’essentiel, destiné à tous les lecteurs de bonne volonté et qui offre à chacun la chance d’un formidable rendez-vous avec lui-même.

 

 

 

 

 

 

Mis en ligne le 2 février 2022

 

 

0 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.