Puisqu’on est dans les défalsifications de l’Histoire…

 

 

Il nous est impossible de ne pas reparler de nos auteurs-fétiches Rita Monaldi et Francesco Sorti, dont les habitués de ce blog ont eu l’occasion de faire la connaissance ICI et… un peu partout ailleurs dans nos archives.

Revenons-y aujourd’hui. – on n’y revient jamais assez ! – à propos des deux derniers tomes en date de leur série consacrée à l’histoire du XVIIe siècle, dont le castrat Atto Melani est le personnage-pivot.

 

 

Mysterium – Dissimulatio

 

 

      

 

 

l’un constituant la suite de l’autre.

 

 

 

 

Rappelons pour les non-initiés que Rita, d’archiviste est devenue journaliste–romancière (dans l’ordre chronologique), que Francesco, de musicologue, a suivi la même filière journaliste–romancier et que les deux époux et co-auteurs se révèlent de plus en plus redoutables historiens (redoutables pour les menteurs, les champions du statu quo et les cuistres bien entendu).

L’histoire de Rita et Francesco est archi-connue ou devrait l’être : écoeurés par le tour que prenaient les choses publiques dans leur pays et plus précisément dans leur profession en passe de n’être plus autre chose que des merdias à plein temps, ils ont tout plaqué (Radio Vatican pour Francesco, où il assurait les programmes de musique baroque) pour se mettre à écrire ensemble.

Ayant décidé de prendre pour personnage central de leur série de sept romans consacrés au XVIIe siècle européen, le castrat Atto Melani, personnage réel à qui Francesco avait consacré sa thèse de doctorat, ils se sont mis à écrire d’étranges livres, qui sont en réalité des défenses de thèses historiques basées sur les trouvailles de Rita dans les archives de plusieurs pays – archives qu’en général ont boudées ou ignorées les « historiens » de grand chemin, lesquels tiennent partout le haut du pavé à coups de « vérités » proclamées à défaut d’être prouvées. Nos héros ne se sont, ainsi, pas fait que des amis. Surtout dans les allées des pouvoirs. Leur originalité est d’avoir choisi, pour défendre ces thèses, la forme du roman, et même – XXe -XXIe siècles obligent – du roman policier.

Il y a donc, au coeur de ces – gros – livres, des personnages et un noyau historiques d’importance extrême pour tous ceux que la vérité intéresse, enrobés d’une intrigue à suspense diaboliquement agencée : on y trouve sans faillir l’art du romancier intimement marié à la rigueur de l’historien (au pluriel, puisqu’ils sont deux).

Cette démarche les a amenés à exposer les tares d’un pape qu’on (S.S. Jean-Paul II) s‘apprêtait à canoniser et, au contraire, à en réhabiliter un autre dont le nom est devenu, dans l’histoire officielle, synonyme de tout ce qu’il y a de pire au monde.

Nous avons dit qu’ils ne se sont ainsi pas fait que des amis. Les choses sont même allées assez loin pour qu’au bon plaisir de S.S. Jean-Paul II, secondé  par un Silvio Berlusconi alors tout-puissant, leur premier volume, Imprimatur, bien parti pour prendre la tête des succès de librairie dans plusieurs pays, ait été retiré de la vente sans autre forme de procès et plongé dans les oubliettes par son éditeur italien, mais aussi, dans la foulée, par son éditeur français, la maison Plon. Re-belote pour le deuxième volume Secretum en France. Entretemps, les auteurs maudits avaient été contraints à l’exil. (Oui, oui, en Europe de l’Ouest à la fin du XXe siècle !) Ils étaient allés s’installer, avec leurs deux enfants, à Vienne en Autriche, là où ils avaient passé avec bonheur leur voyage de noces. Ils y travaillent toujours, même si, depuis lors, un Benoît XVI pourtant sur trône éjectable et quelques changements dans le personnel politique leur ont permis de re-circuler librement dans leur pays.

