Annie (Lacroix-Riz) in Paxtonland
Il y a quelques jours, nous avons reçu, de Marie-Ange PATRIZIO, le communiqué suivant :
Bonsoir à tous,
je vous fais suivre ce courrier de l’historienne Annie Lacroix-Riz, donnant une idée de l’état des « moeurs académiques » sources des révisionnismes médiatiques et scolaires à tous les niveaux.
Je vous recommande la vivifiante pièce jointe (PAXTON5. doc), courrier à l’historien Robert Paxton sans réponse de l’intéressé.
Bonne lecture,
M-A
Et voici le courrier qu’elle venait elle-même de recevoir d’Annie Lacroix-Riz :
Chers amis,
Je ne réponds jamais à un individu, d’une grande vulgarité d’expression, qui se targue depuis plus de deux ans (après qu’Aude Lancelin m’a reçue sur Le Média) d’avoir été mon collègue à l’université de Toulouse-Le Mirail, ce dont je n’ai pas conservé le souvenir, me fustige régulièrement et vient de déclencher une nouvelle salve à laquelle je ne comptais pas répondre plus qu’à l’ordinaire (il s’est plaint de mon mutisme ces jours-ci à ses destinataires, dont moi-même, me qualifiant joliment de « buveuse de sang » notoirement connue comme telle à Toulouse, si, si). Mais, ce qui n’est peut-être pas vrai d’ailleurs, il prétend que des étudiants de mon ancienne université se demandent si je profite des misères de la classe ouvrière ariégeoise, dans un courriel qu’il vient de consacrer à l’ancienne usine Riz-Lacroix vendue par ses propriétaires aux Américains. C’est évidemment un argument public que je ne puis négliger.
Je vous remercie de communiquer à vos listes un échange journalistique datant de près de 20 ans, époque où Robert Paxton avait, et depuis un moment, résolu de suivre « les historiens du consensus » dans leur croisade, entamée depuis le début de la décennie 1990, contre l’idée même d’une « collaboration économique » et ses tenants, ligne qu’avait annoncée sa participation à la campagne de Libération, historiens « reconnus » à l’appui, lancée à trois reprises entre 1997 et 1999 contre mes travaux. Des collègues de l’Institut historique du temps présent et/ou de l’Institut d’études politiques lui ayant raconté que la recherche sur le capital financier se bornait à un règlement de comptes avec ma famille grande-bourgeoise, Robert Paxton n’a pas jugé bon de vérifier, et l’a répété publiquement après avoir « descendu » en flammes le premier Industriels et banquiers français sous l’Occupation (1999) – en près d’une page dans le Times Literary Supplement, tout de même…
Le caractère public des échanges ci-joints, par Times Literary Supplement interposé, complète le chapitre 3 de L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Temps des cerises, 2012, qui évoquait la mise en valeur systématique des historiens congrus contre « le vilain petit canard » Lacroix-Riz, Robert Paxton à l’appui, p. 62-64 et notes 91 et 101. Je m’étais abstenue dans cette seconde édition (2012) autant que dans la première (2004) de révéler que Robert Paxton s’était livré à des attaques personnelles, en sus erronées. Mais la résurrection de ces sornettes m’oblige à préciser davantage jusqu’à quel niveau se porte la « cabale » des « historiens du consensus » contre toute problématique gênante pour la bonne réputation de nos élites dirigeantes.
Les non-anglophones ‑‑ et les autres aussi ‑‑ percevront mieux, en lisant ma réaction personnelle, le 30 mai 2000, à l’assaut de Paxton, les enjeux de pratiques dont la cruauté fait penser, assassinats en moins, à celles que décrit Shlomo Sand dans son excellent roman policier La mort du Khazar rouge, impitoyable sur les milieux académiques israéliens, si semblables aux nôtres. Inutile de dire à quel point j’ai déploré que Robert Paxton, avec lequel j’avais entretenu d’excellentes relations intellectuelles depuis la fin des années 1980, se soit laissé entraîner à pareille bassesse. Il n’a jamais répondu au courrier personnel du 30 mai 2000, transmis par la voie électronique, pas plus qu’il n’avait répondu au courrier qui exprimait ma stupéfaction de sa participation à l’attaque de Libération, en mai 1997, livrée dans des conditions au moins aussi malhonnêtes que celui de 2000. Ces deux courriers sont ci-joints.
Que ceux qui imaginent que je règle mes comptes avec des ascendants appartenant au grand capital sachent que la question ne se pose pas : je n’ai rien à voir avec les Riz-Lacroix, mais ai pour grands-parents des « métèques » non privilégiés. Mais, à supposer que je sois d’ascendance grande bourgeoise, qu’y aurait-il à me reprocher en tant qu’historienne? Le travail d’un historien s’évalue à l’aune de son respect de la méthodologie, de sa fréquentations assidue des sources originales et de son honnêteté intellectuelle. Quant aux choix de classe, on entend moins de critiques contre les plébéiens qui se consacrent à la défense et illustration du capital financier et s’assurent ainsi carrière et honneurs…
Notons que le deuxième Industriels et banquiers français sous l’Occupation, de 2013, nouvel ouvrage appuyé sur des années de recherches supplémentaires, a été beaucoup plus sévère et précis sur les pratiques de cette catégorie sociale et l’ancienneté de sa collaboration avec le capital financier allemand. Une réponse à Robert Paxton irait aujourd’hui beaucoup plus loin qu’en 2000.
Bien amicalement,
Annie
On observera cependant que, depuis plus de vingt ans (et même bien davantage), les mœurs académiques ne se sont pas améliorées, mais plutôt dégradées…
Pour savoir de quoi on parle :
Article de Robert Paxton paru dans le Times Literary Supplement du 19 mai 2000 – pdf
Pour complément d’info, voir ici l’article de Libération, de 1997, dont il est question ci-dessus :
https://www.liberation.fr/france-archive/1997/03/18/un-probleme-de-sources-robert-paxton-ne-partage-pas-la-these-d-annie-lacroix-riz_199608
Et voici les deux courriers envoyés à Robert Paxton, auxquels le docte professeur n’a pas jugé utile de répondre
I.
