Eric Zuesse – The Duran – 26.11.2022

 

Je poste ici cet article très instructif sur l’homme qui sera probablement le prochain candidat du Parti Républicain à la présidence des États-Unis, Ron DeSantis :

 

 

 « Je hurlais et il souriait » :

De Santis a dirigé la torture à Guantanamo

 

 

 Eric Zuesse – Al Mayadeen English – 21.11.2022

Source : Eyes Left Podcast

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

Le passé militaire de DeSantis va bien au-delà de sa simple participation à Guantanamo Bay.

 

Une juxtaposition de Ron Desantis en train de s’esclaffer (AFP), et de Mansoor Adayfi, photographié par la BBC. Image créée par Al Mayadeen.

 

 

 

Dans un récent épisode du Podcast du Veilleur de gauche, un Yéménite, ancien détenu de Guantanamo, a témoigné à la première personne de la torture qu’il a subie, aux mains du populaire gouverneur républicain Ron DeSantis.

 

Le podcast était animé par Mike Prysner, un vétéran américain qui a servi en Irak en tant que spécialiste ; ses fonctions comprenaient la surveillance au sol et celle de la fiction, celle des « vrais crimes ». Washington a gardé sous le boisseau les détails du rôle tenu par de DeSantis à Guantanamo Bay : répondant aux demandes de renseignements sur le rôle de DeSantis, un porte-parole de la Marine a répondu : « Malheureusement, les détails spécifiques concernant le rôle de M. DeSantis ne sont pas disponibles ».

 

Ce que le podcast révèle, c’est que DeSantis a servi en tant qu’officier du JAG, ce qui signifie qu’il était membre du corps des Juges-Avocats-Généraux. Il était étudiant en droit, après avoir fait ses études de premier cycle à Yale, où il faisait partie du Delta Cappa Epsilon* comme les deux Bush : George HW Bush et son fils, George Bush. Pro-confédéraliste et ouvertement raciste, sa carrière politique au Pentagone a commencé dès sa deuxième année de droit.

 

Cependant, son travail n’a jamais été cantonné aux salles d’audience, mais bien plutôt aux opérations clandestines qu’il lui appartenait de conduire : son travail officiel, qui n’était qu’un faux-semblant, consistait à « garantir les droits humains des détenus ».

 

C’était exactement le contraire.

 

Le summum des traitements inhumains et de la torture systématique dans le camp a précisément été atteint pendant le mandat de DeSantis en tant qu’officier du JAG, où sa tâche principale consistait à identifier les faiblesses des détenus et à leur « serrer la vis » – tout en veillant, bien sûr, à garder le dossier vierge. Selon le podcast, il a fait tout ce qu’il pouvait pour que les droits de l’homme soient violés au plus haut point.

 

 

Une histoire de sadisme et de manipulation

 

Dans ce podcast, Prysner s’entretient avec Mansoor Adayfi, qui a été trompé au premier chef par DeSantis lorsque le gouverneur en exercice a non seulement ordonné sa torture, mais s’est aussi installé pour savourer le spectacle et en rire.

 

Adayfi est d’origine yéménite et il était en mission culturelle en Afghanistan aux premiers jours de la guerre. Il a été enlevé par des traîtres à leur pays et vendu aux États-Unis, qui l’ont expédié dans le tristement célèbre camp de détention de Guantanamo Bay.

 

Alors qu’emprisonné il subissait des tortures, Adayfi raconte que DeSantis est entré et s’est présenté à lui en bon samaritain, soucieux de transmettre les plaintes des prisonniers à l’administration. Ses talents de manipulateur mettaient les prisonniers suffisamment « en confiance » pour qu’ils s’ouvrent à lui.

 

Pour situer le contexte, l’intervieweur précise qu’il y avait, à l’époque, une protestation massive d’environ 500 détenus en grève de la faim et que cette grève était considérée comme un « problème majeur » par l’administration Bush. Alors, « ils ont fait appel à un groupe de nouveaux individus impitoyables pour briser la grève ».

 

Adayfi raconte : « Nous avons fait une grève de la faim en 2005 et il y avait environ 500 prisonniers qui y participaient », sur quoi DeSantis est entré dans la pièce, arguant de son intention de négocier avec les prisonniers. « Nous les avons crus, nous avons cru qu’ils voulaient négocier et nous parler… Mais c’était un piège », explique-t-il.

 

Adayfi, qui avait alors 18 ans, a pensé dans son innocence que DeSantis allait « transmettre à qui de droit ses préoccupations ». Mais cela faisait partie du jeu : chercher à savoir ce qui était susceptible de vous faire le plus mal pour, ensuite, l’utiliser contre vous.

