Comment CNN ment sur Taïwan

 

 

Eric Zuesse  – TheDuran – 1.8. 2022

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

 

 

 

CNN présente Taïwan comme n’ayant jamais fait partie de la Chine, et c’est un mensonge. De plus, CNN présente les États-Unis (se référant ici à la position officielle de l’Amérique sur cette question depuis 1972, date à laquelle elle est devenue explicite) comme ayant toujours prétendu que Taïwan ne faisait pas partie de la Chine. Ce sont deux très gros mensonges.

 

Le matin du 1er août 2022, alors que la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi – troisième en ligne pour la présidence des États-Unis après la vice-présidente Kamala Harris – commençait son voyage en Asie dans le but de déclencher une guerre entre la Chine et l’Amérique au sujet de Taïwan et d’autres questions, CNN a titré sur sa page d’accueil « Que pense Taïwan de la possibilité d’une visite de Nancy Pelosi ? », et cet article s’est ouvert sur :

 

Les informations selon lesquelles la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, envisage de se rendre à Taïwan ont suscité des échanges tendus entre les États-Unis et la Chine et des spéculations croissantes sur la réaction de Pékin.

Bien que Mme Pelosi, qui critique ouvertement Pékin, ait jusqu’à présent refusé de confirmer ces informations, elle a déclaré qu’il était important pour les États-Unis de montrer leur soutien à Taïwan, et des législateurs des deux côtés du clivage politique de Washington l’ont exhortée à s’y rendre. La Chine, quant à elle, s’est insurgée contre cette idée, jurant de prendre des « mesures énergiques et résolues » en cas de voyage.

L’île qui se trouve au centre de la controverse est pour sa part beaucoup moins loquace.

Aucune déclaration pour ou contre le voyage potentiel de Mme Pelosi n’a été faite par la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen ou par son bureau, bien que le premier ministre Su Tseng-chang ait déclaré mercredi que Taipei était « très reconnaissant envers la présidente Pelosi pour son soutien et sa gentillesse envers Taïwan au fil des ans » et que l’île accueillait tout invité amical venant de l’étranger.

Selon les analystes, ce silence relatif s’explique par le fait que Taïwan, île démocratique autonome de 24 millions d’habitants que le parti communiste chinois au pouvoir revendique comme faisant partie de son territoire, bien qu’il ne l’ait jamais contrôlée, se trouve dans une situation délicate.

Taïwan, soulignent-ils, dépend des armes américaines pour se défendre contre l’éventualité d’une invasion et d’une prise de contrôle par la force de la part de la Chine – elle ne veut donc pas donner l’impression de décourager le soutien de l’un des hommes politiques les plus puissants des États-Unis.

 

Comme l’indique mon article du 31 juillet 2022, « Quelle probabilité y a-t-il de voir une 3e Guerre mondiale nucléaire USA-Chine ? », la position officielle du gouvernement américain, telle qu’elle a été énoncée le 28 février 1972, a été et demeure :

 

Les États-Unis reconnaissent que tous les Chinois, de part et d’autre du détroit de Taïwan, soutiennent qu’il n’existe qu’une seule Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement des États-Unis ne conteste pas cette position. Il réaffirme son intérêt pour un règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes.

 

D’ailleurs, mon article se terminait par une évocation de la véritable histoire de cette situation :

 

En ce qui concerne l’histoire de l’île et la question historique clé, qui est de savoir si l’allégation selon laquelle « Taïwan fait partie de la Chine » est vraie, voici un résumé de cette histoire :