Le Pecq, le 21 mars 1997
Annie LACROIX-RIZ
Professeur d’Histoire contemporaine
6, impasse des Pêcheries
78230 LE PECQ
Tél. : 01 39 73 96 03
Fax : 01 39 73 98 08
M. le Professeur Robert PAXTON
Department of History
Fayerweather Hall, room 605
NEW YORK
Monsieur et cher collègue,
C’est avec une extrême surprise que j’ai lu dans Libération du 18 mars 1997 (copie ci-jointe) votre interview qui souligne la fragilité de l’hypothèse relative au Zyklon B dans mon long article, « Les élites françaises et la collaboration économique : la Banque, l’Industrie, Vichy et le Reich », censuré en juillet 1995 (censure que vous connaissiez, puisque je vous en ai informé à Paris à l’automne 1995, à la fin d’une conférence que vous avez faite en compagnie notammment d’Henri Rousso au centre Beaubourg). Votre propos paraît dater de plusieurs mois – de la période où l’affaire de la censure de cette étude a été rendu publique; et il est publié alors même que de nouvelles recherches approfondies, menées dans la perspective d’un ouvrage sur la collaboration économique, m’ont conduite à livrer au public la documentation « analytique » qui, sur le Zyklon (mais aucunement sur les autres dossiers traités) vous semblait faire défaut à mon étude. J’ai en effet sur ce point précis complété ma documentation sur la base des archives allemandes (série AJ 40, fonds économiques) et françaises (F1 a).
Vous savez, puisque l’article inédit vous est curieusement parvenu alors que je ne vous l’ai pas envoyé et qu’il paraît en France cette semaine seulement, que « l’hypothèse » relative au Zyklon n’en occupait qu’une partie minuscule, et qu’elle figurait bien comme hypothèse. C’est devant l’écho international suscité par cette dernière que j’ai décidé de faire connaître les éléments nouveaux que je découvre sans attendre la publication de mon livre, prévue pour l’automne 1998. Le 11 mars 1997, L’Humanité a donc, sous la signature de Gilles Smadja, résumé ou cité plusieurs documents allemands et un français établissant avec précision un certain nombre de données nouvelles. Outre la photocopie de cet article du quotidien, je vous livre les textes dans une annexe ci-jointe, contenant à la fois tous ceux que j’ai envoyés à M. Smadja et un nouveau document allemand, découvert ces jours-ci, relatif à de nouveaux investissements de la Schering, pilleur des biens juifs de l’ancienne société filiale d’Ugine mariée à Degussa-Degesch au début de 1941. Il n’avait pas été jugé nécessaire de donner aux lecteurs d’un journal les précisions relatives aux cotes, mais il va de soi que je les mentionne dans le texte que je vous adresse. Il est donc incompréhensible que vous me réprimandiez sur le dossier Zyklon alors que je commence à donner satisfaction votre logique demande.J’en déduis que ce que Mme Lévy-Willard présente comme une prise de position « à chaud » résume des propos que vous lui avez tenus il y a un certain temps. Par exemple lorsqu’elle vous aurait remis ce texte que je lui avais confié, comme je l’ai précisé à Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, , à sa demande et à titre personnel, le 10 octobre 1996.
Pour le reste, et tout en respectant votre légitime droit à la critique, je souhaite ajouter quelques mot aux arguments dont j’ai usé dans le courrier à M. Joffrin. Je ne prétends naturellement pas être la seule à travailler sur la collaboration économique en France. Cependant, le chercheur vigilant que vous êtes ne devrait guère être choqué par le fond des objections que je présente dans l’article contre la méthodologie de M. Rousso et d’un certain nombre de collègues dans le n° spécial de la revue histoire, économie et société consacré en 1992 aux entreprises françaises pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous rendez un hommage appuyé à quelques historiens qui n’ont pas souscrit à l’obligation de consultation de fonds allemands et d’entreprises: serait-elle édictée pour moi? Parmi les noms que vous citez, figurent des spécialistes de la période – mais pas spécifiquement de la collaboration entre détenteurs des moyens de production; je ne manque d’ailleurs pas de les citer dans un travail qui date, je le rappelle, du début de 1994.
Je crains, pour les autres, que vous ne fassiez allusion à leur contribution à un ouvrage au titre ambitieux – La vie des entreprises sous l’occupation (Paris, Belin, 2è trimestre 1994) – mais au contenu modeste, comme l’annoncent ses responsables – A. Beltran, R. Frank et H. Rousso – dans un « avant-propos »: « Dès l’origine, il s’agissait moins d’écrire une histoire économique de la période, que d’analyser en détail les conditions dans lesquelles des entreprises françaises, prises dans divers secteurs et diverses régions, avaient traversé la guerre, l’occupation et la libération. De ce fait, on trouvera malheureusement peu de renseignements sur les grandes entreprises mais beaucoup en revanche sur la vie économique locale, y compris sur le destin de très petites entités économiques. L’enquête, en effet, a été tributaire des sources immédiatement disponibles », lesquelles, comme le lecteur peut ensuite en juger, sont fort limitées (op. cit., p. 4).
Vous avez vous-même et pendant si longtemps été si contesté en France pour l’étroitesse prétendue du choix de vos archives – sources allemandes pour La France de Vichy, préfectorales pour Vichy et les juifs – que je m’étonne de votre sévérité pour l’étroitesse du mien. Je présume en outre que vous allez traiter avec la même sévérité l’incontestable paresse de l’historiographie française, surtout quand on la compare à l’activité des chercheurs suisses ou de Gillingham pour le cas belge.D’autant que, je vous le rappelle, j’ai rédigé là un article, pas une thèse d’Etat. Concernant votre jugement politique, je prétends sur la stratégie des classes dirigeantes m’inspirer de votre analyse d’il y dix ans sur le cas français des années trente et la priorité donnée décisivement en 1936 à «l’ennemi intérieur [sur…] l’ennemi extérieur» («France, the Church, the Republic and the Fascist temptation, 1922-1945», WOLFF R. et J.HÖNSCH, éd., Catholics, the State and the European Right, 1919-1945, New York, Columbia University Press, 1987, p. 77-79 (67-91).
