Transcription des paroles pour les sourds et les malentendants

 

 

 

En groupe, en ligue, en procession  – Jean Ferrat

 

En groupe, en ligue, en procession
En bannière, en slip, en veston, il est temps que je le confesse
A pied, à cheval et en voiture
Avec des gros, des p’tits, des durs, je suis de ceux qui manifestent
Avec leurs gueules de travers
Leurs fins de mois qui sonnent clair, les uns me trouvent tous les vices
Avec leur teint calamiteux
Leurs fins de mois qui sonnent creux, d’autres trouvent que c’est justice

Je suis de ceux que l’on fait taire
Au nom des libertés dans l’air, une sorte d’amoraliste
Le fossoyeur de nos affaires
Le Déroulède de l’arrière, le plus complet des défaitistes
L’empêcheur de tuer en rond
Perdant avec satisfaction vingt ans de guerres colonialistes
La petite voix qui dit non
Dès qu’on lui pose une question quand elle vient d’un parachutiste

En groupe, en ligue, en procession
Depuis deux cents générations, si j’ai souvent commis des fautes
Qu’on me donne tort ou raison
De grèves en révolutions, je n’ai fait que penser aux autres
Pareil à tous ces compagnons
Qui de Charonne à la Nation, en ont vu défiler parole
Des pèlerines et des bâtons
Sans jamais rater l’occasion de se faire casser la gueule

En groupe, en ligue, en procession
Et puis tout seul à l’occasion, j’en ferai la preuve par quatre
S’il m’arrive Marie-Jésus
D’en avoir vraiment plein le cul, je continuerai de me battre
On peut me dire sans rémission
Qu’en groupe, en ligue, en procession, on a l’intelligence bête
Je n’ai qu’une consolation
C’est qu’on peut être seul et con et que dans ce cas, on le reste.

https://www.youtube.com/watch?v=dWKXU8vSwx4

 

 

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Les deux onclesGeorges Brassens

 

C’était l’oncle Martin, c’était l’oncle Gaston
L’un aimait les Tommies, l’autre aimait les Teutons
Chacun, pour ses amis, tous les deux ils sont morts
Moi, qui n’aimais personne, eh bien ! je vis encor

Maintenant, chers tontons, que les temps ont coulé
Que vos veuves de guerre ont enfin convolé
Que l’on a requinqué, dans le ciel de Verdun
Les étoiles ternies du maréchal Pétain

Maintenant que vos controverses se sont tues
Qu’on s’est bien partagé les cordes des pendus
Maintenant que John Bull nous boude, maintenant

Que c’en est fini des querelles d’Allemand

Que vos fill’s et vos fils vont, la main dans la main
Faire l’amour ensemble et l’Europ’ de demain
Qu’ils se soucient de vos batailles presque autant
Que l’on se souciait des guerres de Cent Ans

On peut vous l’avouer, maintenant, chers tontons
Vous l’ami les Tommies, vous l’ami des Teutons
Que, de vos vérités, vos contrevérités
Tout le monde s’en fiche à l’unanimité

De vos épurations, vos collaborations
Vos abominations et vos désolations
De vos plats de choucroute et vos tasses de thé
Tout le monde s’en fiche à l’unanimité

En dépit de ces souvenirs qu’on commémor’
Des flammes qu’on ranime aux monuments aux Morts
Des vainqueurs, des vaincus, des autres et de vous
Révérence parler, tout le monde s’en fout

La vie, comme dit l’autre, a repris tous ses droits
Elles ne font plus beaucoup d’ombre, vos deux croix
Et, petit à petit, vous voilà devenus
L’Arc de Triomphe en moins, des soldats inconnus

Maintenant, j’en suis sûr, chers malheureux tontons
Vous, l’ami des Tommies, vous, l’ami des Teutons
Si vous aviez vécu, si vous étiez ici
C’est vous qui chanteriez la chanson que voici

Chanteriez, en trinquant ensemble à vos santés
Qu’il est fou de perdre la vie pour des idées
Des idées comme ça, qui viennent et qui font
Trois petits tours, trois petits morts, et puis s’en vont

Qu’aucune idée sur terre est digne d’un trépas
Qu’il faut laisser ce rôle à ceux qui n’en ont pas
Que prendre, sur-le-champ, l’ennemi comme il vient
C’est de la bouillie pour les chats et pour les chiens

Qu’au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi
Mieux vaut attendre un peu qu’on le change en ami
Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main
Mieux vaut toujours remettre une salve à demain

Que les seuls généraux qu’on doit suivre aux talons
Ce sont les généraux des p’tits soldats de plomb
Ainsi, chanteriez-vous tous les deux en suivant
Malbrough qui va-t-en guerre au pays des enfants

O vous, qui prenez aujourd’hui la clé des cieux
Vous, les heureux coquins qui, ce soir, verrez Dieu
Quand vous rencontrerez mes deux oncles, là-bas
Offrez-leur de ma part ces « Ne m’oubliez pas »

Ces deux myosotis fleuris dans mon jardin
Un p’tit forget me not pour mon oncle Martin
Un p’tit vergiss mein nicht pour mon oncle Gaston
Pauvre ami des Tommies, pauvre ami des Teutons…

https://www.youtube.com/watch?v=Qgm9oy5ZPwk

 

 

 

 

Le Pluriel – Georges Brassens

 

Cher monsieur, m’ont-ils dit, vous en êtes un autre
Lorsque je refusai de monter dans leur train
Oui, sans doute, mais moi, j’fais pas le bon apôtre
Moi, je n’ai besoin de personne pour en être un

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens
Dans les noms des partants on verra pas le mien

Dieu que de processions, de monomes, de groupes
Que de rassemblements, de cortèges divers
Que de ligues, que de cliques, que de meut’s, que de troupes
Pour un tel inventaire il faudrait un Prévert

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens
Parmi les cris des loups on n’entend pas le mien

Oui, la cause était noble, était bonne, était belle
Nous étions amoureux, nous l’avons épousée
Nous souhaitions être heureux tous ensemble avec elle
Nous étions trop nombreux, nous l’avons défrisée

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens
Parmi les noms d’élus on verra pas le mien

Je suis celui qui passe à côté des fanfares
Et qui chante en sourdine un petit air frondeur
Je dis, à ces messieurs que mes notes effarent
Tout aussi musicien que vous, tas de bruiteurs

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens
Dans les rangs des pupitres on verra pas le mien

Pour embrasser la dame, s’il faut se mettre à 12
J’aime mieux m’amuser tout seul, cré nom de nom
Je suis celui qui reste à l’écart des partouzes
L’obélisque est-il monolithe, oui ou non

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens
Au faisceau des phallus on verra pas le mien

Pas jaloux pour un sou des morts des hécatombes
J’espère être assez grand pour m’en aller tout seul
Je ne veux pas qu’on m’aide à descendre à la tombe
Je partage n’importe quoi, pas mon linceul

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons
Bande à part, sacrebleu c’est ma règle et j’y tiens
Au faisceau des tibias on verra pas les miens

https://www.youtube.com/watch?v=LBNsgGCjf98

 

 

 

Un jour

 

Poème de Louis Aragon – Musique de Jean Ferrat

 

Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
À Grenade aujourd’hui surgit devant le crime

Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages

Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

 

https://www.youtube.com/watch?v=4i25x7CusII

 

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Novembre 2021

 

 

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