Taïwan (Formose) a vu le jour lorsque l’empire japonais a été contraint d’abandonner le contrôle de l’île chinoise de Formose. Truman a soutenu les forces fascistes du Guomindang (GMD) ou du Kuomintang (KMT) qui avaient fui les forces antijaponaises victorieuses de Mao en Chine continentale, sur l’île chinoise de Formose et y a formé la « République de Chine », en tant que protectorat américain. L’île s’est ensuite appelée « Taïwan » (que même les historiens japonais reconnaissent comme étant un nom chinois pour l’île) mais s’est appelée officiellement « République de Chine » et NON « République de Taïwan ». Ainsi, même sous l’appellation officielle et choisie de « République de Chine », quiconque nie qu’il s’agisse bien d’une partie de la Chine et qu’elle soit « chinoise », ment purement, simplement et audacieusement, car même le KMT (ou GMD) l’a dit. Le camp américain (qui remplace désormais le camp japonais en tant que maîtres fascistes de Taïwan après la Deuxième Guerre mondiale) a perdu la guerre civile en Chine, mais depuis lors, le gouvernement américain protège le camp perdant de la guerre civile chinoise, qui s’est retranché dans ce qui est en fait la province chinoise de Formose ou Taïwan. Si et quand la Chine en reprendra finalement le contrôle, le nom de l’endroit pourrait redevenir « Formose » ou « la province de Formose », afin de signifier que c’est la Chine, et non le Japon, qui a gagné la Deuxième Guerre mondiale. Aucun de ces fascismes dans l’Asie d’après-guerre n’aurait eu lieu, du tout, si FDR [Franklin D. Roosevelt, NdT], au lieu de Truman, avait été le président des États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale. Truman était un fasciste-impérialiste, mais FDR était intensément CONTRE le fascisme et l’impérialisme. L’anticommunisme n’est que l’excuse que les impérialistes fascistes de l’après-Deuxième Guerre mondiale ont donné à leur impérialisme fasciste (les coups d’État, les invasions, les subversions, etc. de l’Amérique pour conquérir le monde), afin de tromper leurs populations en leur faisant croire qu’elles vivaient dans une « démocratie ».

S’il y a une troisième guerre mondiale, ce sera en raison de l’inversion par Truman de la politique étrangère de Roosevelt, et NON parce qu’il a poursuivi cette politique (ce qu’il n’a pas fait – bien que de nombreux « historiens » prétendent qu’il l’a fait). C’est le 25 juillet 1945 que le tournant s’est opéré par rapport à la politique étrangère de FDR. C’est ce qui a permis à cette boule de neige réactionaire de dévaler le versant fasciste-impérialiste de l’histoire du monde depuis lors. C’est ce qui a poussé Truman à remplacer rapidement toute l’équipe de politique étrangère de Roosevelt. Truman a été la catastrophe, PAS la continuation. Et cependant, le Congrès américain, à cette époque, a été encore pire que lui. Et il l’est toujours. En somme, c’est FDR qui a constitué une anomalie. Tout comme Lincoln en son temps. Tout comme la majorité de la Convention constitutionnelle américaine, celle qui a rédigé collectivement la Constitution américaine anti-impérialiste, qui n’est plus aujourd’hui qu’un chiffon de papier. Le déferlement aristocratique qui a suivi pourrait bien emporter maintenant tout ce qu’ils ont accompli, et ne laisser après lui qu’un océan de sang.

 

Cet article rappelle encore d’autres pans d’histoire, y compris comment les fascistes chinois (le KMT ou Kuomintang) qui s’étaient échappés de la Chine continentale pour remplacer les Japonais comme nouveaux seigneurs et maîtres de l’île de Taïwan, ont envoyé une armée en Thaïlande (alors appelée Siam), pour permettre à la CIA nouvellement créée de Truman d’y perpétrer son tout premier coup d’État, qui devait lui permettre de s’emparer du centre mondial du trafic d’opium (lequel se trouvait là), afin que les futurs coups d’État U.S. (et les pots-de-vin qu’ils impliquaient) puissent être financés clandestinement, comme ce fut le cas en Syrie (1949), en Iran (1953) et au Guatemala (1954).

 

L’article montre aussi comment – et explique pourquoi – l’opinion publique de cette île chinoise n’a commencé qu’en 1994 à faire l’objet d’un sondage annuel et systématique sur la question de savoir ce que les résidents pensent de la possibilité que Taïwan se déclare officiellement comme une nation distincte de la Chine.

 

L’actualité d’aujourd’hui ne peut être comprise de manière véridique sur la base de mensonges historiques.

 

 

Le prochain livre de l’historien Eric Zuesse (à paraître prochainement) s’intitule L’empire du mal de l’Amérique : la victoire posthume de Hitler et pourquoi les Sciences sociales doivent changer. Ce livre explique comment l’Amérique a pris le contrôle du monde après la Deuxième Guerre mondiale, pour l’asservir aux milliardaires américains et alliés. Leurs cartels s’emparent des richesses du monde en contrôlant non seulement les médias d’information mais aussi les « sciences » sociales – et dupent le public.

 

Source : https://theduran.com/how-cnn-lies-about-taiwan/?ml_subscriber=2007570149439181901&ml_subscriber_hash=w9s8

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/comment-cnn-ment-sur-taiwan/

 

 

 

 

Août 2022

 

 

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