« En même temps la CIA bloque pendant 40 jours les transports intérieurs, en finançant à coup de millions de dollars une grève des camionneurs. »

 

 

 

CHILI 11 SEPTEMBRE 1973

ACTUALITÉ D’UN COUP D’ÉTAT

 

 

Manlio Dinucci – Grandangolo Pangea – 8.0.2023

 

Traduction : Marie-Ange Patrizio

 

 

Il y  a cinquante ans, le 11 septembre 1973, avait lieu le coup d’état au Chili. Même si un demi-siècle est passé, il conserve une actualité dramatique. Voici, synthétiquement, son histoire.

 

 

 

 

 

 

En novembre 1970 devient Président du Chili Salvador Allende, élu par une coalition de forces démocratiques avec un programme de progrès social et de souveraineté nationale. Deux mois avant, en septembre, le président Nixon ordonne à la CIA de préparer un plan pour empêcher qu’Allende ne réalise son programme. Le premier objectif de Washington est de “faire sauter l’économie chilienne”.

Quand le président Allende nationalise les mines chiliennes de cuivre jusqu’alors aux mains de multinationales étasuniennes, Washington crée une task force fédérale qui, opérant sur les marchés financiers, fait crouler le prix mondial du cuivre pour frapper l’économie chilienne. Alors qu’il est privé de la principale source de revenus de son exportation, le Chili est soumis par les USA à un embargo meurtrier qui l’empêche d’importer des denrées essentielles de première nécessité. En même temps la CIA bloque pendant 40 jours les transports intérieurs, en finançant à coup de millions de dollars une grève des camionneurs.

Ainsi est préparé le terrain au coup d’état organisé par la CIA et opéré par la junte militaire avec Augusto Pinochet à sa tête. Le 11 septembre 1973 le putsch commence avec l’attaque du palais présidentiel, l’assassinat de Salvador Allende et des hommes de son escorte qui décident de rester avec lui jusqu’au bout. Des dizaines de milliers de Chiliens vont être enfermés dans les stades et autres lieux de détention, torturés de façons les plus atroces et assassinés. Les techniques du putsch, des tortures et assassinats sont celles de l’«École des Amériques» créée par le Pentagone pour entraîner les militaires latino-américains sous son commandement.

Avec la connivence de Washington, le régime de Pinochet, “président” du Chili de 1974 à 1990, poursuit sa chaîne de crimes, en assassinant les opposants à l’intérieur comme à l’étranger et en réprimant dans le sang les manifestations populaires. Cela n’empêche pas Jean Paul II, en visite officielle au Chili le 2 avril 1987, d’apparaître devant la foule qui l’acclame, au balcon du palais de La Moneda, à côté d’Augusto Pinochet, celui qui quatorze ans auparavant avait assassiné à La Moneda le Président Salvador Allende.

 

Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo Pangea de vendredi 8 septembre 2023 à 19h15 sur la chaine TV italienne Byoblu   

https://www.byoblu.com/2023/09/08/cile-11-settembre-1973-attualita-di-un-golpe-grandangolo-pangea/ 

 

 

 

 

Ce lundi 11 septembre 2023, en Belgique…

 

Une population volontairement soumise à l’occupant nazi du jour et à ses petites-mains ukrainiennes, en échange de ce qui sert de conscience à son personnel politique de pointe prétendument à la barre du navire U.E. qui coule, se prépare à se re-museler sur ordre et continue à clopiner béatement sur des nids de bombinettes dont une seule fait 15 fois celle d’Hiroshima, en espérant qu’il ne lui arrivera quand même rien de fâcheux (l’espoir fait vivre)…

Et nous, nous avons reçu ceci :

 

 

Rais et Rets

 

 

 

 

 

