La levée des « sanctions » américaines est une insulte aux souffrances de la Syrie

 

 

F.M. Shakil  – Al Mayadeen English – 16.2.2023

Traduction : L.G.O.

 

 

 

 

 

 

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie tôt le lundi 6 février a fait jusqu’à présent 35.000 victimes [plus de 50.000 à présent, NdT], dont environ plus de 4.000 [près de 6.000, NdT] dans le nord de la Syrie.

Washington a temporairement allégé ses « sanctions » à l’égard de la Syrie afin de ne plus empêcher [?] l’acheminement de l’aide dans le nord-ouest du pays, où des milliers de personnes ont péri dans des tremblements de terre la semaine dernière. Cependant, les Républicains s’insurgent contre cette dérogation, affirmant qu’elle permet « des transactions directes avec le régime d’Assad ».

Après des jours d’entraves aux opérations humanitaires, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain a annoncé le 10 février un sursis partiel de six mois pour les sanctions de la loi César imposées par le Congrès américain à la Syrie. Cette mesure est censée permettre l’entrée dans le pays de fournitures destinées à l’aide aux victimes du tremblement de terre.

La dérogation du Trésor a été une démarche inattendue, censée aider les Syriens démunis, mais démontrant en même temps à quel point les « sanctions » imposées par les États-Unis ont aggravé la situation économique et humanitaire précaire de la Syrie. Ces « sanctions », associées à l’occupation illégale par l’armée américaine du nord-est de la Syrie, région productrice d’énergie et de céréales, ont pour objectif d’empêcher Damas de reconstruire le pays déchiré par la guerre et de répondre aux besoins alimentaires et énergétiques de base de la population vivant dans les zones contrôlées par le gouvernement.

 

Les Républicains s’opposent à la dérogation

Même si la dérogation n’a guère eu d’impact sur l’acheminement de l’aide, les Républicains du Congrès américain ont commencé à s’opposer au projet de la Maison Blanche de lever certaines restrictions afin d’accélérer les opérations de secours dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien, après le tremblement de terre de magnitude 7,8 et ses répliques.

Juste après l’annonce de la Maison-Blanche, le président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Michael McCaul, et le membre principal de la commission des Affaires étrangères du Sénat, James Risch, ont publié une déclaration critiquant la dérogation du Trésor, affirmant qu’elle autorise « des transactions directes avec le régime d’Assad » et que « cela ouvre la porte au pillage de cette aide par le régime et sera utilisé abusivement pour créer une voie de normalisation des relations avec le régime d’Assad ». La déclaration de McCaul et Risch fait également valoir que ce permis ne doit pas être valable pendant six mois parce que, contrairement aux autres permis de secours en cas de catastrophe, il est valable pour une période plus longue.

 

L’agonie de la Syrie

Le séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie tôt lundi 6 février a fait jusqu’à présent 35.000 morts, dont environ plus de 4.000 enregistrés dans le nord de la Syrie, déjà en proie à une insurrection armée soutenue par des acteurs internationaux. En raison des « sanctions » César imposées par le Congrès en 2019, les actions de secours à la Syrie ne sont pas nombreuses, voire inexistantes. En Turquie, en revanche, la communauté internationale s’est davantage mobilisée pour apporter de l’aide aux personnes dans le besoin.

Dans l’un de ses reportages, Al Mayadeen a déclaré que les sanctions des États-Unis et de l’UE ont empêché l’acheminement de l’aide, parce que les compagnies maritimes étrangères, se pliant à ces « sanctions » ont refusé d’acheminer l’aide humanitaire en Syrie. La chaîne affirme que de nombreux pays ont demandé à la compagnies aérienne syrienne de transporter des tonnes de colis d’aide que leurs propres avions ne pouvaient/voulaient pas livrer en raison des restrictions imposées à la Syrie. Mais la compagnie aérienne syrienne n’est pas en état de transporter une cargaison d’aide aussi massive.

 

 

 

 

 

 

Al Mayadeen a en outre révélé, citant le lieutenant-colonel Mohannad Jaafar, chef du service des pompiers de Lattaquié, que les sanctions injustes imposées à la Syrie ont directement entraîné une augmentation du nombre de victimes des tremblements de terre, car il a été, à cause d’elles, impossible d’obtenir les machines et les équipements modernes utilisés dans de telles situations.