Je suis profondément touchée par ce que considère comme votre désaveu public de mon travail, et comme une contribution à une tentative de marginalisation mise en oeuvre depuis des années par tout ce qui gravite autour de l’IHTP, organisme qui a toujours repoussé la collaboration que je lui proposais, et qui prétend en France à un exclusivisme sur la Deuxième Guerre mondiale que je conteste. Je suis aussi fort inquiète de ce qui a constitué une manoeuvre de manipulation autour de votre nom prestigieux.
Dans l’attente de votre réponse et d’une explication franche, je vous prie d’agréer, Monsieur et cher collègue, l’expression de mes pensées les meilleures.
Annie LACROIX-RIZ
II.
Le Pecq, le 30 mai 2000
Annie LACROIX-RIZ
Professeur d’Histoire contemporaine
6, impasse des Pêcheries
78230 LE PECQ
Tél. : 01 39 73 96 03
Fax : 01 39 73 98 08
e-mail : annie.lacroix-riz @wanadoo.fr
M. le Professeur Robert PAXTON
Department of History
Fayerweather Hall, Room 605
NEW YORK
Monsieur et cher collègue,
Je dois d’abord vous remercier de m’accorder l’honneur d’une page dans le Times Literary Supplement, alors même qu’aucun de mes travaux antérieurs sur la collaboration ne figure dans la bibliographie, quasi exhaustive, que vous avez en 1997 ajoutée à votre grande œuvre, La Vis-à-vis de Vichy. Votre alacrité du 19 mai contraste avec votre quasi silence lors de l’appel téléphonique de mars 1997 (le 21 ?) et le silence total qui a accueilli le courrier que je vous ai adressé en même temps (ci-joint copie). Je ne puis vous obliger à m’apprécier, et c’est beaucoup que de consacrer un tel volume, dans une publication si prestigieuse, au travail d’une besogneuse excitée.
Je relève pour mémoire la liste des historiens de qualité qui auraient, par opposition à moi, fait beaucoup avancer la question traitée, ce qui nous ramène au problème que je soulevais dans le courrier du 21 mars 1997. En lisant l’Argus de la Presse, vous disposerez de la liste, pas si ridicule, des critiques parues en Vis-à-vis (je la tiens à votre disposition). Elle n’inclut certes pas Libération, qui a préféré à une critique les douceurs de Peschansky, le 23 décembre 1999 (correspondent-elles à votre conception du débat historique ?) ; pas plus, il est vrai, que Le Monde qui, recensant en général tout ouvrage traitant de l’aryanisation, n’a pas jugé le mien digne de son intérêt. Pour tout vous dire, M. Rioux, qui y avait naguère, sans doute avec d’autres, bloqué la recension du Vatican, a rejoué le même air. Il n’eût tenu qu’à vous de lever ce verrouillage que vous semblez imputer à ma seule médiocrité.
Bientôt sans doute relèverez-vous publiquement les carences de la documentation de mes collègues, puisque vous évoquez les archives que je n’ai pas consultées, sans parler des coupures « sélectives » que j’aurais pratiquées dans celles que j’ai vues. Vous savez aussi bien que moi ce que vaut un tel argument. La référence à Higham, fort longue, est particulièrement scandaleuse : cet auteur a peut-être commis des ouvrages indignes, que je ne connais pas, mais celui que j’ai évoqué ne l’est pas, et quoique non classique par son manque de notes de référence, il est largement étayé par des citations de sources (télégrammes du Trésor, du Département d’État, etc.) : il concorde avec des archives originales que je cite, avec des documents de renseignement que vous brocardez curieusement, avec les sources des biographies de John Foster Dulles (dont celle de Pruessen), les témoignages documentés de Russell Nixon ou Bernard Bernstein devant la Commission Kilgore (J. S. Martin, qui les a utilisés, et les archives françaises concordent parfaitement, et la récente synthèse de Carolyn Eisenberg s’y réfère), etc. Je vous renvoie aux sources citées par le chapitre 9, qui méritaient autre chose que cette vilenie.
Vous vous gaussez de mes propos sur « la fête de l’économie de guerre allemande » en ne répondant toujours pas à l’argument, antagonique avec votre hypothèse d’octobre 1996-mars 1997, que cet enrichissement fut acquis, excusez-moi de me citer, « en livrant non seulement de stricts produits de guerre comme l’a cru R. Paxton, mais tout ce que fabriquait encore l’industrie de consommation, du champagne au pot de chambre, de la dentelle à la peau de lapin, des parfums à la confection ». Vous ne disposez, parmi les études que vous prêtez à mes collègues « moins sévères », d’aucun élément sérieux établissant les pertes du « grand capital » pendant la guerre. On aimerait, sur le Zyklon B, que vous arrêtiez avec la même vigueur que vous me réservez l’opération, ignominieuse, de certains historiens ou associés de l’IHTP (notamment M. Hervé Joly, dont les arguments de mars 1997, faibles et erronés, nourrissent les attaques menées contre moi depuis lors). Sur les bombardements, je ne vois pas à quelle source a posteriori vous vous référez : ma documentation, gigantesque, date des années 1941-44. L’observation populaire, en Vis-à-vis et en Vis-à-vis – quelle horreur, en effet, comparée au témoignage post bellum des élites dont maint historien français fait actuellement tant de cas – a parfaitement concordé avec le renseignement, gaulliste ou non, sur la mise à l’écart fréquente des usines, intactes alors que les zones populaires habitées étaient dévastées (j’ai consulté toutes les sources que je cite, et elles sont considérables). Sur les patrons « résistants », mes sources sont à la fois françaises et allemandes, ce qui ne borne pas le cas aux « seuls patrons dont les Allemands avaient entendu parler ». Une carence, d’ailleurs, que vous n’avez pas signalée : mon oubli, dans la bibliographie, des si riches fonds F 37 Barnaud largement cités dans l’ouvrage.
