Jugeons les Gardes des Sceaux anti BDS

 

Jacques-Marie Bourget – Sur son blog – 19.6.2020

 

 

 

 

 

 

 

Pendant 8 ans les ministres de la Justice, pour complaire Netanyahou et le CRIF, ont criminalisé les partisans du BDS, le boycott d’Israël. La Cour Européenne des Droits de l’Homme vient de les condamner.

 

Dans un rendu à l’unanimité de ses juges, le 11 juin 2020, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) met un formidable coup de pied au cul d’une France qui, entre la liberté républicaine ou la soumission aux désirs de Netanyahou, avait fait de choix du petit monstre. La Cour déclare que les condamnations de la justice française, celles qui ont frappé des militants de la campagne « BDS » (pour Boycott, Désinvestissement, Sanctions), constituent une « violation de leur liberté d’expression ». La lutte a été longue, le chemin douloureux et couteux, mais l’injustice est renvoyée à un enfer qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Ceux qui ont mis en œuvre cette politique contre la Palestine sont non seulement les complices de criminels, mais encore des salauds qui trahissent le principe de liberté de la République.

 

Dans le passé, on nous a justement fait sonner le violoncelle des droits humains pour nous dire combien il était vital de boycotter l’Afrique du Sud, celle de l’apartheid. Le combat était juste, et ce fut Mandela sans ses chaînes et un pays libéré. Au XVIIIe siècle, treize colonies britanniques d’Amérique obtiennent leur autonomie par le boycott. L’histoire de l’Irlande libre passe aussi par ce refus collectif d’un système. Le boycott est l’arme de ceux qui n’ont rien. Puisque chaque nef à ses fous, en 2011 c’est Martine Aubry qui appelle au « boycott du Mexique » au prétexte qu’une de ses administrées y est retenue en prison. Ces protestations de masse n’ont jamais heurté les consciences. Boycotter était juste. Juste jusqu’en 2005 où un groupe de militants planétaires décide d’appeler au boycott d’Israël. Pour son refus d’appliquer les résolutions de l’ONU et la conduite de sa politique criminelle d’occupation. En France, pays d’Europe où le personnel politique est le plus réceptif aux sanglots de Netanyahu, Michèle Alliot-Marie, fille d’arbitre, va siffler le pénalty imaginaire. Appeler au boycott va signifier être convoqué à la barre, licencié, ruiné.

 

Le problème avec Michèle Alliot-Marie, c’est que, pour décrire ses turpitudes, on n’a jamais assez de noir dans le stylo. Pas assez de cartouches, il faut la bouteille à l’encre. Dossiers immobiliers, dossiers financiers : cette diplômée n’a jamais manqué de mises en examen. On a vu son menton s’allonger sous les jugulaires de ministre de l’Intérieur, de la Défense et s’enkyster à la Justice où elle fût un fléau. Elle se rêvait Présidente, et pourquoi pas puisque, plus tard, Macron l’a fait. Lui c’est Jupiter, elle n’a fait qu’entrevoir son zénith. Puis elle est tombée de son rêve. Le 11 janvier 2011, à l’Assemblée nationale, trois jours avant la chute du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, alors que la révolution tunisienne prend de l’ampleur, MAM réagit en proposant que « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type ». Mieux : ministre des Affaires étrangères, elle propose grenades et matraques au bon général de Carthage. Fin janvier, Le Canard Enchaîné révèle qu’en plein chaos Michèle Alliot-Marie a passé ses vacances de Noël 2010 en Tunisie, avec vol dans l’avion privé d’un oligarque local, Aziz Miled. D’ailleurs les avisés parents de MAM ont conclu avec lui l’achat d’une résidence. Le 27 février 2011, la dame à tout faire remet sa lettre de démission à Sarkozy président.

 

C’est le retour à la vie rude où le chauffeur n’est pas toujours sous la main, une vie de députée puis de députée européenne. Le bagne de la déchéance. Et l’injustice continue. Le 21 février 2019 elle est mise en examen pour « prise illégale d’intérêt », une histoire de mouvements de fonds « suspects ». Micmac financier entre des associations locales et un hôtel de Chantaco dirigé par le papa de la ministre, elle-même détenant des parts. La bagatelle ne portant que sur 200.000 euros, rien du tout dans ce monde-là, on se demande bien pourquoi le Parquet National Financier a déclenché un tel massacre ?

 

Voilà donc, chers amis du « BDS » et autres outils de lutte contre le crime fait aux Palestiniens, le visage obscur d’une ministre intègre. Qui n’allait pas supporter que l’on ne puisse digérer des oranges produites par des arbres arrachés par Israël aux mains de « Philistins ».