La Syrie a officiellement critiqué la dérogation, la qualifiant d’illusion d’optique destinée à tromper le monde. La Syrie a déclaré que cette prétendue exemption n’a pas permis le flux global de l’aide humanitaire des nations occidentales. Cette « levée des sanctions » par les États-Unis a été décrite par le ministre syrien des Affaires étrangères et des Expatriés Faisal Mekdad comme une « tentative visant à donner une fausse apparence humanitaire » à ce qui ne l’est pas, et qui n’a en rien facilité les efforts d’aide.

Dans une interview accordée à Sky News, la conseillère spéciale du président syrien, Bouthaina Shaaban, a déploré que les pays occidentaux n’envoient de l’aide qu’aux régions de la Syrie qui sont sous le contrôle d’organisations terroristes militantes plutôt qu’au gouvernement syrien, qui doit faire face aux conséquences des tremblements de terre dévastateurs. Le peuple syrien sera en mesure de prendre soin de son pays si les États-Unis et l’Europe retirent leurs « sanctions », a-t-elle poursuivi, et tout ce que nous leur demandons, c’est qu’ils le fassent.

« Malheureusement, l’Occident ne se préoccupe que des zones occupées par les terroristes et les Casques blancs, et non pas des endroits où réside la quasi totalité des Syriens ». La majorité des fonds et l’ensemble des équipements de secours ont été expédiés d’Europe et des États-Unis vers la Turquie. « Absolument rien ne vient d’Europe vers la Syrie », a déclaré Mme Shaaban à Sky News.

 

Le monde condamne les sanctions contre la Syrie

Dans une interview accordée à l’agence de presse russe Sputnik, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a déclaré que, malgré des dérogations, les « sanctions » sévères imposées par les États-Unis à la Syrie entravent toujours l’effort humanitaire. Le secrétaire général adjoint à la coordination des opérations de la FICR, Xavier Castellanos, a déclaré que les restrictions les plus sévères imposées au pays déchiré par la guerre ont provoqué une forte augmentation des prix au lendemain des tremblements de terre, ce qui n’a fait qu’empirer la crise humanitaire en Syrie.

En raison des dégâts causés par le séisme, M. Castellanos pense que la Syrie comptera plus de personnes mortes (parce que restées enterrées sous les décombres) que la Turquie, car tous les rapports indiquent qu’un grand nombre de personnes sont toujours portées disparues. « En Syrie, je compte que nous trouverons un nombre nettement plus important de personnes enterrées qu’en Turquie. […] Une fois l’opération de sauvetage terminée, nous serons en mesure de déterminer ce qu’il est advenu des personnes disparues, sur la base des chiffres », a-t-il déclaré à Sputnik.

L’année dernière déjà, une experte indépendante des droits de l’homme nommée par l’ONU avait exhorté les États-Unis à lever leurs « sanctions  unilatérales » contre la Syrie. Elle déclarait que ces « sanctions » aggravaient les dommages et les traumatismes déjà subis par les Syriens ordinaires depuis le début de cette brutale guerre.

À l’issue d’un voyage de 12 jours qu’elle avait fait en Syrie. Mme Douhan avait présenté un rapport d’information très détaillé sur les effets désastreux qu’ont les « sanctions » imposées par les États-Unis sur tous les aspects de la vie dans le pays, Elle a affirmé qu’en raison de leur accès limité à la nourriture, à l’eau, à l’électricité, au logement, au combustible de cuisson et de chauffage, aux transports et aux soins de santé, 90 % des Syriens vivent en-dessous du seuil de pauvreté.

Selon Mme Douhan, l’imposition de sanctions unilatérales sur des secteurs économiques essentiels tels que le pétrole, le gaz, l’électricité, le commerce, la construction et l’ingénierie a réduit le revenu national et sapé tous les efforts de relance économique et de reconstruction, entraînant la destruction ou l’endommagement grave de plus de la moitié des infrastructures essentielles.

 

Source : Lifting of US sanctions flies in the face of Syrian agonies | Al Mayadeen English

 

 

Les prétendues « sanctions » n’étant en réalité que des actes de piraterie, les guillemets systématiques sont de nous, ce n’est pas la première fois que nous le disons. La langue française fut jadis précise et nous entendons qu’elle le redevienne à défaut de le rester. Un embargo ou blocus unilatéral n’est pas une manière de punir quelqu’un ou de sanctionner quelque chose : c’est un acte de guerre, illégitime de surcroît, pour lequel les perpétrateurs doivent – devront – être punis ou, si on veut, sanctionnés.

 

 

 

 

 

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Février 2023

 

 

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