Votre mutisme sur les cartels, les cessions de titres, phénomène généralisé, engagement forcé des titres juifs inclus, et sur les engagements de long terme du « grand capital » (association de capitaux en tête), et, plus largement votre discrétion sur le rôle des banques ouvrent sur deux hypothèses : soit vous n’avez pas lu les chapitres concernés (5 à 8) ; soit ils vous ont semblé incompatibles avec le tableau de la loufoque « pasionaria de la collaboration économique ». J’aimerais, dites-vous, les « complots ». Vous-même avez naguère cru que les classes dirigeantes avaient une stratégie ; je continue à le croire, et la question de la synarchie n’est pas fermée : je vais même m’efforcer de la rouvrir si les archives, qui vous ont tant manqué pour rédiger votre Dorgères, s’ouvrent enfin. Votre hypothèse sur ma « famille » grande bourgeoise est erronée : je ne suis pas une Riz-Lacroix, mais une demoiselle Riz, femme d’un M. Lacroix, et mon grand-père maternel était un petit ébéniste de Belleville immigré de Pologne en 1919 (le paternel, aussi modeste et venu plus tôt de Lituanie, était mort avant la guerre). Votre ironie sur la classe ouvrière et le parti communiste devrait céder devant une consultation systématique des archives sociales, économiques, politiques et policières.
Concernant votre vibrant éloge de Hayes à la cheville duquel je ne parviendrais pas, je note : 1° que le rôle de l’historien ne consiste pas à « se mettre à la place » des patrons de l’IG Farben, trop souvent sur la base de leurs « affidavit » du procès de Nuremberg ; 2° que le talentueux Hayes a été pris en flagrant délit, notamment par Roth, de complaisance pour les mêmes (en particulier sur l’origine du choix d’Auschwitz, qui n’a pas consisté à « suivre le drapeau » comme il le dit, mais à le précéder). Pour résumer, votre critique ressemble à un règlement de comptes, sans justification d’ailleurs entre nous deux. Le grand Paxton de la Vis-à-vis de Vichy ne s’est grandi ni en octobre 1996, en acceptant, sans m’en aviser, de Mme Lévy-Villard un texte inédit dont je lui avais un an auparavant conté les aléas, ni en mars 1997 en consentant une interview datant en fait d’octobre 1996, ni en mai 2000 en rédigeant ce papier pétri du mépris et de l’arrogance d’un historien reconnu pour une petite historienne isolée et bêtement rouge. Vos relations régulières avec la coalition IHTP-Sciences Politiques (dont certains professeurs se vantent de week-ends passés « chez Bob à New York », selon le témoignage d’un étudiant d’un de vos hôtes) vous incitent désormais à soutenir résolument le camp hégémonique dans le débat français (dans la mesure où il y en aurait un). Les années vous ont rendu moins sévère, ou peut-être préférez-vous aux politiques (je vous renvoie à votre condamnation sans appel de Vichy) les grands patrons, pour qui le profit ne serait qu’une motivation secondaire (quid de ceux installés au cœur économique de Vichy ?). Je préfère me rappeler le grand Paxton, si isolé naguère dans une Vis-à-vis qui aime tant le consensus ; et me réjouis, malgré ses rigueurs, de demeurer dans l’honorable camp de l’anticonformisme : il y a même à mes yeux quelque chose de profondément réjouissant dans la morgue du WASP vis-à-vis de la petite-fille d’immigrée érigée en dinosaure qui s’obstine à croire à l’existence de la lutte des classes.
Je vous prie d’agréer, Monsieur et cher collègue, l’expression de mes pensées les meilleures.
Annie LACROIX-RIZ
Enfin, voici le mail qu’a fait circuler le personnage qui dit avoir été le collègue de Mme Lacroix-Riz à l’université de Toulouse…
—–Message d’origine—–
De : Christian Durand <xian.durand@icloud.com>
Envoyé : dimanche 1 septembre 2019 16:22
À :….
Objet : Demandez le programme … – …
Plusieurs étudiants toulousains me demandent si Annie a des liens avec le papier Riz Lacroix dont l’usine de Mazéres a été vendue aux Yankees puis fermée juste après, laissant plusieurs centaines de prolos sur le carreau ?
Merci Impérial Tobacco.
L’usine est devenue un lieu culturel assez tristounet…
Il y a recherche et recherche…
Puisque la polémique semble avoir refait surface à propos de la parution de son dernier livre – on dirait que chacun de ses ouvrages est une épine de plus dans le pied de ces « gens de biens » – la moindre des choses est qu’il vous soit présenté. Le voici :
Nous laisserons, à son propos, la parole à l’excellente revue En attendant Nadeau (que nos lecteurs auront ainsi l’occasion de découvrir), puisqu’elle vient justement d’en faire une recension d’une grande clarté :
Le mythe de l’épuration
(Claude Grimal – En attendant Nadeau – 10.9.2019)
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/09/10/mythe-epuration-lacroix-riz/
Enfin… pour Le patriote Résistant, Annie Lacroix-Riz a accordé un entretien à Hélène Amblard
(entretien qui répond de façon circonstanciée aux questions angoissantes que se posent M.Christian Durand et ses « étudiants toulousains »)
L’invitée du mois : Annie Lacroix-Riz
Entre ce qui se dit
et la réalité…
Docteur ès lettres, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Diderot, ses publications, notamment sur la période 1939-1945 lui ont valu nombre de critiques. Il n’empêche, elle persévère, continue d’éplucher des archives révélatrices, pour un autre regard sur l’histoire du monde contemporain. Rencontre.
D’où vous vient cette opiniâtreté ?
