Il appelle « gangstérisme international » le fameux « ordre (US) basé sur des règles »

 

 

L’effondrement du droit international

 

 Christopher Black – 1.11.2023

 

Posté sur The Duran par Eric Zuesse, qui le dit « un des plus grands avocats au monde à l’international »

 

Traduction : c.l. pour L.G.O.

 

 

 

Le droit international s’est effondré pour l’essentiel avec le siège israélien soutenu par les USA contre le peuple palestinien de Gaza, en réponse à l’attaque du Hamas contre les forces d’occupation israéliennes le 7 octobre. Les Palestiniens n’attendent aucune pitié de la part des Israéliens, après avoir subi des décennies de nettoyage ethnique israélien des terres palestiniennes et leur propre remplacement par des colons israéliens, le tout en violation du droit international et de plusieurs résolutions des Nations Unies, y compris, bien sûr, la Résolution 242 qui exigeait qu’Israël se retire de toutes les terres dont il s’était emparé lors de la guerre de 1967, guerre dont ils admettent aujourd’hui qu’elle a été déclenchée sous un fallacieux prétexte pour pouvoir s’emparer de ces terres et en chasser les Palestiniens qui y vivaient.

Il y a des décennies qu’ Israël bénéficie de l’impunité pour son agression et son occupation des terres palestiniennes, de la part des nations qui ont contribué à le créer et à le soutenir après la Première et la Deuxième Guerre mondiale – les USA, la Grande-Bretagne et leurs alliés – qui lui ont accordé l’impunité pour y faire tout ce qu’il lui plaît de faire, parce qu’Israël sert leurs objectifs au Moyen-Orient. Israël y fait fonction d’agent local de la nation qui ambitionne d’exercer son hégémonie sur le monde : les États-Unis.

Pendant ce temps, la Cour Pénale Internationale (CPI) ne dit rien sur les crimes commis par les Israéliens contre les Palestiniens dans les territoires occupés et à Gaza, bien qu’elle ait un dossier ouvert sur la Palestine-Israël depuis 2019. Son inaction contraste fortement avec la délivrance rapide, il y a quelques mois,  d’un mandat d’arrêt à l’encontre du président Poutine, mandat ne résultant d’aucune enquête d’aucune sorte.

Pourtant, dans le cas de la Palestine, le procureur de la CPI déclare que, certes,  son bureau a conclu qu’Israël a commis des crimes de guerre, mais qu’il faut du temps pour enquêter sur les allégations, beaucoup de temps, dit-elle, ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’inculpation de Benjamin Netanyahou dans un futur prévisible, et probablement pas du tout. Il semble curieux que le procureur n’ait pas jugé nécessaire de prendre aussi son temps pour enquêter sur les allégations bizarres formulées par Kiev à l’encontre de la Russie, mais pas si curieux après tout, quand on sait qui contrôle la CPI, à savoir les USA et l’Union Européenne.

 

 

 

 

 

 

Les deux poids deux mesures et l’hypocrisie étalés par les Occidentaux sont désormais si criants que, pas plus tard que la semaine dernière, 842 membres du personnel de l’UE ont écrit une lettre ouverte à Ursula von der Leyen, attaquant son soutien des actions israéliennes à Gaza et l’accusant de miner la crédibilité de l’UE dans le monde, puisqu’elle affirme contre toute évidence que la Russie commet des crimes de guerre en Ukraine et qu’elle doit y cesser ses opérations militaires, tout en soutenant avec enthousiasme les attaques israéliennes sur les civils et les infrastructures civiles de Gaza et l’objectif ouvertement déclaré par les Israéliens de nettoyer ethniquement Gaza et d’en exterminer la population si jamais ils n’y parvenaient pas, c’est-à-dire, en fait, de commettre un génocide.

La lettre a été publiée dans l’Irish Times du 20 octobre,

Des membres du personnel des institutions de l’UE ont écrit à la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, pour lui faire part de leur colère à propos de sa position sur le conflit entre Israël et le Hamas, dans une lettre qui a recueilli 842 signatures.

« La lettre, que l’Irish Times a eue sous les yeux, accuse la Commission de laisser libre cours à l’accélération et à la légitimisation d’un crime de guerre dans la bande de Gaza ».

« Elle commence par condamner l’attaque du Hamas contre Israël, avant de poursuivre: “Nous condamnons tout aussi fortement la réaction disproportionnée du gouvernement israélien contre 2,3 millions de civils palestiniens pris au piège dans la bande de Gaza ».

