Les tortures en images du belgo-marocain Ali Aarrass dans une prison au Maroc 

 

RTBF INFO5 octobre 2015

 

Ali Aarrass, citoyen belgo-marocain emprisonné au Maroc – © Capture d’écran de la vidéo fournie par la LDH et le MRAX

 

 

Droits de l’Homme et Amnesty International ont lancé un nouvel appel, lundi, en faveur de la libération d’Ali Aarrass, un citoyen belgo-marocain extradé en 2010 par l’Espagne vers le Maroc, où il a été condamné en 2012 à douze années de prison. Aarrass, soulignent les trois associations, a été torturé par les autorités marocaines en vue de lui extorquer des aveux de complicités terroristes.

 

L’homme, âgé de 53 ans, a entamé sa sixième grève de la faim le 25 août dernier à la prison de Salé II, au Maroc, pour dénoncer les sévices et les conditions de détention qui lui sont infligés. Ses jours sont en danger, selon le MRAX et la Ligue des Droits de l’Homme.

Mais les conditions de détention le placent dans une situation de violence psychologique et physique telle qu’il est décidé à continuer sa grève jusqu’à ce que les autorités belges répondent à ses demandes, ont expliqué les deux organisations, lundi, au cours d’une conférence de presse.

 

 

Vidéo d’Ali Aarrass après une séance de torture

 

 

Ali Aarrass, qui est représenté par Me Christophe Marchand, avocat belge spécialisé dans les droits de l’homme, a la double nationalité, belge et marocaine. Les autorités marocaines demeurent résolument hermétiques à ses requêtes. Ali Aarrass demande notamment que le gouvernement belge réclame et obtienne le rapport ou les conclusions de l’enquête sur les tortures qui lui ont été infligées, incluant un examen médical, exigée par le Comité contre la torture de l’ONU au Maroc le 27 mai 2014.

Le gouvernement, poursuivent le Mrax, Amnesty et la Ligue des Droits de l’Homme, doit faire pression sur les autorités marocaines qui, après un an, n’ont toujours pas donné suite à la demande du ministère des Affaires étrangères d’autoriser la visite consulaire de la Belgique auprès de son ressortissant détenu.

Le gouvernement belge, enfin, doit exiger la mise en liberté immédiate en conformité avec les recommandations venant du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

Ali Aarrass n’a toujours pas été définitivement jugé ou condamné et la détention provisoire dépasse aujourd’hui tout délai raisonnable prévu par la loi. Sa mise en liberté immédiate après bientôt 8 ans de détention est la moindre des choses en attendant la réouverture d’un procès (en cassation) équitable, lancent les associations qu soutiennent notre compatriote.

Les humiliations, coups, insultes, provocations et autres traitements dégradants, sont révélés en partie par un document vidéo « tourné » en 2012.

Le belgo-marocain Ali Aarrass a été condamné à 12 ans de prison au Maroc à la suite d’accusations portées directement contre lui par Abdelkkader Belliraj, qui faisait du premier un membre de son réseau. Il a été condamné pour avoir introduit des armes au Maroc, armes destinées à des groupes djihadistes actifs notamment en Algérie.

Ali Aarrass nie formellement les accusations portées par Belliraj, également obtenues, semble-t-il, sous la torture.

Belliraj, Belgo-Marocain lui aussi, a été condamné en 2011 au Maroc à la perpétuité pour appartenance à une organisation terroriste et pour six assassinats commis à Bruxelles à la fin des années 80. Ce dossier portait sur six assassinats qualifiés de politiques, mais aussi sur des préventions de terrorisme.

Le profil de l’intéressé apporte des arguments aux défenseurs d’Ali Aarrass, qui font dès lors valoir l’absence de fondement des charges retenues contre celui-ci.

 

De la xénophobie d’État

Pour Carlos Crespo, président du MRAX, « la Belgique donne des leçons de civilisation à la tribune des Nations-Unies mais est incapable de protéger ses citoyens nationaux. Le désintérêt total manifesté envers le sort d’Ali Aarrass est emblématique d’une certaine xénophobie d’Etat. »

Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits de l’Homme, déplore l’existence de citoyens de seconde zone. « Celui qui possède la double nationalité – même s’il ne l’a pas souhaité comme c’est le cas d’Ali Aarrass – sera toujours un citoyen de seconde zone, ce qui est inacceptable ». Enfin, pour Amnesty, Zoé Spiret rappelle qu’Ali Aarrass a été choisi comme emblème pour la campagne de l’association contre la torture et que le Maroc fait partie des cinq pays choisis comme cible de cette campagne.

 

 

 

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