Je suis née fin 1947, d’une mère dont les parents étaient Juifs polonais. Son père fut pris sur la ligne de démarcation en août 1942 et envoyé au camp de Pithiviers, puis déporté à Auschwitz. Un communiste de Goussainville lui avait fourni de faux papiers, et il avait caché les vrais dans ses chaussures. Les Allemands les avaient trouvés ! Mes grands- parents maternels habitaient rue Piat (Paris XXe). Tout leur immeuble avait été prévenu par les flics de la rafle de juillet 1942. La famille est tout de suite montée au deuxième étage, dont l’occupant était connu pour ne pas être juif ; personne n’a sonné chez lui. Ma grand-mère et ses filles sont parties dans le Gers, où ma mère, secrétaire, a tricoté pour gagner sa vie. Mon grand-père, resté à Paris, est parti les rejoindre en août… Ma grand-mère Anna, était arrivée de Pologne en 1920 très « rouge » ; elle emmenait son aînée Suzanne, ma mère, à la maison des syndicats de la CGTU, la Grange aux Belles, voir des films sur la mort de Lénine. Elle l’avait surnommée Nacht Feugele, « Oiseau de nuit » en yiddish… Mon grand-père, artisan ébéniste qui faisait des meubles « au tampon », est mort à Auschwitz dans les marches de la mort. Il avait « tenu » de 1942 à 1945 ! Ma mère n’en a su les circonstances qu’au début des années 1970, de la bouche du frère de mon grand-père en Israël, où il était parti après avoir survécu. Lui, était resté en Pologne avant-guerre : ils s’étaient retrouvés au camp !
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Bibliographie d’A. L-R (10 derniers ouvrages parus) :
- Industrialisation et sociétés (1880-1970). L’Allemagne, Paris, Ellipses, 1997, 128 p.
- Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy, Paris, Armand Colin, coll. « Références » Histoire, 1999, 661 p. puis 2007.
- L’Histoire contemporaine sous influence, Paris, Le Temps des cerises, 2004, 145 p., puis, 2e édition (1er, 120 p.), 2010.
- Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2009, 2eéd. (1re éd. 2006), 679 p.
- L’intégration européenne de la France : La tutelle de l’Allemagne et des États-Unis, Paris, Pantin, Le Temps des cerises, 2007, 108 p.
- De Munich à Vichy : l’assassinat de la Troisième République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008, VIII-408 p.
- L’Histoire contemporaine toujours sous influence, Pantin, Le Temps des cerises, 2012, 263 p.
- Aux origines du carcan européen (1900–1960) : la France sous influence allemande et américaine, Pantin, Delga / Le Temps des cerises, 2014, 197 p.
- Les élites françaises entre 1940 et 1944 : de la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Paris, Armand Colin, 2016, 496 p.
- La non-épuration en France de 1943 aux années cinquante, Paris, Armand Colin, 2019, 672 p.
Petit addendum des G.O.
À l’intention surtout de ceux qui sont trop jeunes pour savoir à quel point tout ceci est important
Il serait difficile, même à une chatte, de retrouver ses petits dans les conflits entre chercheurs et mandarins. Mais ces conflits ne sont pas anodins. Par conséquent…
Un peu d’histoire :
Tout le monde connaît ou devrait connaître Annie Lacroix-Riz. Depuis quelque trente-six ans qu’elle publie le résultat de ses travaux et que les vidéos de ses conférences circulent sur le net, on peut estimer que – assurément sans le vouloir – elle a pris la suite d’Henri Guillemin, dont elle partage si peu, pourtant, la sensibilité philosophique que c’est à l’issue d’une représentation du Vicaire de Hochhuth que lui est venue sa vocation d’historienne. Pour abréger, Annie Lacroix-Riz est aussi communiste que Guillemin était catholique. Ce qu’ils ont en commun, c’est l’hostilité jamais démentie du « parti de l’égoïsme » (Buonarroti), découlant du choix qu’ils ont fait l’un et l’autre de la défense des humiliés et des offensés, en plus de ce qu’ils estiment être la vérité : « les faits, la façon dont les choses se sont réellement passées » (von Ranke). Qu’Annie Lacroix-Riz ait déjà, par deux fois, participé aux travaux de l’Association des Amis d’Henri Guillemin, prouve son absence de sectarisme.
Annie Lacroix-Riz est donc en permanente bisbille avec les clercs bien en cour auprès des puissants. Elle est allée jusqu’à écrire un livre exprès pour déplorer les mœurs académiques et la morale élastique des tenants de l’histoire officielle (celle des « vainqueurs » comme on sait). L’état des choses dans les Alma Mater de France est à peu près identique à ce qu’il est partout ailleurs en Europe, c’est un fléau du genre peste/choléra dont il serait urgent que notre continent se soigne. Annie Lacroix-Riz pour sa part s’y emploie, contre vents et marées.
On se tromperait pourtant si on pensait que « la trahison des clercs » (Benda) est un phénomène purement européen. Ce qui nous amène à Robert Paxton.
Robert PAXTON est un historien américain né en 1932 qui s’est rendu internationalement célèbre en 1982, avec un livre intitulé Vichy France : Old Guard and New Order, 1940-1944, publié en français, au Seuil, en 1983, sous le titre La France de Vichy 1940-1944. Nous avons ici le souvenir d’Henri Guillemin disant tout le bien qu’il pensait d’un livre venu de l’étranger qui rendait caduc et obsolète tout ce que l’histoire bien-pensante avait décrété vrai jusque-là. Nous venons de voir qu’Annie Lacroix-Riz elle-même ne lui ménageait pas son admiration.
On pourrait dès lors penser que les deux spécialistes d’une même époque de l’histoire de France aient toujours été et restent sur la même longueur d’ondes. Or, il n’en est rien et, ce qui est plus grave, le Pr. Paxton paraît de bien mauvaise foi en s’attaquant à sa consoeur d’aussi loin, dans les colonnes d’un journal qui n’a pas pour habitude de publier des critiques de livres parus dans une autre langue que l’anglais.