 

Après que DeSantis ait eu recueilli des renseignements sur les faiblesses des détenus, un général de l’armée s’est amené, prêt à les exploiter : « J’ai un boulot à faire. On m’a envoyé ici pour briser votre grève de la faim de merde. Je me fous de savoir pourquoi vous êtes ici, je me fous de savoir qui vous êtes. Mon boulot ici, monsieur, est de vous faire manger. Aujourd’hui on parle, demain on ne parlera pas ». Les prisonniers ont été saisis d’apprendre ainsi ce qui les attendait, et choqués de la fourberie de DeSantis.

 

Et, donc, les détenus ont été gavés de force de boîtes d’Ensure, un complément alimentaire liquide qu’on donne aux personnes âgées. DeSantis a regardé les détenus se faire attacher à une chaise et se faire injecter de force boîte après boîte d’Ensure par le nez.

 

« Ron DeSantis était là à nous regarder. Nous pleurions, nous gueulions. Nous étions attachés à la chaise de gavage. Et ce type regardait. Et il riait » s’est souvenu Adayfi, disant que leur corps ne pouvait pas supporter les quantités d’Ensure qu’on leur enfournait de force, et qu’il avait pour finir tout rejeté à la tête de DeSantis.

 

« J’ai vomi sur sa figure. Littéralement. Sur sa figure », dit-il

 

L’article trois de la Convention de Genève stipule que le gavage est un acte de torture, et il est interdit par l’Association médicale mondiale dans une déclaration de 1975.

 

 

 « Ils ont mis du laxatif dans le liquide de gavage ».

 

Supervisés par DeSantis, les matons « ont attaché nos têtes, nos épaules, nos fesses, nos cuisses et nos jambes », en mettant « une espèce de laxatif dans le liquide de gavage pour que nous nous chiions dessus tout le temps ». Après quoi on les bouclait à l’isolement.

 

« Ils ont brisé toutes les grèves de la faim en une semaine », dit Adayfi. « C’était une machine. Et ils étaient tous là, à nous regarder : le colonel, les officiers, les médecins, les infirmières… et pas que ça : ils nous battaient aussi.

 

« Et nous hurlions de douleur, [avec] le sang [qui] nous sortait du nez et de la bouche… Ils n’étaient que « mange ! ». Le seul mot qu’ils vous disaient : « mange ! ». Mange ! Manger ! Mange ! Vous savez, on nous battait toute la journée. Toute la journée. C’est un travail d’ équipe… quoi que vous fassiez ou ne fassiez pas, ils vous battent. Du spray au poivre, des coups, des coups, de la privation de sommeil… Ça a duré trois mois.

 

« Je hurlais, et en hurlant, tout à coup, je le regarde [Ron DeSantis] : il souriait. Comme quelqu’un qui prenait son pied », dit encore Adayfi. « Ça nous a tous répugné ».

 

 

Le poste de DeSantis n’était pas un poste de routine

 

Une autre faiblesse dont DeSantis a profité ont été les plaintes d’Adayfi quant au manque de sommeil et au bruit qu’il était forcé d’entendre toute la nuit. Ce qu’apprenant, DeSantis a fait augmenter le bruit pour torturer davantage encore les prisonniers. 

 

Pour Adayfi et ses camarades d’infortune, oser parler à DeSantis de la viande dans la nourriture de la prison n’a fait qu’inciter les gardiens à mélanger aussitôt de la viande à toute forme de nourriture, sachant que les détenus étaient pour la plupart musulmans et ne consomment pas de produits non halal.

 

« Le poste de Ron n’était pas un poste de routine. Il n’est pas juste venu remplacer un autre officier de bas niveau. Jusqu’alors, aucun officier du JAG n’avait été affecté à un tel poste. On l’a fait venir parce qu’il y avait une crise. »

 

Un sondage publié la semaine dernière a révélé que DeSantis est un des candidats préférés du parti républicain : plus que Trump. L’enquête YouGov a révélé que 42% des Républicains et des Indépendants penchant pour le GOP  ont déclaré qu’ils préféreraient que DeSantis plutôt que Trump se présente en 2024. Seulement 35 % ont déclaré qu’ils préféreraient Trump au gouverneur de Floride.

 

Source : « I was screaming and he was smiling »: DeSantis ran Guantanamo torture | Al Mayadeen English

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*  Fraternité et société secrète fondée à l’université élitiste Yale en 1844.

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/je-hurlais-et-il-souriait/

 

 

 

 

Janvier 2023

 

 

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