 

Grimace de l’histoire il semble que, pour un garde des Sceaux, combattre le « BDS » porte malheur. Le 2 août 2017, Le Canard Enchaîné, encore lui, révèle que Michel Mercier, le successeur de MAM place Vendôme, a embauché ses deux filles comme assistantes parlementaires, dont une à temps partiel de 2012 à 2014, pour un salaire de 2.000 euros par mois, alors qu’elle vivait à Londres. Excuse du télétravail ? Non, puisque le Parquet National Financier ouvre, une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics », et obtient une ordonnance pour perquisitionner au palais du Luxembourg ancienne cantine de Mercier. Mais le colossal Gérard Larcher barre la route des flics. Ce qui mériterait une clé d’étranglement. Dans ce jeu de famille, les enquêteurs étudient également le cas de la femme de Michel Mercier, qui fut sa collaboratrice entre 1995 et 2009. Le Parisien nous informe : « Il s’agit de vérifier si, outre deux de ses enfants, le sénateur du Rhône a recruté son épouse Joëlle comme collaboratrice, sur une période encore plus longue, allant de 1995 à 2009 ». Du Pénélope tout craché. Au bout du bout, notre Michel renonce à son siège, programmé tout chaud, au Conseil constitutionnel. Ce « BDS » est bien un chat noir. Dommage, Michel Mercier est un nom qui me plait, il évoque la douce vision d’une marquise des anges.

 

Je n’imagine pas Christine Taubira en marquise. C’est pourtant elle, dans le cycle, qui succède au Mercier. Le « BDS » est pour elle une patate pas vraiment douce. Certains affirment que Taubira est « une femme de gauche », donc, sauf incohérence elle n’aime pas l’injustice, comme celle faite au peuple palestinien. Mais comment faire, quand on veut garder son boulot, pour annuler la circulaire MAM, alors que Valls, qui voue « une amitié éternelle à Israël », et que Pépère tout aussi sioniste tendance Goldnadel, sont aux manettes ? Alors, Taubira bredouille, balbutie, ânonne, fait la sourde : « objectivement, dans l’histoire des luttes, aussi bien en France qu’ailleurs, le boycott est un acte militant »… mais qu’il « ne faut pas idéaliser non plus la lutte contre l’apartheid… ». D’ailleurs, le « BDS » c’est quoi ? Une marque de vélo ? Gloire à Christine, dans la litanie des Gardes des Sceaux, elle au moins échappe à une mise en examen pour des affaires de tirelire.

 

Taubira retirée, un certain Jean-Jacques Urvoas tombe du fléau de Thémis. Comme le dirait l’expert qui ne s’est jamais regardé, Gilles Le Gendre, Urvoas ne regorge pas de charisme. Pas grave, pour nous autres épris de justice (et non repris), et donc ayant la Palestine en douleur, nous savons que le député Urvoas a écrit à Taubira, encore ministre de la Justice, pour lui demander l’abrogation de la circulaire MAM… La place Vendôme est bien connue des experts médicaux, sorte de Raoult, pour savoir que le lieu provoque l’oubli, voire de graves amnésies. Le syndrome n’épargne pas le député du Finistère, devenu Garde à son tour. Vous avez dit « BDS » ? « BTS » ? C’est une marque de chaussures, non ?

 

Chat noir jamais blanc, Urvoas est lui aussi pris dans une clé type Castaner. Jean-Jacques Urvoas, entre deux tours de l’élection présidentielle de 2017, a transmis des informations confidentielles au député de droite Thierry Solère. Un Solère visé par une enquête pour « fraude fiscale, blanchiment et trafic d’influence ». Le 19 juin 2018, Jean-Jacques Urvoas est mis en examen par la Cour de justice de la République pour « violation du secret professionnel ». Le 30 septembre 2019 la CJR juge que Jean-Jacques Urvoas, « juriste expérimenté, maître de conférences en droit public, ne pouvait ignorer qu’il commettait un délit en transmettant la Fiche d’Action Publique (FAP) à une personne visée par une enquête en cours ». Elle le condamne à un mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.

 

Il est réconfortant de constater, qu’outre Taubira qui est une sainte, tous ces gardes des Sceaux anti-Palestiniens vivent dans les tourments de la Justice. À croire que, parfois, ils avaient été choisis pour leur aptitude à tordre le droit.

 

La diaphane Nicole Belloubet, mis à part un oubli fâcheux dans sa « déclaration d’intérêts », est réputée honnête. Mais pas assez, instruite en droit, pas assez forte et humaniste pour stopper cette folie honteuse de Circulaire MAM. Elle est donc elle aussi pendue au clou de la CEDH, et rêvons qu’elle ne pensera jamais à présenter des excuses aux victimes de la politique anti-palestinienne de Paris. Que je ne confonds pas avec la France. Alors qu’on l’annonce bientôt hors du gouvernement, pour Nicole Belloubet la malédiction est en marche. Nous lui conseillons de vivre désormais dans la hantise du chat.

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/jacques-marie-bourget/blog/190620/jugeons-les-gardes-des-sceaux-anti-bds

 

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Novembre 2020

 

 

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