Que s’est-il donc passé ?
Il s’est passé, selon toute vraisemblance, que le Pr. Paxton, qui n’avait pourtant plus rien à prouver, a succombé aux sirènes de la corruption.
Corruption ? Comme vous y allez !
Eh, c’est qu’on ne corrompt pas les gens qu’avec de l’argent. La reconnaissance sociale, par exemple, est un agent très efficace. Bref, entre une obscure historienne française et les fripouilles heureuses au pouvoir chez lui et ailleurs, le docte savant a choisi les fripouilles. La connivence avec Libé ne laisse pas grand doute là-dessus. Ce sont des choses qui arrivent. Souvent. Sic transit…
Reste qu’Annie Lacroix-Riz a eu raison de rendre enfin public le différend qui l’oppose à un homme qui a eu jadis son heure de gloire et de rigueur.
Glanes en hommage au Pr. Lacroix-Riz
La réussite soviétique
George Callaghan – TheDuran – 16.8.2019
La plupart des gouvernements ont refusé de reconnaître la légitimité du gouvernement soviétique. En dépit de ces circonstances peu prometteuses, l’URSS a réussi à mettre à son actif quelques accomplissements remarquables.
Je suis un anti-communiste convaincu mais, en personne de bonne foi, je ne puis m’empêcher de m’émerveiller devant les exploits de l’URSS. Considérez les problèmes insurmontables auxquels était confrontée la Russie en 1917. La Première Guerre Mondiale était toujours en cours ; le pays vacillait au bord de la guerre civile ; 70% de la population était illettrée ; le réseau des transports ne fonctionnait pas ; il y avait grave pénurie alimentaire dans les villes et l’armée était en pleine mutinerie. Lorsque la Guerre Civile russe a éclaté, plusieurs pays étrangers y ont pris directement part en soutenant les Blancs contre les Rouges.
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URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/la-reussite-sovietique/
Source : https://theduran.com/the-soviet-achievement/
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
Petit commentaire des G.O.
« L’URSS a aussi présenté des aspects très négatifs »… Georges Callaghan est, comme il le dit, une personne de bonne foi. Et c’est de bonne foi qu’il répète que :
« Les cruelles répressions de Staline y ont causé des souffrances incommensurables. L’économie planifiée par l’État n’a pas été efficace. Une rigidité idéologique excessive a été cause que Staline n’a pas voulu reconnaître que ses politiques mal inspirées provoquaient des famines. »
parce que c’est ce qui a servi de « vérité historique » accessible en Occident. On peut avoir des opinions, sinon des informations, différentes des siennes, quand on sait ce qu’est, aujourd’hui encore, jusqu’en France – surtout en France ! – la réputation sanguinaire de Robespierre, que n’ont jamais réussi à entamer les preuves irréfutables et la phrase pourtant si claire de Lamartine (« Ils l’ont noyé dans le sang qu’ils avaient tiré pour le perdre »). Or, rien ne permet d’affirmer qu’il ne peut pas en avoir été de même pour Staline. Peut-être découvrira-t-on un jour que Staline a été pire que la réputation qu’on lui a faite… quand des historiens dignes de ce nom en auront apporté, encore une fois, les preuves. À l’heure actuelle, on ne sait RIEN d’assuré sur Staline. Pas même en Russie, du moins officiellement. Mais on le juge néanmoins avec la bonne conscience et l’absence d’états d’âme de l’ignorance absolue. Nous attendrons, pour notre part, l’avancée des travaux des historiens sérieux qui s’y sont attelés, tels que, par exemple, Andreï Fursov en Russie et Grover Furr aux États-Unis.
Et sur les famines « voulues et organisées » par Staline, nous croirons plus volontiers Mme Lacroix-Riz que l’insubmersible Ouy-Dire.
La campagne internationale sur « La famine en Ukraine », de 1933 à nos jours, par Annie Lacroix-Riz from Les Films de l’An 2 on Vimeo.
« …l’architecture, la musique, le ballet, la littérature et le cinéma ont tous connu un remarquable épanouissement »
George Callaghan ne dit rien de la peinture. Pourtant, une exposition d’art soviétique vue à Liège il y a quelques années, nous a convaincus de l’incroyable richesse et diversité des arts plastiques en URSS, avant, pendant et après la guerre, et nous attendons avec impatience, le moment où quelqu’un, à Paris par exemple ou à Bruxelles, osera en organiser une vraie rétrospective.
Pourquoi ce long, cet obstiné et si complet black out ?
L’article qui suit y répond en partie, quoi qu’il ne soit pas le premier du genre. Il y a déjà pas mal d’années qu’ont circulé, notamment en Allemagne, de saignantes révélations sur le sujet. Rien n’interdit aux curieux de les rechercher et d’en constituer un dossier révélateur. En attendant :
L’Amérique et l’art abstrait : quand l’art devient une arme politique
Entelekheia – 2.9.2019
Un article de 1995 qui, outre qu’il reste d’actualité, est particulièrement éclairant sur les tendances actuelles de l’art en Occident. Quelles sont les racines des œuvres contemporaines omniprésentes dans nos espaces publics, malgré un rejet à peu près général du public ? Des documents déclassifiés dans les années 90 donnent la réponse : la Guerre froide.
Note : Dans cet article, le terme art moderne (« modern art ») s’applique exclusivement à ses productions américaines, ou adoubées par les USA, d’après la Deuxième Guerre mondiale.
Par Frances Stonor Saunders
Paru sur The Independent sous le titre Modern art was CIA ‘weapon’
Comment l’agence d’espionnage a utilisé à leur insu des artistes comme Jackson Pollock et Willem de Kooning dans sa Guerre froide culturelle.
