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De la stratégie inversée ou quand des pays musulmans soutiennent la Chine sur la question du Xinjiang

 

Strategika51 – 14.7.2019

 

 

 

 

Le Saint-Graal des stratèges de l’Alliance Atlantique est de pouvoir instrumentaliser l’Islam politique militant contre la République populaire de Chine comme au bon vieux temps du grand Djihad Afghan soutenu à tours de bras (de la CIA et du Mi6) et de missiles Sol-Air portatifs Stinger contre la défunte Union Soviétique.

La Chine est en effet un grand morceau et il faut bien plus qu’une seule approche pour abattre l’Empire du Milieu. À la question de Taïwan et de la Mer de Chine méridionale, il y a la question de la péninsule coréenne et, le cas échéant, les bases US au Japon. Ce n’est pas suffisant et c’est pour cela que la question du Tibet est toujours une thématique à prendre. Cela ne suffisait pas. Il fallait jouer sur un clivage religieux. La Secte Moon ne sert pas à grand-chose, pas plus que les divergences entre Pékin et le Vatican sur l’indépendance des évêques. Cela ne motivait presque personne en Chine et le peu de gens qui s’y intéressent ne formait pas une force sociale capable d’influer sur le cours des choses. Il fallait un très puissant levier : un clivage entre l’islam et le monde chinois. Le rêve du libéralisme triomphant des années 90.

La province occidentale du Xinjiang ou Turkestan chinois, frontalier avec l’Afghanistan, faisait l’affaire. Ne restait plus qu’à exploiter la niche. Le financement du terrorisme est une spécialité particulière qui s’est beaucoup perfectionnée durant ces dernières années. La Chine a réagi dès le début des troubles séparatistes avec beaucoup de fermeté. Il n’y a pas que les Ouïghours qui sont musulmans en Chine; les San le sont en majorité également dans le centre de la Chine et la première mosquée chinoise a ouvert ses portes il y a plus de mille ans. Ce n’est donc pas un problème religieux mais stratégique qui oppose la Chine aux États-Unis. L’islamisme n’étant qu’un outil de l’hégémonie de l’empire dont il utilise les ressources et les mercenaires pour semer le désordre chez ses ennemis. Pékin l’a bien compris. Vint le tour de la propagande. On évoque des camps de concentration de musulmans en Chine.

 

 

Vous avez dit « Propagande » ?

 

 

On croyait devoir encore assister à un remake des vidéos bidonnées du Darfour au Soudan où des experts en communication ont osé utiliser la théorie du genre pour masquer une famine et une guerre civile à des fins stratégiques visant la partition du Soudan, ou encore l’inoubliable vidéo valant trois films d’action à gros budget hollywoodiens sur l’Armée du Seigneur en Ouganda (Y a rien à dire, Hollywood possède la main dans ce genre de films depuis les années 40) mais voilà que Trente-sept pays, dont deux pays musulmans, l’Algérie et l’Arabie, ont écrit à l’ONU pour soutenir la Chine, après la lettre envoyée par une vingtaine de pays, principalement occidentaux, pour dénoncer les internements de musulmans dans la province chinoise du Xinjiang.

Pour un non initié aux retournements de situations, des pays occidentaux menant une guerre sans fin contre le terrorisme « islamiste » dans la région centrale du monde et dont les médias font dans la promotion de l’islamophobie, défendant les musulmans chinois contre les méchants chinois alors que les pays musulmans défendent ces mêmes méchants chinois et apportent leur soutien à Pékin dans sa lutte contre la subversion, c’est la fin du monde, mais cela a le mérite de mettre à nu les mensonges de toute l’idéologie occidentale depuis la fin de la guerre froide.

Outre l’Algérie qui vient juste d’adhérer officiellement à la grande initiative économique chinoise et la nouvelle route de la Soie, l’Arabie Saoudite (il paraît que MBS serait très remonté contre les Britanniques), la Chine a reçu le soutien fort inattendu du Qatar et des Philippines et, bien évidemment, celui de la Corée du Nord et de la Syrie, deux autres pays ciblés par l’empire. En Afrique, le Nigéria n’a pas fait dans la demi-mesure : non seulement il soutient la Chine mais il l’appelle à venir investir chez lui. Le Commonwealth en tremble.

 

Source : https://strategika51.org/archives/64643

 

 

 

 

 

Juillet 2019

 

 

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