« Nous avons peine à reconnaître les valeurs de l’UE dans l’apparente indifférence manifestée ces derniers jours par notre institution à l’égard du massacre de civils qui se poursuit dans la bande de Gaza », poursuit le texte.

« La lettre prévient de ce que l’UE “est en train de perdre toute crédibilité et sa position d’intermédiaire juste, équitable et humaniste” et qu’elle endommage ses relations internationales tout en mettant en danger la sécurité du personnel de l’UE. »

Les rédacteurs de la lettre font eux-mêmes preuve d’hypocrisie, bien sûr, puisque l’UE, pour laquelle ils travaillent, a été complice des crimes commis par le régime de Kiev et par l’OTAN contre la population civile du Donbass, ainsi que de leurs attaques terroristes contre les Russes. Aujourd’hui, ils se retrouvent face à un dilemme qu’ils ont eux-mêmes créé. Ils révèlent leur crainte que le monde se rende compte à quel point l’Occident a perdu l’argument moral dont il a usé pour justifier et conduire ses guerres, et plus particulièrement la guerre en Ukraine contre la Russie.

Le veto opposé par les États-Unis et leurs alliés à plusieurs résolutions proposées par le Brésil, la Russie et d’autres nations appelant à la cessation des attaques israéliennes contre les civils de Gaza et permettant l’acheminement de nourriture, d’eau, de médicaments et d’autres fournitures à Gaza, montre une fois de plus que le Conseil de Sécurité est incapable de fonctionner pour préserver la paix et la sécurité de la région, comme l’exige le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. La structure actuelle des Nations Unies permet aux grandes puissances d’agir dans leur seul propre intérêt et, dans ce cas précis, permet aux USA de soutenir militairement et financièrement les actions d’Israël.

Israël a jeté toute légalité aux orties dans sa guerre et traite les lois de la guerre et les lois concernant les crimes contre l’humanité avec le plus complet mépris. Le droit international lui-même a été mis en pièces par l’Occident, et l’insistance de la Chine, de la Russie, de l’Iran et du reste du monde hors contrôle occidental, pour que la Charte des Nations Unies soit respectée et ses principes soutenus et appliqués, est dédaigneusement ignorée.

On en est arrivé au point où les USA et leurs alliés prétendent désormais être à tous égards au-dessus des lois, et ont au contraire adopté certaines règles tacites auxquelles il vaudrait mieux selon eux que toutes les nations se conforment, sinon… L’impérialisme s’est débarrassé du manteau de morale et de « valeurs humanitaires » qu’il portait pour tromper les gens et les amener à soutenir ses agressions et ses aspirations coloniales, et il enjambe maintenant le monde en portant ouvertement l’armure de la guerre et de la conquête.

Il agit sans se cacher, comme si l’OTAN était au-dessus des Nations Unies et que ses « règles », c’est-à-dire celles de la puissance américaine, faisaient loi. Les conséquences de ce type d’attitude sont multiples : elles sont synonymes d’impérialisme et de colonialisme, de racisme et de brutalité. Tout ceci voulant dire que les Américains se considèrent comme des êtres supérieurs, au-dessus des autres peuples, ou, comme l’a récemment exprimé M. Medvedev, qu’ils se considèrent comme les vice-rois de Dieu sur la Terre, comme des ubermensch, selon le terme cher aux nazis, des surhommes que le reste du monde doit craindre et auxquels il doit obéir. Les Nations Unies sont, en ce qui les concerne, aussi peu pertinentes aujourd’hui que la Société des Nations l’était devenue dans les années 1930, ce qui a conduit à la guerre mondiale.

Il n’y a pas plus de quelques jours, le 28 octobre, la ministre de la Défense de la République tchèque, Jana Cernochova, a demandé que son pays quitte les Nations Unies après que l’Assemblée Générale ait soutenu une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Elle a déclaré :

« Seuls 14 pays, dont le nôtre, se sont dressés contre l’attaque terroriste sans précédent perpétrée par les terroristes du Hamas. À mon avis, la République tchèque n’a rien à attendre d’une organisation qui soutient les terroristes et ne respecte pas le droit fondamental à l’autodéfense. Sortons-en. »

Les 14 pays qu’elle invoque sont les USA l’Autriche, la Croatie, la République Tchèque, Fidji, le Guatemala, la Hongrie, Israël, les Îles Marshall, la Micronésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Paraguay et les Tonga, qui ont voté contre la Résolution. Sachons que 121 autres nations ont soutenu l’appel au cessez-le-feu et que 44 nations se sont abstenues.