Pendant des décennies, dans les milieux artistiques, c’était soit une rumeur, soit une plaisanterie mais aujourd’hui, c’est un fait confirmé. La Central Intelligence Agency a utilisé l’art moderne américain – y compris les œuvres d’artistes tels que Jackson Pollock, Robert Motherwell, Willem de Kooning et Mark Rothko – comme arme pendant la Guerre froide. À la manière d’un prince de la Renaissance – à cette différence près qu’elle agissait en secret – pendant plus de 20 ans, la CIA a encouragé et promu la peinture expressionniste abstraite américaine dans le monde entier.
Le lien est improbable. C’était une période, dans les années 1950 et 1960, où la grande majorité des Américains n’aimaient pas ou méprisaient même l’art moderne – le président Truman a résumé l’opinion populaire en ces termes : « Si c’est de l’art, alors je suis un Hottentot. » Quant aux artistes eux-mêmes, nombre d’entre eux étaient d’anciens communistes à peine acceptables dans l’Amérique de l’ère maccarthyste, et certainement pas le genre de personnes normalement susceptibles de recevoir le soutien du gouvernement américain.
Pourquoi la CIA les a-t-elle soutenus ?
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«We want Georges Ibrahim Abdallah in jail !»
Et tout le monde a obtempéré, et obtempère depuis 35 ans, dont, au premier rang : François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron…
Souscription pour le tournage d’un film sur le plus vieux prisonnier politique en Europe
Le Grand Soir – 10.9.2019
Grâce à une souscription lancée ici, un livre sur les Gilets Jaunes (« La rue était noire de jaune ») va être bientôt en librairie. Le Grand Soir a été pressenti pour aider de la même manière au tournage d’un film sur GEORGES IBRAHIM ABDALLAH.
Le réalisateur est Pierre Carles.
Le réalisateur
Journaliste qui a travaillé pour plusieurs chaînes de télévision, Pierre Carles s’est fait connaître en dénonçant par l’image en 1992 la fausse interview de Fidel Castro par Patrick Poivre d’Arvor.
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URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/we-want-georges-ibrahim-abdallah-in-jail/
Source : https://www.legrandsoir.info/souscription-pour-le-tournage-d-un-film-sur-le-plus-vieux-prisonnier-politique-en-europe.html
Cela va sans dire, et mieux encore en le disant :
Deux acharnements judiciaires en France, « pays [qui fut] des droits de l’homme »
Communiqué du Comité de soutien au commandant « Carlos » Ilich Ramirez, président Dieudonné M’bala M’bala
Deux communistes; deux condamnations à perpétuité pour des actes terroristes dans le cadre du combat anticolonialiste et antisioniste; deux hommes debout qui ont déjà purgé en France 33 ans et 25 ans de prison respectivement (G. I. Abdallah, né en 1951, condamné en 1986, est libérable depuis 1999; « Carlos », né en 1949, était libérable en 2014; condamné à nouveau pour une affaire pourtant déjà jugée, en 2018, il pourrait finir de purger sa peine dans son pays, le Venezuela: mais les autorités françaises veulent absolument les garder encore sous les verrous).
Nous exigeons la libération pour Abdallah, le rapatriement au Venezuela pour « Carlos ». Il s’agit de deux combattants anticolonialistes et antisionistes, d’expérience et de bon conseil. Au moment où M. Netanyahou prétend bafouer encore plus le droit international et les droits des Palestiniens en annexant la Cisjordanie, nous insistons : ce serait un honneur pour la France que notre gouvernement prenne ses distances avec les néocolonialistes israéliens et américains. Georges Ibrahim Abdallah et « Carlos » sont des résistants qui ont donné leur vie et leur liberté pour la libération de la Palestine, et qui continuent le combat, en dénonçant constamment l’ingérence israélienne mortifère dans notre pays ainsi que les crimes commis en Palestine occupée par l’entité sioniste.
25 ans de prison pour « Carlos », 33 ans pour Georges Ibrahim Abdallah, des peines largement purgées en France, ça suffit !
Liberté pour Georges Ibrahim Abdallah
Rapatriement pour Ilich Ramirez Sanchez « Carlos »
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/deux-acharnements-judiciaires-en-france/
Source : Ginette Hess Skandrani.
Que signifie la décision de Poutine d’affecter autrement Glazyev ?
Aleksandr Khaldey – The Saker.is – 24.8.2019
Comme on vient de l’apprendre, le conseiller du Président sur les questions économiques, l’académicien Sergueï Glazyev, quitte son poste et assumera désormais la fonction de ministre pour l’Intégration et la Macroéconomie auprès de la Commission Économique Eurasienne. L’approbation de la candidature de Glazyev par tous les chefs d’État de l’UEEA est prévue pour le 1er octobre.
Un changement de cet ordre dans le format des relations de Vladimir Poutine avec Sergueï Glazyev ressemble, vu de l’extérieur, à une prise de distance du Président, dans le cadre de la crise économique, donc politique, en cours. Cependant, croire cela serait une erreur.
En dépit du fait que, si on en croit certains canaux de Telegram, des plaintes ont été récemment adressées à l’administration présidentielle au sujet de ce que faisait Glazyev, son transfert à un poste de responsabilité d’un cran inférieur à celui qu’il occupait en qualité de conseiller, ne signifie nullement un effondrement de sa carrière politique.
Le fait est que la nouvelle affectation de Glazyev, d’après un certain nombre de sources, résulte de pressions exercées par Mikhaïl Babich, et ce détail change complètement les choses. Dans ce cas, la nomination de Glazyev ressemble à une reconcentration des forces par-dessus la tête du système des libéraux russes, en vue d’une tâche à accomplir dans le champ d’action de l’Union Économique Eurasiatique.
À l’heure actuelle, pour Poutine, il est inutile d’avoir Glazyev à ses côtés, et même pour Glazyev, le statut formel de conseiller de Poutine a perdu de son opportunité politique, parce que le discours économique est tout entier accaparé par les libéraux. Poutine n’a nul besoin de Glazyev en ce moment pour servir de contrepoids symbolique aux libéraux.