Une culture se juge à ce qu’elle promotionne comme à ce qu’elle rejette. Ainsi le marché postmoderne exclut-il ce qui relève d’une vision globale – apanage des systèmes de surveillance – et n’autorise-t-il plus que les productions éphémères, clamant un perpétuel avènement du nouveau. La marchandise, hier consommée, sera remplacée par un autre modèle, afin que jamais ne s’immisce aucun doute sur le fait que cette accélération permet d’accéder à l’ersatz du divin, dont les derniers signes ont disparu du paysage. Chaque fétiche est un succédané d’immortalité. Cet exercice favorise les produits en série labellisés par une image de marque. L’effet de matraquage assure écrasement de la pensée dialectique, aplatissement de toute perspective historique, réduction du psychisme collectif aux préoccupations immédiates par les agents de contrôle idéologique. Aussi la plus grande part des humains ne pense pas les rapports d’exploitation, de domination, d’aliénation dont elle est une victime consentante : raison pour laquelle elle demeure exploitée, dominée, aliénée par une minorité. Sans cesse excité ; toujours frustré ; n’ayant d’échappatoire que dans une surenchère de sensations visuelles et sonores le faisant tressauter en état d’électrocution permanente, et anesthésier sous cent drogues chimiques : le sujet postmoderne est un condamné volontaire à la chaise électrique et à l’empoisonnement létal, passant la majeure part de son existence dans un couloir de la mort égayé d’écrans bruyants et multicolores, se confiant corps et âme aux bons soins de la tour Panoptic et de Kapitotal. C’est à son jugement éclairé (car se revendiquant des Lumières), que les maîtres du monde occidental doivent leur élection démocratique ; et que prétend s’imposer en toute légitimité le dominium universel de l’aigle impérial. Depuis que Nietzsche exerce (aux dépens de Marx) un magistère absolu sur la pensée du monde civilisé, tous les idéaux sont à nier, les principes à transgresser, les interdits à interdire, sauf un dernier tabou : Kapitotal. Sur lequel il revient à la tour Panoptic de produire un détonnant silence. Car Kapitotal impose une telle scission entre « extrême accumulation de richesses à un pôle, de misères à l’autre pôle » (Marx), que l’occultation en incombe à la tour Panoptic. D’où l’arraisonnement du secteur éditorial par les bavardages de la Kulturindustrie. Qui invoquera de mauvais choix sociétaux pour disculper la caste possédante et perpétuer sa domination. Voyons un peu ce symptôme d’extrême barbarie qu’est, sous les dehors d’une exquise urbanité, le traitement médiatique des signes d’écriture. Bernard Pivot se fût-il laissé acheter par une péronnelle avide de paraître en vitrine chaque première émission de rentrée littéraire, pour planter la pique de son ombrelle dans les yeux des cadavres à travers un brouillard de sang ? La question n’est pourquoi ni comment mais combien. Le nerf de la guerre irrigue un système respiratoire et sanguin qui permet à la baronne Amélie de pérorer en marraine du salon annuel, imitant le chant du rossignol au-dessus du carnage. La machine de propagande, incluant l’exclusion de toute interrogation par une subtile Sensure, est totalitaire à mesure de ses prétentions libertaires. Apostrophes participait d’un monde naïf où tout débat n’était pas interdit, ni toutes les contradictions bannies d’un bavardage de bonne compagnie. L’architecture psychique d’homo sapiens n’était pas encore anéantie de telle manière qu’il n’y eût plus de résistance à sa mise en enclos mental, phénomène qu’un Cyrulnik n’avait pas encore nommé résilience. La jouissance versaillaise n’était pas sans entraves au point qu’elle ne fût plus embarrassée par la moindre décence. Car prévalait encore un rayonnement spirituel et intellectuel sur le piège de réseaux dits sociaux, tissés de telles mailles qu’ils évoquent le filet des rétiaires aux jeux du cirque romain. Cette colonisation de l’écran par une image de marque identifiable à des signes extérieurs plus qu’au contenu de ses produits, ne pouvait s’imaginer dans une émission culturelle de service public voici quarante ans – quand aucun éditeur n’eût publié la baronne Amélie. Mais, contrairement aux proies des rets, le rai ne meurt jamais. Trait de lumière astrale est chaque signe de l’être captant les signes émis par d’autres êtres, en des embrasements stellaires. Si toute matière périt, les flèches de l’esprit sont d’un rayonnement sans fin. Tel regard, tel sourire, tel mot, tel geste échangés traversent le temps sans se fixer dans la mémoire, tout en y voyageant comme à l’insu de l’oubli. De quelle nature sont ces flèches ? Question centrale d’écriture et de lecture, donc de littérature. Question du rayon d’action de la phrase. Les prisonniers du Circus Magnus, par dépit de te savoir à l’extérieur, n’ont de cesse de t’en écarter plus encore par un silence désapprobateur. Narguant leurs écuries, tu fis cavalier seul. Sans filet de rétiaire, usant de ta seule arme : le rayon. D’emblée dirigé contre le sommet de l’empire, avec ses cliques de têtes à claques. Marx et Rimbaud dans les poches : véritable axe franco-allemand. Rayons décochés contre le principe impérial, maître du Circus Magnus. Car entre rais et rets, il faut choisir.

Anatole Atlas, 7 septembre 2023.

 

 

 

          

 

   

 

SPHÉRISME | RETOUR

 

 

Source : http://www.spherisme.be/Texte/Rais&Rets.htm

 

 

 

 

Mis en ligne le 9 septembre 2023

 

 

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