Rappelons-le parce que c’est historique : pendant des années, leurs livres n’ont pu paraître dans leur pays. C’est un éditeur hollandais qui les a publiés et vendus à Anvers, en Belgique, où les Italiens qui voulaient les lire devaient se les procurer. Monaldi et Sorti successeurs de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et de d’Alembert ! Aujourd’hui, grâce à la maison Baldini-Castaldi, qui accomplit un travail de tout premier ordre, leurs livres sont enfin publiés en Italie : dix best-sellers internationaux, dont les cinq premiers tomes de leur fameuse série de sept : Imprimatur, Secretum, Veritas, Mysterium et Dissimulatio, les deux derniers titres, Unicum et Opus, y étant en préparation. Mais, en France, la maison Plon, elle, s’est bloquée sur Secretum, retenu comme en otage pendant très longtemps. À présent, son contrat a enfin été rompu et les auteurs ont repris leur liberté,  mais on ne sait toujours pas ce qui s’est passé ni QUI a repris, en France, les choses où le sabotage de Plon les avait bloquées, ni quand les volumes suivants paraîtront, ni même s’ils paraîtront un jour dans l’Hexagone.

Sabotage n’est pas un mot trop fort, quand on pense qu’un livre traduit en italien par Rita Monaldi, dont l’original est en français, existe aujourd’hui dans des tas de langues, notamment, en italien, en espagnol, en anglais, en hollandais, en allemand, en tchèque et en turc, et n’est toujours pas publié en français. Ce livre, le voilà :

 

 

 

 

Il s’agit d’un document que la romancière a découvert dans les archives du Palais-Bourbon : un rapport manuscrit, en français, d’Atto Melani à Louis XIV.

L’histoire de ce livre est intéressante : le castrat, qui cessa définitivement de chanter le jour où le roi de France en fit son agent secret et qui servit ce monarque pendant quarante ans, fut un jour envoyé par lui à un conclave. Un pape était mort. On allait élire son successeur. Inévitablement, dans ces circonstances, toutes les cours d’Europe intriguaient pour que l’élu soit un homme à elles. Le cardinal français électeur fut donc prié de soutenir le candidat de la France, mais en outre, le monarque lui adjoignit un secrétaire, chargé de le servir certes, mais surtout de rendre compte au roi de la manière dont l’éminence aurait rempli sa tâche et de l’informer sur tout ce qui pouvait en général se passer dans le secret du conclave. C’est à quoi s’est appliqué Atto, secrétaire désigné, et le sujet du manuscrit déposé aux archives du royaume, découvert par Rita. Le livre devait s’appeler quelque chose comme Les secrets des conclaves, pour s’intituler, en dernier ressort Les intrigues des cardinaux, moins offensant, probablement, pour la majesté de l’Église.

Imagine-t-on ce vénérable document publié au XXIe siècle en turc mais pas en français ? On en est là pourtant.

Question subsidiaire : qui décide de ces choses, et de quel droit ?

 

 

 

Cette indifférence qui ressemble tellement à de l’hostilité, voire à de la censure qui ne dit pas son nom, rappelle, de manière fâcheuse, le précédent de l’Américain  Tom Robbins.

Tom Robbins est à nos yeux le plus grand romancier US vivant, même si nous ne sous-estimons pas du tout les autres. Son premier roman Même les cow-girls ont du vague à l’âme, a été publié dans le monde entier, France comprise, pour devenir un film en 1993. Et après… rien. L’auteur, pourtant, a eu très tôt, en France, assez d’admirateurs pour être invité d’honneur au Festival des Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, on a oublié lequel, notre mémoire flanche.

Et après… rien, jusqu’à ce que le fondateur de la maison Gallmeister qui est en même temps l’animateur de ce festival, se mette en tête de le publier intégralement – et fort bien – à partir de 2009, avec seulement une vingtaine d’années de retard. Que de gens ont eu le temps de mourir sans avoir jamais entendu parler de Tom Robbins !

 

 

 

La question à 1.000 € est donc : quelqu’un est-il disposé à publier en France Monaldi et Sorti ? Dans ce cas, QUI et QUAND ? Et surtout : POURQUOI ces années d’ostracisme avec une impasse au bout ?

En attendant d’avoir des réponses à ces questions, quelques mots sur les deux derniers volumes de la série Atto Melani.

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/14258-2/

 

 

 

Juillet 2021

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