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URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/que-signifie-la-decision-de-poutine-daffecter-autrement-glazyev/
Source : https://thesaker.is/what-does-putins-staffing-decision-vis-a-vis-glazyev-mean/
Source d’origine : https://regnum.ru/news/economy/2694061.html
Traduit du russe par Ollie Richardson et Angelina Siard pour The Saker.is
Traduit de l’anglais par c.l. pour Les Grosses Orchades
C’est long mais roboratif et tout chaud :
Petites et grandes manœuvres
Observatus Geopoliticus – Chroniques du Grand jeu – 14.9.2019
Temps incertains et passionnants, faits de continuités et de recompositions, d’alliances inamovibles ou d’étonnants retournements de veste…
Le limogeage de John Bolton continue de faire couler de l’encre. Peut-être trop d’ailleurs car, malgré l’erratisme du Donald, il n’est pas du tout sûr que Washington change de ligne du jour au lendemain. Ces précautions d’usage formulées, le toujours excellent Bhadrakumar s’essaie au petit jeu du qui gagne/qui perd. A première vue, le débarquement du néo-con moustachu est une bonne nouvelle pour l’Iran et pour la Chine, une mauvaise pour Israël. Quant à la Russie, c’est business as usual.
Curieusement, et contrairement à la grande majorité du Deep State US, Bolton n’a en effet jamais présenté Moscou comme l’ennemi absolu à abattre. Ceci ne devrait nous étonner qu’à moitié, tant il est vrai que l’Etat profond, constitué de courants variés, n’est pas un tout homogène. Si sa stratégie fondamentale – diviser l’Eurasie – est forgée dans le bronze, les moyens pour y arriver font l’objet de débats et de divisions parfois importantes.
A ceux (establishment de la CIA, hauts pontes Démocrates) qui considèrent l’ours comme la Némésis suprême s’oppose la branche « kissingérienne », souhaitant au contraire jouer la Russie contre la Chine. Cette ritournelle est dans l’air depuis quelques années, autour de revues influentes (The National Interest), depuis que la folie des grandeurs impériale de la fin des années 90 puis les gaffes bushesques et obamesques ont fortement rapproché Moscou et Pékin.
Cette stratégie consistant à diviser les deux poids lourds continentaux est un grand classique de la thalassocratie anglo-saxonne. En 1900, âge d’or de l’Angleterre victorienne, Joseph Chamberlain (père de Neville, signataire des fameux accords de Munich en 1938), résumait parfaitement l’objectif fondamental de l’empire maritime : « Il est de notre intérêt que l’Allemagne s’oppose aux Russes. Notre principale crainte est de les voir s’allier. Nous devrions faire tout notre possible pour accentuer la cassure entre l’Allemagne et la Russie, ainsi qu’entre la Russie et le Japon« . Londres tentait tour à tour, selon ses gouvernements, de s’allier avec l’Allemagne contre la Russie ou avec la Russie contre l’Allemagne, l’essentiel étant que ces deux-là demeurent dans des camps opposés.
Après la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis reprennent le flambeau laissé par un Royaume-Uni déclinant, l’Eurasie remplace l’Europe et le Grand jeu passe à l’échelle-monde. Les fondamentaux, eux, ne changent guère. Dans les années 70, Kissinger (déjà) est l’artisan de la visite de Nixon en Chine populaire pour profiter de la rupture sino-soviétique et soutenir Mao contre l’URSS. Si le vénérable vieillard a aujourd’hui changé son fusil d’épaule et préfère jouer la carte russe, le scénario reste le même : séparer les deux géants eurasiatiques.
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Source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2019/09/petites-et-grandes-manoeuvres.html
De Paxtonland en Geenland… Le premier de ces deux billets est à la bourre. Nos excuses à Anatole Atlas
Sire de Geenland
Anatole Atlas – spherisme.be – 19.8.2019
« Toute poésie se meut dans un cadre, pour ainsi dire, apocalyptique. »
Cette citation du poète communiste grec Yannis Rítsos, je l’avais mise en exergue de Tango tabou de l’Ombu, paru l’année même (2002) où Richard Miller, ministre de la Culture, affichait son accord pour inviter en Belgique mon frère de loin Patrick Chamoiseau…
Le thème de l’Apocalypse hante explicitement mon œuvre romanesque depuis Pleine lune sur l’existence du jeune bougre (1990) – et Yannis Rítsos fut l’inspirateur d’une figure aédique la traversant de part en part…
(Rítsos dont Aragon suffoquait, au printemps 1981, à me décrire le sort dans un ancien camp nazi réaménagé par les Colonels du monde libre.)
Yannis Ritsos et Louis Aragon
Un roi boiteux se cramponne à son chambellan borgne : ils ne croient pas former le couple de l’aveugle et du paralytique. Ne jouissent-ils pas d’omnipotence, omnivoyance et omniscience bibliques, sous les formes de Kapitotal et de la tour Panoptic ? Ce qui devait décider le même Richard à me solliciter pour collaborer à une revue littéraire usurpant le nom d’Ulenspiegel, dont le thème du premier numéro serait Israël…
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Nauséabondieuseries
Anatole Atlas – spherisme.be – 7.9.2019
Tel graphomane entame-t-il sa carrière en déféquant des abominations contre les Juifs ? Repéré par BHL, celui qui le décrivait en 1990 comme un « youpin dont le crâne n’a, hélas, pas été rasé par les amis d’Adolf » est bientôt recruté par l’insulté, pour mettre ses immondices aux gages du judaïsme et de l’État d’Israël. On lui reproche d’appartenir aux milices de l’extrême-droite la plus moisie ? Quelle importance ! L’État-nation du peuple élu n’exhale-t-il pas de comparables pestilences ?…
Ainsi se comprend la magnanime absolution prodiguée par BHL à son protégé dans un article du Point (guetté comme un oracle par tous les clans rivaux au sein de la tour Panoptic) : Ce que je sais de Yann Moix.
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URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/6541-2/
Mis en ligne le 15 septembre 2019
Merci à Secours rouge pour l’étoile en cage