L’OTAN était divisée. La France, l’Espagne, la Turquie, la Belgique, la Norvège, le Portugal et la Slovénie ont soutenu la résolution, tandis que la Grande-Bretagne, l’Italie, le Danemark, la Finlande, la Grèce, les Pays-Bas, le Canada, la Belgique, l’Allemagne, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et l’Islande se sont abstenus, ce qui signifie qu’ils ne se sont pas opposés à la résolution, mais qu’ils ne l’ont pas non plus soutenue, c’est-à-dire qu’ils ont soutenu le droit international relatif au traitement des civils dans le cadre des lois de la guerre, mais qu’ils n’ont pas soutenu l’aide apportée à la terrible situation des Palestiniens de Gaza. [Que la Belgique ait voté dans deux sens différents paraît bizarre. Quoique, avec les Belges, allez savoir…, NdT]

Le fait que la France ait soutenu la résolution reflète son désir d’exercer à nouveau une influence au Moyen-Orient. Toutes ces nations ont leurs propres raisons de soutenir ou non la résolution, mais le fait est que le monde se retrouve bel et bien divisé sur une question dont on aurait pu penser qu’elle rassemblerait au contraire le monde entier pour soutenir un peuple confronté à des bombes de 500 kg, à des roquettes, à des obus d’artillerie et à la famine organisée.

C’est la politique du pouvoir pour le pouvoir qui prévaut. Pas le droit international. On peut affirmer que la terrible manifestation de la politique du pouvoir pour le pouvoir à laquelle nous assistons rend obsolète tout ce qui a été réalisé en termes de droit international au cours du 20e siècle. Souvent, cette politique s’avance masquée, comme indiqué plus haut, par des prétentions à une moralité supérieure ou à des « préoccupations humanitaires », et c’est ce dont se targuent les Américains et leurs alliés en apportant leur soutien au siège de Gaza par les Israéliens, en ne se préoccupant que des seuls Israéliens.

Ils permettent et permettent encore – parce qu’ils pourraient arrêter Israël s’ils le voulaient – que Gaza soit confrontée à la même destruction que les Américains ont fait pleuvoir sur Raqqa en Syrie, ville qu’ils ont totalement détruite, sur Syrte en Libye, sur Mossoul, sur Falloujah, sur Donetsk, sur Alep, et on peut continuer. La nation qui a largué des bombes atomiques sur des villes japonaises n’a ni pitié ni préoccupation pour les civils quels qu’ils soient, et n’en a jamais eu, sauf lorsqu’elle peut l’utiliser à son avantage. Elle encourage les Israéliens dans leurs crimes, et peut-on attendre des Israéliens qu’ils traitent décemment les civils de Gaza quand on connait leur histoire en Palestine et au Liban, quand on se souvient de Deir Yassin et de Chatila ?

Que l’État de droit international sombre dans le bourbier de l’agression impérialiste et coloniale à travers le monde est rendu encore plus évident par les actions provocatrices des États-Unis en mer de Chine méridionale, risquant d’entraîner une guerre avec la Chine… par le déploiement de groupes de porte-avions dans la région du Moyen-Orient pour menacer l’Iran… par les constantes attaques d’Israël contre la Syrie… par les attaques des Américains contre les groupes de résistance qui s’opposent à l’invasion américaine de la Syrie pour lui voler son pétrole… par le sempiternel renouvellement du siège de Cuba… par le soutien US à un candidat fasciste en Argentine… par l’agitation attisée contre la Serbie et par l’agression continue contre la Russie… comme s’ils essayaient délibérément de provoquer une grande guerre, comme s’ils voulaient faire la guerre au monde entier. Faut-il s’étonner que la Russie se soit récemment livrée à un exercice de guerre nucléaire, que l’Iran ait conduit des exercices militaires, mais aussi la Chine, la Corée du Nord ?

Existe-t-il un avenir où le droit international prévaudra, où les nations se traiteront avec respect et tolérance, où les discussions remplaceront les tirs, où les épées seront transformées en socs de charrue ? Je n’en sais rien. L’histoire de l’humanité est faite d’avancées et de reculs, de progrès puis de réactions, d’idées nobles et de dépravation. Les appels au dialogue avec les Américains, lancés par la Russie, la Chine et d’autres, se heurtent aux sabres américains, aux menaces et aux diktats. Y a-t-il de l’espoir ? En fait,  il ne s’agit pas tant d’espoir que de nécessité. La Charte des Nations Unies est née des cendres de la Deuxième Guerre mondiale. Je doute que quelque chose naisse des cendres de la Troisième.

Source : https://theduran.com/a-post-by-one-of-the-worlds-leading-international-lawyers/

 

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Novembre 2023

 

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